Salaire ! Diminuer le coût du travail. Quelles conséquences ?
Depuis de nombreuses années "on" a pris l'habitude de désigner par le terme de « charges » salariales les cotisations payées avec le salaire. Ces charges sont régulièrement diminuées en particulier pour les bas salaires et jusqu'à 1,6 fois le SMIC.
1. Qu'est-ce qu'un salaire ?
Le salaire est constitué de trois éléments. Le salaire net qui est la partie directement encaissée par le salarié. Il faut y rajouter les cotisations sociales du salarié et les cotisations de l'employeur. Le salaire brut est la somme du salaire net et des cotisations payées par le salarié. En rajoutant, à ce salaire brut , les cotisations patronales on obtient le salaire total.
Exemple pour un salaire SMIC pour une entreprise de plus de 20 salariés au 1er janvier 2012 :
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Structure du Smic au 01/0/2012 dans une entreprise de plus de 20 salariés.
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en euros
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remarques
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Salaire net mensuel ( 7,23 euros net de l'heure) (a)
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1097
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versé sur le compte en banque du salarié.
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Cotisations sociales du salarié et CSG /CRDS (b)
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301
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(a) + (b) = salaire brut
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Cotisation employeur normale (c)
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609
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avec l'exonération, cette somme est ramenée à 245 euros
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Salaire total
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2007
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(a) + (b) +(c)
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2. Comment est-il utilisé ?
Le salarié empoche directement 55% de son salaire (1097 euros). Le reste, les 45 %, (les 910 euros) constitué des deux cotisations (celle du salarié et celle de l'employeur) va alimenter les 4 caisses sociales qui sont : la retraite, la maladie, la famille et le chômage. C'est la partie du salaire qui n'est pas directement perçue par le salarié. C'est du salaire versé dans le pot commun .C'est ce que l'on appelle le salaire socialisé.
3. Conséquence de la baisse des « charges » ou des cotisations :
Actuellement, la baisse des « charges » pour le smic dans l'exemple du tableau est d'un montant de 364 euros (exonération Fillon). L'employeur au lieu de payer 609 euros de cotisation, paye 245 euros ( 609 – 364 ). Il y a donc une diminution du salaire socialisé. Le salaire total est ramené à 1643 euros (2007 – 364). Cela correspond à une baisse du salaire de plus de 18%.
4. Conclusion :
Cette baisse du salaire passe inaperçue aux yeux des salariés puisqu'il s'agit de la partie du salaire qu'ils n'empochent pas directement. Les sommes non versées au régime général constitué du régime de base des retraites, de la maladie et de la famille sont payées d'une autre façon. Dans le cas de la réforme Fillon, l'État verse au régime général le montant de l'exonération de la partie de salaire socialisé accordée à l'employeur.
Les perdants de cette politique de réduction des « charges » sont les salariés, qui financent - une deuxieme fois - la sécurité sociale par leurs impôts alors que c'est aux employeurs de le faire.
Les citoyens et la fonction publique sont aussi perdants puisque les sommes versées par l'État à la place des employeurs ne sont plus disponibles pour maintenir et développer les services publics, augmenter les salaires des fonctionnaires.
Nota : Ces politiques de réductions de « charges » existent depuis fort longtemps. Plusieurs commissions de l'assemblée nationale ont examiné leurs effets. Aucune n'a mis en évidence un bénéfice pour la création où le maintient de l'emploi.
réf : l'IES (Institut Européen du Salariat) et le livre du sociologue Bernard FRIOT « l'enjeu du salaire » à paraître le 8 mars 2012 aux éditions la Dispute.