Un cadre mondial des services de climatologie est donc chargé de recenser toutes les données sur le climat en provenance du monde entier et devra, dans un premier temps, établir un rapport –en étroite concertation avec les gouvernements– énonçant les mesures à prendre pour développer et mettre en œuvre les objectifs de cet organisme.
Il sera composé d’un groupe d’experts indépendants…nommés par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, présent à Genève, qui veut « mettre la science du climat au service de la prise de décisions à tous les niveaux. »
Il a, par ailleurs, solennellement appelé « à renforcer la lutte contre le réchauffement climatique », annonçant que le niveau des océans pourrait s’élever de 0,50 à 2 m d’ici la fin du siècle. Le GIEC prévoyait une montée des océans de 19 à 58 cm. On admire la précision…et le décalage.
Mais, au cours de cette conférence, et pour la première fois, des voix se sont élevées contre le postulat qu’il ne faudrait plus discuter, du réchauffement climatique anthropique, à la fois global et irréversible, que l’on devrait tenter de contenir pour réduire les conséquences catastrophiques qu’on nous promet.
Le chercheur allemand, Mojib Latif, de l’Institut des sciences marines de Kiel, l’un des modélisateurs du climat reconnu par le GIEC a dû glacer une partie de l’auditoire en avançant que nous serions sur le point de connaître 10 ou 20 ans de…refroidissement des températures avant une nouvelle période de réchauffement.
Assurant qu’il ne fait pas partie des sceptiques qui nieraient la tendance au réchauffement depuis plus d’un siècle, il a déclaré que
« nous devons nous poser les questions embarrassantes, sinon d’autres le feront… ». Il estime que la tendance au refroidissement de ces prochaines années dominera sur le réchauffement causé par les hommes, selon le compte rendu de Fred Pearce de la revue NewScientist. (
http://www.newscientist.com/article/dn17742-wordls-climate-could-cool-first-warm-later.html)
Il a mis sur le compte de la variabilité naturelle les hausses de températures des trois dernières décennies, évoquant les cycles des courants dans l’Atlantique Nord que les scientifiques appellent oscillations-nord-atlantique (NAO) qui entreraient dans une phase de refroidissement.
Un autre responsable de la météo anglaise, Met Office, James Murphy, a abondé dans son sens, ajoutant que « les océans sont un facteur décisif de la variabilité décennale. » Vicky Pope, prévisionniste climatique au Hadley Center, a enfoncé le clou en affirmant que les fontes de glace de l’Arctique –que venait de constater Ban Ki-moon quelques jours auparavant– résultaient plutôt des cycles naturels que du réchauffement du globe !
Concernant la fiabilité des modélisations, Tim Stockdale, du centre européen pour les prévisions à moyen terme, a reconnu que « les erreurs des modèles sont aussi un problème sérieux. Nous avons un long chemin à faire pour les corriger. Elles détériorent nos prévisions. »
Apparemment, ces interventions n’ont pas retenu l’attention des médias. Il ne faut pas écorner le consensus, que dis-je, l’unanimité, paraît-il, de la communauté scientifique et des politiques, de droite et de gauche, du centre et d’ailleurs, sans parler des Verts, ni à droite ni à gauche, qui s’emploient à nous convaincre qu’il faut se préparer aux énergies chères et donc accepter une contribution climat énergie qui sera généreusement redistribuée aux plus pauvres, comme l’écrivent Jadot et Cohn-Bendit dans la Tribune du 9/9.
On veut nous amener à ne plus discuter de l’origine des variations climatiques pour nous entraîner sur le terrain de la culpabilité individuelle et de l’acceptation de nouveaux sacrifices pour sauver le climat…sinon le pire nous attend !
Ils font un forcing effréné pour nous amener à confondre la nécessaire révolution écologique à entreprendre avec la révolution sociale qui ne serait plus à l’ordre du jour. Moralisons le capitalisme et occupons-nous du climat, puisqu’il n’y a pas de modèle de rechange, disent-ils.
Mais les pays riches se heurtent à un sérieux problème : la communauté scientifique est loin d’être unanime sur le diagnostic et sur la manipulation politique à laquelle on assiste. La conférence de Genève vient de le montrer et c’est plutôt encourageant.
Et puis, les pays pauvres et ceux en voie de développement le disent de plus en plus fort, à l’approche de Copenhague : ils rejettent sur les pays riches la responsabilité historique du changement climatique, ce qui est logique dès lors qu’on admet l’origine humaine du réchauffement.
Demander à ces pays de renoncer au modèle de développement qu’on leur a tant vanté -et qui a fait la suprématie des pays riches aujourd’hui- et leur dire qu’il n’est plus bon pour les pays pauvres, « qui polluent de plus en plus » ça a du mal à passer.
D’autant qu’ils n’ont pas les moyens financiers et technologiques d’envisager les mutations vers un mode de production privilégiant l’écologie à la rentabilité, la justice sociale à la loi du profit.
La prévision de contribution de l’UE aux besoins des pays pauvres ne cesse de se réduire : de 22 à 50 milliards de fonds publics envisagés, elle est passée à une fourchette de 13 à 24 milliards, puis tout récemment à 15 milliards par an, jusqu’en 2020. Il reste à soumettre la clé de répartition aux 27 Etats.
Ce qui est sûr, c’est qu’il va falloir réduire toutes les pollutions et les consommations d’énergies d’origine fossile, dans l’intérêt de chacun et de notre terre nourricière, océans compris. Sacrée reconversion ! C’est, me semble-t-il, le vrai débat. Et non celui de nous faire croire qu’il dépend essentiellement de nous que la température de la terre n’augmente pas de plus de 2° d’ici 2020 !
René Fredon