L’abattage massif de canards, une des (nombreuses) conséquences désastreuses de l’élevage industriel
Le 5 janvier 2017 a démarré une vague d’abattage de canards élevés en plein air et se prolongera jusqu’au 20. L’objectif de ces opérations, menées par les autorités françaises consiste à endiguer la propagation du virus H5N8[1] dont on a détecté plusieurs foyers dans le Sud-Ouest.
Cette nouvelle a évidemment été accueillie avec colère par les éleveurs dont la production ne cesse de diminuer depuis 2016 et des pertes de l’ordre de 80 millions d’euros sont à prévoir.
Comment en sommes-nous arrivés là ? La façon dont on produit les aliments a subi une grande transformation depuis quelques décénies. Après les nombreuses privations qui furent occasionnées par la Seconde Guerre Mondiale, l’émergence d’une logistique de masse est venue remplacer l’agriculture et l’élevage traditionnel afin de nourrir le plus grand nombre de personnes à un coût toujours plus réduit.
Ce changement n’est pas sans conséquences. L’élevage industriel est un secteur qui pollue considérablement en augmentant d’une part la raréfaction des ressources naturelles et en les contaminant de déchets et de produits chimiques.
L’industrialisation de la filière a également entrainé une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (14,5% des émissions totales selon l’Organisation Mondiale pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO)[2]) et une dégradation[3] des sols et des eaux provoquée par les déjection des animaux qui contiennent des antibiotiques et des bactéries.
Cloisonnés dans des enclos ridiculements petits ou parqués à plusieurs dans des hangars, les animaux sont considérés comme de vulgaires objets. Pour contrer l’affaiblissement de leurs défenses imunitaires, ils sont gavés d’antibiotiques rendant les bactéries chaque fois plus résistantes.
Ainsi, l’hyperproductivité conduit à la formation d’animaux malades[4], aux conditions de vie insoutenables qui développent des malformations cardivasculaires et/ou pulmonaires. Au-delà de la question qui concerne la souffrance animale, la viande qui est y est produite perd également de son intérêt nutritionnel.
Cette combinaison dangereuse de manque d’espace et d’hyperproductivité fait émerger de nouveaux agents pathogènes. On assiste depuis plusieurs années à l’apparition de multiples maladies infectieuses. Un rapport de 2013 de la FAO a souligné que 70% d’entre elles étaient transmises par des animaux, parmi elles la E. Coli, L'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), ou encore le H5N8.
Penser qu’accorder une vie dans des conditions misérables aux animaux n’aura aucune conséquence sur notre santé et celle de la planète est particulièrement naïf. La résistance aux antibiotiques est une réelle menace[5] qu’il faudra prendre en considération et pour affronter ce problème, il sera nécessaire de remettre en cause notre système de production, et de ce fait notre relation vis-à-vis des animaux.
Le théologien AlbertSchweitzer a écrit : « Jadis, le fait de croire que les hommes de couleur étaient vraiment des hommes et devaient être traités humainement passait pour une folie. Aujourd’hui, on considère comme exagéré de prétendre qu’un des devoirs imposés par l’éthique rationnelle est de respecter ce qui vit, même dans ses formes inférieures. Mais un jour, on s’étonnera qu’il ait fallu autant de temps à l’humanité pour admettre que des déprédations insouciantes causées à ce qui vit sont incompatibles avec l’éthique. »
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