La croissance durable et la poule aux oeufs d’or
La croissance "CO2-free" n'existe pas encore ? Mais alors, inventons-la !
C'est ainsi que les pays développés ont inventé les concepts de croissance verte et développement durable : "nous consommons trop ? Qu'importe ! Continuons à consommer plus et à croître encore, il suffit que ce soit une croissance verte pour un développement durable.
La croissance verte et le développement durable, ce serait le mariage du beurre de la croissance avec de l'argent Vert. Le beurre sans l'argent du beurre, contre de la fausse monnaie.
La croissance verte, le développement durable, ce serait une armée de travailleurs pour démanteler les centrales au charbon ou nucléaires, pour fabriquer et installer des éoliennes, pour isoler des appartements... La fausse monnaie est que ces travailleurs, même peints en vert, ne seront pas de purs esprits ! Ils demanderont, eux aussi, des augmentations de salaire à leur patron, ils consommeront, eux aussi, de la nourriture, des vêtements, des casseroles, des voitures. Ils auront eux aussi des appartements, des réfrigérateurs pleins de bouffe ou de malbouffe, des "Home cinéma" avec des écrans super-wide, ils feront des voyages, ils auront eux aussi des enfants qui réclameront des vêtements à la mode du moment, un deux-roues pétaradant, de l'argent de poche...
Dans "croissance verte", il y a "croissance". Et "croissance", qu'elle soit verte ou de la couleur de PIB que l'on préfère, signifie "encore plus" – plus de choses, plus de matières premières, d'eau, de terres, d'énergie. Ce n'est pas durable. À technologie constante, une croissance planétaire sans fin ne peut que buter tôt ou tard sur les limites de la sphère terrestre. Il y a compétition entre 7 milliards de consommateurs et la sphère terrestre. Le problème d'une sphère est qu'elle est finie. La plus belle sphère du monde ne peut donner que ce qu'elle a. Ses ressources sont finies, elles s'usent quand on s'en sert, comme les piles. Les réserves de pétrole s'usent, le pétrole est finissant "par essence" ; le charbon également est finissant, à un peu plus long terme.
Mais peu importe entend-on dire, le développement durable serait assuré par les nouvelles énergies renouvelables !
Hélas, les mythiques nouvelles énergies renouvelables piétinent à 1 % environ de l'énergie consommée sur la planète. Par quel tour de magie pourraient-elles prendre assez rapidement la relève du pétrole et du charbon finissants, avant que la planète brûle ? 1
Quelques magiciens prétendent pouvoir réussir ce fameux tour de magie. Il y a un "truc" forcément, mais des spectateurs se laissent convaincre par le boniment ; des magiciens finissent eux-mêmes par se croire.
En raison du réchauffement climatique très médiatisé, l'attention est concentrée sur les énergies, fossiles et renouvelables. Et on ne se rend pas compte que les métaux s'épuisent également ; l’étain, le chrome, le zinc, l’argent, le plomb, etc., seront épuisés d'ici quelques petites dizaines d'années au rythme de la consommation actuelle, même en tenant compte du recyclage, qui ne peut pas compenser la demande (il y a des pertes), encore moins la croissance de la demande. Le site "terre sacrée" présente une "Estimation des dates d'épuisement des richesses de notre planète, exploitables à un cout admissible et au rythme actuel de consommation"
On retrouve les mêmes alarmes sur "L'encyclopédie du développement durable" (2014), et autres sites, ou encore, voir les superbes synthèses graphiques de L'Atlas des Futurs du Monde (Virginie Raisson, édition Robert Laffont). Il y a donc probablement un vrai problème, même s'il ne fait pas les unes des journaux, squattées par les questions d'énergies fossiles et renouvelables. On nous alerte sur le pétrole et le CO2, c'est sérieux – sans rien nous dire du palladium, du zinc, du plomb, etc., c'est sérieux aussi.
- Les nouvelles énergies renouvelables sont très consommatrices de ressources non renouvelables.
En fait, tous ces problèmes sérieux sont sérieusement imbriqués.
Il y a un problème d'énergies fossiles et de CO2.
On espère le surmonter en développant les nouvelles énergies renouvelables.
Mais les énergies renouvelables croissent moins vite que les énergies fossiles, ce qui ne résout rien du problème CO2 et réchauffement climatique !
En outre les nouvelles énergies renouvelables sont très consommatrices de ressources non renouvelables :
« en 2013, un article publié dans Nature Geoscience proposait une analyse saisissante de l’impact qu’aurait sur les besoins en matières premières la mise en place d’une transition énergétique basée sur les énergies renouvelables.
On y apprenait notamment que la construction des installations solaires et éoliennes multiplierait entre 2 et 10 fois notre consommation actuelle de métaux rares et de matériaux de base dans les 35 prochaines années : 10 fois plus pour le verre, de 6 à 10 fois plus pour l’aluminium, de 2 à 6 fois plus pour l’acier et de 2 à 5 fois plus pour le cuivre. » (Cité dans CNRS Le journal - Nos ressources minérales sont-elles vraiment limitées ? - l'article cité de Geoscience est "Metals for a low-carbon society")
Les mines ne sont pas sans fond, l’eau douce n’est pas inépuisable, les surfaces cultivables sont limitées, et déjà exploitées presque toutes ; les forêts aussi, que l'on abat pour en faire des champs, sont limitées. Une croissance continue, même verte, signifie laisser en héritage à nos enfants une planète aux mines vides, aux puits vides, aux forêts rasées ; c'est la fable d'une planète qui serait une poule aux œufs d'or immortelle ; c'est le miracle d'une mine sans fond ; c'est le prodige d'une grenouille qui veut se faire plus grosse que la planète, qui gonfle, qui gonfle… et qui n'éclate pas !
À technologie constante, une croissance planétaire continue est physiquement impossible. Toutefois, La technologie évolue, nous avons déjà connu bien des révolutions : le feu, l'agriculture, la force des moteurs, la révolution verte... De nouvelles avancées considérables sont encore possibles 2, même au dernier moment comme la cavalerie et ses trompettes dans les bons vieux westerns… Personne ne sait prédire ce que l’avenir réserve 3.
Encore faudra-t-il accepter les éventuelles nouvelles techniques – ce n'est pas gagné. Il faudra surmonter le climat anti-sciences des vieux pays développés, résister à ceux qui mettent des bâtons dans les pattes de la cavalerie dès qu'ils entendent les trompettes.
La technologie peut être constante parce qu'il n'y a pas de nouvelles technologies... ou par refus des technologies nouvelles, tels les Amish dans leurs carrioles à cheval, ou ces vieux pays d'Europe qui refusent les OGM. Un vieux pays, c'est celui qui rêve d'être comme le village d'Astérix, avec une palissade qui le sépare du monde extérieur. Ce qui laisse à l'extérieur la forêt pleine de sangliers.
1 Voir "Les énergies renouvelables progressent... moins vite que la consommation d’énergies fossiles"
2 Résultant par exemple des avancées des techniques de génie génetique et d'édition des gènes (NPBT - CRISPR-Cas9).
3 « Il est très difficile de prédire l’avenir... surtout lorsqu’il n’est pas encore arrivé. » (Francis Blanche.)
Démonstration :
• « Il n’y a pas la moindre indication que l’on puisse obtenir un jour de l’énergie nucléaire. » (Albert Einstein en 1932.)
• « - Dans 40 000 ans il y aura sept milliards d’hommes sur terre.
- C’est impossible, il n’y aura jamais assez de mammouths pour les nourrir. » (Krik et Krak, deux hommes de Néandertal.)
• « Si la France atteint un jour la barre des 500 000 chômeurs, ce sera la Révolution » (Georges Pompidou en 1967)
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