La loi d’amnistie profite aux faucheurs d’OGM
Le 31 octobre 2006, la Cour de cassation rejetait définitivement les volontés de poursuite de l’Etat français et de la firme Monsanto à l’encontre de faucheurs anti-OGM relaxés en application d’une loi fort décriée : la loi d’amnistie d’août 2002...
Le 7 juin 1997, des agriculteurs isérois, membre d’un collectif anti-OGM, décident avec près de trois cents autres manifestants et pour la première fois en France de faucher un champ de colza transgénique d’OGM provenant de la firme Monsanto.
Ces agriculteurs seront poursuivis et condamnés en première instance avant d’être relaxés par la Cour d’appel de Grenoble en novembre 2005. Pour ce faire, la Cour d’appel retiendra un motif quelque peu original : elle fondera son rejet des poursuites à l’encontre des prévenus sur l’application de la loi d’amnistie du 6 août 2002, en tant que cette dernière amnistie les différends issus de conflits du travail.
La Cour de cassation vient confirmer cette application de la loi d’amnistie par la Cour d’appel par sa décision du 31 octobre 2006.
Ainsi, il n’y a pas lieu de discuter sur le bien-fondé ou non de l’action entreprise par ces manifestants anti-OGM. La qualification de leur acte d’arrachage de ce champ, qu’il puisse être considéré comme un délit (violation et déprédation sur une propriété privée) ou un acte de sauvegarde (application abrupte du principe de précaution sur des organismes porteurs de risques pour la santé...) acceptable n’a plus lieu d’être, ces actes étant amnistiés. Cependant, si la Cour de cassation ne juge qu’en droit, c’est-à-dire en jugeant de l’adéquation des textes retenus par les juges de première instance pour former leur décision, la Cour d’appel, quant à elle, a jugé en fait, c’est-à-dire en qualifiant dans un premier temps les actes commis afin de leur appliquer une règlementation adéquate.
Et pour retenir l’application de la loi du 6 août 2002 en tant qu’elle amnistie les conflits du travail, la Cour d’appel a justifié les actes de ces agriculteurs membres de la Confédération paysanne par le droit syndical à défendre la santé et l’environnement. Et la Cour de cassation est venue implicitement valider cette qualification, créant ainsi, peut-être, une jurisprudence favorable aux anti-OGM...
Ainsi, une loi électoraliste (la loi d’amnistie étant une des première mesures prises par Jacques Chirac au lendemain de sa réélection) qui souleva de très vives réactions quand elle servit, une fois de plus, à protéger un élu , Guy Drut, en l’espèce, trouve-t-elle ici une justification aussi ironique que bienvenue.
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