Les menaces du changement climatique
Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) prévoit d’importants changements climatiques pour le 21
ème siècle
1. Ainsi, la température moyenne sur la surface terrestre pourrait augmenter significativement, jusqu’à 6,4°C dans le scénario le plus pessimiste, d’ici la fin du siècle bouleversant les conditions de vie sur terre.

Conséquence directe pour l’hexagone, les périodes de vague de chaleur comme celle d’août 2003 pourraient se multiplier, en moyenne 20 à 40 journées à Paris en été contre moins de 3 actuellement
2, entraînant une augmentation de la fréquence des sécheresses et des incendies de forêts. Pour référence, la canicule de 2003, entraînant le décès prématurée de 14 800 personnes
3, a engendrée une baisse des rendements agricoles de 13,0% en moyenne sur les céréales par rapport à la période 1997-2009
4 représentant une baisse de la production d’environ 10 000 tonnes (production moyenne de céréale d’environ 65 000 tonnes). Le réchauffement climatique risque donc de mettre à mal la sécurité alimentaire de la France.
Pire, à partir d’une augmentation de la température globale terrestre de plus de 2 degrés le changement climatique risquerait de devenir incontrôlable, du fait de l’activation de rétroaction positive du cycle du carbone (relâchement de grande quantité de méthane du permafrost en dégel et des gisements marins d’hydrate de méthane). Une fois ces bombes enclenchés la machine climatique s’emballent accélérant la monté du niveau de la mer causée par une dilatation thermique des océans, la fonte des glaciers, une déglaciation de l’inlandsis du Groenland et la fonte de l’Antarctique
5. La monté des océans, sachant que 37% de la population mondiale vivait à moins de 100 km des côtes en 1994
6, entraînerait d’important déplacements de populations. Autre effet, l’acidification des océans, entraînée par l’absorption par les océans du dioxyde de carbone en augmentation dans l’atmosphère, pourrait ralentir voir empêcher le développement de nombreuse espèce de plancton à la base de la chaîne alimentaire menaçant ainsi la vie dans les océans. Les autres conséquences, de type cataclysmique comme le développement des évènements extrêmes, se comptent par dizaines dont le livre
Six degrés : que va-t-il se passer ? de Mark Lynas en donne une vision terrifiante. On peut donc facilement conclure que la vie sur terre, dont celle de l’espèce humaine, serait fortement menacée : le changement climatique parachèverait la sixième extinction massive d’espèces enclenchée par l’action de l’homme sur son environnement. La dernière grande crise d’extinction, il y a 65 millions d’années, a entraînée la disparition de 70% des espèce dont celle des dinosaures.
Une politique de réduction des émissions de GES aux résultats limités
Afin de se prémunir d’un destin aussi tragique, il donc faut éviter que la température augmente de plus de deux degrés. Selon WWF, cela implique que l’humanité doivent « tout d’abord stabiliser ses émissions de gaz à effet de serre avant 2015, puis les réduire drastiquement : environ 80% d’ici à 2050 par rapport à 1990. Les pays industrialisés doivent quant à eux faire plus : réduire leurs émissions de 30% d’ici à 2020, toujours par rapport à 1990. »
La France est entrée dans une démarche volontariste, en ratifiant tout d’abord le protocole de Kyoto qui l’engage à ne pas augmenter ces émissions de gaz à effet de serre entre 2008 et 2012 par rapport aux niveaux de l’année 1990. Pour le moment, la France respecte le protocole de Kyoto puisque entre 1990 et 2008, les émissions de GES ont régressée de 6,4%
7. Cependant, cette baisse est paradoxale : alors que les émissions de l’industrie manufacturière ont fortement reculé (-29,1%) traduisant une désindustrialisation accélérée de la France, celle des transports et du résidentiel (tertiaire, institutionnel et commercial) ont cru de respectivement 13,5 et 11,4%. Par ailleurs, le phénomène de délocalisation de l’industrie au profit des pays émergeant n’étant pas limité dans le niveau d’émissions de gaz à effet de serre, provoque globalement une augmentation des émissions en entraînant également une forte croissance des échanges internationaux : par exemple, le trafic maritime international a ainsi doublé entre 1990 et 2007
8. L’évolution encourageante du niveau des émissions de gaz à effet de serre française n’est donc pas due à la mise en œuvre d’une politique spéciale mais plutôt la conséquence de la mondialisation : les emplois comme les émissions de GES sont délocalisées. Globalement, les émissions ont fortement cru depuis 1990, 41% en 2008
9, et seule la crise de 2008 a pu enrayer quelque peu cette tendance haussière des émissions avec une baisse estimée à 2,8% entre 2008 et 2009.
Pour aller au-delà du protocole de Kyoto et respecter les recommandations internationales, la France et l’Union Européenne ont fixé deux autres objectifs associés : atteindre les « 3 vingt » (20% d’économies d’énergie, 20% de diminution des émissions de gaz à effet de serre et 20% d’énergies renouvelables) d’ici à 2020 pour ensuite accéder au Facteur 4 d’ici à 2050 (réduire les émissions globales de gaz à effet de serre de 75% en France pour aboutir à 500 kg équivalent Carbone par habitant et par an).
Les scénarios du GIEC face aux limites physiques de la Terre
Petite pause, revenons tout au début au moment où nous étions informé par le GIEC que si nous ne faisions rien pour réduire nos émissions de GES l’augmentation moyenne des températures pourrait dépasser les 6 degrés. Pour arriver à ces résultats, des simulations sont effectuées sur la base de 40 scénarios d’évolutions future des émissions de gaz à effet de serre. Ces 40 scénarios sont répartis en quatre grandes familles A1, A2, B1 et B2. Ces scénarios traduisent un avenir plus où moins carboné de nos sociétés. Par exemple, le groupe de scénario de scénario A1FI conduisant à la plus forte augmentation de température traduit une croissance économique très rapide à forte intensité en combustible fossile. Ainsi, les émissions de CO2 passeraient de 6 GtC/an en 1990 à 11,2 GtC/an en 2020 (+93,3%), 23,1 GtC/an en 2050 (+285%) et 30,3 GtC/an en 2100 (+405%).
Evolution des émissions de dioxyde de carbone d’origine fossile suivant la famille de scénario10
Dioxyde de carbone, combustibles fossiles (GtC/an)
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A1
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A2
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B1
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B2
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A1FI
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A1B
|
A1T
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1990
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6
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6
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6
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6
|
6
|
6
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2020
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11,2 (10,7-14,3)
|
12,1 (8,7-14,7)
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10,0 (8,4-10,0)
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11,0 (7,9-11,3)
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10,0 (7,8-13,2)
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9,0 (8,5-11,5)
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2050
|
23,1 (20,6-26,8)
|
16,0 (12,7-25,7)
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12,3 (10,8-12,3)
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16,5 (10,5-18,2)
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11,7 (8,5-17,5)
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11,2 (11,2-16,4)
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2100
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30,3 (27,7-36,8)
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13,1 (12,9-18,4)
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4,3 (4,3-9,1)
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28,9 (17,6-33,4)
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5,2 (3,3-13,2)
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13,8 (9,3-23,1)
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Cependant ces scénarios sont des scénarios politiques et non pas des scénarios physique prenant en compte le caractère limité des ressources de combustible fossiles. Or comme nous l’avons vu, le pic de production pétrolière a déjà eu lieu (2008) et les pics de productions gazière et de charbon se feront avant la fin de la première moitié du 21
ème siècle. Au-delà du pic global il devient donc strictement impossible de brûler plus de combustibles fossiles donc à fortiori ce pic à pour conséquence directe d’entraîner le pic des émissions de gaz à effet de serre d’origines fossiles. Pour de nombreux géologue dont Jean Laherrère
11, les émissions de CO2 provenant des combustibles fossiles devraient plafonner vers 2020 à environ 8,5 GtC/an pour ensuite décliner irrémédiablement et atteindre environ 7 GtC/an en 2050 puis 3 GtC/an en 2100
12.

Les limites géologiques des ressources fossiles rendent donc un scénario catastrophe du type A1FI totalement irréaliste : il y a plus d’un facteur 3 de différence en 2050 et en 2100 celui-ci est supérieur à 10. Le scénario de type géologique se rapproche en réalité du scénario le plus optimiste de la famille B1, elle-même la plus optimiste des familles du GIEC. Dans ce cas, l’augmentation des températures terrestres serait limitée à 1 degré. Le changement climatique n’est donc pas, à priori, un problème. En réalité, le problème est que la source des émissions de gaz à effet de serre, les combustibles fossiles, ne sont pas en quantité suffisante pour le modèle économique, actuellement le notre, fondée sur la croissance infinie de type famille de scénario du GIEC A1.
Deux visions du monde
Dans les deux cas, l’enjeu est le même, il faut réduire notre dépendance des énergies fossiles en adoptant un autre modèle économique radicalement différent (de type famille B1 du GIEC). Cependant, le GIEC est malhonnête puisqu’il laisse penser que si nous le souhaitons, via une morale du type « après moi le déluge », nous pouvons continuer sur la même lancée. Par contre, avec le pic d’extraction d’énergie fossile il faudra, « de gré ou de force », modifier notre mode de vie. Le message est radicalement différent : l’un insinue que nous somme capable de modeler indéfiniment la nature et l’autre, à l’inverse, que la nature est le facteur limitant de l’expansion de l’homme et nous ne pouvons rien contre.
La désinformation est encore là : il faut que la plèbe reste igorante pour rester composer d’esclaves. Mais au fond personne n’est dupe (oligrachie / 11 septembre / pic pétrolier / guerres du pétrole / propagande). La révolte gronde et il ne tient qu’à nous de la faire démarrer.