Penly, le nucléaire instable !
Le site de Penly a été retenu, en 2009 pour y installer un réacteur de la 3 ème génération (EPR). Installation sur un site particulièrement fragile puisque situé sur l’estran de falaises vives où la craie est parcourue de puissants réseaux karstiques…
Voici plus de trente ans, je visitais, dans le cadre de ma formation de géologue, la centrale de Penly (Seine Maritime).
Ce qui, alors, m’avait le plus surpris c’était le choix de l’emplacement de cet énorme bloc bétonné.
M’enquérant des raisons du choix de l’emplacement de cette centrale nucléaire au pied de falaises de craie et au débouché d’une valleuse, la réponse avait fusé : stabilité sismique régionale, propriétés mécaniques des fondements… Avec, en complément « écologique », impact limité sur le paysage (les lourds bâtiments sont à peine visible lorsque l’on s’achemine vers la centrale).
L’annonce du feu d’huile rapidement éteint, puis d’une fuite d’eau à Penly, a ravivé ce souvenir et aussi de quelques remarques qui m’étaient alors venues à l’esprit…
Mais, d’abord, soulignons qu’une fuite dans le circuit primaire de refroidissement d’une centrale nucléaire n’est JAMAIS un évènement anodin.
L’incendie d’huile est lié à la rupture d’un joint dans les canalisations de la centrale. Le circuit très compliqué implique l’utilisation de joints pour compenser la dilatation des tuyauteries… L’eau qui s’en est échappée (2300 l/heure) au sein de la centrale est aussi significative.
Car elle sert au refroidissement du cœur et est fortement radioactive : elle est au contact direct du combustible.
D’autre part, si cette fuite avait duré, sans être compensé par de l’eau de substitution injectée, on aurait pu craindre le réchauffement du cœur de la centrale et même sa fusion avec les conséquences que l’on connait…
Les raisons de cet « incident » restent, d’après D. Minière le directeur du parc nucléaire d’EDF (06-04-2012, 12h 30) inconnus. Le réacteur sera stoppé plusieurs jours. Et « l’incident » a été classé au niveau 1 puisque l’autorité de sureté nucléaire dépend directement d’EDF !
Sans autre commentaire, je reviens à mes lointains souvenirs géologiques…
La centrale de Penly est donc installée en contrebas de falaises de craie d’âge turonien. La craie est une roche calcaire poreuse formée par l’accumulation d’une multitude d’algues microscopiques (coccolites) et elle montre des bancs plus ou moins réguliers de silex…
Les falaises, elles, résultent de la montée des eaux s’étant opérée depuis la dernière période glaciaire (Würm) ayant pris fin depuis 12000 ans.
Elles sont dites « vivantes » car depuis cette période la montée des eaux entraîne le recul de ces falaises (20 cm/an en moyenne, ce qui est énorme à l’échelle géologique).
Evidemment, avec le réchauffement de la planète, la montée des eaux s’accélère et le recul des falaises itou.
Premier point à souligner, la centrale de Penly risque donc d’être rapidement ennoyée à la base (au niveau de sa très épaisse dalle bétonnée), car il est évidemment impossible de soulever le bloc énorme que celle-ci représente.
Par ailleurs, le site nucléaire se trouve en prolongement d’une valleuse. Vers celle-ci confluent les eaux de ruissellement qui s’écoulent ensuite vers la mer. L’eau pluviale pénètre aussi le sol et la craie puis circule sous terre au travers de celle-ci, la creuse en formant de magnifiques réseaux karstiques (des galeries souterraines), la déstabilise.
Lors de ma lointaine visite, j’avais été surpris par la quantité d’eau jaillissant au pied des falaises (partie ouest de la centrale). En valeur pifométrique, l’équivalent d’un beau petit ruisseau…
Cette eau jaillissant autour de la centrale, utile peut-être pour le refroidissement en cas d’incident minime, ne laisse, cependant, augurer rien de bon quant à la stabilité de l’édifice lui-même.
Aussi gigantesque que soit la dalle de béton qui lui sert de socle, aussi importants qu’aient été les travaux de détournement des eaux karstiques, rien ne saurait résister à l’eau qui s’accumule contre un obstacle…
Elle creuse, solubilise la roche, contourne les obstacles…
Et une variation très minime, infime même de la verticalité/planéité du cœur de la centrale peut avoir des conséquences considérables…
La rupture du circuit de refroidissement…. Par exemple !
Terminons.
L’aberration du projet EDF est évident. Le site de Penly a été retenu, en 2009 pour y installer un réacteur de la 3 ème génération (EPR). On connait les déboires de cette fumeuse « modernisation », puisque celle-ci produira des déchets sept fois plus radioactifs que ceux des centrales classiques !
Installation sur un site particulièrement fragile puisque situé sur l’estran de falaises vives où la craie est parcourue de puissants réseaux karstiques…
Et même si le site de Penly est reconnu stable tectoniquement, rien ne peut permettre d’affirmer que l’on ne puisse y sentir le contre coup d’une lointaine et très forte secousse… Sous la forme d’un tsunami par exemple….
Conclusion.
Par les déchets qu’elles produisent, par le coût grandissant des combustibles (le Mali, déstabilisé en est un des grands fournisseurs), par les risques qui résultent de l’incomplétude des connaissances humaines, la filière nucléaire est l’une des aberrations les plus flagrantes de notre belle société technologique avancée prônée par notre non moins aberrant chef des tas.
Luttons pour que la recherche fondamentale autour des énergies propres (géothermie, marémotrice, éolien, photovoltaïque, hydrogène) soit accélérée…
C’est de notre survie qu’il en va !
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