Pétrole, charbon, et gaz de schiste
Le changement climatique ne s'arrête pas à la frontière. Le pays qui croit se protéger en interdisant, par exemple, l'exploration du gaz de schiste chez lui, est aussi menacé que les autres. Les politiques énergétiques devraient être concertées au niveau planétaire ; c'est ce que tentent de faire les conférences internationales type Copenhague 2009. Sans résultats.
L’énergie sur terre est vitale ; indispensable pour loger, vêtir, réchauffer sept milliards de terriens, et surtout, pour les nourrir. Lorsqu'elle fait défaut nous sommes en état de manque, prêts à tout pour en retrouver, et même à entrer en guerre ; nous sommes accros à l'énergie.
C'était déjà vrai au temps de "La Guerre du feu", grand film de Jean-Jacques Annaud.
C'était encore vrai en 1917, lorsque Georges Clemenceau déclarait que « Désormais, pour les nations et pour les peuples, une goutte de pétrole a la valeur d’une goutte de sang ». Il exprimait ainsi que celui qui n’avait pas assez de pétrole perdrait la guerre en cours. Ce fut le cas.
C'est encore plus vrai aujourd’hui, même en temps de paix, parce que nous sommes beaucoup plus nombreux ; l’énergie est maintenant le sang et la vie des sociétés, du pétrole coule dans leurs veines, du 220 V court dans leurs nerfs.
C’est pourquoi nous boirons le pétrole conventionnel jusqu’à la dernière goutte, nous respirerons le gaz conventionnel jusqu'à la dernière bouffée.
Et après ?
On nous assure que la solution parfaite pour l'après-pétrole existe : ce serait le couple merveilleux "économies d’énergie et énergies renouvelables".
Ce serait Bien. Hélas, lorsque l'on met le nez hors du cocon dans son vieux petit pays développé, lorsque le point de vue est assez élevé pour permettre aux yeux et à l'esprit de voir la planète entière, on découvre qu'il s'agit d'un couple d'illusions :
- Les demandes d’énergie pour satisfaire les besoins les plus élémentaires dans les pays pauvres et émergents sont gigantesques et croissantes ; il y a encore 1,2 milliard de personnes qui attendent que la fée électricité illumine enfin leur logis. Vingt fois la population française.
- Les économies d'énergie ne peuvent rien contre ces demandes gigantesques des pays pauvres... qui n'ont rien à économiser. Les économies d'énergie sont un sport de riches, réservé aux passagers de première classe de la planète. Les six milliards de passagers de troisième classe – au contraire – font tout pour monter en seconde classe, pour pouvoir consommer enfin plus.
N'oublions pas d'activer notre logiciel interne de traduction automatique chaque fois que nous entendons : "nous consommons trop" ; la traduction est : "les pays développés consomment trop". Si vous avez une bonne appli de traduction, elle ajoutera en note que ceux qui consomment trop sont un milliard... et qu'il reste six milliards de terriens qui ne consomment pas assez pour vivre dignement. - Les énergies renouvelables sont impuissantes à satisfaire ces demandes gigantesques. L'éolien et le photovoltaïque, les nouvelles stars des militants et des médias, font beaucoup de cinéma, mais au final, elles produisent moins de 1 % de l'énergie consommée sur la planète. Il passera beaucoup de vent sur les pales avant que les nouvelles énergies renouvelables remplacent les énergies fossiles sur toute la planète. Elles croissent, c'est vrai, les médias le claironnent – mais elles croissent moins vite que la consommation d'énergies fossiles sur l'ensemble de la planète, ce dont le clairon des médias ne sonne que couac. (Voir par exemple http://ecologie-illusion.fr/)
La réalité, sera donc bien différente de la solution rêvée, du couple merveilleux "économies d’énergie et énergies renouvelables". Lorsque le pétrole et le gaz conventionnels seront épuisés... nous boirons le pétrole de schiste jusqu’à la dernière goutte, nous respirerons le gaz de schiste, jusqu'à la dernière bouffée. C'est déjà commencé. Avec quelques miettes de nouvelles énergies renouvelables.
Et après ? Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Non je ne vois que le pétrole qui s'éteignoie et le charbon qui noirpoudroie. Après il ne restera plus que du noircharbon et autre fumeuxlignite à brûler. Avec quelques miettes de nouvelles énergies renouvelables.
Le gaz – de schiste ou non – émet bien moins de particules fines et quatre fois moins de CO2 que le charbon pour fournir la même énergie. Il serait donc sain et écologique d'épuiser d'abord le gaz de schiste, pour retarder autant que possible le couronnement du roi-charbon, celui qui noircit les mains et les poumons.
Gaz de schiste aujourd'hui, ou charbon et particules fines demain, il faut choisir 1.
Pierre Yves Morvan
1 La France a peut-être du gaz de schiste dans son sous-sol, mais elle ne veut même pas le savoir ; "cachez ce gaz que je ne saurais voir". La France regarde le train qui passe... et importera peut-être un jour le gaz de schiste des Américains, ceux qui sont dans le train qui passe...
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