C’est formidable, les effets de la prime à la casse sur la production automobile française se font sentir depuis plusieurs mois. Le gouvernement sauve l’économie, les emplois, loué soit-il.
Louanges relayées grassement dans les médias, "très bon chiffre", rendez vous compte, au coeur du marasme général, les français mettent la main au porte monnaie et de plus ont un réflexe national, privilégiant les marques hexagonales. Le fleuron de l’industrie française reprend des couleurs, boosté par les cumuls de primes et les efforts du secteur.
C’est tellement formidable que la mesure va continuer jusqu’à 2011 avec une fin progressive. Pour expliquer simplement, au cas ou vous sortiez du coma ou encore si vous êtes piéton dans le Larzac et pour tous ceux qui dorment au fond : Vous avez une vieille voiture en état de marche, vous la bichonnez depuis longtemps mais maman aimerait bien en changer pour avoir la clim’ et moins mal au dos. C’est très simple, vous jetez votre voiture à la poubelle et on vous donne un chèque pour vous aider à acheter la neuve.
Comme le prix de cette bonne vieille titine sur le marché de l’occasion est inférieur au montant du chèque, vu qu’il y a aussi le bonus écologique lié aux émissions de CO2 des moulins et qu’en plus les vendeurs de bagnoles ont réduits leurs marges, on arrive à un cumul de bons de réduction vraiment exceptionnel. 330 000 voitures concernées par la mesure cette année. 110 000 véhicules neufs vendus en août. On va pas blamer les français qui mordent à l’hameçon. Et c’est vrai, c’est bon pour l’économie et l’emploi, pour la sécurité routière et la réduction d’émission de polluants.
Par contre et j’espère que vous m’avez vu venir, c’est quand même dans le titre, nul débat sur les effets néfastes de cette mesure, bien au contraire, le jour ou l’on annonce la poursuite de cette politique aberrante. Pas une remarque, pas une réflexion, pas l’once du soupçon de l’ombre d’une critique dans les médias, pas de questions, circulez. Pourtant il y a de quoi faire.
Après les stilos, les rasoirs, les balais, les assiettes, etc, les voitures sont devenus jetables. On détruit sciemment des véhicules qui pourraient encore faire moult kilomètres.
# Les casses débordent, les marchés de l’occasion, des pièces détachées plongent.
# La prime en question, les bonus écologiques, comme disait Michel : "C’est nous qui paye !!!"
# L’aspect anti-écologique, gabegique en ressource et en énergie saute je l’espère aux yeux de tout le monde. Ressources pour fabriquer du neuf, pour stocker et recycler l’ancien.
C’est surtout ce dernier point et l’absence de débat sur ces questions qui me donnent la nausée. Alors qu’on évoque la notion de décroissance, que le PIB ne semble plus un indicateur économique pertinent, que la notion de sur consommation et de tout jetable semble appartenir à un autre age. Après le Grenelle de l’environnement au lieu de réfléchir un peu plus loin que le bout de son nez on appuie sur l’accélérateur, on applique les bonnes vieilles recettes que l’on sait néfaste pour l’homme et la nature, et on la boucle.
Alors il suffit peut-être de le demander gentiment : s’il vous plaît arrêtez de mettre des voitures en état de marche à la poubelle. Les bonus malus écolo sont peut-être une bonne idée, avec ce prétexte on pourrait remettre au goût du jour des mesures protectionnistes sans en dire le nom et privilégier nos emplois au lieu de mettre les travailleurs en concurrence dans un environnement mondial, économique et social ; inégal et injuste.