Encore un référendum sur l’Europe qui passe à la trappe !
Une fois de plus, dans le cadre de la construction européenne, la démocratie est foulée aux pieds.
Démocratie, c’est pourtant le mot préféré de tous nos politiques jusqu’à transformer le mot en... concept fumeux.
Essayons-nous à la définition du terme démocratie : la meilleure approche nous est donnée par Wikipédia :
"Le terme démocratie désigne un corpus de principes philosophiques et politiques suivant lequel un groupe social donné organise son fonctionnement par des règles élaborées, décidées, mises en application et surveillées par l’ensemble des membres de ce groupe, a priori sans exclusive. Il s’oppose historiquement aux systèmes monarchiques ou oligarchiques où le pouvoir est détenu et transmis au sein d’un petit groupe.
On résume souvent ce corpus à la formule d’Abraham Lincoln : « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », qui a été introduite dans la Constitution de 1958 de la Ve République française ... / ..."
Qu’en est-il de ce gouvernement "du peuple par le peuple et pour le peuple" en ce qui concerne l’Union européenne et l’un de ses pendants : La construction européenne ?
Cette construction est, nous rabâche-t-on, la potion magique pour affronter les futurs défis économique et sociaux mondiaux.
A ce titre la majorité des observateurs s’accorde à dire que les derniers élargissements se sont faits dans des conditions pour le moins... "précaires". Loin de bénéficier des mesures financières obtenues par l’Espagne et le Portugal, les derniers entrants ont été poussés à utiliser le dumping fiscal et social afin de pouvoir "s’intégrer" au plus vite.
Qui dit intégration dit temps et il est nécessaire que chaque pays membre trouve sa place de la façon la plus harmonieuse. Mais, avant tout ceci, il ne faut pas oublier d’être attentif à tout nouvel élargissement sous peine de diluer encore un peu plus la "communauté" des Etats de l’Union.
La ratification du Traité de Lisbonne par le congrès français a montré pour la première fois que la voix du peuple pouvait être reniée par les élus à partir du moment où elle n’est pas conforme aux attentes de lobbies ou de commissaires européens (qui ne sont au demeurant jamais soumis au suffrage universel).
Le référendum français de 2005 avait mis en lumière le "spectre" de l’élargissement et on se souvient que Jacques Chirac avait évoqué une disposition référendaire concernant l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. L’objectif de Jacques Chirac était d’écarter la question de l’adhésion turque du débat sur la ratification de la Constitution européenne.
Jacques Chirac est parti, Nicolas Sarkozy est arrivé, le Traité de Lisbonne a été validé par les parlementaires français et nous en sommes restés là.
Or, que lit-on le 2 avril 2008 sur le site d’Euractiv ?
"L’avant-projet de loi sur la réforme des institutions, qui a été transmis au Conseil d’Etat pour avis le 19 mars dernier, contient un article prévoyant la suppression du référendum obligatoire avant l’entrée de tout nouveau pays dans l’Union européenne.
Le « verrou référendaire », qualificatif donné par le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet à l’article 88-5 de la Constitution française, devrait bientôt sauter. Cet article du Titre XV de la Constitution stipule que « tout projet de loi autorisant la ratification d’un traité relatif à l’adhésion d’un Etat à l’Union européenne et aux Communautés européennes est soumis au référendum par le président de la République ».
Traduction : les Français n’auront plus le dernier mot pour toute nouvelle adhésion à l’Union européenne. Et spécialement pour l’adhésion turque... / ..."
Plus qu’un déni de démocratie, c’est une remise en cause totale de la démocratie. En clair, afin d’éviter que les Français ne votent "mal", on leur enlève systématiquement le droit à débat.
"Se rangeant du côté de l’opinion de son secrétaire d’Etat, contre celle défendue par l’UMP, Nicolas Sarkozy a tranché pour la suppression de cet article introduit dans la Constitution par la réforme du 2 mars 2005. Pour autant, le chef de l’Etat est toujours contre l’adhésion turque... / ..."
Désolé, mais trop c’est trop. La notion d’élargissement n’est pas liée au simple refus verbal d’intégrer la Turquie à l’Union. Ce qui se prépare tout simplement c’est une politique d’élargissement forcenée qui va encore une fois pénaliser la construction européenne et hypothéquer toute chance d’amélioration socio-économiques des actuels membres.
Sans hurler aux théories du complot, on est en droit de se poser la question de l’élargissement à de nouveaux pays toujours plus dociles en termes de coûts et de flexibilité sociale. Une partie de la réponse à cette question se trouve peut-être sur le site de Business Europe (Medef européen) administré par le toujours sémillant Ernest Antoine Sellières.
Extraits :
Progrès des réformes structurelles en Europe
"Le 17 mars, le président Seillière a pris part à un panel de discussion, dans le cadre d’une conférence OCDE-FMI à Paris, sur les progrès des réformes structurelles en Europe. Il a souligné la nécessité d’une mise en œuvre rapide de la stratégie de Lisbonne pour libérer l’énorme potentiel de croissance inexploité de l’UE et améliorer la résilience de l’économie européenne dans un environnement mondial exigeant. Certains progrès ont été faits dans les réformes depuis 2005, mais les entreprises déplorent que les gouvernements restent aussi réticents face aux réformes les plus urgentes et décourageantes."
Téléchargez ici le discours [en anglais uniquement].
Nous ne chercherons pas à aller plus loin et laisserons les lecteurs citoyens être juges du sort qu’on leur prépare.
Nous réclamons par contre que les dénis permanents de démocratie cessent sous peine de déconsidérer DEFINITIVEMENT l’idée européenne aux yeux de ses citoyens.
Sources, crédits et copyrights
La documentation française
Euractiv
Business Europe
Crédit image
Newsoftomorrow
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