L’ENTPE (Ecole nationale des travaux publics de l’Etat) est un établissement public à caractère scientifique décentralisé à Vaulx-en-Velin depuis 1975. Cette école, qui forme la fine fleur des futurs ingénieurs, dispose de trois départements d’enseignement et de recherche : "Ville et environnement", "Transport" et "Génie civil". A la convergence de ces trois domaines, une vingtaine de futurs ingénieurs a planché très sérieusement cette année sur la création d’un métro du XXIe siècle, une ligne capable de relier Lyon à Saint-Etienne en 12 minutes !

Leur projet, baptisé
LYSETTE (pour LYon Saint-Etienne Transport Express) s’est appuyé sur une étude déjà bien avancée par les scientifiques suisses, qui travaillent sur la liaison Genève-Lausanne,
le Swissmetro. Comme on peut le voir dans
un film de l’entreprise mis en ligne sur YouTube (dont le commentaire est malheureusement uniquement en allemand), les ingénieurs de Swissmetro ont mis au point un véhicule capable de transporter des passagers sous terre, entre les principales villes suisses, à une vitesse maximale d’environ 400 km/h !
Un tunnel sous vide partiel
Afin de satisfaire les contraintes d’entretien minimum, le véhicule, de 200 à 800 passagers, "doit se déplacer sans contact mécanique grâce à une sustentation magnétique et à un moteur linéaire". La consommation d’énergie peut être faible, grâce à une résistance d’air réduite et à l’absence de contact roue-rail. Le projet Swissmetro bénéficie depuis 1996 de l’appui du gouvernement suisse par le biais du financement de la recherche correspondante dans les Ecoles polytechniques de Lausanne et Zürich, ainsi que de celui d’environ 80 industries suisses, allemandes et autrichiennes.
La transposition dans la configuration Lyon-Saint-Etienne
Les élèves ingénieurs de l’ENTPE ont donc étudié la transposition possible de ce projet dans la configuration Lyon-Saint-Etienne. Une première phase du travail a consisté à effectuer un diagnostic du territoire. Il s’agissait d’étudier le relief, la composition géologique, sans oublier les aspects socio-économiques et la prise en compte de l’impact sur l’environnement (faune, flore, changements d’écosystèmes...).
L’autre phase était celle de l’infrastructure. Pour les questions de sécurité, les élèves ont bénéficié des travaux déjà réalisés par les ingénieurs et instituts de recherche suisses (mesures en cas d’accident, organisation technique, etc.).
Lysette en chiffres
Bien qu’il soit "purement théorique", le projet étudié par les élèves de l’ENTPE a le mérite de lancer le débat. Dans le contexte actuel d’augmentation du prix du pétrole et de remise en cause des schémas traditionnels en matière de transport, n’ y a-t-il pas la place pour s’ouvrir à des visions différentes, comme celles que n’hésitent pas à étudier nos voisins suisses et allemands ?
Selon les chiffres donnés par les étudiants, un projet de l’ordre de Lysette aurait un coût total de 2 milliards d’euros*, guère plus que le tracé autoroutier qui a beaucoup plus d’impact environnemental (1,8 milliard). Il permettrait de transporter en 11 minutes (+ les opérations d’embarquement) 2 400 passagers par heure et nécessiterait la création de deux tubes de 54 kilomètres de long et 5 mètres de large, ainsi que huit puits d’aération entre les gares de la Part-Dieu et de Saint-Etienne-Chateaucreux.
LYon-Economie
*A titre de comparaison, le coût du tunnel Lyon-Turin, large de 10 mètres pour 53 kilomètres de long, serait de 7,6 milliards d’euros.