Analyse de la situation au Zimbabwe
Le Zimbabwe est au cœur de la tourmente et des médias, et on lit beaucoup de choses dont certaines sont exactes et d’autres totalement fausses. Il est donc nécessaire de faire un point sur ce pays et ce qui s’en dit pour essayer d’imaginer ce qui va s’y passer.
A PROPOS DE LA FAUTE DE MUGABE
Factuellement, Mugabe était à la tête du pays et est le
comptable de la décrépitude économique. Aujourd’hui, on est arrivé à un
point tel qu’il faut arrêter et repartir sur d’autres bases : en
continuant, on va arriver à des catastrophes irréversibles. Et je n’ai encore rien dit sur le fait qu’il ait raison ou
tort. Mais, dans tous les pays d’aujourd’hui, démocratiques ou non, le
responsable suprême, c’est le dirigeant du pays. Et, quand un pays est en
échec, c’est toujours de la faute du président, même si ce n’est pas la
sienne.
Cela dit, oui, Mugabe a commis des erreurs
gigantesques, mais qui ne se trouvent probablement pas là où la plupart
des gens les voient.
Ainsi, pour moi, le passage des terres des
fermiers blancs aux fermiers noirs n’est pas à l’origine du déclin
économique ni la raison de l’accélération de ce déclin, contrairement à
ce qu’assène et répète la Grande-Bretagne au point que tout le monde en Occident a fini par y croire.
A PROPOS DU PASSAGE DES TERRES DES FERMIERS BLANCS AUX FERMIERS NOIRS
Ce transfert était inscrit dans les accords de Lancaster House signés en 1979 par tous les protagonistes, y compris la Grande-Bretagne, et qui ont servi de base pour la Constitution du Zimbabwe autour de laquelle s’est créé ce pays en 1980.
Il y est spécifié en toutes lettres le passage des terres des fermiers blancs aux fermiers noirs avec la date limite de 2000 avec le financement par les pays internationaux (GB et Etats-Unis au premier chef). Il y est également spécifié que ce transfert était obligatoire, mais devrait se faire sur la base du volontariat (formulation que j’ai toujours trouvée bizarre : le volontariat obligatoire...) qui était symbolisé par la formule "willing buyer, willing seller".
Et, effectivement, la GB a commencé à fournir les fonds et, en 1996, 20 % des terres avait été transférées selon ce schéma. Mais, en arrivant en 1996, Tony Blair a déclaré qu’il n’était pas engagé par les promesses orales de ses prédécesseurs et donc qu’il décidait d’arrêter le financement de ce transfert (le montant n’était pas indiqué en toutes lettres dans les accords de Lancaster House, seulement le principe).
Donc, en fait, il est difficile de reprocher à Mugabe la déconfiture économique sur le fait du transfert des terres des fermiers blancs aux fermiers noirs puisqu’il devait de toute façon être fait, et que seuls les fermiers spoliés par la confiscation de 2000 peuvent y trouver une grosse différence puisqu’au lieu d’être dédommagés ils se sont retrouvés sans rien.
Et, pour ceux qui trouvent que le principe de passage des fermiers blancs aux fermiers noirs est injuste, je rappelle que ces terres avaient été volées aux Noirs par Rhodes et successeurs, et que la compensation était supposée correspondre au coût de la mise en valeur et non pas aux terres elles-mêmes ni à ce qu’elles avaient rapporté.
J’insiste un peu sur ce point, car on a un problème similaire qui se dessine en Afrique du Sud avec les fermiers blancs qui ont eu des terres confisquées aux Noirs sous le régime de l’apartheid et avec une première date limite de transfert de 30 % des terres en 2014. Entre 1994 et maintenant, il y a à peu près 5 % des terres qui ont été effectivement transférées.
Il faut peut-être d’ailleurs se demander si l’indulgence apparente de Mbeki (président de l’AFS et du SADC) vis-à-vis de Mugabe n’est pas influencée par cette similitude de cas et le gigantesque problème qui est en train de lui tomber dessus.
A PROPOS DE LA DEGRINGOLADE ECONOMIQUE
Il suffit de regarder les chiffres : la baisse du PIB (on pleure sur notre faible croissance, je ne vous raconte pas si on était en récession !) du Zimbabwe a démarré bien avant la réforme agraire.
En fait, la récession a commencé quand Mugabe a appliqué les réformes exigées par le FMI.
Avant, l’effort principal de Mugabe avait porté sur l’éducation (avec un taux jamais vu en Afrique de 92 % de taux d’alphabétisation !) et les services publics en général (système de santé gratuit, système de distribution d’eau gratuit, réseau routier de très bonne qualité, etc.). Pour cela, le pays s’était endetté, mais avec des capacités de remboursement par les minéraux (2e producteur mondial de platine, charbon, or, diamants industriels...). Mais le FMI, du haut de sa technocratie, a décidé que les pays africains n’auraient de l’aide que s’ils appliquaient le système de "l’ajustement structurel". En gros, cela consiste à ce que les gouvernements n’aident plus leur agriculture et industrie et fassent payer les services aux usagers. Au passage, le FMI réclame également aux pays occidentaux de ne pas subventionner leur agriculture et industrie, mais l’Occident n’écoute pas le FMI qui a ainsi créé les conditions d’une inégalité flagrante en défaveur des pays du Sud dont ceux de l’Afrique (obligés d’obéir sous peine de suppression des aides) et que les citoyens d’Occident eux-mêmes sont en train de combattre (avec, par exemple, le commerce équitable).
Et, comme le Zimbabwe avait besoin de l’aide internationale (un pays de moins de 15 ans d’âge en pleine structuration pour que la population noire quasiment asservie arrive à un fonctionnement où toute la population est formée de citoyens normaux a un vrai besoin de financement), Mugabe a accepté d’appliquer la politique du FMI comme les autres pays d’Afrique. Et, comme pour les autres pays d’Afrique, cela a entraîné la paupérisation du Zimbabwe malgré son grand potentiel.
Si vous entendez ceci pour la première fois, je vous recommande de vous documenter sur le sujet, c’est effrayant et réel et ne concerne de loin pas le que le Zimbabwe, mais la plupart des pays d’Afrique.
La réforme agraire (pas bien appliquée du tout, il faut quand même le souligner) s’est donc fait dans un pays déjà en récession. Et la réponse des Britanniques a été celle que l’on connaît : guerre économique à tout-va, officiellement contre Mugabe et en pratique contre le pays Zimbabwe : gel des avoirs dans les banques internationales (à commencer en GB qui était le pays d’échange privilégié, à la fois pour des raisons historiques et parce que la GB avait intérêt à entretenir cela du fait de la production industrielle du Zimbabwe), suppression de toutes les aides internationales (FMI, Banque mondiale et consœurs), lobbying pour couper les échanges commerciaux avec le Zimbabwe. Aujourd’hui, il n’y a plus que les aides humanitaires qui arrivent au Zimbabwe.
Et Mugabe s’est trouvé dans la situation de devoir gérer un pays en récession sans aucune possibilité de financement, même pas celles du pays car les avoirs étaient bloqués. Le tort qu’a eu Mugabe a été de se raidir dans sa fierté nationale, car il était écrit qu’il allait perdre cette guerre quoi qu’il fasse. Mais, à partir du moment où il l’a fait, le pays était parti sur la pente de la dégringolade économique.
A PROPOS DE L’INFLATION
L’inflation vient d’une erreur de base qui a été la solution de facilité : il n’y a plus d’argent, donc on fait fonctionner la machine à billets. Et il n’est pas besoin de connaître les théories économiques de Keynes pour voir ce que cette politique risque d’entraîner sur la valeur de la monnaie.
Cela aurait pu encore fonctionner dans un milieu fermé sans échange avec l’extérieur. Malheureusement, il n’était pas possible d’isoler totalement le Zimbabwe en autarcie, et donc le dollar Zimbabwe (Z$) a commencé une chute. Pour ralentir cette chute, Mugabe a institué un taux officiel. Mais, comme les entreprises ont besoin d’acheter à l’étranger (machines, produits y compris de base comme le maïs, etc.), un marché parallèle de la devise a commencé à s’installer. Evidemment, ce marché parallèle est totalement interdit par la loi, mais il existe et même le gouvernement lui-même va s’y approvisionner avec des billets tout neufs qu’il vient d’imprimer quand il a besoin de US$.
Au moment de la publication de cet article, le taux officiel d’un US$ est de 30 000 Z$ et le taux parallèle est de &US$ = 40 millions Z$.
Les billets de banque ont une mention dessus qui limite leur date de validité à six mois : un billet de banque au Zimbabwe a une date de péremption six fois plus courte qu’un bocal de cornichons.
Le prix des produits de base est très stable en US$ et même un poil à la baisse et les denrées ne sont pas chères par rapport aux prix dans le monde. Mais, quand on a une paye en Z$, c’est épouvantable. Un policier en milieu de carrière (qui doit donc nourrir une famille moyenne de quatre enfants) reçoit chaque mois de quoi le faire pendant au maxi une semaine, et s’il attend un mois pour faire ses achats, il a alors de quoi tenir trois jours.
Un tiers de la population s’est enfuie à l’étranger (majoritairement les pays voisins) de façon officielle où ils touchent une paye normale dont ils envoient une partie au pays (surtout sans passer par les systèmes bancaires qui comptent le change officiel) et qui permet à leur famille de survivre. Et ce tiers est celui des avocats, médecins, infirmières, enseignants, cadres, etc., ce qui réduit encore plus la capacité du pays à se redresser. Ne restent que les plus pauvres ou ceux qui n’ont pas le niveau d’instruction suffisant pour se faire embaucher. Certains tentent quand même l’aventure en proposant leurs services aux fermiers d’Afrique du Sud (blancs et noirs) qui les traitent assez mal avec des conditions de vie précaires, des salaires très faibles et une précarité d’emploi de chaque instant.
A PROPOS DE L’OPPOSITION
Il est normal qu’il y ait une opposition dans ce pays car les conditions de vie ne peuvent que générer du mécontentement vis-à-vis de la gestion par le gouvernement, et ce d’autant plus que la corruption n’est pas absente : comment les employés des services publics arriveraient à survivre ? Et je ne parle même pas de certains hauts dirigeants profitant honteusement du système de double taux de change.
Ce qui est plus surprenant et même inquiétant est que le parti d’opposition, le MDC est directement financé par la GB pour tenter de renverser le parti au pouvoir. Partout dans le monde, on appelle cela de l’ingérence, et je ne vous raconte pas le scandale en France si on se rendait compte par exemple que le PS fonctionnerait parce qu’il recevrait des financements occultes des Chinois (ce n’est évidemment pas le cas, mais je donne un exemple transposé chez nous qui a dû en faire sursauter plus d’un).
Bref, il y a une opposition dont le fonctionnement est un peu trouble et dont le dirigeant, d’origine syndicaliste, n’a jamais montré sa capacité à diriger une communauté. Cela ne veut pas dire qu’il n’en a pas les capacités : après tout Lech Valessa (origine Solidarnosc) a su évoluer dans le bon sens. Mais le parti au pouvoir a toutes les craintes que Tsavangirai ne soit qu’un pantin aux mains des Britanniques. Objectivement, il le sera ou ne le sera pas, mais il est important de noter la crainte du Zanu-PF, ce qui a probablement provoqué le rejet de la proposition du gouvernement mixte proposé par Tsavangirai à Mugabe, il y a deux jours.
La deuxième opposition dont personne ne parle est aussi intéressante : c’est Makoni.
On ne sait pas ce qu’il a fait aux présidentielles, puisque les résultats n’ont pas été publiés. Mais il faut souligner que c’est un dissident du Zanu-PF et que, malgré son exclusion suite à sa présentation comme candidat contre Mugabe, des dirigeants du Zanu-PF ont pris ouvertement parti pour lui.
A PROPOS DES ELECTIONS ET DE LA DEMOCRATIE
Au risque de choquer plusieurs lecteurs, il faut bien avouer que la notion de démocratie est quelque chose de tout à fait relatif et que la notion d’élections démocratiques s’afface derrière les agissements internationaux des autres gouvernements.
Ainsi, par exemple, on qualifie Mugabe de dictateur et de pire atteinte à la démocratie avec des élections qualifiées de truquées, etc.
Mais, pendant le même temps, la Chine qui est vraiment un régime non démocratique vient d’être retirée de la liste américaine des pays violant la démocratie et les droits de l’homme, alors qu’on est en pleine crise avec le Tibet.
Et, pour prendre un autre exemple, le Hamas démocratiquement élu par les Palestiniens n’est pas reconnu comme interlocuteur valable par les Occidentaux derrière la bannière des Etats-Unis.
Et il y a d’autres exemples surprenants quand on en prend conscience.
Force est donc de se rendre compte que la notion de démocratie est quelque peu bizarre à l’aune des intérêts de tel ou tel pays.
Pour ce qui est des élections au Zimbabwe, la situation est vraiment mauvaise, car les résultats ne sont toujours pas publiés (pour les présidentielles) et ces élections sont contestées (pour les législatives) avec une demande de recomptage.
Il faut dire que les deux forces en présence sont très proches et que chacun est convaincu (ou fait semblant de l’être) que l’autre triche. Le MDC accuse le Zanu-PF au pouvoir d’être en train de truquer les bulletins, tandis que le Zanu-PF vient de demander l’arrestation de sept membres du MDC participant au dépouillement pour avoir subtilisé des bulletins du Zanu-PF pour les remplacer par des bulletins du MDC.
Les plus virulents contre cette situation à base de contestations, de recomptage ou demande de recomptage et de dépôts de recours devant la Cour sont les Américains, oubliant totalement l’épisode de leur élection présidentielle de 2000 où il a fallu un mois et une semaine avant de savoir qui était président. De plus, ultérieurement, un recomptage de tous les bulletins de la Floride a montré que le vrai résultat dans la stricte observation des règles démocratiques était Gore président, soit l’inverse de la décision juridique qui a désigné Bush.
Je suis inquiet pour le futur du Zimbabwe et donc anxieux non seulement des résultats du scrutin, mais surtout de ce qui sera fait pour la suite dans le pays, quel que soit celui qui deviendra président.
QUE VA-T-IL SE PASSER AU ZIMBABWE
Un avantage certain du pays est que, globalement, il n’y a pas de problème ethnique rajoutant à la pression et exacerbant les rancœurs, car même s’il y a deux ethnies (shona et mdebele), la partition MDC/Zanu-PF ne suit pas la partition ethnique.
Une explosion brutale et rapide comme on vient d’en avoir une suite aux élections au Kenya est donc très nettement moins probable que dans ce pays.
Les peuples du Zimbabwe sont en général pacifiques et surtout très patients. En octobre dernier, alors qu’il manquait de tout, j’ai assisté à une scène édifiante.
J’étais dans un "Steack-House" qui, comme chacun le sait a pour spécialité des steacks de bœuf de tous types. En fait, il n’y avait que du chicken-rice. Mais il faut bien manger et, de toute façon, c’était bon.
Arrive un consommateur qui demande un café. Pas de café. Il dit que cela n’est pas grave et change pour un thé. Pas de thé. Il demande alors calmement ce qu’il y a et le serveur lui dit "soda water" (eau gazéifiée). Et donc le type a commandé un soda water sans sembler en être affecté d’une quelconque façon.
Par contre, l’attitude de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis me semble essentielle pour le futur du Zimbabwe : tant que la guerre économique va perdurer, aucun dirigeant, de quelque bord que ce soit ne pourra redresser le Zimbabwe. Et celui qui sera en place n’aura pas trop le choix et devra appliquer les mêmes principes de gestion généraux que Mugabe : ne pas laisser les pays occidentaux piller le pays, mais construire des partenariats commerciaux et industriels et investir dans l’éducation et les services publics.
LE PAS SI MAUVAIS DU GOUVERNEMENT DE MUGABE
Car, si effectivement il y a de graves échecs tels que la politique économique et monétaire ou la corruption, il faut bien avouer que plusieurs secteurs de fonctionnement sont exemplaires.
Il y en a peu, mais cela vaut quand même la peine de les souligner tellement ce qu’on lit et on entend ne montre que l’aspect négatif des choses en insistant sur le raccourci "Mugabe dictateur".
Ainsi, l’aide alimentaire au Zimbabwe ne fait l’objet d’aucun trafic et les ONG mandatées par le programme alimentaire mondial font parfaitement leur travail de détermination de qui a besoin de l’aide et de distribution de cette aide par eux-mêmes sans que le gouvernement du Zimbabwe n’intervienne. Ce n’est pas souvent le cas et, malheureusement, on peut même dire que ce n’est pas souvent le cas. Le Programme mondial l’a d’ailleurs souligné, mais n’a été entendu par personne.
La lutte contre le sida est également assez exemplaire, ainsi que l’a souligné à plusieurs reprises l’OMS, et malgré de nombreux articles où l’on peut lire que le pays est ravagé par le sida en accolant cette déclaration à l’éternel vocable dictateur (devinez de qui ils parlent) comme pour rejeter la faute de l’épidémie sur celui-ci. Le Zimbabwe est un des deux seuls pays où la prévalence du sida est en baisse (avec le Botswana) y compris après correction d’une mortalité forte due à l’épidémie.
Il y a donc bien des choses à conserver du gouvernement de Mugabe par le prochain gouvernement.
CONCLUSION (TEMPORAIRE)
Il faut que Mugabe s’en aille.
Mais je ne fais pas partie de ceux qui le traitent de dictateur. Oui, il y a des casseroles difficiles à oublier, mais la presque totalité des reproches que l’on fait au gouvernement de Mugabe et à Mugabe peuvent être faits par exemple à Bush et à son gouvernement (y compris les violations de la démocratie, le viol des droits de l’homme...). Y compris la torture et l’assassinat commis par les services secrets.
Ce n’est pas une consolation, mais je ne hurle pas avec ceux qui ont le pouvoir de l’argent qui voient la paille dans l’œil des autres en oubliant la poutre dans le leur.
Je crois que le tort principal de Mugabe est qu’il ne comprend pas les Occidentaux et qu’il a pris les mauvaises décisions de ce fait. Et aujourd’hui que le pays a gravement et urgemment le besoin de l’aide de ces Occidentaux, il faut qu’il passe la main, car il en est devenu l’ennemi et que le seul moyen de pouvoir récupérer cette aide pour le Zimbabwe est de ne plus être l’interlocuteur des Occidentaux.
En tout cas, les choses sont bien plus complexes que ce que les articles très viscéraux transmettent la plupart du temps sur le sujet, avec un défaut que je trouve très dommageable pour l’information : la plupart des journalistes avec ou sans carte de presse ont pour source d’information des articles écrits par d’autres qui sont parfois partiaux.
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