Benoît XVI chez Raul Castro
Le pape est à Cuba. Les relations entre le Vatican et le pays communiste sont pour le moins originales.

La venue du Pape à La Havane, "c'est un acte d'amour et la révolution cubaine est aussi un acte d'amour".
C'est ainsi que s'exprime le poète chrétien Pablo Armando Fernandez, prix national de littérature de Cuba.
Benoît XVI met ses pas dans ceux de Jean Paul II 14 ans après.
Il avait d'ailleurs conseillé le Pape anti-communiste qui avait réussi à faire tomber le régime du général Jaruselski en Pologne. C'est lui qui avait organisé la première visite d'un pape dans l'île castriste (réception par Fidel Castro lui même).
Ce 26 mars, Benoît XVI s'est fait précéder à La Havane par une déclaration sur le marxisme qui n'est plus adapté à notre XXIème siècle.
Dans l'île Fidel Castro ne gouverne plus. Et Raul Castro accomplit des réformes économiques fortes.
Dans l'histoire de Cuba , jamais le dialogue n'a été rompu depuis 76 ans entre les autorités de l'île et Rome. Un nonce apostolique et un ambassadeur de Cuba auprès du Saint Siège à Rome font la liaison papauté-état communiste.
On oublie toujours, par exemple, qu'il y a 9 français missionnaires dans l'île.
Raul Castro, depuis 4 ans, s'est rapproché de la hiérarchie catholique cubaine et du cardinal Ortega.
L'Eglise, minoritaire dans l'île (10% des cubains sont catholiques), a servi de médiateur pour la libération d'opposants politiques et Raul Castro s'appuie sur l'Eglise, dans la période actuelle de déstabilisation de la société, avec la libéralisation graduelle et l'ouverture au marché.
La théologie de la libération, qui avait enflammé, il y a plusieurs décennies, l'Amérique latine, n'est plus de mise parmi les catholiques.
L'Eglise est la seule force organisée à Cuba, en dehors du parti communiste.
Avant l'arrivée de Benoît XVI, 33 opposantes (les dames en blanc) ont été arrêtées alors qu'elles manifestaient sur la cinquième avenue de La Havane le dimanche matin, puis rapidement relâchées. L'Eglise n'y est pas pour rien, même si le cardinal Ortega qui s'est exprimé auprès de parlementaires européens, n'apprécie guère ces dames en blanc, dont beaucoup de maris détenus ont été libérés depuis longtemps. L'Eglise a même demandé l'expulsion d'un groupe d'un lieu de culte transformé en barricade politique.
L'Eglise s'adresse à toute la population cubaine et pas seulement à une opposition politique.
Le défilé pèlerinage organisé dans tout le pays en l'honneur de la vierge de la charité de El Cobre (découverte il y a 400 ans) a du sens pour les cubains, et le Pape s'est rendu lui-même dans le village d'El Cobre.
L'Eglise apprécie la stabilité et l'ordre et les libérations obtenues puis le départ des libérés vers l'Espagne ont été suivies de reconstructions, voire de constructions, d'édifices religieux. Le séminaire San Carlos, particulièrement actif, des religieux et des prêtres réfugiés cubains de Miami rentrant dans leur île au moment de l'arrivée du Pape, complètent cette situation originale.
Cependant l'Eglise est divisée parmi ses fidèles. Oswaldo Paya, prix Sakharov, et à la tête du mouvement chrétien de libération, est contre ce rapprochement et ce travail la main dans la main des autorités ecclésiastiques et gouvernementales.
L'Osservatore Romano, organe de presse du Vatican, considère qu'il n'y a plus de prisonniers politiques à Cuba.
Le cardinal Ortega prône la conciliation nationale, il s'oppose aux extrêmes et pense que l'Eglise peut être un pont et un vecteur de dialogue entre les différentes composantes de la société cubaine.
Le discours de bienvenue du général d'armée Raul Castro Ruz, président du conseil d'état et du conseil des ministres, au souverain pontife cite Cintio Vitier, intellectuel chrétien : " le véritable visage de la patrie est celui de la justice et de la liberté". Il cite aussi Fidel Castro proclamant "qu'une importante espèce biologique est en péril de disparition, dû à l'élimination rapide et progressive de ses conditions naturelles de vie : l'homme".
Les arsenaux nucléaires, le problème de l'eau ou de l'alimentation préoccupent aussi les catholiques. De même le système financier mondial et son pouvoir oppressif. On noubliera pas que les 2 frères Castro ont été éduqués par les jésuites. Toujours dans ce discours, Raul Castro indique que "le pays le plus puissant a tenté de nous dépouiller, infructueusement, du droit à la liberté, à la paix et à la justice".
Les USA sont donc une fois de plus dénoncés pour leur blocus économique, politique et médiatique, alors que Cuba a formé "des dizaines de milliers de médecins d'autres pays" et a œuvré "pour l'alphabétisation de plus de 5,8 millions de personnes".
Les dames en blanc sont, pour les autorités cubaines, financées par Washington et les organisations anti castristes de Miami.
L'ambassadeur Wayne Smith, expert des relations bilatérales entre les USA et Cuba, a indiqué que le gouvernement américain désirait que l'Eglise choisisse une ligne plus dure contre Cuba. Miami a souhaité que la visite du Pape soit utilisée pour dénoncer le régime.
L'agence de développement international des États Unis (USAID) est dénoncée pour son aide financière aux organisations anti castristes, à l'intérieur et à l'extérieur de l'île caribéenne.
Pour les années fiscales 2009 / 2012, le congrès américain a destiné 35 millions de dollars aux programmes en rapport avec Cuba. Aucun changement n'a été effectué, pour les autorités cubaines, par le président Obama, dont la politique est comparée à celle de son prédécesseur.
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