« Bruxelles DC » : le rêve d’une Bruxelles indépendante ?
« Bruxelles DC » est un serpent de mer. L’idée, inspirée du nom de la capitale fédérale américaine Washington DC, serait de faire de Bruxelles une cité-État internationale, européenne, entre indépendance propre et gestion directe par l’UE ; une perspective récurrente qui a refait surface depuis le début de la crise actuelle entre Flamands et Wallons. Bruxelles, cette enclave francophone en Flandre, est en effet au coeur de la crise actuelle entre ces deux communautés qu’elle empêche de se séparer facilement. La confier à un tiers, une « identité bruxelloise » ou la mission européenne, semble une idée simple : un scénario possible de sortie de crise, après plus de trois mois sans gouvernement ?
À première vue, l’idée séduit à la fois des
Bruxellois et les membres de la communauté expatriée. Les premiers,
conscients de la spécificité cosmopolite de leur ville et attachés à son
autonomie, espèrent y trouver la possibilité de donner une importance et une
prospérité nouvelle à leur ville qui, malgré son positionnement avantageux sur
la scène internationale, peine à se développer. Les seconds, partant du
principe que Bruxelles est, de fait, une ville internationale, et lassés des
incessantes querelles communautaires et autres complexités administratives qui
restreignent les possibilités d’aménagement de la capitale, verraient d’un
assez bon oeil de pouvoir intervenir directement : « Les
batailles entre Flamands et Wallons pour savoir si Bruxelles doit être
rattachée à telle ou telle partie nous font bien rigoler. Bruxelles est
internationale et doit le rester ! », s’exclame un expatrié français.
L’argument fiscal revient également : pour ceux qui viennent y travailler pour
quelques années, payer des impôts élevés pour rembourser la dette publique
belge ne se fait pas toujours de gaieté de coeur. Parmi les fonctionnaires
européens, enfin, on entend des récriminations devant le mauvais état des
infrastructures bruxelloises : pour toutes ces raisons, l’idée d’une gestion
autonome avec intervention de l’UE, assortie de la création d’un statut
privilégié pour les « internationaux », semble tentante.
L’Union européenne absente du débat en cours
De tels propos ne dépassent pas cependant, au sein des
institutions européennes, le stade de bruits de couloir : officiellement, la
Commission européenne ne veut pas en entendre parler. Pour des raisons bien
compréhensibles : elle n’a aucune envie de se retrouver impliquée dans la crise
actuelle. « La Commission européenne n’a pas à prendre position sur la
formation actuelle d’un gouvernement européen sur toute question hypothétique à
cet effet... Donc, non, aucun commentaire ! », précise Valérie Rampi,
porte-parole de la DG Administration, en charge des questions
d’aménagement.
Il y a d’autres raisons à cela : l’Union européenne n’a pas vocation à gérer
une ville - la seule qu’elle ait gérée jusqu’à aujourd’hui était Mostar, en
Bosnie-Herzégovine, de 1994 à 1996 et ce fut un demi-échec. « L’Europe
a d’autres chats à fouetter que de s’occuper de problèmes de parking de
nuit ! », résume R. Aernoudt, ancien fonctionnaire européen et haut
fonctionnaire flamand récemment licencié. Elle n’a sans doute pas davantage
envie de devoir gérer une ville comptant 20 % de chômeurs et des populations
musulmanes à demi ghettoïsées - l’exemple de Washington DC est à cet égard un
sinistre précédent : la ville est divisée en quartiers très riches de
fonctionnaires fédéraux « en apesanteur » et quartiers déshérités
occupés par des populations afro-américaines. Fait unique aux Etats-Unis, la ville est
administrée directement par le Congrès, mais n’a pas le droit d’y élire des
représentants...
Mais, surtout, il semblerait que la principale raison expliquant le silence des
institutions européennes sur la question soit l’absence de prise de conscience
de la gravité de la situation belge. Pour Jean Quatremer, correspondant à
Bruxelles du journal Libération et observateur au long cours des
affaires européennes, « ce qui est très bizarre, actuellement, c’est
le manque de réactions, quelles qu’elles soient, aux événements belges ; les
gens [NDLR : travaillant dans les institutions européennes] regardent,
sont hallucinés, mais il n’y a pas véritablement de prise de conscience... Il y
a une certaine dénégation, un peu comme ce qui se passe pour les francophones : "Non, ce n’est pas possible, ils vont trouver une solution..." Je
ne dirais pas qu’il y a une réflexion sur la question. »
État des
lieux
Pour des raisons à la fois volontaires et involontaires, l’UE ne semble donc
pas en mesure d’intervenir dans le débat en cours sur Bruxelles. D’ailleurs, le
scénario « Bruxelles DC », bien qu’évoqué ici et là dans la presse,
ne figure au programme d’aucun parti politique, bien que ses soutiens soient
surtout flamands. Politiquement, le seul mouvement à avoir effectué des
avancées dans le sens d’une revendication spécifiquement bruxelloise est celui
esquissé autour du manifeste « Nous existons/Wij bestaan » lancé en
décembre 2006 par plusieurs associations bruxelloises (et qui n’est pas un
appel à l’indépendance, mais à davantage de poids politique dans le débat entre
Flamands et Wallons). D’ailleurs, son rédacteur principal, Philippe Van Parijs
(professeur à l’université catholique de Louvain), est l’un des rares à oser
anticiper aujourd’hui des scénarios pour Bruxelles en cas de scission du
pays... On y reviendra.
En attendant, le débat sur la ville fait rage. Pour donner le ton, citons Bart
de Wever, président de la N-VA, un petit parti indépendantiste flamand allié au
parti vainqueur des dernières élections, le CD&V : « Bruxelles est
une fenêtre de la Flandre sur le monde. L’enfant de la Belgique. La seule
partie de la Flandre où on a réussi à imposer l’identité belge à la population.
Il y a dix ans, la Belgique avait son équipe de foot, la monarchie, Bruxelles,
le franc belge. Aujourd’hui, il ne reste que Bruxelles. C’est le dernier
obstacle. » (Interview au Soir du 13/09/2007).
Un discours aussi tranché est récent, en Belgique, à de tels niveaux de
responsabilité ; d’ordinaire, les hommes politiques négociant la formation
du gouvernement fédéral parvenaient au moins à produire un discours... fédéral.
C’est le noeud du problème actuel, au grand désespoir de R. Aernoudt :
« il faut d’abord que les gens qui arrivent à Val Duchesse (NDLR
: le château où se tiennent les négociations entre partis) y arrivent avec
un agenda fédéral, pas des revendications locales... Il nous faut des hommes
d’État ! »
Ambitions
flamandes sur Bruxelles
Tous les partis ne tiennent pas des
positions aussi dures, mais la N-VA détient une position-clé dans la mesure où
le CD&V, le parti démocrate-chrétien qui a gagné les élections en Flandre,
n’a pu le faire qu’en s’associant avec elle. Quelle est sa position sur
Bruxelles ? Pour M. Jan Jambon, parlementaire fédéral du parti et échevin à
Braschaat (près d’Anvers), « Bruxelles est presque une région à part
entière, ce sont les
Bruxellois qui doivent décider eux-mêmes ce qu’ils veulent. »
Y compris former une entité indépendante ? « Peut-être que les
Bruxellois feront le choix de faire une région à part entière, mais je
pense qu’aucun des problèmes qui se posent à eux aujourd’hui et dans le futur
ne pourra être résolu par ce biais-là. » D’après lui, la concurrence
fiscale entre une Bruxelles indépendante ou part d’un ensemble
Wallonie-Bruxelles et une Flandre indépendante serait préjudiciable à la ville,
et une intervention financière de l’UE susciterait les convoitises d’autres
capitales prétendantes au titre de capitale de l’UE (Bonn en tout premier
lieu). La solution ? « J’espère que Bruxelles va choisir la
Flandre.[...] Je me doute qu’un Bruxelles indépendant, Europe DC ou autre,
serait le choix émotionnel principal des
Bruxellois, mais j’espère qu’ils feront leur choix de manière
rationnelle et qu’on pourra avoir un lien entre la Flandre et Bruxelles. Les
francophones vont garder tous leurs droits, il n’y a aucun problème. Dans un
pays qui compte 6,5 millions d’habitants, 500 000 francophones, je ne vois pas
le problème. »
Sauf que dans la mesure où les revendications indépendantistes
flamandes se sont beaucoup structurées autour de la langue, un tel arrangement
parviendrait-il à apaiser les rancoeurs ? On en doute, quand on voit que
le Vlaams Belang, le parti d’extrême droite flamand (près de 30 % des voix en
Flandre), considère les
Bruxellois francophones comme des « Flamands
francisés »...
La position du CD&V, le parti qui mène actuellement les négociations pour
former le gouvernement, est plus souple. Ainsi, pour M. Luc Van den Brande,
ancien ministre-président de la Flandre et actuel sénateur communautaire, bien
qu’il ne soit pas question d’entendre parler de
« condominium » (cogestion
wallonne et flamande) pour Bruxelles, il faut privilégier une
« approche confédérale » du dossier, avec un projet
« multiniveaux ». Dans le cadre d’une Belgique fondée sur
deux états « fédérés de base », la Flandre et la Wallonie,
il faudrait tenir compte de la spécificité bruxelloise, du fait que la ville
est la capitale de la Flandre et de la Belgique ainsi que de son rôle européen.
Il parle ainsi de « Partenariat Public-Public » : privilégier une
coresponsabilité des quatre niveaux de gestion, bruxellois, flamand, fédéral et
européen dans la gestion de la ville, en se concentrant sur les missions et non
sur les frontières. Par exemple, « il y a les dix-neuf communes, mais
on peut voir qu’il y a plus ou moins quarante noyaux de communautés de base où
les Bruxellois vivent et sont concernés aussi bien par l’environnement que par
l’aménagement du territoire, et doivent donc pouvoir être responsables de ces
domaines-là. ».
Priorité aux projets publics, donc... mais dans le cadre d’une
« approche confédérale » construite sur « deux
états fédérés de base » : bien que l’objectif de renforcer les
compétences régionales soit présent, il n’est pas pour autant question de
considérer Bruxelles comme une région à part entière. La position du CD&V
est complexe, car il veut concilier les impératifs gestionnaires
(« travaillons dans le sens des interférences multiples et des
coresponsabilités, pour tout ce qui se vit et se fait à Bruxelles »),
rassurer ses interlocuteurs politiques (« Il n’est pas question de "mettre la main sur Bruxelles", ce n’est pas du tout ça, pour nous
Bruxelles est la fenêtre sur l’Europe et le monde, donc c’est un atout
culturel, c’est bien la raison pour laquelle nous avons décidé d’installer
notre capitale de la Flandre à Bruxelles, pour montrer que nous voulons être
coresponsables »), mais ne rien lâcher sur les questions
communautaires susceptibles de fâcher son allié et lui aliéner son électorat le
plus sensible aux questions symboliques (« [cette discussion] ne peut
pas et ne pourra pas être l’occasion de dire "on va élargir les
frontières de Bruxelles" »)... Il s’agit donc pour le CD&V de
continuer le transfert de compétences entre l’Etat fédéral et l’échelon
régional tout en maintenant Bruxelles dans sa zone d’influence.
Réponses francophones
Cette position est diamétralement opposée à celle des partis
francophones susceptibles de constituer avec lui le gouvernement de droite, le
MR (droite libérale) et le CDH (centriste) : ces deux derniers sont partisans
d’un renforcement des prérogatives de la Région de Bruxelles-Capitale, passant
notamment par la nécessité de lui conférer l’autonomie constitutive
(semi-liberté institutionnelle interne) et donc d’en faire une région dotée des
mêmes prérogatives que les deux autres. Ils sont d’ailleurs soutenus en ce sens
par le parti écologiste flamand Groen !, plus timidement par le parti socialiste
flamand SP-A et par tous les autres partis francophones.
De plus, le MR et le CDH sont tous deux partisans, à l’unisson, des partis
francophones, d’un rapprochement entre Bruxelles et la Wallonie. Du côté du MR,
on parle ainsi « simplification institutionnelle » et
« efficacité ». Mme Schepmans, présidente du groupe MR du
Parlement de Bruxelles-Capitale et députée à la Communauté française, prône
ainsi les « synergies Wallonie-Bruxelles », parlant de
fusionner la Commission communautaire française (bruxelloise) et la Communauté
française, de « construire un projet francophone pour la
ville » et, surtout, d’oeuvrer à rapprocher Bruxelles de sa
périphérie par l’intermédiaire du concept de « Communauté
Urbaine » : rassembler certaines compétences à leurs échelles
pertinentes.
On retrouve sur ce dernier point le concept de
« subsidiarité » cher à R. Aernoudt et Luc Van den Brande :
segmenter les politiques en fonction de leur pertinence territoriale. On le
voit, il y aurait matière à s’entendre sur le plan des projets publics entre
Flamands et francophones... Mais les revendications communautaires perturbent
trop le débat pour le moment. On le constate, les perspectives d’une autonomie
accrue de Bruxelles sont soutenues pour deux raisons différentes : séparer
autant que possible Bruxelles de la Wallonie du côté flamand, et renforcer le
poids politique de la région pour la protéger des tentations assimilatrices de
la Flandre du côté francophone.
Ainsi, le FDF (Front démocratique des francophones, allié au MR), dont le président Olivier Maingain disait dès 2004
qu’ « accepter que Bruxelles soit sans lien avec la Wallonie
marquerait le début du confédéralisme, voire du séparatisme », vient
de lancer un « appel à l’unité des francophones ». On
retrouve cette volonté d’unité chez Marie Arena, ministre-présidente PS de
la Communauté française de
Belgique : « face aux
tensions qui minent aujourd’hui le niveau fédéral, Wallons et Bruxellois
doivent resserrer leurs liens. » De même pour le ministre-président
de la
Région de Bruxelles-Capitale, C. Picqué (PS) : considérant que tout
projet de ce genre ne ferait qu’encourager les menées séparatistes, il précise
qu’ « il n’a jamais été question pour moi de parler d’un district
européen comparable à Washington DC ». Face aux ambitions flamandes,
donc, les francophones serrent les rangs.
Ambivalences européennes et scénarios bruxellois
Pourtant, cette position de
défense n’est pas si bonne que cela. Une unité francophone face à la Flandre
est-elle souhaitable ? Pour commencer, parler de « Bruxelles
francophone » n’est pas une brillante idée : des dizaines d’autres
langues, dont le néerlandais, sont parlées à Bruxelles. Ensuite, cela serait
une terrible amputation pour la Flandre que de perdre sa capitale et un tel
poumon économique. Bruxelles, enserrée dans des limites trop petites pour elle,
aurait encore plus de mal à se développer qu’aujourd’hui, devenant un poids
plus qu’autre chose pour la Wallonie qui n’en a vraiment pas besoin... Si l’on
en croit les scénarios élaborés par Philippe Van Parijs, l’idée d’une Belgique
réduite à un ensemble Wallonie-Bruxelles né d’une sécession unilatérale de la
Flandre ne serait guère engageante : « Bruxelles, dans ce
scénario, ne sera plus le coeur bouillonnant d’un pays fondateur de l’Europe,
mais le croupion septentrional d’une Belgique rabougrie. Namur, déjà idéalement
placée pour la Wallonie seule, sera plus centrale encore pour la Belgique
redessinée. [...] Bruxelles ne sera plus désormais qu’un chef-lieu de
province d’un État satellite de la France. Au moindre pépin, des voix
s’élèveront dans l’Europe entière pour dire qu’il est grand temps de trouver
mieux. » (Interview au Soir, 17 septembre 2007). L’avis des
Européens ? D’après J. Quatremer, il va dans le même sens :
« on [les Européens] n’a pas forcément envie d’être rattachés
à la Wallonie. Parce que, tant qu’à faire efficace, autant que Bruxelles reste
en Flandre, parce que là on a la quasi-certitude que les
Flamands mettraient un maximum d’argent dans leur ville pour la
récupérer, la faire belle, donneraient un statut privilégié aux
Européens pour pouvoir les garder... Alors que les Wallons n’aiment pas
Bruxelles, d’ailleurs ils ont mis leur capitale à Namur, c’est la démonstration
absolue qu’ils n’en ont rien à faire... Ils en ont à faire aujourd’hui parce
qu’on est dans des négociations et parce que ce sont des
Bruxellois qui mènent les négociations, en réalité... des hommes
politiques qui vivent à Bruxelles, donc il est clair qu’une fois qu’ils auront
Bruxelles, ils s’en désintéresseront, ce ne sera pas leur priorité absolue et
là il y a un vrai risque, alors que côté Flamand on sait qu’on sera beaucoup
mieux traités. »
Le problème, c’est que dans le cas d’une scission
« dure », Bruxelles passerait probablement du côté d’un ensemble
Wallonie-Bruxelles. Faut-il craindre dès lors, en cas de difficultés sérieuses,
que les institutions européennes, mécontentes, déménagent ? Toujours
d’après J. Quatremer, « Oui, absolument. Au moment où la capitale
allemande a déménagé vers Berlin, je dois dire que beaucoup d’Européens étaient
assez favorables à un déménagement à Bonn. [...] C’était un bon moyen de
pression, et c’est d’ailleurs à ce moment-là que le dialogue a vraiment
commencé avec la Région, qui s’est rendu compte qu’il y avait un vrai danger
que l’UE fiche le camp, parce qu’on n’est pas attachés ici ad vitam
æternam ! »
Un tel scénario n’est souhaité par personne en Belgique. La solution
« Bruxelles DC », une Bruxelles indépendante à la fois des Flamands
et des Wallons, serait-elle à même de remédier au problème ?
Pour Philippe Van Parijs, « tout dépendrait du scénario de la
séparation »1, car c’est
celui-ci qui conditionnera en grande partie les dimensions de la future
Bruxelles. Une scission « dure », le scénario Wallonie-Bruxelles
décrit précédemment, laisserait Bruxelles emprisonnée dans ses frontières
actuelles, avec peut-être quelques communes adjacentes supplémentaires et une
situation budgétaire très difficile. Une situation de séparation par
« consentement mutuel », en revanche, dans le cadre de laquelle le
choix serait laissé aux habitants d’une large périphérie de la ville de
rejoindre ou non une Bruxelles autonome, permettrait à la ville de retrouver
une assise géographique et fiscale plus conforme à sa taille. La clé sera la
question des modalités et, surtout, des zones auxquelles on consentira à
accorder l’autodétermination.
Que vaut-il mieux : deux entités mutuellement nuisibles à prétention
homogène, ou trois entités formées sur la base d’une volonté de cohabitation et
de coopération nouvelle ?
Et les
Européens ? L’idée d’une Bruxelles indépendante les intéresse... à
condition de ne pas devoir s’en occuper. J. Quatremer ironise :
« le "Bruxelles DC" qui fascine les gens, dès qu’on
commence à y réfléchir...[...] C’est de créer ex nihilo une nouvelle capitale
européenne, une sorte de Marne-la-Vallée européenne, gérée par les
Européens, sans population locale... » pour préciser ensuite :
« les
Européens se disent qu’un jour il faudra bien faire quelque chose pour
que Bruxelles soit mieux gérée, mais, et c’est important, ce sentiment a évolué
dans le temps depuis que Bruxelles est devenue une
Région, en 93 : depuis lors, l’UE a un interlocuteur. En effet, avant,
l’Etat fédéral dirigé par les
Flamands laissait Bruxelles pourrir sur place et ne s’en occupait pas,
aujourd’hui il y a un dialogue possible. La rénovation du quartier européen a
été menée main dans la main avec la Région... Il y a donc eu une évolution, le
sentiment qu’une gestion au niveau local était dorénavant possible ; la
tentation d’un "Bruxelles DC" se fait moins
sentir... »
« Bruxelles DC », le rêve de déménagement des
fonctionnaires européens ? Voilà au moins un enseignement que l’on peut
retirer de tout cela : Bruxelles restera d’autant plus la capitale de
l’UE, avec les richesses, le prestige et les retombées concentriques associés à
un tel statut, qu’elle aura les moyens propres d’en accueillir les
institutions. De l’importance de penser en projet, donc, avant de penser en
frontières... La séparation n’est pas encore décidée, toute perspective
fédérale pas encore enterrée, la frontière linguistique non encore fermée.
Quelque part, c’est tout l’enjeu européen qui se trouve résumé aujourd’hui en
sa capitale.
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