Erdogan peut-il entraîner le monde dans la troisième guerre mondiale ?
En Europe il y a malheureusement une personnalité de premier plan, russophobe depuis l’enfance car née à l’Est, totalement inconséquente en géopolitique et traumatisée par sa bourde de la porte ouverte à un million de migrants. Il s’agit d’Angela Merkel. Elle est capable de tout y compris du pire pour empêcher une nouvelle vague de malheureux sur l’Europe. Le sultan la connait bien et chaque fois qu’il la rencontre il menace d’ouvrir les vannes…
Le dirigeant turc menace la paix du monde. Pour des raisons idéologiques il ne peut accepter la défaite des islamistes en Syrie car les « rebelles modérés » sont proches de lui et donc de l’idéologie des frères musulmans. Pour des raisons géopolitiques tout sera bon pour « casser » du Kurde et empêcher la création d’un Kurdistan aux frontières de la Turquie. Si l'objectif déclaré de la coalition internationale menée par les Etats-Unis est de combattre l'Etat islamique, tandis que la Russie est intervenue avant tout pour soutenir le régime de Bachar al-Assad, la Turquie n'a pas les mêmes priorités. Après deux ans de cessez-le-feu, les affrontements meurtriers ont en effet repris l'été dernier entre les forces turques et le PKK dans le Sud-Est à majorité kurde du pays, faisant de nombreuses victimes. Le conflit a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
Au cours des cinq dernières années la stratégie d’Erdogan a parfaitement réussi. Soutenu par les régimes idéologiquement proches des frères musulmans comme le Qatar et par les salafistes de l’Arabie Saoudite, Erdogan s’est révélé le maître d’œuvre de la déstabilisation de la Syrie. Plus personne n’ignore le soutien aux islamistes.
D’un point de vue militaire Daesh avec ses 80 000 combattants a pour adversaires principaux sur le terrain les combattants kurdes et les chiites irakiens soutenus par l’Iran. Malheureusement l’organisation peut recruter via la Turquie, vendre son pétrole via la Turquie et bénéficier des bombardements turcs sur les positions kurdes. Sans la position pour le moins ambiguë de la Turquie, Daesh ne serait plus un danger.
En effet l’organisation s’est mise à dos les occidentaux et même les pétro monarchies du Golfe. Seul le Sultan d’Ankara la soutient discrètement. L’Arabie saoudite et le Qatar souhaitent d’abord renverser le régime de Bachar pour affaiblir le monde chiite et construire un gazoduc vers la Méditerranée, ils préfèrent donc soutenir des islamistes bien plus engagés contre Bachar que ne l’est Daesh .Depuis le début 2014 Daesh ne peut compter dans le monde arabe que sur des donateurs privés saoudiens ou qataris.
Mais Daesh n’est qu’une composante du terrorisme islamiste dans la région, la seule dont nous entendions parler en Occident, peut-être pas la plus dangereuse.
En Syrie se sont développées des organisations comme AL NOSRA variante locale d’Al Qaeda et surtout le Front Islamique.
Le Front créé en 2013 regroupe 7 organisations et 80 000 combattants, il recrute dans le monde sunnite, bénéficie du soutien de la Turquie et des pays du golfe, de la bienveillance occidentale. Son but affiché : le renversement de Bachar, la mise en place d’une république islamique avec la charia. La CIA s’est posée la question de l’utilité ou non d’utiliser ces islamistes contre Daesh. Plusieurs organisations du Front Islamique sont issues des rangs de la fameuse « armée syrienne libre » présentée en Occident comme démocratique. Dans la réalité les combattants de l’ASL privée d’aide militaire occidentale sont passés à peu près tous dans les mouvements soutenus par la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar.
Bilal Erdogan, 35 ans, l'un des quatre enfants du président turc, est soupçonné de blanchiment d'argent par le parquet de la ville italienne de Bologne en Italie , il serait très lié au commerce du pétrole de Daesh.
L’opposition turque accuse : "La Turquie a vu les Kurdes syriens en train de créer leur propre autonomie démocratique. Lorsque la guerre a éclaté à Kobané, tous les Kurdes se sont réunis face à la menace. Cette unité empêche Ankara de conduire sa politique islamiste pro-sunnite au Proche-Orient", affirme la députée turque Selma Irmak .
Les Kurdes ont gagné du poids dans l'arène internationale, ce qui s'ajoute aux préoccupations de Recep Tayyip Erdogan. La Turquie a pris l'Europe en otage ayant employé l'afflux des réfugiés en provenance du Proche-Orient comme une arme contre l'Europe. Les Etats-Unis gardent également leur silence, car ils ont des intérêts communs avec la Turquie. Ainsi, Washington souhaite continuer à utiliser la base militaire d'Incirlik (…). Une telle impunité rend l'armée turque d'autant plus insolente" ..
"La Turquie constitue une importante source d'approvisionnement pour Daech. Ses combattants sont autorisés à franchir la frontière turque, ils y reçoivent les papiers nécessaires. L'EI possède des camps d'entraînement en Turquie, et le pétrole de Daech est vendu via la Turquie (…). Dans ses interventions, Erdogan ne dit rien contre l'EI. Il ne dénonce jamais la cruauté de l'Etat islamique, et il ne le fera jamais",
Dans « Pourquoi les Gaulois.. » nous avons expliqué les imbrications géopolitiques et surtout comment l’Europe s’est faite piégée par le Sultan. La responsabilité de cette inconséquence revient largement à MME Merkel et à Laurent Fabius. Le sultan a compris qu’en laissant opérer les passeurs, il maitrisait les flux vers une Europe incapable de contrôler ses frontière extérieures. Il a entre ses mains une arme extraordinaire et il sait s’en servir. Merkel de son côté se trouve piégée par un discours généreux et irresponsable qui lui a permis d’être nominée pour le prix Nobel de la Paix et de faire exploser l’Europe.
Après avoir lâché 700 000 réfugiés vers l’Europe, le sultan peut savourer sa victoire face à une Europe donneuse de leçons. Il n’a aucune envie d’intégrer l’Union, la Turquie bénéficie déjà de l’ouverture du marché européen grâce aux accords de voisinage. Erdogan a fait le choix d’un retour à l’impérialisme ottoman, s’appuyer sur les turcophones présents dans de nombreux pays, mettre en place des régimes idéologiquement proches et donc liés aux Frères Musulmans.
L’Union européenne prend une décision courageuse le 30 novembre 2015 : se prosterner devant le sultan Erdogan.
Erdogan a sous-estimé la réaction du vieil ennemi du sultan, le tzar. Poutine ne pouvait pas laisser s‘effondrer le régime de Bachar et perdre l’accès à la Méditerranée. Il devait se montrer crédible à l’égard de ses alliés chiites, de l’Iran, de la Chine.
Au moment où Erdogan allait réussir à imposer une zone de non survol sur l’Iran pour empécher Bachar d’utiliser son aviation, Poutine est intervenu.
Erdogan s’est vivement inquiété de l’évolution sur le terrain. Soutenues par l’aviation russe les forces du régime syrien finissent par progresser et reprennent petit à petit le contrôle de la frontière nord du pays. Si l’on ajoute que les Kurdes font de même de leur côté le risque de voir les islamistes encerclés n’est pas mince. Nul ne s’y trompe, Nosra ainsi que les mouvements proches des frères musulmans ne peuvent tenir leurs positions sans le soutien direct de la Turquie qui sert de base arrière. A l’est, les Turcs bombardent massivement les Kurdes du Pkk et en Syrie ils entendent faire de même.
La situation se dégrade d’autant plus pour Erdogan que l’aviation russe a détruit des colonnes de camions citernes amenant l’or noir de Daesh en Turquie. C’est au nord de Lattaquié que la situation devient le plus préoccupante et ce malgré les missiles américains TOW fournis aux islamistes.
La grande bataille pour le contrôle des 820 kilomètres de frontières de la Syrie avec la Turquie a commencé. C'est un tournant stratégique. Car aucune rébellion armée ne peut durer très longtemps si elle n'est pas ravitaillée à partir d'un pays voisin. Au sud le roi de Jordanie a fermé la frontière car il sait lui que les « rebelles modérés » n’existent pas. Il ne reste donc que la frontière turque .
Erdogan tend un piège à un avion russe et appelle l’Otan au secours. Les Américains ne sont pas dupes, ils n’ignorent pas le machiavélisme de leur allié. L’Otan appelle à la désescalade.
Erdogan joue au poker : il sait que Poutine peut difficilement prendre le risque d’une rupture des relations diplomatiques qui le priverait d’accès à la Méditerranée. Le détroit du Bosphore est contrôlé par la Turquie. L’envie de fermer le Bosphore doit être forte pour Erdogan mais s’il prenait cette décision, la troisième guerre mondiale commencerait.
L’obsession d’Erdogan est kurde. Il ne veut pas d’un Etat kurde à ses frontières et il se sait soutenu par une majorité de sa population mais peut-il prendre le risque d’entrainer son pays dans une guerre civile ?
Erdogan joue sur la russophobie des américains et des occidentaux, il espère le soutien de l’Otan. Mais les opinions publiques accepteront-elles de risquer une guerre mondiale pour soutenir le meilleur ami des islamistes ? Poutine n’a pas intérêt à jeter de l’huile sur le feu. Sa stratégie est payante sur le terrain, le temps joue pour lui.
Le sang-froid du tsar et la défaite sur le terrain des islamistes poussent Erdogan à commettre le pire.
Il entend imposer la fameuse zone d’interdiction de vol sur le nord de la Syrie et empêcher les Russes de bombarder les islamistes. Il voudrait justifier une intervention au sol en Syrie de troupes turques et saoudiennes. Il bombarde les kurdes et organise l’arrivée en Syrie de 2000 combattants islamistes équipés par lui.
https://fr.news.yahoo.com/quelque-2-000-rebelles-syriens-retour-en-syrie-100100861.htmlErdogan veut intervenir en Syrie mais il a besoin d’alliés et de prétextes.
Le prétexte : l’attentat du 17 février à Ankara. Les Kurdes démentent car ils n’ont aucun intérèt à fournir des justifications à une intervention turque. A qui profite le crime ?
Le président turc, Tayyip Recep Erdogan, a insisté : "Même si les dirigeants du PYD et du PKK disent qu'il n'y a aucun lien avec eux, sur la base des informations obtenues par notre ministre de l'Intérieur et nos services du renseignement, il a été établi que (l'attentat) avait bien été commis par eux."
Ankara redoute que la branche armée du parti kurde syrien de l'Union démocratique (PYD), en s'en emparant, ne prennent le contrôle de la centaine de kilomètres de frontière commune avec la Turquie qui lui échappe encore.
Azaz est situé sur le dernier axe de circulation possible pour les rebelles entre la Turquie et Alep, la grande ville du nord de la Syrie où les forces de Bachar al Assad, appuyées par l'aviation russe, mènent une offensive depuis le début du mois.
Davutoglu a précisé que ces tirs de barrages se poursuivraient. "L'attentat d'hier visait directement la Turquie et ses auteurs en sont les YPG et l'organisation terroriste séparatiste du PKK. Toutes les mesures nécessaires seront prises à leur encontre", a-t-il dit.
"J'aimerais prévenir la Russie, qui apporter un soutien aérien aux YPG dans leur progression sur Azaz, de ne pas se servir de ce groupe terroriste contre les populations innocentes de Syrie et de Turquie",
Il a également confirmé que l'aviation turque avait bombardé dans la nuit de mercredi à jeudi des bases arrière du PKK dans le nord de l'Irak.
Peut-il envoyer son aviation sur le territoire syrien sans prendre le risque de déclarer la guerre à la Russie ?
Erdogan a besoin d’alliés et comme nous l’avons écrit Obama fait preuve de prudence et de pragmatisme. Les Etats Unis soutiennent et arment les Kurdes que combat Erdogan. L’opinion publique accepterait elle une troisième guerre mondiale pour défendre… Daesh ?
Les Anglo-saxons s’agacent d’Erdogan à l’image d’un article de the Economist :
« ...The danger of isolation was sharply underlined in November when Turkish jets shot down a Russian fighter over Syria that had briefly entered its air space. The Russian president, Vladimir Putin, swiftly responded with a broadside of sanctions. The Russian measures could trim up to 0.7% from Turkish GDP growth this year, according to the European Bank for Reconstruction and Development.
» With lukewarm support from its allies, Turkey has tried to calm the excitement. But given its support for militias fighting against Syria’s president, Bashar al-Assad, and Russia’s growing military commitment to his survival, there could well be more clashes. Turkey seems in danger of stumbling into an unplanned but potentially costly fight. It imports most of its gas from Russia, and Turkish construction firms have well over $10 billion-worth of Russian contracts on their books.
» Now Turkey faces a new threat. A double suicide-bombing in Ankara on October 10th last year aimed at a march by leftist trade unions and Kurdish activists killed more than 100 people. In January suicide-bombers struck again, this time in the heart of Istanbul, killing ten tourists. Both attacks were attributed to Islamic State. In a country that has long seen itself as insulated from Middle Eastern turmoil, the intrusion of violent radical Islam came as a particular shock. Worse, it partly reflected Mr Erdogan’s slowness to recognise the danger of blow-back from his own policies in Syria, where Turkey for too long indulged radical Islamists so long as they opposed the Assad regime.
» Rather than blame the party in power for such setbacks, worried voters in November rallied behind Mr Erdogan, backing a strong, tested government rather than risk rule by a possibly weaker coalition. It helped that the ruling party, in effect, controls Turkey’s mainstream media, which pumped up nationalism in the face of danger. Mr Erdogan had carried the 2014 presidential election with a slim majority of 52%, and his AK party, for all its success, enjoys the support of just half the Turkish public. Many of the rest remain sceptical or even bitterly opposed to him.
» This special report will argue that Turkey’s leaders, with their ambitions still set on mastery, are not doing nearly enough to heal such internal rifts. The Kurdish issue looms as one big danger, and so does the Turkish economy’s growing vulnerability to external shocks. Mr Erdogan’s blustering, bulldozing style, together with his party’s growing intolerance for dissent, portends trouble. »
En Europe il y a malheureusement une personnalité de premier plan, russophobe depuis l’enfance car née à l’Est, totalement inconséquente en géopolitique et traumatisée par sa bourde de la porte ouverte à un million de migrants. Il s’agit d’Angela Merkel. Elle est capable de tout y compris du pire pour empêcher une nouvelle vague de malheureux sur l’Europe. Le sultan la connait bien et chaque fois qu’il la rencontre il menace d’ouvrir les vannes…
Merkel, en rupture totale avec la géopolitique traditionnelle allemande, soutiendra Erdogan. Elle s'est dite favorable à une zone d'exclusion aérienne en Syrie, comme le réclame depuis longtemps la Turquie, dans une interview au quotidien Stuttgarter Zeitung. "Dans la situation actuelle, il serait utile qu'il existe une zone qu'aucun des belligérants ne bombarde - donc une sorte de zone d'exclusion aérienne", a déclaré Angela Merkel. Elle entend donc permettre l’extermination des Kurdes par les Turcs.
Poutine n’acceptera jamais que des puissances étrangères imposent cette interdiction à un gouvernement reconnu légitime par l’onu, le gouvernement syrien.
Comment interdire à Poutine d’intervenir en Ukraine au nom du droit international et intervenir en Syrie contre le droit international.
Que cela plaise ou non la seule intervention légale en Syrie est l’intervention russe car autorisée par le gouvernement de ce pays.
Bush en son temps viola le droit international en Irak. Veut-on recommencer ?
Poutine ne redoute pas l’armée allemande réduite à 6 vieux tornados seulement capables de voler le jour.
Hélas Erdogan est notre allié dans le cadre de l’Otan. Le suivrons-nous dans cette aventure ?
Merkel est heureusement de plus en plus isolée dans l’Union et Les Etats-Unis, la France ont exhorté Ankara à mettre un terme aux bombardements turcs. Barack Obama estime que la question syrienne est ingérable et que l'Amérique doit se tenir à l'écart, il a sans doute raison.
La paix du Monde dépend du basculement de l’opinion publique à l’ouest. Le sort des civils préoccupe mais rien n’est clair. Les hopitaux de MSF ont été détruits, la Turquie accusé la Russie, mais pas ..MSF.
Qui empêchera Erdogan de déclencher la troisième guerre mondiale ?
Pour aller plus loin
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