Inlassable, Jimmy Carter continue son œuvre de paix au Proche-Orient
L’ancien président américain, Jimmy Carter 84 ans, tente d’associer au processus de paix le Hamas palestinien. Malgré des levées de boucliers et là où personne n’y croit, il persiste dans ses convictions. Déjà un nobélisé, pour avoir été derrière les accords de Camp David qui ont créé la fin de guerre entre l’Egypte et Israël, il a entamé depuis dimanche un périple d’une semaine dans la région où soixante ans de conflit et de colonisation semblent être subis comme une fatalité.
En allant à la rencontre de Khaled Méchaâl, le leader du Hamas palestinien, exilé en Syrie, il garde un cap mal vu et inapprécié. Sa visite entamée par Israël, ce dimanche 13 avril, dans une ambiance présidée par une totale désapprobation des Israéliens et des Américains surtout va à l’encontre de toutes les considérations et préjugés qui ont fait baisser les bras même à l’ONU. Les Européens se gardent dans un mutisme sur lequel plane des pressions des lobbys guerriers au détriment des populations palestiniennes vivant une double catastrophe : du pouvoir islamiste du Hamas qui les isole du reste du monde et des incursions de Tsahal de plus en plus dévastatrices.
Malgré les protestations officielles et d’horizons divers horizons, très timides et handicapées côté européen (Union européenne et non distinctement des pays), mais radicales d’Israël et de la Maison-Blanche, marquées par de fortes pressions de ces deux derniers, Jimmy Carter n’a pas cédé sur son désir et le justifie dans une ambiance d’hystérie.
Il se déplace sous la bannière de la « Fondation-Carter » avec Kofi Annan, l’ancien secrétaire général de l’ONU au nom des "Sages", le groupe créé en 2007 par Nelson Mandela qui réunit d’anciens dirigeants. Ces vétérans animés par un sens certain de l’équité ont dans leur programme beaucoup de projets qu’ils n’ont pu terminer quand ils étaient en postes. Cette présence à ses côtés n’est pas citée par beaucoup de médias, à se demander à quoi rime cette omission ?
Arrivé la journée du dimanche en Israël, il a rencontré le chef d’Etat Shimon Pères et le père du soldat Gilad Shalit. Ce dernier tient désormais à un échange de prisonniers, faute que Tsahal n’ait pu délivrer son fils après moult combats et offensives au Liban, à Gaza et en Cisjordanie. Le père lui a demandé de démarcher la libération du caporal. Le chef du Hamas a indiqué le 31 mars que le soldat, fait prisonnier les armes à la main, était vivant et se porte bien.
Avant d’entamer ses pourparlers, dans un entretien accordé à la télévision ABC, l’ancien président démocrate a déclaré : "Il est très important que quelqu’un rencontre les dirigeants du Hamas pour exprimer ses vues, pour jauger s’ils peuvent faire preuve de souplesse, pour tenter de les convaincre de cesser toute attaque contre des civils innocents en Israël et de coopérer avec le Fatah en tant que groupe qui unit les Palestiniens". Et il précisa : "Je n’y vais pas en tant que médiateur ou comme négociateur... (...) Mon engagement est de soutenir pleinement l’effort de paix qui est soutenu et endossé par le président (George W.) Bush et la secrétaire (d’Etat) Condoleezza Rice, ainsi que par les Israéliens et les Palestiniens..."
Depuis longtemps M. Carter avait entretenu et suivi une conduite originale pour l’ensemble du conflit du Moyen-Orient et israélo-palestinien, qui lui valut le prix Nobel de la paix en 2002. Il est aussi l’artisan, comme président américain ayant tracé l’architecture des accords de camp David, en 1979, qui ont débouché sur la paix que beaucoup d’observateurs ont soupçonné d’irréaliste et sans avenir, entre l’Egypte et Israël. Outre qu’il a publié un livre à l’intitulé évocateur, peu complaisant et accablant qui a suscité un tollé polémiste aux Etats-Unis et en Israël alors que l’ouvrage est comme boycotté ou presque inconnu en Europe : « Palestine : la paix pas l’apartheid ».
Il est l’une des rares personnalités occidentales et même parmi les dirigeants arabes aussi, à défendre, comme et depuis le 8e forum des droits de l’homme en Irlande, la reconnaissance des résultats des élections palestiniennes de janvier 2006 donnant 42 % des voix au Hamas. Parmi aussi ses grandes œuvres « sages » son déplacement, en 2002, à Cuba pour s’entretenir avec Fidel Castro.
Avec ce nouveau périple d’une semaine, du 13 au 21 avril où il mène plus une "mission d’étude" que des négociations, l’ancien président américain visitera, outre Israël, la Cisjordanie, l’Egypte, la Syrie, l’Arabie saoudite et la Jordanie.
Il apporte un cinglant revers au large boycott dont souffre le mouvement islamiste palestinien qui a repris le flambeau de la lutte armée après que feu Yasser Arafat et son organisation le Fatah, avec d’autres factions palestiniennes, se sont remises à l’évidence du travail diplomatique et confient la création d’un Etat palestinien aux pourparlers. Comme il met en échec l’immobilisme de la communauté internationale devant la situation de confrontation exacerbée, de part et d’autre, par le lancement de roquettes ou l’envoi de kamikazes, côté Hamas, et les incursions expéditives de l’armée israélienne. La réunion d’Annapolis, fin 2007 aux Etats-Unis, suivie de la conférence des donateurs de Paris, sont désormais classées comme simples scénarii sans portée aucune.
Il a insisté mercredi dernier « Le Hamas mérite d’être reconnu par la communauté internationale, et en dépit de l’histoire militante du groupe, il existe une chance qu’il sera bientôt le socle dirigeant des Palestiniens et pourrait se détourner de la violence ». Exprimant l’espoir que « le peuple de Palestine - qui souffrent déjà... sous l’occupation israélienne - ne souffrent parce qu’ils sont privés d’un droit à payer leurs enseignants, policiers, travailleurs sociaux, travailleurs de la santé et fournissent de la nourriture pour les personnes ». M. Carter a rappelé qu’il avait rencontré le Hamas à de nombreuses reprises et pour la dernière fois juste après les élections de janvier 2006.
Selon lui, les responsables du Hamas lui avaient alors indiqué pouvoir faire preuve « d’une certaine souplesse. (...) J’ai l’intention de découvrir si c’est toujours ce qu’ils pensent... ».
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