La France sous-traite-t-elle le néo-colonialisme en Afrique ?
Les dirigeants africains, bras avancés du néo-colonialisme, renvoient à l’Afrique une image malheureuse, balayant le sang versé par d’illustres personnalités pour l’accession à l’indépendance des Etats africains, à côté du sang non moins important versé par les anciens combattants pour la libération de la France occupée.
Je publie cette tribune en réaction à un article paru dans le journal Le Monde daté du 31/08/2009 (publié sur le monde.fr dès le 29/08/2009) dans lequel il était fait, de façon quasi-assumée, l’éloge de certains français agissant en Afrique, aux côtés de dictateurs africains, au service de la France et pour le compte de l’Etat français.
L’article intitulé « Robert Bourgi, vétéran de la françafrique » faisait l’éloge de l’infantilisation des dirigeants africains qui, pour obtenir des faveurs auprès des autorités politiques françaises, devraient s’en remettre aux bonnes grâces de certains intermédiaires. Voici quelques morceaux choisis de cet article :
« Lorsque Robert Bourgi se rend en Afrique, c’est presque toujours dans un avion privé affrété par une grande entreprise intéressée par son carnet d’adresses au Gabon, au Congo-Brazzaville, en Côte d’Ivoire ou par un chef d’Etat africain auquel il vend la promesse de contacts politiques de haut niveau en France. Cet entregent est manifestement la source de cette vie confortable, bien plus que son statut officiel d’avocat… »
Toujours selon le journal Le Monde, celui qui appelait Bongo « papa » se présente comme le fils spirituel de Foccart (Le grand ordonnateur du gaullisme en Afrique et des réseaux qui s’assurèrent après les indépendances de la soumission des anciennes colonies africaines aux intérêts de la France…)
L’article se termine par cette allusion : « …Mais nombre de diplomates craignent que son influence auprès de Nicolas Sarkozy reflète l’idée que le président se fait de l’Afrique, celle d’"un continent qu’on ne tient que par les barbouzes". »
On ne pouvait donc faire plus fort dans l’infantilisation avérée des dirigeants africains et certains plaisirs que l’on peut s’offrir en considérant que plus l’on est barbouze, mieux cela convient pour défendre les intérêts français en Afrique, tout au moins pour les représenter.
S’il est compréhensible que des personnalités, d’origines diverses, oeuvrent en Afrique pour assurer les intérêts de la France, cet article met tout de même en lumière ce que nous considérons comme le développement d’une sous-traitance du colonialisme en déléguant aux barbouzes et autres intermédiaires des tâches qui ne sauraient correspondre à une diplomatie honorable, débarrassée de toute velléité néo-coloniale, respectueuse, agissant réellement et seulement au nom de l’Etat.
Il nous semble que le général de Gaulle, en recourant à la préservation du lien entre la France et ses anciennes colonies, ait avant tout été mu par la volonté de ne pas fragiliser ou mettre en péril la grandeur, la sécurité énergétique, la sécurité des approvisionnements en matières premières pour la reconstruction et le développement de la France après la seconde guerre mondiale.
Il serait difficile d’imaginer que le général de Gaulle ait eu l’intention de laisser se développer en Afrique ce qui ressemble plus de nos jours à de l’affairisme et non pas à la défense des intérêts supérieurs de la France.
Tout porte à croire donc que la françafrique se joue du Gaullisme pour invoquer les raisons d’Etat afin de mener en Afrique des politiques honteuses, très éloignées de la mémoire invoquée du général de Gaulle.
Les dirigeants africains, bras avancés de ce néo-colonialisme, renvoient à l’Afrique une image malheureuse, balayant le sang versé par d’illustres personnes pour l’accession à l’indépendance des Etats africains, à côté du sang non moins important versé pour la libération de la France occupée.
Tout ceci confirme l’urgence d’une déclaration claire du type de partenariat que la France voudrait construire avec l’Afrique, au moment où les gesticulations autour des élections en cours dans le continent noir semblent aller dans le sens de la préservation d’un néo-colonialisme, avec le ressentiment que cela génère auprès des peuples d’Afrique pourtant attachés à une communion avec la France.
Il est temps que les lumières françaises illuminent de nouveaux chemins à tracer. Et que l’esprit du général De Gaulle cesse d’être dévoyé.
Realchange.
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