Le (mauvais) génie de l’Occident
À Copenhague, on a pu voir le Tiers-monde notamment les pays dits “émergents” montrer peu d’empressement à se plier au programme (unilatéral) de réduction de gaz à effet de serre que leur proposaient les « Occidentaux ». Mais de là à parler d’échec comme beaucoup le font, c’est sans doute prendre ses propres désirs pour des réalités.
Certains parmi les représentants du Sud ont indubitablement saisi le but de la manœuvre et perçu les intentions à peine cachées des promoteurs d’une carbo-taxe mondialisée[1].
Au demeurant, la plupart des États du Sud - avec ou sans conscience claire de ce que couvre l’hystérie de la traque au carbone - se sont entendus pour biaiser, traîner des pieds devant l’impatience des membres du G8 à mettre la communauté des nations sous la tutelle d’une fiscalité universelle. Car tel est bien l’enjeu derrière les nobles intentions déclarées de « sauver la planète ».
Une attitude d’atermoiement d’ailleurs bien compréhensible de la part des gouvernements du Sud qui ne veulent pas fâcher les puissants de ce monde tant les liens de dépendance et d’interdépendance économiques sont puissants et paralysants.
Comment en effet conserver quelque autonomie sans déplaire à ses créanciers ou indisposer des débiteurs parfois tout-puissants ? Comment éviter les mesures de rétorsions et la perte de marchés vitaux pour sa propre économie ? Telle est la “quadrature du cercle” que doivent résoudre des pays qui n’ont la plupart du temps qu’une marge d’action passablement réduite face à la mafia des “grands”, lesquels s’entendent pour dicter leur Loi aux États, aux Nations et aux peuples du monde ?
Alors sur le fond de quoi s’agit-il ?
Contrairement donc à ce que pense un certain nombre d’altermondialistes, les promoteurs du projet de gouvernance mondiale n’ont pas rencontré d’échec significatif à Copenhague.
Si aucun accord substantiel n’a été conclu, personne n’a cependant officiellement remis en cause la vulgate du réchauffement ni a fortiori le bien fondé d’une taxation des émissions de dioxyde de carbone étendue à l’ensemble de la Communauté internationale. Tout au contraire les « écolos » ont surenchéri quant au mythe fondateur de la causalité anthropique du changement climatique.
Ce sont d’ailleurs les mêmes qui à Strasbourg et à Bruxelles exigent de ruiner ce qui subsiste encore d’industries productives en Europe en les écrasant sous d’exorbitantes taxes carbone… Une mythologie scientiste d’ailleurs assez bien ficelée et efficace parce que largement mobilisatrice à proportion qu’elle est culpabilisatrice [2] et qui pourrait au final s’avérer être l’un des grands scandales scientifiques du monde moderne …
Copenhague aura été par conséquent, qu’on le veuille ou non, le coup d’envoi de ce qu’il convient de nommer maintenant l’économie carbone en prenant appui sur mythologie de la peur (ce qui ne signifie pas évidemment qu’il faille nier des désordres climatiques apparemment en nette recrudescence) et des manipulations de l’opinion dont le XXIe siècle a déjà donné quelques exemples prometteurs, du 11 septembre à la pandémie supposée mortelle de 2009 en passant par les armes irakiennes de destruction massives… nous en passons, et des meilleures !
Constatons que de plus en plus de chercheurs se désolidarisent, ou prennent leurs distances, avec les thèses officielles et des résultats dont quelques-uns paraissent avoir été manipulés sans vergogne. [3]
Pourtant malgré l’impossibilité de parvenir à imposer ce nouveau paradigme à l’ensemble de la communauté scientifique, il faut admettre que la tyrannie consensuelle et la dictature de la pensée politiquement correcte imposée par les Anglo-saxons, relayées sans faille par les mass-médias, sont à ce point toutes puissantes, qu’elles s’imposent à toutes les nations. Avec pour conséquence immédiate que, la logique systémique du mythe et son corollaire, la taxation des émissions de gaz à effet de serre, sont appelés à poursuivre inexorablement leur progression de rouleau compresseur mondialisant.
Ajoutons que, derrière les objectifs de gouvernance mondiale que cette taxation universelle permettra d’atteindre, se trouvent également des enjeux idéologiques puissants liés au renouvellement des classes politiques occidentales (principalement européennes) au profit des « Verts » dont la mission est de réaliser une synthèse « californienne » entre social-démocratie et écologisme politique.
Il s’agit évidemment d’une écologie dévoyée, détournée de ses finalités fondatrices pour n’être plus – pour ce que nous pouvons voir depuis longtemps en France – qu’un levier de pouvoir parasitant et prospérant sur des inquiétudes légitimes nées des transformations irraisonnées qui affectent notre environnement depuis un demi-siècle, pour ne pas parler de bouleversements à multiple facette[4].
Dévoiement d’une écologie qui se revendique comme politique et s’occupe de tout sauf d’écologie concrète, de terrain, ce qui revient au final à une usurpation de raison sociale…
La vogue de l’alimentation « bio » (en fait un simple retour à des produits « naturels) n’est pas uniquement un effet de mode de la part de quelques semi-nantis, des bourgeois-bohêmes, mais constitue une réaction largement populaire aux ravages constatables qu’induit l’environnement délétère des sociétés post-industrielles sur les populations humaines. Pensons aux « épidémies » de cancers et de maladies neurodégénératives qui déciment aujourd’hui les pays du Nord mais aussi du Sud ! Il s’agit là de peurs fondées et bien réelles…
Dans la même veine s’inscrit à présent la récupération de l’écologie à des fins simultanément financières et de géopolitique… L’économie ultra-libérale, dévorante, vit sur une « croissance » perpétuelle, ce que l’on qualifie de bulle suivant un processus toujours identique : on commence par vendre des biens réels avant de finir par vendre du vent ! Cela est vrai de toutes les grandes escroqueries de Panama à Madoff *.
L’écologie vient d’ouvrir de nouveaux espaces ouverts à la conquête par le Marché, de nouveaux horizons sont à présent disponibles, jetés en pâture aux appétits des sorciers de la finance sous le slogan somptueux et régalien de « sauvez la planète » ! La superproduction Avatar en est l’exacte métaphore, tout y est dit des guerres actuelles pour le contrôle des sources et des espaces de transit des énergies fossiles, Irak, Afghanistan, Pakistan… Nous avons là une parabole aussi explicite que transparente.
L’hyper capitalisme vert n’est au demeurant que l’ultime mouture du libéralisme-libertaire qui a pris son essor à partir de 1968, période marquée par une révolution authentique, autrement dit une rupture du continuum sociétal. Nous avons eu là avec les Reaganomics* (le thatcheroreaganisme, né en fait précédemment sous la présidence du Démocrate Jimmy Carter), le premier étage de la fusée, celui qui s’est détaché le 15 septembre 2008… jour où la méga bulle des mensonges financiers (les mensonges et autres escroqueries « légales » étant désignés assez pudiquement par des prises de risque inconsidérées) s’est finalement effondrée sur elle-même, ce jour-là un nouveau diable plus séduisant que les crédits hypothécaires à risque et sorti tout armé du chapeau à surprises de l’ultra libéralisme : l’hyper capitalisme vert était né et prenait dès lors le relais au niveau qui est le sien, le niveau global.
Or le fleuron de cette métamorphose systémique est l’économie-carbone tenue sur les fonts baptismaux de Copenhague. Cela qu’on le veuille ou non parce que son principe n’a au final été remis en question par personne, seules les modalités d’application de l’impôt universel (la « Taxe ») pour l’iniquité de sa répartition ou de ses conséquences par le groupe des 77.
Une « économie-carbone » dont la caractéristique majeure est d’être doublement voire triplement virtuelle.
Si l’on considère le dispositif international mis en place organisant les échanges et les tarifs relatifs au commerce des gaz à effet de serre, ce dit commerce est essentiellement immatériel et même largement surréaliste.
Selon les dispositions actuelles, un pays X pourra en effet réduire ses émissions de dioxyde sans changer quoi que ce soit à ses activités polluantes, cela en achetant des droits d’émissions à un autre pays.
En vérité ces droits d’émissions sont calculés sur des prévisions d’augmentation d’activité industrielle qui en principe ne devraient pas avoir lieu puisque les droits qui leur sont liés ont été vendus ! Ici nous sommes effectivement passés dans un espace virtuel très éloigné de l’idée vulgaire d’une l’économie portant sur des biens tangibles utiles au maintien et au développement des sociétés.
Si le CO2 est bien une matière tangible, son commerce, lui, relève d’une extrapolation, autant dire qu’il s’agit d’une fiction et, à l’arrivée, le dispositif de taxation du carbone constitue un emboîtement de fictions successives**.
En clair on crée un commerce sur une non - réalité (surtout si le dioxyde de carbone n’est pas la molécule délétère que l’on brandit comme épouvantail, mais un élément constitutif et nécessaire du fonctionnement, notamment climatique, de notre écosphère), autrement dit « on », à savoir les ingénieux génies de l’ingénierie financière, a créé de toutes pièces un nouveau domaine économique avec un matériau dématérialisé sous forme de signes comptables et statistiques en résultat d’hypothèses scientifiques plus ou moins controuvées… Bravo aux artistes.
En pleine crise, l’économie-carbone ouvre ainsi un secteur inédit – une terre vierge – où pourra se donner libre cours la féconde ingéniosité des fabricants d’outils et de produits financiers innovants. Mais toute l’astuce est là, il ne s’agit pas d’une économie réelle, productive ou même « de services », nous sommes – ou nous pataugeons – dans l’économie-fiction par excellence !
Bref une économie parasite du réel, une économie du mensonge, déguisant l’exploitation de la richesse des nations à des fins purement spéculatives, et de dominance pour les manieurs de nouveaux « instruments » de pouvoir aussi virtuels que contraignants. Des « outils » d’autant plus efficaces qu’ils s’adossent et se légitiment pour une mythologie improbable, autrement dit sur une idéologie et une « théogonie » dévoyées de la relation Homme-Nature.
Réchauffement climatique et “gouvernance” mondiale
Comme le spectre du terrorisme, la panique pandémique [5] de l’été 2009 qui ont montré leur surcapacité à doper certains secteurs économiques (industrie sécuritaire et pharmaceutique), le défi du changement climatique (cependant bien réel) est de plus en plus exploité d’abord pour relancer une économie en état de collapsus cardiaque et du même coup, justifier puis ensuite, établir et imposer une « gouvernance mondiale » assortie au fil des jours de normes sociétales de plus en plus strictes et liberticides (voir note n°2, les ampoules basse consommation ; quant à la taxe carbone d’abord pour les véhicules, puis, pourquoi pas pour les individus, les animaux domestiques, et cœtera, un gisement a priori inépuisable).
Déjà, sous couvert d’un hygiénisme plus que contestable, il est quasiment interdit de fumer (exigeons plutôt des tabacs sans pesticides), bientôt il sera tout à fait interdit de boire ne serait-ce qu’un verre de vin avant de conduire (notons au passage que les drogues sociales comme les neuroleptiques dont les Français font grande consommation, ne sont pas elles dans la ligne de mire).
Nul apparemment ne voit clairement ce que signifie l’intrusion outrancière de l’État dans nos vies privées et la perte subséquente de libertés personnelles intimement liées à l’exercice de notre libre-arbitre, autrement dit à la plénitude de notre responsabilité individuelle.
La lutte conte le terrorisme nous a conduit depuis quelques années à accepter peu à peu des normes de contrôle social et sécuritaire de plus en plus oppressantes. Craignons maintenant en parallèle un « éco-fascisme » qui sous couvert de relever des défis, hélas trop présents, nous assujettira étroitement au joug d’un pouvoir global, normatif, anonyme, diffus et in fine, totalitaire.
Ajoutons qu’il serait quand même grand temps de remettre de l’ordre dans nos affaires, en veillant cependant à ce que les causes les plus nobles ou les plus vitales ne se trouvent pas systématiquement dévoyées et récupérées au profit du lucre et de l’esprit de conquête au service d’une sourde volonté d’asservissement des peuples, des nations et des hommes.
Notes :
1-À l’instar du soudanais Lumumba Stanislaus-Kaw Di-Aping négociateur en chef pour le G77, groupe dit des 77 au sommet des NU sur le changement climatique de Copenhague, lequel, à l’occasion d’une conférence de presse, a pu déclarer que « tout [avait été] essayé pour obliger les pays du Sud à signer un pacte suicidaire ».
2-Culpabiliser, culpabiliser, il en restera toujours quelque chose : la ruine des nations n’est-elle pas due à nos ampoules à incandescence ? Qui pourtant éclairent dix fois mieux que les fort moches ampoules réputées à basse consommation !
5-En 2008, année de pleine crise, les entreprises françaises du médicament ont réalisé un chiffre d’affaires de 26,2 milliards d’euros (soit une hausse de 2,7 % par rapport à 2007). Les exportations de produits pharmaceutiques ont augmenté de 10,4 % par rapport à 2007, atteignant ainsi les 21,2 milliards d’euros. Dopée, par la pseudo pandémie grippale, l’industrie du médicament aura été, au niveau mondial, l’un des rares secteurs ultra-bénéficiaires en 2009.
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** Les « crédits carbone » un commerce frauduleux à la base : Le commerce du carbone ne date pas tout à fait d’hier, les pays industrialisés ont négocié entre eux dès 1990 une répartition des émissions de gaz à effet de serre. À l’époque l´Union soviétique possédait encore un vaste parc industriel et de ce fait s’est vue attribuée une importante dotation. Un an après, en 1991, l´Union soviétique collapsait, à partir de là, avec l’effondrement de sa production, ses émissions ont rapidement décliné. Il n’en demeure pas moins que ces gaz qui ne seront jamais émis sont considérés comme acquis par la Russie et ses ex-satellites d´Europe orientale, qui les font intervenir à chaque négociation notamment sous forme de droits d’émission revendus au plus offrant. Ainsi, en vertu du système actuel, les États-Unis acquièrent des droits chez les nouveaux membres de l’Otan d’Europe de l’Est et se prévalent ensuite de réductions inexistantes. Autre cas de figure, si le Royaume-Uni finance la Chine populaire pour qu´elle démantèle une centrale au charbon et construise un barrage hydro-électrique, le R-U bénéficie de cette réduction d’émissions de carbone, en raison des réductions globales prévues par pays.
De son côté, la Chine se prévaut également de ses nouveaux équipements hydroélectriques et les déduit de ses quotas d’émission. Pour compléter un tableau de toute façon non-exhaustif, évoquons le procédé des « forêts fictives » connu sous l’acronyme de LULUCF (Land Use, Land-Use Change and Forestry) soit, l’utilisation des terres, les changements d´affectation des terres et la foresterie. Les forêts étant autant de capteurs naturels du dioxyde de carbone, des crédits sont accordés pour leur préservation.
Or les multinationales de la foresterie, nippones, canadiennes, suédoises et finlandaises, les entreprises de l´exploitation forestière sont parvenues à introduire une clause selon laquelle la « gestion durable des forêts » leur permet de réaliser des coupes à blanc sans perdre pour autant les crédits carbone attachés à la préservation intégrale des forêts. De sorte qu’une forêt rasée n’alourdit pas votre bilan carbone… !
Enfin notons que toutes les recommandations scientifiques prennent 1990 comme point de référence du niveau dangereusement élevé dont nous devons partir. Alors, quand nous parlons d´une réduction de 40 pour cent, nous voulons dire 40 pour cent de moins qu´en 1990. Mais les Américains ont - dans un éclair de génie publicitaire - décidé de prendre 2005 comme leur niveau de référence. Tout le monde parle des niveaux de 1990, sauf eux. Alors, quand les Etats-Unis promettent une réduction de 17 pour cent par rapport au niveau de 2005, ils sont en fait en train de proposer une réduction de 4 pour cent par rapport au niveau de 1990 - beaucoup moins que les autres pays riches.
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