Le Canada puni pour son alignement sur les Etats-Unis
Un pays souvent exemplaire.
Comment ne pas aimer le Canada, pays accueillant dans une époustouflante diversité, pays de tous les possibles, pays de gens si chaleureux en dépit ou peut-être à cause des rigueurs de l’hiver ? Lire un article récent, ici même, dans la rubrique « International » qui en dit plus long.
A l’ONU, toutes les sphères concentriques profitent de l’expertise de contributeurs canadiens, le pays faisant partie de l’élite mondiale dans de nombreux domaines scientifiques et technologiques. De plus, les personnalités qui ont laissé leur empreinte dans l’institution onusienne sont légions, de Lester Pearson ancien premier ministre mais surtout prix Nobel de la Paix pour son intervention dans la crise de Suez jusqu’au processus dit d’OTTAWA visant à l’éradication des mines terrestres antipersonnel : la liste des hommes et des actions serait trop longue.
Et aujourd’hui, citons l’implication dans les forces de la paix (plus de 150 morts en Afghanistan par exemple) et aussi la générosité dans l’abondement des fonds de développement des pays du Tiers-Monde. Le premier Ministre, Stephen Harper , défendant in situ la candidature canadienne, en promettait d’ailleurs une substantielle augmentation. Peut-être ira-t–il, en grand seigneur, à ne pas se laisser aller à la rancune.
Ce fut donc un score au profit du Portugal élu au troisième tour, l’Allemagne ayant été élue dès le premier tour en atteignant 128 voix sur 192, tout juste la majorité des deux tiers requise.
Disons tout de même qu’avant le deuxième tour qui le plaçait loin derrière le Portugal et provoquait son retrait, le Canada avait obtenu 114 voix, ce qui est loin d’être un affront ni même un grave désaveu.
A qui la faute ?
Le ministre des Affaires Etrangères, Lawrence Cannon, a trouvé et c’est de bonne guerre, une explication quelque peu hâtive incriminant les dissensions à l’intérieur du Parlement Fédéral à Ottawa visant particulièrement les libéraux qui, certes votent assez régulièrement contre un gouvernement conservateur minoritaire mais savent, sinon s’abstenir au moins s’absenter dans certains votes sensibles. Alors qui ? Les libéraux que nous avons rencontrés, anciens ministres ou députés en poste, affichaient allègrement il y a quelques jours leur scepticisme accusant S. Harper de s’y être pris trop tard. Soit !
Bien que le vote soit secret, même après le scrutin, des observateurs qu’on pourra lire dans toute la presse, n’auront sans doute pas tort d’expliquer cette contre-performance par la défection prévisible de certains pays sensibles au soutien trop direct accordé par le Canada à Israël, donc dans l’accompagnement de Harper à la politique des Etats-Unis de George.W.Busch. Avec la règle des 2/3 et celle du secret absolu, la partie était difficile à gagner dans ces conditions, même pour un pays aussi paisible et pacificateur que le Canada. Encore une fois, les rancœurs sont tenaces et par définition peu objectives. Les divisions internes n’arrangent rien certes, mais à notre avis, ne jouent plus au niveau des pays qui défendent la cause palestinienne, surtout de ceux qui la soutiennent avec une outrance dangereuse pour la planète.
Demeure alors une question : pourquoi l’Allemagne a-t-elle été élue au 1° tour et le Portugal préféré au Canada au 2° tour, alors que l’Europe est surreprésentée, avec ses deux membres permanents avec droit de veto, ce que les « temporaires » n’ont pas ?
Beau sujet de réflexion et d’investigation.
Antoine Spohr.
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