Les Etats-Désunis : plan mondialiste ?
Une vingtaine d’états américains sur cinquante actuellement espèrent plus ou moins activement une sécession prochaine. L’Etat fédéral n’étant plus perçu que comme une maffia de banksters qui soigne ses propres intérêts, le citoyen cherche une solution adaptée. Le divorce !

L’indépendance (1) de 21 états initierait une balkanisation de la fédération. Ce qui aurait pour conséquence d’éviter de payer une dette internationale impayable et de garder les banksters au chaud de leurs multiples résidences offshore. Et surtout d’affaiblir une grande puissance belliqueuse dont les soldats sont utilisés à garder des puits de pétrole privés.
Cet éclatement voulu est-il une fatalité, l’aboutissement logique de la déraison humaine ? Est-ce un énième complot des mondialistes, le dernier peut-être ? Une minorité sans frontières y trouverait peut-être avantage, vaguant d’un désert à l’autre, en quête d’éternels troupeaux. Peut-elle cependant vivre d’autre chose que de la prospérité des nations ? Si cette prospérité ne trouve plus les moyens d’exister, si les nations se désintègrent les unes après les autres, de quel pis les nantis, les comploteurs, les profiteurs tireront-ils le lait de l’abondance ?
La carte des Etats-Unis expose en vert les états qui pour l’instant du moins ne s’opposent pas à leur maintien dans la fédération, en rouge sombre les états qui ont entrepris des démarches légales pour leur indépendance, droit que leur accorde la constitution (2) ; en rouge clair les états qui étudient la possibilité de les imiter sans avoir encore agi en ce sens. Le Texas, coloré en rose, est un cas à part. Il a toujours été indépendant dans sa façon de réagir mais ne figure pas dans les états sécessionnistes. Agricole et pétrolier, stratégiquement situé plein sud, cet état craint peut-être plus ou moins consciemment une annexion mexicaine de revanche. Le plus probable c’est que sa classe politique est aux ordres de Washington et ne bougera pas, au moins pour le moment.
Il n’y a pas que les Américains, réels ou cosmopolites, pour désirer une certaine atomisation de l’Amérique. Le professeur russe Panarin pense quant à lui que les Etats-Unis se retrouveront en 2010 explosés en six blocs délimités par leurs fractures ethniques et économiques. Agé de 50 ans, il est loin d’être un personnage en marge. Invité fréquent des réceptions du Kremlin, auteur de plusieurs ouvrages, ancien agent du KGB, il chapeaute l’académie russe des futurs diplomates. Les médias américains le considèrent comme un expert des relations russo-états-uniennes.
"J’estime à 55 sur cent les chances d’une désintégration de la fédération américaine, dit-il. "On pourrait ’en réjouir, ajoute-t-il pince sans rire. Mais raisonnablement, ce n’est pas le meilleur scénario - pour la Russie bien sûr ; laquelle augmenterait sa puissance au niveau mondial mais souffrirait économiquement du fait de sa dépendance au dollar et au commerce avec les Etats-Unis."
D’après Mr. Panarin, l’immigration de masse, le déclin économique, la dégradation morale sont destinés à aboutir en guerre civile l’an prochain, ce qui achèvera le dollar. Vers juin 2010 les USA se seront désintégrés en six blocs dont l’Alaska, qui reviendra dans le giron russe. Le professeur garde dans son bureau une image satellite du détroit de Béring qui sépare de la Russie cette froide et riche région, autrefois possession du tsar.
"Il serait rationnel que la Russie fasse valoir ses droits sur l’Alaska, longtemps partie de l’empire russe" dit-il en souriant à peine.(3)
Il découpe à son gré "l’apple pie" américain en cinq autres morceaux inégaux. La Californie est ainsi appelée à former le noyau de ce qu’il a baptisé la "République de Californie" qu’il imagine sous influence chinoise. Le Texas deviendra le coeur de la "République du Texas" un ensemble d’états qu’il voit carrément mexicains ou colonisés par ce pays voisin. Alors que l’état et la ville de Washington, ainsi que New York formeront l’axe d’une "Amérique Atlantique" qui pourrait rejoindre l’Union Européenne, le Canada s’emparera d’un groupe d’états du nord que le professeur nomme la "République du Centre-Nord Américain" . Quant à Hawaï, cet archipel deviendra un protectorat du Japon ou de la Chine. Exit la fédération.
Pour d’autres analystes toutefois, ce qui détruit l’Amérique mieux encore que l’invasion de populations totalement étrangères à son substrat ethnico-culturel, c’est le FMI, la banque mondiale, Wall Street : en bref, le pillage des banksters, les opérations pyramidales et la mise à feu du système traditionnel de gestion "en bon père de famille". Les USA expérimentent de ce fait une faiblesse généralisée, du type de celle qui en a fini avec l’URSS. Le Wall Street Journal ne l’admettra pas ouvertement, mais d’autres analystes l’évoquent de plus en plus, à mots de moins en moins couverts. Pour eux, la "crise financière globale ” et l’instabilité au Moyen Orient ne sont que des jalons en attendant le gouvernement mondial. Et ce plan à l’insu des populations invitées à le soutenir sans explication, ne date pas de l’élection de Barack Obama, il lui est bien antérieur. (4)
La responsabilité populaire dans la décadence généralisée de l’Amérique est sans doute bien moindre que les attaques qu’elle subit par le viol récurrent de la charte de ses droits fondamentaux, inscrite dans la constitution. Les individus ignorent de plus en plus souvent l’existence et la formulation de ces droits (5) élémentaires, particulièrement le 10e amendement. Celui-ci a été ratifié dans la Charte le 15 Décembre 1791. Il établit que les pouvoirs qui n’ont pas été accordés par les assemblées constituantes des états (et non par la somme des bulletins de vote de tous les électeurs) au gouvernement fédéral et qui ne leur ont pas été interdits, sont réservés aux états et au peuple. Ni le président ni le Congrès ne peuvent s’y opposer. Ils ont prévus par la constitution qui a pour fonction de les maintenir sous surveillance, comme des serviteurs du peuple. Il faut bien retenir qu’aux Etats-Unis, un soldat ou un fonctionnaire ne jurent pas fidélité ni obéissance au président, mais bien à la Constitution. Originellement, ce sont les délégués des assemblées constituantes des états qui décident ; jamais le suffrage universel, parfait pour noyer la véritable souveraineté populaire sous le clientélisme.
En voici la formulation officielle dans le texte original :
“Each state retains its sovereignty, freedom, and independence, and every power, jurisdiction, and right, which is not by this Confederation expressly delegated to the United States, in Congress assembled.”
Les mondialistes de toute tendance, du rouge vif au bleu UE, semblent se lécher les babines à la perspective d’un éclatement de la grande puissance à crédit et en souffrance :
“Nous devons utiliser la crise, disent-ils à l’instar de Luiz Inácio Lula da Silva le président brésilien, pour corriger ce qui n’allait pas avant cette crise et renforcer les corps multilatéraux. Dans un monde globalisé, nous aurons besoin de forums sérieux et représentatifs pour prendre les décisions globales.” (6)
Pour les raisons opposées, bon nombre de citoyens souhaitent eux aussi la séparation d’avec un état fédéral rapace et non fiable.On a donc une volonté de sécession qui rassemble dans une alliance contre nature les plus cyniques des mondialistes et des citoyens justement outragés par le degré de corruption et d’insolence de la ploutocratie aux commandes appelée "gouvernement fédéral".
"Les Etats devraient faire sécession, suggère Glenn Beck, pour protester contre les renflouements aux banques. C’est notre droit constitutionnel de faire sécession si le gouvernement ne se préoccupe plus des intérêts du peuple." (7)
"Restons entre gens de bonne compagnie, s’écrie le citoyen en renfort. Une terre, un peuple ! Je veux vivre avec ceux qui me ressemblent, et avec lesquels je pourrai ré-organiser la vie économique, politique, culturelle et sociale voire religieuse de mon nouveau pays à échelle humaine et contrôlable. Et ce, conformément à la constitution de la charte de cet Etat qui est le mien."
Noble but auquel l’état fédéral répond par un redécoupage qui l’arrange : le territoire cohérent, homogène, où on parle la même langue et partage la même constitution, devient une fois pillé donc ingérable, la proie de puissances étrangères. Objectif du ploutocrate ; conserver ses profits indus et morceler le contrôle populaire de ses activités. Quand éclate aux yeux de tous la preuve qu’elles sont délictueuses, l’escroc sait qu’un Etat fort et sain réagira. Il lui importe que cet Etat ne soit pas fort. Pour cela, on en fera une mosaïque de provinces dont le ploutocrate encouragera la rivalité génératrice de conflits
Des provinces avec gouverneur qui se ré-organiseront tant bien que mal, dépourvus d’armée redoutable. Alors seulement, échappant au feu du combat et à la punition du bankster, l’escroc se faufilera entre les feux croisés vers ses édens offshore.
Ce n’est pas, j’imagine, ce que désirent les Américains parmi ceux qui aiment encore leur liberté et chérissent le souvenir du Far West. Dire au Texan qu’il va devenir mexicain en 2010, lui qui se souvient encore de Palo Alto et du général Santa Anna ! On risque un bon coup de lasso. Ou au Californien, devenu à 50% latino, qu’il lui faudra s’exprimer en chinois pour obtenir un moyen d’existence, ça paraît surréaliste.
Quant aux états de la côte Est avalés dans cette union européenne de plus en plus obèse et malade, ah quelle perspective ! un Politburo de quinze ronds-de-cuir décideront désormais de leurs destinées. Des Sarkozy et des Merkel en représentation leur renverront d’eux une image atterrante, minuscule ou en surpoids. Les seuls dans le schéma qui pourraient s’estimer ni lésés ni chanceux, seraient les états du centre-nord : devenus canadiens, ils ne verront pas trop la différence. L’Alaska s’adapterait-il dans sa glaciale indifférence à l’annexion ou au retour à la nouvelle puissance montante ?
Croyons quant à nous à un sursaut du peuple américain. S’il maigrit dans les privations, on ne pleurera guère, il y puisera une énergie nouvelle. S’il n’a plus les moyens d’entretenir ses base militaires, on fera avec cette nouvelle donne internationale, à condition bien sûr de ne pas remplacer ses soldats par les nôtres. Car si ce projet-là se concocte à haut niveau sur talonnettes et morinades, il nous incombe à nous Français d’appuyer de notre mieux Aymeric Chauprade dans le procès qu’il fait aux autorités pour soumission à des intérêts étrangers. Nous avons une constitution, nous aussi, même tiraillée, déchirée, ignorée, recopiée à la sauce ploutocratique.
Si l’Amérique est menacée d’implosion territoriale pour cause de direction bankstérique, il est hors de question que nous devenions le continent de substitution, à son tour exploitable jusqu’à la désintégration. C’est ce qu’il faut bien dire à ceux qui nous "gouvernent".
(1) L’article de Prison Planet présente la possibilité de sécession des états nord-américains.
(2) Pour mieux comprendre la constitution américaine Gary Alder en explique les 15 principes.
(3) Igor Panarin prédit l’éclatement des Etats-Unis en 2010.
(4) Les Hommes politiques dans l’histoire des Etats-Unis qui ont détruit la constitution, selon Di Lorenzo.
(5) Les 5 principes fondamentaux de la constitution ignorés par les Américains.
(6) Un nouvel ordre mondial émerge, gommant la prééminence euro-américaine, selon les mondialistes.
(7) Glenn Beck suggère que les Etats devraient faire sécession pour protester contre les renflouements aux banques.
(8) Des législateurs et avocats du New Hampshire expliquent que les projets d’Obama videraient la constitution de son sens.
(9)L’Acte de Sécession de la Géorgie en 1861
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