Mais que font les Américains et les Européens pour lutter contre l’islamo-terrorisme africain et soutenir la France ? le minimum pour sûr !
Ni la France, ni les autres États européens, ni les États-Unis, tous visés directement ou indirectement par le terrorisme salafiste, ne peuvent rester inactifs face à la progression de cette nouvelle menace à la fois totalitaire et criminelle qui prolifère dans des zones géopolitiques de non-droit.
Depuis ces zones hors contrôle, les groupes islamo-terroristes plus ou moins proches d’Al-Qaïda gèrent impunément leurs trafics (otages, migrations clandestines, drogue, déchets toxiques, cigarettes, contrebandes, pirateries, etc) et organisent leur lutte contre l’Occident et ses alliés locaux. Ils étendent ainsi leur projet totalitaire basé sur la terreur, la charia et le mythe du Califat universel.
Rappelons que les différents groupes islamistes, sont composés des combattants du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) des djihadistes touaregs, Ansar Eddine, alliés à des éléments d'Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Ils sont dotés d’armes sophistiquées (y compris anti-aériennes) récupérées durant l’effondrement du régime de Kadhafi, un leg mortel comme le dit l'article de L'Express et que je vous conseille de lire. Car il faut rappeler que AQMI est très étroitement lié au Groupe Libyen Combattant Islamiste au nom duquel la France est intervenue dans l’invasion par procuration de la Libye en 2011, donnant des armes, de l’entrainement, des forces spéciales et un soutien aérien important pour les aider à renverser le gouvernement libyen. L''ex-président de la République, Nicolas Sarkozy, au nom de la France est responsable de cet effet boomerang que subit actuellement le monde occidental. (voir vidéo)
Ces groupes islamo-terroristes qui ne comptent pas se satisfaire du Mali, dispose de 60 000 hommes, dont nombre de rebelles touaregs, connaissant parfaitement le désert, ce qui n'est pas le cas de l'armée française et des armées africaines. De plus ces Touaregs sont parfaitement motivés car ils voient dans les révolutions arabes une chance historique pour accéder à l’indépendance et remettre en questions les frontières contestées des pays issus de la colonisation : Algérie, Mali, Niger, Nigéria, Côte d’Ivoire, Mauritanie, et même Maroc.
Après avoir tenté de dresser les grandes lignes de cette géopolitique africaine, essayons de comprendre pourquoi les américains et les Européens sont si frileux pour emboiter le pas à la France dans cette lutte contre cet islamo-terrorisme africain.
Tout d'abord il faut dire que c'est au nom des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et de l'engagement des pays africains à déployer au Mali des troupes, que le président François Hollande a décidé de lancer, vendredi dans l'urgence, l'opération Serval dans ce pays du Sahel, coupé en deux.
De toutes les guerres livrées contre le terrorisme depuis la fin du siècle dernier, aucune n'a autant concerné l'Europe, comme l'opération lancée par la France vendredi dernier.Pourtant c'est du bout des lèvres que nombre de partenaires européens soutiennent le déploiement français dans ce pays. Au mieux la France pourra compter dans quelques semaines sur l'arrivée de détachements des armées africaines !
Mardi, la représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, a remercié la France pour son intervention au Mali, devant le parlement européen à Strasbourg, mais elle s'est bien gardée de proposer tout engagement supplémentaire de l'UE pour soulager Paris. Elle a ajouté devant un hémicycle quasiment vide : "Nous sommes directement concernés par la situation au Mali car les groupes terroristes qui se trouvent au nord du Mali tirent profit de la situation pour le trafic d'armes et de drogue, pour prendre des otages qui sont des citoyens européens. Nous ne pouvons pas rester indifférents vis-à-vis de cette situation. Mais la chef de la diplomatie européenne a reconnu qu'il n'existe pas de forces militaires européennes et que la France devra porter seule la plus lourde partie du fardeau.
Daniel Cohn-Bendit a pris la parole pour lui répondre : "Tout le monde dit, nous, mais il n'y a que des soldats français la-bas. Si j’étais méchant, je dirais : on dit aux Français on va vous donner les infirmières et allez vous faire tuer là-bas ".
Le conservateur Arnaud Danjean, quant à lui, a rappelé que depuis deux ans les institutions européennes discutent de la situation au Mali et il a été adopté un nombre considérable de résolutions ou de plans. "Mais qu'en est-il de l'action" pour lutter contre l'installation d'un foyer terroriste au coeur de l'Afrique" ?, a-t-il demandé sans obtenir de réponse.
En ce qui concerne le Royaume-Uni, le premier Ministre, David Cameron, a promis deux avions gros porteurs C17, pour le transport de troupes françaises. Mais hélas il y a eu un faux départ pour cette mission au Mali. Un problème technique a empêché le décollage de l'un des deux appareils. Un avion dernier cri, dont le premier Ministre anglais a loué les capacités de ce C-17 comme étant l'appareil de transport le plus avancé de la RAF, ironise The Times de Londres
Cette déconvenue est d'autant plus gênante, que le Royaume-Uni est, avec la France, la seule puissance militaire en Europe dans l'après guerre froide. Pour le moment officiellement, du moins, elle ne devrait pas cependant fournir des appareils de combat et de troupes sur le terrain au Mali....
Pour ce qui est de l'Allemagne, cinquième anniversaire du traité de l'Élysée oblige, après un temps d'hésitation, son gouvernement a approuvé sans réserve l'intervention militaire de la France au Mali et promet son soutien.
Certes, le ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a encore confirmé le 14 janvier à son homologue français, Laurent Fabius, que Berlin n'enverrait pas de troupes de combat. Mais Berlin est prêt à apporter une "aide humanitaire et médicale", et à participer au programme européen de formation des troupes africaines par l'envoi de "quelques dizaines d'hommes" (un point acquis depuis octobre dernier). Elle a d'ores et déjà engagé un débat sur un soutien logistique qui s'articule essentiellement autour de la mise à disposition d'avions de transport militaire Transall. Un soutien logistique qui se résume à la mise à disposition de deux Transall pour transporter les 3.300 soldats de la force d'intervention de la Cedeao.
Quant aux États-Unis, ils se félicitent de l'action militaire française au Mali. Mercredi, le secrétaire d'Etat américain à la Défense Leon Panetta a estimé que les opérations militaires en cours au Mali ne sont pas "une guerre française", exigeant "un effort international" qui devra cependant être confirmé par l'ONU.
Pourtant, les responsables américains ont fait clairement comprendre qu'il n'était pas question pour l'administration Obama de s'engager militairement dans un nouveau conflit. Washington a promis de fournir des avions de transport, de ravitaillement en vol et des avions espions en soutien.
Car les États-Unis restent sur une mauvaise expérience au Mali. Pour contrer les terroristes, Washington avaient misé sur la formation de l'armée malienne. Pendant plusieurs années et jusqu’en mars 2012, des officiers et des membres des forces spéciales américains ont entraîné des militaires locaux. Cette stratégie a coûté la somme conséquente de près de 600 millions de dollars au Pentagone.
Or certains militaires maliens d'origine touarègue ont fait défection et ont rejoint les jihadistes avec armes, bagages et savoir militaire acquis. En mars dernier, le capitaine Sanogo, formé par l'armée américaine, a organisé le putsch contre le gouvernement malien. Ce qui a entraîné l'arrêt immédiat du programme américain de formation sur place. Depuis, l'administration Obama est sur ses gardes.
En fait, les Américains sont soulagés de ne pas être, pour une fois, en première ligne.
Les ministres européens des affaires étrangères se retrouvent à Bruxelles aujourd'hui pour un sommet extraordinaire sur le Mali. A cette occasion, le service d'action extérieure dirigée à Bruxelles par Catherine Ashton espère qu'ils s'entendront pour un lancement accéléré de la mission prévue par l'UE pour renforcer l'armée malienne et pour soutenir les forces d'intervention africaine. Mais il n'est pour l'instant toujours pas question à Bruxelles de demander un réel engagement militaire de la part des États membres au côté de la France.
Au cinquième jour de son intervention malienne, la France est toujours seule à combattre les terroristes réfugiés dans le nord du pays. Certes, l'armée malienne est officiellement à ses côtés mais c'est une armée en déroute qui n'est donc pas d'un grand secours.
Elle attend toujours le déploiement des forces africaines qui ont promis leur soutien. Les premiers élements nigériens et burkinabés doivent, en principe, arriver dans les prochains jours, mais ils pourrait mettre plusieurs mois à être opérationnels. Seuls l'armée nigériane semble en mesure de prêter main forte aux Français dans un délai raisonnable.
Bien seule, donc, se trouve cette France, dans ce rude contexte, "pour mener de front une guerre et une guérilla où s’entremêlent trafic de drogue, islamisme radical et grand banditisme".(voir vidéo)
Sources :L'Express, L'Express, France 3, The Times, Le Monde, Le Monde, 7 dut 7.be,
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