Meurt le Liban !
L'Islam rétrograde gagne le Liban et se moque de la justice internationale. Saad Hariri reste à l'abri à Paris et continue de mener ses affaires.
Le Liban est en train de mourir et le monde entier attend toujours les résultats du tribunal international sur l'assassinat du premier ministre libanais Rafic Hariri.
Pendant ce temps, le fils de ce dernier est "assigné à résidence" à Paris. D'aucuns trouveront l'expression un peu forte, mais c'est pourtant ce qui se passe réellement.
L'ancien Premier Ministre libanais est bloqué à Paris pour que sa sécurité lui soit garantie. Pas un journal, pas un analyste un peu sérieux ne se penche sur cette question.
Les conclusions du TSL auraient du être rendues publiques il y a maintenant quelques mois, puis, patatras, le tribunal a reculé la date de livraison du long rapport.
La prise du pouvoir par le Hezbollah à Beyrouth est-elle pour quelque chose dans ce retard ?
Nul ne saurait le dire, tant il est vrai que la justice est reconnue indépendante des aléas et pressions politiques. Il faut dire cela sans avoir envie de rire.
Le Tribunal Spécial pour le Liban avait pourtant réalisé une percée significative ces derniers mois. Le Hezbollah, parti islamiste et à tendance fascisante, est directement visé par les conclusions.
Pour des raisons « inexpliquées », le résultat se fait attendre.
Le Hezbollah a toujours été clair à ce sujet : "Le tribunal est une épée pointée vers le Liban… un combat est organisé au Moyen Orient et l'Amérique œuvre pour imposer un blocus aux pays arabes afin d'apporter de la détente aux Etats Unis et à Israël".
On se disait bien aussi : "Les Juifs sont encore derrière tout cela". Lamentable paravent servi jusqu'à la nausée par des groupes religieux terroristes et génétiquement antisémites.
Depuis des mois, le parti chiite avait demandé à l'ancien Premier ministre Saad Hariri de désavouer ce tribunal, ce à quoi il s'était toujours refusé.
C'est dans le cadre de ce profond désaccord que le Hezbollah et ses alliés ont retiré leurs ministres du précédent gouvernement, entraînant la chute du cabinet.
Exit Saad Hariri, le fils, qui a trouvé refuge à Paris. Rassurons-nous, il continue à faire fructifier l'empire. Les affaires, toujours aussi florissantes pour le groupe financier et BTP qu’il dirige depuis la mort de son père, l’accaparent certainement.
Mais il y a une autre raison, inavouable, pour les libanais.
Les services secrets américains, européens et saoudiens, toujours aussi perspicaces, craignent que sa vie soit menacée et lui ont demandé de rester planqué dans la capitale française.
Ils estiment que le régime syrien pourrait organiser son assassinat dans le but de créer un conflit interconfessionnel entre chiites et sunnites au Liban.
Un bon petit conflit au Liban, avec, si possible une guerre ouverte avec Israël, détournerait l’attention de la communauté internationale des atrocités qui ont cours en Syrie.
Le choix est cruel pour ce tribunal et la responsabilité est grande.
Rendre public le rapport qui met en cause le Hezbollah revient à déséquilibrer un gouvernement libanais qui vient juste de se former et qui est justement tenu par le Hezbollah.
Cela revient à incriminer directement un gouvernement du Moyen Orient qui n’est pas encore touché par le « printemps arabe ».
En pleine guerre civile syrienne, car il faudra bien se résoudre à parler de guerre à quelques kilomètres, on réfléchit à deux fois dans les couloirs.
Victimes collatérales
Si la situation devait s'éterniser, Jacques et Bernadette Chirac, logés gracieusement dans le somptueux appartement des Hariri, pourraient devenir SDF. Le fils Hariri risque faire valoir ses droits, encore que ses moyens lui permettent de se loger ailleurs.
Vont-ils se replier en Corrèze ou Chirac pourra, à foison, délivrer ses mots d’esprit ?
La presse française, n’ayant que cela à faire, en fera des gorges chaudes. Il n’est absolument pas certain que le peuple libanais en apprécie les commentaires.
Mais il faut noter en passant que cette même presse n'accable pas l'ancien président de la République pour son squat luxueux depuis 2007.
Celui qui est désormais l'homme politique préféré des Français couche dans un appartement de grand standing appartenant à un ancien premier ministre affairiste et personne ne trouve à redire.
Curieux, tout de même, cette sélectivité éthique de la part de nos bonnes âmes qui, juré-craché, ont fait serment de tout dire, de tout révéler.
L’enjeu
Désavouer le Hezbollah en le désignant comme principal responsable de la mort de Rafic Hariri risque de favoriser l’écroulement du Liban tel que nous le connaissons aujourd’hui.
La Syrie n’est pas la Libye. La situation y est autrement plus dangereuse, assez en tout cas pour assister sans mot dire, à part quelques sanctions symboliques et haussements de ton, à l’écrasement de tout un peuple.
Ce serait également donner du grain à moudre à l’opposition syrienne et faire vaciller le régime Assad. Ce serait du même coup viser directement les intérêts iraniens dans cette région.
Pas certain que les démocraties occidentales aient particulièrement envie d’ouvrir un autre front militaire et diplomatique.
Pas le temps, pas les moyens !
Elles sont déjà parvenues au bout de leurs moyens militaires. Les dernières bombes lâchées sur Kadhafi ont été empruntées précipitamment au grand frère américain.
Dans ces conditions, l’enquête d’un tribunal, fût-il international, n’a plus aucun poids.
Et tant pis pour l’idée que nous nous faisons de la justice !
Tant pis pour le peuple libanais qui agonisera lentement sous une coupe islamiste en contemplant les dites révolutions de leurs frères accoucher certainement d’une parodie de démocratie.
Paul Lémand
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