Quelle est l’origine et l’architecture de l’idéologie qui pousse Trump (et les siens) à vouloir dominer le Monde ?
- (photo JPCiron)
>>> L'Arbre
« Car chaque arbre se connaît à son fruit. On ne cueille pas des figues sur des épines, et l'on ne vendange pas des raisins sur des ronces. » (Luc 6:44)
L'Arbre dont on parle ici, c'est la Septante grecque. « la Bible Septante n'est pas le Livre Théologique que l'on croit : elle n'est guère que le Bras pseudo-Religieux d'un Coup Politique préparé en grande partie durant l'Exil à Babylone, dans une Perse Achéménide faiblissante, et mis en oeuvre durant son effondrement. »
https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/la-bible-septante-bras-religieux-257870
Or, durant ces deux derniers millénaires, beaucoup de révélations, règles, principes et commandements pseudo-théologiques qui se sont trouvés insérés dans ce livre ont été considérés comme étant ''de Dieu'' alors qu'ils ne l'étaient pas : il s'agit donc de ''Faux en Écritures Bibliques''. Leur mise en œuvre Politique est donc contraire aux Valeurs auxquelles nous prétendons adhérer.
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Les empires se sont succédé durant des siècles, balayant tous les petits royaumes du Croissant Fertile. Après l'éradication des dix tribus de Samarie (remplacées par des tribus Arabes), la Judée a été écrasée et les élites déportées à Babylone. C'est là que ces dernières réfléchissent à leur identité. Les dieux des empires auraient-ils vaincu leurs dieux Cananéens ? Foulant ainsi aux pieds l'identité des Judéens ?
A Babylone, différents courants ont travaillé sur ce thème jusqu'à ce que l'empereur Perse déclare vouloir laisser les exilés qui le souhaitent retourner dans la province perse de Yehud. Les Perses nommaient souvent des locaux comme ''gouverneurs'' de leurs provinces, et les laissaient vénérer leurs dieux locaux, tant que les ''lois'' de ces dieux restaient compatibles avec la ''Loi'' du roi Perse.
La majorité des descendants des élites exilées sont demeurés sur place, dans leur nouvelle patrie. Une minorité se préparait au ''retour'', avec l'idée, dans une Perse Achéménide faiblissante, de contrôler bien plus de territoire que la minuscule province de Yehud.
Pour ceux qui pourraient se sentir ''vaincus'', la ''fabrication'' de cette identité passait par la ré-écriture-invention de toute leur Histoire, durant l'exil. Avec plusieurs éléments-clefs. Ce sont :
> le 'choix' (fait par les prêtres) d'un nouveau Dieu : Yahvé,
> de l'introduction de l'idée (novatrice) du lien direct Dieu-Peuple,
> de l'invention du concept du peuple Hébreu (qui aurait déjà existé du temps des aïeux)
> de l'élection de ce petit peuple (au milieu des empires) par Dieu, au temps des aïeux.
> de la nature sainte de ce peuple,
> du fait qu'il est ''à part'' des nations,
> de l'importance du concept de Prochain (concept qui crée celui de non-prochain),
> de la Promesse de Terre pour ce peuple Hébreu, faite par Dieu aux aïeux.
> de la prise de possession de la Terre Promise, qui aurait été faite par les aïeux, en poussant-exterminant les occupants (non-prochains) qu'ils y trouvèrent,
> de la Mission divine de témoignage auprès des nations, jusqu'aux extrémités de la Terre,
.… le tout rédigé dans l'esprit d'un ''retour'' dominateur en Yehud et au-delà. Le Dieu Yahvé étant ''nouveau'' en Canaan, sans ''états de service'', les prêtres ont inventé ses exploits fabuleux en Égypte et le retour via la Mer des Joncs. L'épisode de Jethro et la première rencontre de Moïse avec Dieu dans la montagne, des Tables de la Loi, etc font partie de la construction du nécessaire imaginaire rattaché au nouveau Dieu.
Les prêtres ont aussi imaginé des récits qui préparaient les esprits pour ce Dieu extraordinaire. Ce sont les terribles punitions (mise à mort pour les individus, ou massacres pour les groupes-villes) si on n'obéit pas à ses préceptes et commandements : il savait punir, au besoin durement. Par contre, suivre-aimer Yahvé était promesse de prospérité et de nombreuse descendance.
Les prêtres assuraient que tout ce qui arrive et arrivera a été prévu par ce Dieu tout-puissant. Ils ont aussi imaginé les oppositions qui pourraient être rencontrées lors du ''retour'' en Yehud. Et les sanctions étaient radicales : la mort individuelle ou collective.
Par ailleurs, on promettait que les nations qui s'opposeraient à la mission de ''témoignage'' seraient finalement vaincues par les guerres : qu'elles adopteront Yahvé et seront soumises, ou seront exterminées. Le sort du non-prochain étant sans importance devant la nécessité du Plan divin.
L'idée maîtresse des prêtres était d'affirmer que le dieu de leurs lointains ancêtres était Yahvé. Ils racontent la grandeur d'autrefois des royaumes des ancêtres. On explique que Yahvé était alors suivi très fidèlement par tout le peuple, mais que ce peuple s'était peu à peu éloigné de Yahvé pour suivre les divinités cananéennes, dont l'immense Baal.
On affirme que Yahvé est plus grand que tous les dieux des puissants empires. C'est d'ailleurs Yahvé qui contrôlait les dieux des empires qu'il a lui-même envoyés pour massacrer-violer-piller la Samarie et la Judée, pour punir les Hébreux de l'avoir abandonné. Mais que Yahvé avait finalement décidé de contrôler le roi Perse pour l'amener à autoriser le ''retour'' des Judéens qui le souhaitaient. Entre-temps, Yahvé avait détruit, via les Assyriens, les dix tribus de Samarie.
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L'archéologie témoigne que plusieurs Yahvé (avec ou sans parèdre/fils) ont été mentionnés dans quelques rares occurrences, dès avant l'exil, alors que la masse des divinités archéologiques en Canaan était, et depuis longtemps, typiquement cananéenne.
On ne sait précisément d'où venait Yahvé. Une hypothèse d'origine non-sémitique n'est plus exclue parmi les chercheurs.
- (photo JPCiron)
>>> Le Fruit
« Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. » (Matthieu 7 : 19-20) –
Quels bons fruits ? Droit et Justice, Égalité, Dignité, Équité,...
Depuis les origines, les Chrétiens se considéraient comme le 'vrai' peuple élu de Dieu. C'est la théologie de la substitution. (Notons que les Chiites pensent de même être les 'vrais' israélites...)
Cette théologie de la substitution était un pilier de l'identité chrétienne, ''par opposition'' donc. Depuis que les Chrétiens ont été amenés, au niveau Académique, à laisser cet aspect de côté, leur identité reste ''entre deux eaux''. Cependant, on ne peut effacer rapidement deux millénaires de traditions. Et cela d'autant plus pour la tranche Chrétienne fondamentaliste attachée à l'Ancien Testament, qui est aussi restée proche de la lettre du texte.
Les religieux fondamentalistes font depuis longtemps partie du socle de l'électorat Américain, et se retrouvent ''naturellement'' dans la ''garde rapprochée'' de Trump. Ces derniers étaient invités pour l'inauguration de l'ambassade à Jérusalem, où le vice-président Mike Pence a fait un discours mémorable dont je donne des extraits dans l'article « Le Peuple de Dieu »/AgoraVox , qui rappellent les 'fils invisibles' qui lient les croyances et la politique.
> Pence souligne l'identification de l'histoire de l'Amérique avec celle des Juifs : ''l'histoire d'un exode, un voyage de la persécution à la liberté, une histoire qui montre la puissance de la foi et une promesse d'espérance.''
> Kissinger (HK) rappelle que les colons en Amérique se voyaient comme ''des pèlerins, envoyés par la Providence pour construire une nouvelle Terre Promise.''
> JFK rejetait le système d'équilibre des forces westphalien entre les nations du monde, et appelait ''non pas à créer un nouvel équilibre du pouvoir, mais pour donner naissance à un nouveau monde de droit.''
> HK soulignait en même temps que ''les Principes Américains sont valables pour l'ensemble du monde.''
> HK souligne que la ''conquête de l'Ouest'' n'est pas une simple expansion territoriale, mais ''une Mission ordonnée par Dieu de propagation des principes de liberté.''
> HK : '' Nous sommes la nation du progrès humain (…) et, qui pourra imposer des limites à notre marche en avant ? Puisque la Providence est avec nous, aucune puissance ne le pourra.''
> HK rappelle que tous les Présidents des USA ont toujours été prêts à ''combattre n'importe quel ennemi'' et à ''payer n'importe quel prix'' pour assurer ''la survie de la liberté''.
> HK précise que les États Unis ne sont ''pas seulement un pays mais le moteur d'un plan divin et la quintessence de l'ordre mondial''.
Ainsi, au fil des siècles, les « Faux en Écritures Bibliques » dont on a parlé plus haut ont infusé-infiltré le Spirituel, et sont à présent installés à demeure dans le Politique. Pourtant, « la fermentation intérieure a travaillé l’Église pendant de longues années. » Mais,« Si elle n'a pas réussi à fournir la rénovation théologique que l'on attendait d'elle, le travail de dislocation des idées traditionnelles ne s'en est pas moins accompli. » (A. Westphal)
On voit que les textes pseudo-théologiques écrits en vue d'un Coup Politique hégémonique et violent en Yehud sont les mêmes qui sont derrière les discours Américain en vue de la prise de contrôle d'un monde unipolaire.
JPCiron
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