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Suisse : grandes banques et PME, le mépris total

Pour celles et ceux qui ont tenté de créer une entreprise, de la développer ou de reprendre une PME ou une toute petite entreprise, le problème du financement bancaire est connu depuis des années. En résumé, et sans que cela soit officiel, on ne prête qu’aux nantis et aux garantis. Sans une aide familiale, sans une caution très forte, sans un gage de biens propres, impossible d’obtenir un euro de financement bancaire, même sur un projet remarquable.

Résultat, nombre de PME n’ont pu voir le jour, et bon nombre d’autres sont tombées, lâchées par les banques qui, elles, n’ont strictement rien perdu car elles ont pu se rattraper sur les garanties exigées. Mais que de dégâts en termes d’emploi et de développement économique. Et dire que les banques cantonales et autres grands établissements ne cessent de faire de la publicité en clamant qu’ils sont les partenaires des PME. Le seul moment où ils acceptent d’être partenaires, c’est pour recevoir des fonds et le trafic de paiements, pas pour en prêter.

Historiquement et philosophiquement, le banquier est un prêteur qui gagne sa vie sur la différence entre le coût de ses emprunts et le rapport de ses placements. Mais cette conception noble du banquier qui, lui, prend des risques a depuis longtemps disparu. Actuellement, les jeunes managers aux dents acérées et aux idées courtes ont appris tout le contraire. La banque ne gagne qu’avec l’argent des nantis placé chez elle et avec lequel elle spécule au quotidien sur le plan international. Et si jamais ça se passe mal, ce sera son client et pas elle qui perdra...

En marge des claques que vont prendre le Crédit suisse et certains autres établisssements collègues dans pas longtemps en raison d’investissements hasardeux aux Etats-Unis, le nouveau patron du Crédit suisse, Brady Dougan, a déclaré benoîtement dans une interview parue dimanche passé  : "Notre banque a clairement choisi les activités de déménagement, plutôt que celles de stockage".

Traduite en français, cette expression veut dire "nous nous occupons du gros, le petit n’a aucun intérêt pour nous, en particulier lorsqu’il est situé en Suisse". Il y a longtemps que l’on savait les banques assez immorales dans leur comportement, mais là l’une d’entre elles avoue enfin officiellement que prêter à un petit suisse entreprenant n’offre aucun intérêt, il vaut mieux perdre beaucoup en Amérique, en termes d’image.

Et sur cet aspect de l’approche bancaire, aucun parti politique ne tente de contraindre les établissements à une plus grande ouverture, même les banques cantonales dont ce devrait être l’un des axes obligés. Dommage pour le tissu économique helvétique et pour les entrepreneurs, il y a pourtant des exemples à l’étranger, en France notamment, dont on pourrait s’inspirer avec profit mutuel.


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11 réactions à cet article    


  • masuyer masuyer 9 août 2007 13:14

    Merci à l’auteur,

    il y a effectivement un problème au niveau des banques en France autant qu’en Suisse.

    Le refus du risque, les frais de gestion de compte (dissimulés sous l’appelation de « services »).

    Quand les banques vendent des produits d’épargne basés sur la Bourse et les actions, elles prennent toujours leur part, que les placements qu’elles ont réalisées se soient révélés fructueux ou non.

    En France, elles profitent de l’obligation qui est faite aux particuliers de posséder un compte pour recevoir son salaire. Il serait donc facile aux gouvernements d’agir sur les abus en suspendant cette obligation.

    Mon ex-femme a travaillé dans une banque. Lors d’un stage de formation interne, le formateur a classifié les clients en trois catégories. Ceux qui ont de forts revenus et qui placent leur argent (clients intéressants), ceux qui ont des revenus moyens et qui gèrent en « père de famille » (pas très intéressants) et la dernière catégorie, qu’il appelait « les véreux ». Ceux-là sont très intéressants, ils ont des revnus moyens ou faible et ils sont souvent à découvert. Ceux sont des proies faciles. Après une petite leçon de morale sur leur « mauvaise gestion », on leur colle des produits qu’ils n’osent pas refusé (crédits revolving notamment pour combler les découverts, qui contribuent à les enfoncer un peu plus). Les AGIOS assurent les rémunérations des salariés des banques.

    Autre scandale le jeu sur les dates de valeur.

    Et les pseudo services. Une ami qui s’est mise à son compte n’a obtenu un prêt que parce qu’elle avait une caution solidaire. Chaque année, cette caution reçoit une lettre-type, pompeusement appelée « Information caution ». Tarif de ce « service », 50€. Sans parler des tarifs appliqués aux comptes pro.

    Mais visiblement, ça ne choque personne.

    Pour l’entrepreneur la partie bancaire est bien plus délicate que la partie administrative.

    Mais, il ne semble pas de bon ton de le dire.

    Quant à la concurrence libre et non faussée, en ce qui concerne les banques, je m’esclaffe.

    Merci Kalvin.


    • Plus robert que Redford 9 août 2007 15:07

      Je confirme !

      Parmi les pratiques des banquiers, en voici une bien bonne !!

      Récemment je me suis porté caution pour un emprunteur, avec cinq autres co-cautionneurs :

      L’engagement que nous a fait signer le Crédit Agricole prévoyait la garantie POUR CHACUNE DES SIX CAUTIONS de 120% du montant emprunté, sur une durée égale à la durée de remboursement de l’emprunt PLUS UN AN !

      Dans n’importe quel autre domaine commercial, un tel contrat vous conduirait en correctionnelle. Mais en matière bancaire, non !! C’est légal !!


    • cniko 9 août 2007 17:07

      La même banque, que j’ai quitté depuis, applique non seulement des dates de valeurs iniques (comme si aujourd’hui ils mettaient autant de temps qu’il y a 20 ans pour traiter un chèque ou recevoir un virement) mais des heures de valeurs. je m’explique. Je sais qu’un prélévmeent à venir va me faire passer sous la barre autorisée donc au préalable j’effectue le virement qui va bien pour couvrir le trou. Avec les dates de valeurs, les 2 mouvements sont comptabilisés le même jour, mais les débits étant comptabilisés avant les crédits j’ai dépassé mon découvert autorisé l’espace d’un quart de secondes. Résultat plus de 45€ de frais...

      Pour la concurence libre et non faussée, les banques depuis plusieurs années sont censées avoir des conditions générales présentées de la même façon. J’ai récement eu l’occasion de faire le tour des banques (nombre d’entre elles ne mettent pas à disposition leurs CGV contraiement à la loi) et d’étudier les CGV. Bien qu’issu de ce milieu j’ai vraiment galéré pour pouvoir faire des comparatifs. Alors on va me dire que ce n’est pas facile de s’entendre sur un format... Sauf que pour tous les échanges entre elles les banques ont toujours réussi à trouver des compromis. Pourquoi pas ici ?

      Au passage, les banques mutualistes me semblent les plus humaines et abordables.

      Pour ce qui est des couvertures des garanties, il faut bien comprendre que les banques doivent respecter des ratios de couverture des risques par rapport à leurs fonds propres (basel 2) afin que l’on n’en voit plus jamais une banque s’effondrée. Trop dur pour les actionnaires...


    • masuyer masuyer 9 août 2007 18:00

      Cniko,

      « mais des heures de valeurs. »

      Un de mes profs de gestion m’avait expliqué que le jeu sur les dates de valeur et les AGIOS, etc... faisait l’objet d’un marché sur une place située aux Pays-Bas pour l’Europe et que les intérêts étaient calculés à la minute. Vu l’énormité des sommes traitées on perçoit tout de suite les sommes en jeu


    • cniko 9 août 2007 18:07

      Pour quelques secondes, sur 100 ou 200€, gagner 45€... Je ne sais même pas comment calculer le TRI (faut que je rapporte la seconde sur le nombre de seconde de l’année non, mais j’ai pas assez de place dur ma calculatrice pour lire le résultat)mais si vous connaissez des investissements comme ça je suis preneur !

      Mais bon j’ai trouvé une banque qui n’applique quasiment aucune date de valeur et je suis bien content de l’avoir trouvé. J’ai divisé mes frais bancaires par 3.


    • ZEN ZEN 9 août 2007 14:08

      @ Calvin, pardon Kalvin

      Cela se confirme...

      http://info.rsr.ch/fr/news/Gestion_de_fortune_banques_suisses_au_top.html?siteSect=2010&sid=8044500&cKey=1185118018000

      Qu’en pense Jean Ziegler, votre ex-député ?


      • Kalvin Whiteoak kalvin 9 août 2007 16:26

        Ziegler est un type engagé et qui a des côtés sympas, mais il ne comprend rien aux finances et traîne quelques côtés sectaires qui sont un peu dépassés. Je ne sais donc pas ce qu’il en penserait, ses soucis actuels étant plus la faim dans le monde que la faim dans le petit commerce ...


      • finael finael 10 août 2007 09:02

        L’origine des « date de valeur » est assez burlesque : il s’agit du temps mis par un cavalier pour aller d’un établissement bancaire à l’autre pour vérifier l’approvisionnement du compte ou porter une lettre de change.

        En ce qui me concerne j’ai été interdit bancaire sur une erreur de la banque : elle m’a compté 3 fois le même chèque avant de me rembourser les 2 fois de trop (le même jour).

        Entre-temps j’avais dépassé mon découvert autorisé et j’ai été interdit bancaire avec frais subséquents etc ... et elle a mis 1 mois plein à faire lever l’interdiction. La Banque de France auprès de laquelle je m’étais plaint m’a expliqué que si cette interdiction était belle et bien illégale, elle ne pouvait rien faire.

        Ce que je trouve extraordinaire c’est que les banques, comme les assurances d’ailleurs nous imposent un « impôt privé » que personne ne semble voir.


        • L'enfoiré L’enfoiré 14 août 2007 17:22

          Salut Finael,

          Les banques t’avaient à la bonne apparemment. smiley

          La raison d’être des banques est le prêt de l’argent pour fortifier l’économie future d’un pays. Hors, on fait semblant de ne pas être disponible sans avoir une emprunteur avec l’argent à emprunter déjà dans en poche.

          Bizarre. Aux US, on n’est peut-être aller trop loin, mais il ne s’agit pas d’une erreur non calculée. Maintenant, tout le monde a peur. L’argent est sorti en masse de toutes les poches à l’ouest, à l’est, ....


        • aquad69 10 août 2007 12:00

          Bonjour Kalvin,

          Que les « banquiers » soient ce qu’ils sont, ça vous étonne ?

          A l’origine, on les appelait des usuriers, ce qu’ils sont toujours en réalité bien sûr ; ils étaient à l’époque méprisés et très surveillés par les autorités légitimes.

          Mais la monnaie était alors une chose fiable, basée sur une quantité d’or connue et définie, et sa création était contrôlée par un pouvoir humain : c’était l’homme qui maîtrisait le marché, et non le contraire.

          Aujourd’hui, tout celà est dans les mains de ces escrocs-financiers qui se cachent derrière l’idole abstraite que l’on nomme le « marché » ; car les jongleries permanentes et les spéculations par lesquelles les « banquiers » multiplient leurs capacités de prêts et les distribuent s’apparentent beaucoup à de la création de richesses, donc de monnaie ; mais c’est bien sûr une monnaie abstraite, illusoire, en fait de la fausse monnaie, sous la forme d’un surcroit d’« activité économique » entrainé par les prêts consentis.

          Les banques centrales le concrétisent alors en réalité monétaire par cet « ajustement » que représente l’"injection de liquidités" sur le marché.

          Mais ce sont les banques dans leur ensemble qui sont à l’origine du processus, qui le commandent, et tiennent donc en majeure partie les rênes de l’économie des pays.

          En vérité, tout le système économique libéral est fondé sur le fonctionnement de ces faux-monnayeurs institutionnels que sont les systèmes financiers actuels ; ce sont eux et leurs tours de passe-passe qui sont à la source de la magique « création de richesses » dont on se vante et que l’on attribue à la technique et à l’économie moderne.

          Maintenant, que ces milieux particulièrement malfaisants et nuisibles aient pu acquérir un tel pouvoir dans notre Cité et qu’on les ait laissé faire sans les soumettre à la surveillance étroite de nos gouvernants est tout à fait significatif de l’état des choses actuel et de la complète abdication de l’espèce humaine devant la « fatalité » du développement économique et technique.

          « Las ! Le destin s’accomplit./ Insatiable et souveraine,/ l’économie triomphe, / et se déchaîne le monstre / qui nous dévorera tous ! »

          Cordialement Thierry


          • sacados 14 août 2007 01:08

            C’est ce qu’ils appellent du « numéraire ». Comme il n’y a pas assez d’or pour assurer les échanges, ils font du numéraire. C’est pratique : ça se multiplie au grès de la demande solvable par toutes sortes de services. Exemple : commissions, plombier, garage... et « produits dérivés ». C’est très subtile « produits dérivés » : c’est presque un détournement de fond mais, c’est pas encore ça. C’est juste à la limite en dessous. Ça sert de « levier » à « garantir l’amplification » du numéraire... Mais bon, il faut s’entendre : un banquier nous prête volontiers un parapluie quand il fait beau temps. Mais nous le retire quand il pleut !

             smiley

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