Comment sauver la presse ? Des patrons répondent
Le groupe de travail Media de l’Institut Montaigne* vient de publier un rapport intitulé : “Comment sauver la presse quotidienne d’information ?”. Formulant “onze propositions immédiatement applicables”, il pointe deux obstacles majeurs à surmonter : l’excès de droits des ouvriers du Livre et des journalistes, et la concurrence de la gratuité dans l’information.
Le document de l’Institut Montaigne se focalise sur les
difficultés économiques de ce secteur. Pas un mot sur «
le travail des
journalistes ni sur les insuffisances du traitement de l’information, sujets
souvent traités par ailleurs ». Il critique surtout les contraintes spécifiques
au système français, qui pénalisent, selon lui, la presse française : «
sureffectifs dans l’impression, dus au poids démesuré des ouvriers du Livre CGT, ou des droits des journalistes en matière de clause de cession ».
Autrement dit, si la presse va mal,
c’est surtout à cause des droits octroyés aux ouvriers imprimeurs et aux
journalistes !
Autre défi que doit affronter la presse, « le succès de l’information
gratuite, que ce soit sur Internet ou avec la presse gratuite, menace l’équilibre
économique des rédactions ».
Face à cela, que propose le think-tank de Claude Bébéar ? Il faut « mettre
définitivement un terme aux aides directes de l’Etat à la presse et demander
aux rédactions de prendre leurs responsabilités » (!) ; obtenir de l’Etat un «
plan Marshall pour la presse quotidienne : 1,3 milliard d’euros pour
restructurer le secteur de l’impression, optimiser la distribution et lever
définitivement les blocages liés au Syndicat du Livre et à la convention des
journalistes ; remettre à plat le contrat pécuniaire qui lie les journalistes à
leur employeur en revenant sur la clause de cession** tout en réunissant les
conditions d’une sensible amélioration de leur rémunération ; assouplir le
dispositif anticoncentration concernant la presse quotidienne ».
En fait, si l’on comprend bien l’Institut Montaigne, si les ouvriers du
Livre et les journalistes avaient moins de droits, si la concentration des
médias pouvait s’accélérer, et si l’Etat donnait des sous, la presse irait
beaucoup mieux. Pas un instant il n’imagine que la presse attirerait plus si elle
correspondait mieux aux attentes des lecteurs en termes de diversité, d’équité
et de vérité...
Le rapport est publié sous la signature de Martine Esquirou, vice-présidente
relations extérieures, Thomson (groupe Médias).
Pour
télécharger le rapport :
http://www.institutmontaigne.org/site/page.php?page_id=2455
* L’Institut Montaigne est un
laboratoire d’idées créé en 2000 par Claude Bébéar.
** La clause de cession : quand un journal cesse de
paraître, qu’il est vendu à un autre ou quand son orientation éditoriale est
profondément modifiée, le journaliste peut demander à partir tout en bénéficiant
de droits identiques à ceux qu’il aurait s’il était licencié économique
(article L.761-5 du Code du travail).
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