Halte au feu des commentateurs manipulateurs
La presse, écrite, audiovisuelle et internet, connaît, depuis quelques années, des dérives qui s'amplifient : on n'informe plus, on déforme et on donne son avis.
On pourrait dresser la liste de la trentaine de commentateurs chroniqueurs de la presse écrite, de la presse audiovisuelle, de la presse internet, de la petite caste journalistique parisienne qui essaie de faire la pluie et le beau temps dans les médias.
De journalistes passeurs d'information, ils se sont mués en commentateurs mettant en avant leur opinion personnelle, en manipulateurs de l'opinion. Et cela ne fait qu'empirer.
Omniscients, commentant tous les sujets, ils passent de la politique qu'ils croient connaître parce qu'ils fréquentent certains milieux bien informés, à l'économie, qu'ils ne maîtrisent pas, à la société qu'ils connaissent depuis Paris, 5ème ou 16ème arrondissement.
Toute l'actualité doit rentrer dans leur schéma préétabli. Tout homme et toute femme en action (élus, chefs d'entreprise, chefs syndicalistes, décideurs) sont passés au crible de leur idéologie.
Tout pouvoir est négatif, soupçonné, vilipendé. Du haut de leur piédestal, qu'ils ont édifié eux-mêmes, ils dissertent jour après jour, ils ne décident de rien, n'agissent pas, laissent les autres mouiller leur chemise.
Le gouvernement aurait dû faire cela, aurait dû agir dans ce sens... Les entrepreneurs sont des profiteurs... L'opposition ne critique pas assez, est divisée..
Ils distribuent les bons points et se gaussent des erreurs des politiques. Les commentateurs sont les seuls à ne pas commettre de bévue.
Imbus d'eux-mêmes, suffisants, le sourire au coin des lèvres, méprisants pour les élus de la République, pour ceux qui ont des responsabilités dans les entreprises et pourvoient par leur action à des milliers d'emplois.
Ils connaissent tout de la politique internationale. Leurs vacances en Tunisie, en Egypte ou ailleurs leur permettent-elles de juger ? Invités sur les plateaux de télévision ou dans les débats radiophoniques, toujours les mêmes, à se conforter l'un l'autre.
Ils parlent de tout, de Cuba, de la Chine, du SIDA, des accords militaires, de la déforestation, de Nadine Morano, de Ségolène Royal, du cours des matières premières, de la Réserve Fédérale Américaine...
On ne s'étonnera pas alors que les français disent s'éloigner des politiques, remettent en cause tout pouvoir quel qu'il soit. Moroses, sceptiques, ils vont vers les extrêmes.
Qui les a poussés ? Ceux qui, jour après jour, devraient donner des informations exactes et impartiales, sur les courants politiques, économiques, les actions entreprises, et qui en fait jouent le buzz, la petite phrase tirée de son contexte ; ceux qui ne s'interrogent jamais sur les grands enjeux (il leur faudrait pour cela travailler leurs dossiers, recouper les informations, avoir plusieurs sources, mais autant faire dans la facilité...) ; ceux qui se nourrissent des problèmes non résolus, qui se réjouissent des drames, des difficultés, qui ne voient pas que la société avance, que des progrès sont réalisés, que les solutions aux problèmes sont possibles et qu'on les trouve souvent.
Ils sont malheureusement relayés par certains seconds couteaux qui s'abreuvent à leurs analyses et ne rêvent que de faire partie des happy few, du petit groupe des privilégiés.
Un pays démocratique a des élections à date fixe. On peut donc changer de dirigeant, si on n'est pas d'accord avec un bilan d'activités.
Pour animer les débats démocratiques, nous avons besoin de vrais informateurs qui nous donnent les éléments pour pouvoir juger, débattre et voter, pas des falsificateurs simplificateurs. Pas de "guignols de l'info" qui ne hiérarchisent rien et font de l'esbroufe à l'antenne.
Qu'ils reprennent les principes d'Hubert Beuve-Méry, fondateur du journal "Le Monde" et tout ira mieux. Les français retrouveront le plaisir démocratique de débattre des vrais enjeux.
Qu'ils relisent la "charte du journaliste", adoptée il y a un siècle, en 1918, par le syndicat national des journalistes :"un journaliste digne de ce nom tient [...] l'altération des documents, la déformation des faits, pour les plus graves fautes professionnelles".
Ou encore la "déclaration des devoirs et des droits des journalistes", de l'actuel Syndicat National des Journalistes : "le droit du public de connaître les faits et les opinions, [...], respecter la vérité, rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte" .
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