Médiapart, le journalisme retrouvé
Face à une presse manquant sérieusement de crédibilité, soumise aux lobbys, menant rarement des investigations, s’en tenant à ne pas déplaire au plus grand nombre, voici venir, grâce à internet, un journalisme exemplaire, dont Médiapart est l’un des fleurons les plus performants.
S’il faut en croire un récent sondage, 95% des français n’aiment pas leurs médias et internet est considéré comme le média les plus indépendant pour 94% d’entre eux. lien
Médiapart est l’un d’eux.
Créé le 16 mars 2008 par Edwy Plenel, suite à sa démission, en novembre 2004, du journal « Le Monde » en désaccord avec les orientations prises par le groupe dirigé à l’époque par Jean-Marie Colombani et Alain Minc, Médiapart fait preuve d’une excellente santé. lien
Cet ex-directeur de rédaction du « Monde » peut être fier de son bébé, et il envisage de créer dans les 2 ans à venir des sites thématiques, dans le domaine de l’économie notamment. lien
Dès 2010, il faisait valoir une équipe de 25 journalistes, et s’est toujours voulu un « journal numérique participatif de qualité » mais aussi « un laboratoire de recherche et un atelier de création » dans le cadre du journalisme en ligne, et pouvait être fier de ses 42 000 abonnés. lien
Pourtant il ne manque pas d’adversaires, acerbes, vindicatifs, souvent de mauvaise foi, et il n’est pas inutile d’observer la nature et l’origine des critiques.
Le philosophe Finkielkraut ouvre le bal avec cette déclaration péremptoire : « Médiapart, le site d’information qui donne envie de changer de planète »…suivi par l’ex ambassadeur Hubert Vedrine, manquant pour le coup sérieusement de mesure déclarant : « la transparence est une maladie entretenue par les vautours comme Médiapart », voire la patronne du FN affirmant audacieusement : « Médiapart rompt avec la déontologie journalistique. Ils ne se comportent pas en journaliste », suivie par son bras droit et aussi sa moitié, le nommé Aliot : « je n’ai pas à répondre à ce genre d’argumentation qui relève de la Gestapo ». lien
Dans le même camp, Florian Philippot déclarait récemment : « Médiapart fait de la mousse à partir de rien » et Jean-Vincent Placé, l’écolo improbable ajoutait : « je trouve cela incroyable, les méthodes de ce média. Soit il y a des preuves, soit il n’y en a pas ». lien
Ce joli florilège consternant pour leurs auteurs pourrait continuer longtemps, mais il serait injuste d’en occulter quelques autres, comme par exemple la déclaration de l’ex qui voudrait revenir aux affaires, sa majesté NS : « stop à la tyrannie de la rumeur et de la calomnie de Médiapart », ou de son ex ministre Hortefeux : « je voudrais ce soir encourager les téléspectateurs à lire Médiapart. Ils y découvriront ce qui n’existe pas », ou d’une autre comme Nadine Morano, connue pour la délicatesse de ses déclarations : « Médiapart me fait gerber. Je ne veux pas donner une information qui puisse ramener de l’argent à ce journal de vomi et à ce Plenel dégueulasse ».
Ziad Takieddine, que l’on avait connu mieux inspiré a même déclaré : « vous êtes d’une des saletés les plus performantes dans la saleté », à croire qu’il en connait un brin sur le sujet.
Jamais à l’abri d’un dérapage, Xavier Bertrand affirmait : « Médiapart, c’est le site qui utilise des méthodes fascistes », et Eric Raoult en remettait une couche, déclarant : « Médiapart, c’est une officine merdique qui a du caca sur les mains. »
Quant à Dominique Paillet il est convaincu que « Médiapart, c’est une honte pour le journalisme », Alain Minc ajoutant : « si vous me dites que le modèle d’indépendance pour la presse, c’est Médiapart, alors je suis assez inquiet pour la démocratie française. Rassurez-vous et croyez en mon expérience, Médiapart, ça ne marchera jamais. La presse sur le net ne peut être gratuite »…mais on connait les prédictions d’Alain Minc, nouveau Nostradamus, celui qui disait en 2011 que tout allait bien, madame la marquise, et qui ne croyait pas un seul instant à la révolte des peuples contre les élites. lien
C’est aussi lui qui avait « vu » l’Ecosse obtenir son indépendance…lien
La mise en examen, jamais condamnée, Isabelle Balkany, y allait aussi de son refrain : « je souhaite du fond du cœur que Médiapart fasse faillite ». lien
Bernard Tapie qui en connait un bout sur le sujet déclarait : « les révélations de Médiapart sont des foutaises ».
Le socialiste Dominique Lefebvre ferme provisoirement la marche en déclarant : « Médiapart, un système totalitaire »…
Il y avait donc haro sur le baudet, de gauche, comme de droite, et pourtant, Médiapart, à récemment engrangé le 100 000ème abonné, et un résultat financier de 900 000 € pour 2013…joli parcours pour une presse que l’on vouait aux gémonies. lien
De là à penser que l’indépendance d’un média n’est ni souhaitable à droite, ou à gauche…
Alors que faut-il penser de ces déclarations fracassantes qui tentent de mettre au banc du journalisme ceux qui, justement, n’ont pas choisi un camp,
La droite de l’ancienne présidence clamait haut et fort qu’il s’agissait de déboulonner son idole, dans l’affaire Bettencourt, et dans quelques autres… mal lui en prenait, car Médiapart, peu de temps après, sortait l’affaire Cahuzac, mettant définitivement hors jeu l’accusation de favoritisme, ce qui n’avait pas empêché Sarközi de déclarer : « Médiapart c’est quoi ? C’est une officine. Au service de qui ? Vous savez très bien, au service de la gauche ».
Affirmation bien mal fondée, puisqu’on sait aujourd’hui que Médiapart n’épargne personne, ni à gauche, ni à droite.
Il ne faudrait tout de même pas oublier le Canard Enchaîné, qui, sans publicité, tire sur tout ce qui bouge quand il y a matière à le faire, et qui est à l’origine de la mise en évidence de nombreuses affaires.
De l’affaire des diamants de Bokassa, qui a couté sa place à un certain Giscard, à celle des avions renifleurs, en passant par l’affaire Urba Gracco, Michel Noir, Alain Carignon, et tant d’autres, le petit canard n’a pas fini de faire trembler, voire tomber, les plus grands, et alors que certains ne veulent y voir qu’une presse d’humour, le Canard Enchaîné, a fait preuve depuis des dizaines d’années, qu’il était un vrai journalisme d’investigation. lien
Le journalisme d’investigation indépendant n’est donc pas mort, y compris sur le net, lorsque des bloggeurs curieux et méticuleux, se mêlent d’informer.
Il ne faut en effet pas oublier les autres sites d’information indépendants : « Reporterre, Bastamag, Terra Eco, Arrêt sur Image ; Youphil, Sémaphores info, Centpapiers, Agoravox, et beaucoup d’autres que les lecteurs ne manqueront pas de signaler.
Comme dit mon vieil ami africain : « parfois, il mieux vaut se taire, quitte à passer pour un con, que de l’ouvrir et ne laisser aucun doute sur le sujet ».
L’image illustrant l’article vient de « sam-articles.over-blog.com »
Merci aux internautes de leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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