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Yes men

Parler des Yes men, c’est parler des documentaires que nous lâchent les USA depuis quelque temps, une mode qui n’est pas en passe de s’essouffler. Et ceux qui parviennent à traverser l’Atlantique partagent immanquablement la même caractéristique : gauchisant (le terme est libéral, aux USA), critiquant le système, dénonçant la pauvreté étasunienne et mondiale, rejetant le mode de gouvernement du président George W. Bush. Parler des Yes men, c’est dans un premier temps emprunter le chemin de traverse nommé Michael Moore.

Une clique de documentaristes critiques de leur propre pays s’est réunie au fil des années autour du désormais fameux Michael Moore, le premier à avoir eu du succès dans les années 1990, en attirant l’attention des médias sur les injustices sociales que subissent ses concitoyens. Pour cela, caméra au poing, Moore parcourt inlassablement son grand pays, visitant sa petite ville natale (Flint), les mégalopoles, et faisant parfois quelques brèves incursions au Canada (pour réaliser sa seule fiction à ce jour, mais aussi pour tenter de démontrer que les Canadiens sont naturellement plus pacifiques que les Etasuniens).

Encombré d’un manque de bagage intellectuel, privilégiant l’émotion à la réflexion, Moore a été attaqué de toutes part, bien que principalement aux USA. Car c’est avec l’arrivée de Bush au pouvoir que Moore a pris de l’ampleur en Europe. La guerre en Irak, avec son documentaire consacré - Fahrenheit 9/11 - a propulsé Moore au panthéon des Etasuniens respectables : adulé dans les milieux associatifs et alternatifs depuis quelques années déjà, il a très rapidement dépassé un cercle traditionnellement acquis à ce type de discours pour être cité, commenté, aimé parmi tous les Européens opposés à l’administration W. Bush, c’est-à-dire... 95% de la population européenne...

A tel point que beaucoup ont oublié que Moore - au contraire de Chomsky, pour citer le critique le plus connu - n’est pas un intellectuel, mais un dénonciateur. Qu’il n’est pas porteur de vision d’avenir, mais fait seulement office de thermomètre indiquant qu’une température trop élevée a été atteinte. A la manière d’une ampoule vous empêchant de marcher, sans résoudre le problème des chaussures, Michael Moore signale que la distance parcourue est déjà trop longue.

Moore cristallise la critique très médiatisée qui prend forme depuis une quinzaine d’années aux USA. Il était donc normal que viennent graviter d’autres réalisateurs, désireux de rentrer dans le lard : de manière littérale, c’est Morgan Spurlock et son Super size me. Mais c’est aussi les Yes men, soit Mike Bonanno et Andy Bichlbaum, deux hommes qui se mettent en tête de parodier l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en créant un website réplique de celui de l’organisation : www.gatt.org.

WTO- OMC

Dans une approche très “moorienne” (on tourne en dérision ceux que l’on combat, l’humour est omniprésent, pas de projet d’avenir présenté, on se restreint à la critique), les deux compères parcourent le monde pour donner des conférences sur l’OMC. Car le site Web mis en place est source de nombreuses invitations, des webvisiteurs ayant oublié que le GATT a fait place à l’OMC en 1995 déjà. La parodie devient source de farce, lorsque Bonanno et Bichlbaum présentent à une assemblée un appareil pouvant permettre au patron de demain de vérifier la productivité de ses employés au moyen d’un appendice énorme... qui a toutes les caractéristiques d’un sexe démesuré sur électrodes.

Amusant, mais on ne sait même pas à qui s’adressent les deux acolytes. Car sous prétexte de dénoncer la gestion irresponsable de l’OMC, ils s’apesantissent lourdement sur la passivité de leur auditoire ; quel intérêt, si l’on ne connaît pas sa composition  ? Est-il formé de décideurs, ou de quelconques cadres qui ne pourraient pas prendre toute la mesure des horreurs proférées  ?

Les documentaires satellites de la lune Michael Moore ont le même intérêt que l’astre lui-même : ce n’est pas la rigueur des recherches, ni celle des solutions proposées qui captent l’attention. Non, c’est l’humanisme de tous ces gens, dont les réalisations sont froidement accueillies aux USA. C’est le courage de ces hommes, qui bravent par tous les temps un certain confort de pensée, montrant sans relâche les exclus du système, chaque année plus nombreux dans leur pays. C’est une opposition frontale au pouvoir qui n’a rien d’un romantique combat, mais a pour but au contraire de solliciter une nouvelle bienveillance envers les démunis.

Flyer contre l’OMC

Mais autant l’avouer, the Yes men sonne creux, s’en prenant à l’OMC comme si l’organisation était souveraine et imposait sa propre volonté à ses membres. Abattre l’OMC, c’est abattre le chantre du libéralisme inégal, semblent dire les Yes men. Les choses sont en réalité bien plus complexes : l’OMC, tout comme le GATT avant elle, n’est que le résultat de la volonté de ses Etats membres, ce n’est qu’un traité instituant un lieu de discussion permanent. Si aujourd’hui les textiles et les produits agricoles ne sont pas soumis aux mêmes règles libérales que celles en vigueur sur les échanges financiers ou de haute technologie, c’est parce que certains membres de l’OMC refusent d’ouvrir leurs marchés et de faire cesser leurs subventions. Mais ce ne sont pas les règles originelles de l’OMC qui sont en cause... puisque l’OMC n’est que le reflet des rapports de force inégaux mondiaux. L’OMC n’a pas de puissance suffisante pour faire pencher la balance vers les pays pauvres, justement parce que ce n’est pas un organisme autonome. Il est donc consternant de voir, sans arrêt, des attaques sans fondements continuellement dirigées vers l’OMC. Alors qu’il y a bien d’autres reproches à lui faire, mais passons.

Une recherche plus poussée aurait permis de prendre conscience de cet état de fait, et de corriger cette erreur trop commune. Elle est donc d’autant plus impardonnable que le documentaire fait reposer tout son argumentaire sur l’idée que l’OMC est l’organisme à la source de la pauvreté dans le monde, alors que c’est la politique des membres de l’OMC qui est condamnable. Ce qui revient à s’en prendre aux nations, qui rétorqueront qu’elles ne font que défendre les intérêts de ceux qui ont élu les dirigeants...

Alors oui, les documentaires de Moore & cie sont parfois peu documentés, tirant sur l’affect. Soit, je ne m’attendais pas à des découvertes fondamentales en voyant les Yes men. Mais autant je comprends que, guidés par l’envie de changer les choses, aveuglés par la souffrance qu’on peut côtoyer quotidiennement, sous nos latitudes ou ailleurs, on veuille foncer pour crier toute l’injustice, autant je ne comprends pas la vindicte, la cabale parfois, déclenchée autour de Moore et de ses complices. Des critiques totalement déplacées, n’ayant pour but que de décrédibiliser la sincérité de ces réalisateurs, comme s’ils étaient les hommes à abattre. Des attaques qui, si elles viennent des gouvernements, sont compréhensibles ; mais comment les comprendre lorsqu’elles émanent de citoyens simplement choqués qu’on ose s’en prendre à leur gouvernement ? Vouloir blâmer un système qui fabrique l’exclusion, qui se durcit année après année, est-ce si condamnable  ? Après tout, et avec ici beaucoup d’acuité, les Yes men voudraient voir les règles d’échange se concentrer plus sur les droits de l’homme que sur la rentabilité nationale ; les anti-Moore le comprennent-ils ?

Entre ceux qui, par excès de zèle, prêchent naïvement l’amour du prochain, et ceux qui, par excès de cynisme, préfèrent vilipender les premiers, mon choix est fait. Espérons que beaucoup de nouveaux satellites soient attirés par la puissance de l’attraction “mooriesque”, et continuent - indirectement - à donner la parole aux démunis.


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22 réactions à cet article    


  • Elias (---.---.231.101) 20 avril 2006 11:22

    Bonjour Psykotik,

    Votre article est excellent et rappelle que Michael Moore n’est rien d’autre qu’un provocateur, même s’il n’est pas dénué de talent.

    Je pense que sa vision du monde est inutilement manichéenne, et que d’une certaine façon, il dessert la cause de la gauche libérale américaine, dont je me sens proche.

    Il est le symbole d’une certaine forme d’hystérie, qui s’empare de certains « liberals » américains, et qui est très similaire à celle de la droite religieuse fanatique américaine (je parle de Robertson et Co., pas de Billy Graham). Ceux là mangent bio, ne fument pas et organisent de grandes cérémonies de détestation de George W. Bush, mais qui ont oublié les principes fondateurs : « freedom from want », protection des droits civiques et des libertés individuelles, justice sociale.

    Ils restent, comme tu le dis, dans la dénonciation, sans rien proposer. Ils sont bien loin de leurs idéaux. Michael Moore ne fait que leur donner une légitimité populaire qu’ils n’ont pas, en se proclamant tribun du peuple.

    Elias


    • Jean-Claude Vignoli Psykotik 20 avril 2006 12:05

      Bonjour Elias,

      Merci pour ta réponse !

      « Je pense que sa vision du monde est inutilement manichéenne, et que d’une certaine façon, il dessert la cause de la gauche libérale américaine, dont je me sens proche. »
      Je ne suis pas sûr qu’il desserve vraiment sa cause ; je crois qu’il a un rôle à jouer, que la provocation peut être salutaire. Parfois, l’électrochoc est nécessaire...
      « Ils restent, comme tu le dis, dans la dénonciation, sans rien proposer. Ils sont bien loin de leurs idéaux. »
      Là non plus je ne te suis pas non plus : ce n’est pas parce que tu critiques sans proposition d’avenir que tu es condamnable.

      Il est préférable, bien sûr, d’amener sur la table des projets lorsqu’on s’en prend à l’establishement ; mais ne pas savoir comment réformer l’économie mondiale ne doit pas empêcher qui que ce soit de la trouver injuste, en voyant le nombre de personnes qui restent sur le carreau à cause d’elle.

      Comme je le dis en conclusion, je préfère de loin « ceux qui, par excès de zèle, prêchent naïvement l’amour du prochain, [à] ceux qui, par excès de cynisme, préfèrent vilipender les premiers ». Je veux garder la tête froide, et critiquer des mécanismes et des approches discutables ; mais je ne discute en aucun cas du bien-fondé de telles approches.

      Je ne crois pas Moore et Chomsky antinomiques, mais plutôt complémentaires... même si ma formation, mon expérience tendent à me diriger vers le deuxième :)


    • Elias (---.---.231.101) 20 avril 2006 12:23

      Lol.

      Je suis bien d’accord sur le fait que Michael Moore a une utilité. Cracher dans la soupe n’était pas mon intention.

      Ce que je voulais dire, c’est que son existence est le symbole que la gauche libérale américaine, comme la gauche française, d’ailleurs, n’a plus de véritable idée, et s’est éloignée de ses principes. Son seul objectif est le rejet.

      La dénonciation n’est pas en soi mauvaise. Mais elle finit toujours par lasser quand elle n’est accompagné par rien. Dès lors, il devient aisé de contrer son influence : Moore est devenu, pour bien des personnes, un agitateur d’extrême gauche qui utilise une certaine forme de démagogie. Son message est occulté.

      Que retire t-on des films de Moore ? Nous voulons une alternative, axée sur l’humain. Mais nous n’avons plus de ripostes concrètes face au TINA (« There is no alternative »).

      Le résultat : la gauche modérée perds de son influence, parce qu’elle n’offre rien de nouveau et qu’elle est assimilée à la seule dénonciation. Les extrêmes, par contre, voient leur influence s’élargir, alors que leur discours fragilise la démocratie.

      Je suis le premier à regretter cet état de fait.

      Elias


    • Jean-Claude Vignoli Psykotik 20 avril 2006 14:32
      « Que retire t-on des films de Moore ? Nous voulons une alternative, axée sur l’humain. Mais nous n’avons plus de ripostes concrètes face au TINA ( »There is no alternative").

      Le résultat : la gauche modérée perds de son influence, parce qu’elle n’offre rien de nouveau et qu’elle est assimilée à la seule dénonciation. Les extrêmes, par contre, voient leur influence s’élargir, alors que leur discours fragilise la démocratie."

      Suivant les jours, j’ai aussi tendance à penser cela. Mais d’autres jours, lorsque je ne vois que passivité et protection des acquis parmi mes congénères, je pense que le travail de Moore & Cie n’est pas si inutile.

      Mon coeur et ma tête balancent continuellement...


    • Elias (---.---.231.101) 20 avril 2006 14:36

      Lol

      C’est pourquoi les provocateurs sont utiles. Cependant, que leurs provocations ne soient pas suivies d’effets (d’une prise de conscience par la politique) est terrifiant.

      Elias


    • dom (---.---.178.181) 20 avril 2006 12:36

      Il ne faut pas TOUT faire pour enterrer une idée et se plaindre ensuite qu’il n’y a plus d’alternative, simplement parcequ’on ne veut pas la voir.


      • Elias (---.---.231.101) 20 avril 2006 13:15

        Dom,

        Mon propos n’est pas qu’il n’y a pas d’alternative, bien au contraire.

        Il est que la gauche a oublié ses principes de bases (dont j’ai fait l’énumération) au profit d’une politique molle de dénonciation.

        Le problème de Moore, c’est qu’il est le symbole de cet état de fait. Ses travaux servent de justification à une opposition molle ou a un extrêmisme dangereux.

        Nous avons, grâce à ses documentaires, ainsi qu’à ceux de ses suiveurs, des exemples de la souffrance, des injustices et des incohérences qu’engendrent la situation actuelle.

        Cependant, notre incapacité a y réagir permet à une droite dure de nous culpabiliser, en nous accusant de nous approprier des souffrances qui ne sont pas les notres, mais celles d’honnêtes travailleurs, qui ont d’autres choses à faire. Ce qui leur permet ensuite de négliger ces même travailleurs, sous prétexte que l’ultra-libéralisme leur permettra de subsister. C’est quand même épatant !

        Résultat : M.Moore et consorts, qui ne sont finalement que des provocateurs (même si la provocation est salutaire), ne font que relayer des idées d’extrêmistes, plutôt que d’offrir une alternative construite, en se fondant uniquement sur l’émotionnel.

        La gauche, française comme américaine, soit réaffirmer ses principes avec force, sans pour autant tomber dans l’irrationnel extrêmiste. Ca ne devrait pas être si dur. Réapproprions nous au moins cette philosophie humaniste, au lieu de nous contenter de dire : votre politique crée de la souffrance, elle crée des inégalités, elle obère le futur. Le reste coulera de source.

        Elias


      • Jean-Claude Vignoli Psykotik 20 avril 2006 14:26
        « Réapproprions nous au moins cette philosophie humaniste, au lieu de nous contenter de dire : votre politique crée de la souffrance, elle crée des inégalités, elle obère le futur. Le reste coulera de source. »

        Rien de particulier à ajouter, je voulais seulement mettre en exergue ces deux phrases lumineuses.


      • cadaveric (---.---.85.71) 20 avril 2006 13:16

        « Moore n’est pas un intellectuel », déjà, à partir de là, je ne prends pas la peine de lire la suite de votre article. Si vous préferez la vision d’un BHL (intellectuel reconnu, quand bien même c’est un pitre) à celle d’un citoyen engagé offrant au monde un point de vue informé malgré son abscence de « bagages » c’est que vous êtes à côté de la plaque. Joyeuse masturbation.


        • Jean-Claude Vignoli Psykotik 20 avril 2006 14:29

          Amusant : BHL est pour moi tout autant un intellectuel que Moore. Mais il possède en plus la caractéristique d’être un imposteur, car au contraire de Moore, BHL se dit un intellectuel...

          Bref, si tu ne souhaites pas lire mon article, je ne sais pas pourquoi tu y réponds... ou alors, à la manière des Yes Men, tu aimes critiques les choses sans prendre la peine de savoir ce que tu critiques ?


        • Clément (---.---.89.19) 20 avril 2006 15:21

          Un conseil, lit l’article !!


        • nantor (---.---.131.113) 20 avril 2006 15:15

          Article intéressant, merci Psykotic (pas trop quand même ?)

          Faut de tout pour faire un monde.

          Moore est comme le dit l’article un thermomètre plus qu’un intello.

          Sans être trop trivial, le thermomètre a été enfoncé suffisament profondément pour réveiller (un peu) les américains. Rien que pour ça, vive le thermomète !

          Après, il faut effectivement des analyses, contre-analyses, donc des intellos.

          M’enfin, pas trop d’intellos quand même, ça pourrait à la longue être pénible et endormant.


          • Nicolas Voisin (---.---.144.42) 20 avril 2006 17:12

            « C’est pourquoi les provocateurs sont utiles. Cependant, que leurs provocations ne soient pas suivies d’effets (d’une prise de conscience par la politique) est terrifiant. » (commentaire de Elias)

            > « Ces analystes, si différents soient-ils, ont cependant un point commun : ils ne sont pas sérieusement pris en considération par les élites au pouvoir » (extrait d’un autre article (baudrillard) aujourd’hui en ligne :)

            ... bégaiement instructif !


            • Marsupilami (---.---.180.244) 20 avril 2006 17:25

              Ouaf !

              Personnellement, je suis absolument contre la provocation gratuite !

              Houba houba !


            • zoï (---.---.58.60) 20 avril 2006 18:10

              Si je résume le point de vue dominant : il faut que Moore devienne enfin un clown sérieux. Fichtre ! Qu’il est parfois douloureux de parler d’humour...


              • (---.---.16.241) 20 avril 2006 18:55

                Moore peut/doit continuer son travail, par contre il serait bon que certains plus qualifiés proposent des alternatives aux citoyens ainsi « réveillés » par les commentaires du dit-clown. Ce n’est malheureusement pas le cas ce qui a pour conséquence cette impression de lassitude que laissent les dernières oeuvres de Moore.

                C’est comme pour d’autres actualités, les premières images révoltent, puis à force d’absence d’évolution de la situation, les gens se désintéressent pour enfin être exaspérés et presqu’en vouloir à ceux qui ont initialement lancé le sujet.


              • Jean-Claude Vignoli Psykotik 20 avril 2006 19:17
                « Ton article est sympa mais il pêche par trop d’inéxactitude et surtout d’amalgame »
                Que tu réfutes l’amalgame moore-yesmen je le conçois (et je vais t’y répondre), mais j’aimerais que tu me pointes les inexactitudes de mon texte. Car je pense (et je veux) en rester aux faits, moi qui critique le manque de documentations des moore et Yes Men.
                "il y a en effet une différence fondamentale entre Moore et les Yes Men : Moore n’est effectivement qu’un trublion du système (qui a cependant le mérite de dénoncer l’injustice et c’est déjà pas mal).

                Pour les Yes men, on est carrèment dans le domaine de l’action[...]"

                Je me dois de te rétorquer que Moore a réussi quelques petits changements autour de Wal-Mart, dans l’attitude de certains vis-à-vis des syndicats, fais des conférences, anime un show, rencontre le PDG de Nike, s’investit en politique, etc.

                Sans vouloir discuter de la réussite de ces actions (débat stérile à mon avis), je ne vois pas de différence entre Moore et les Yes Men. Les deux veulent choquer, les deux s’en prennent à l’establishement, les deux veulent ouvrir les yeux de l’opinion publique.

                Après, que tu apprécies plus les actions des Yes Men, c’est un autre problème : mais le mode opératoire me semble identique à celui de Moore.

                « Ayons les yeux ouverts et par avance aux censeurs et »pisse froids« , renseignez vous avant de me commenter »
                J’aimerais comprendre : j’attaque le travail des Yes Men, ce à quoi tu rétorques « mais ils font pleins d’actions concrètes à côté, et n’ont rien à voir avec Moore ». Tu es donc d’accord avec ma critique sur la qualité de leur travail ?

              • nantor (---.---.131.113) 20 avril 2006 20:19

                Je ne suis pas un spécialiste des Yes Men comme semble l’être Shawford.

                Sans me renseigner avant de te commenter (!) je trouve que Moore a des résultats qui dépassent son simple rôle de trublion.

                Résultats indirects, certes, mais résultats tout de même ...

                Signé : nantor paspissefroid/pascenseur


              • Le bateleur Le bateleur 21 avril 2006 07:43

                « En second et sans m’étendre ils ont silloné toute l’Amérique en bus lors de la précédente campagne présidentielle aux USA pour stigmatiser les errances du premier mandant de Bush, ils ne se sont pas contenté de faire un film (ou bien à postériori pour faire parler de leur action). »

                Tout à fait contre productif !

                Les pressions que font actuellement, tout type de pédagogues pour expliquer qu’il ne faut pas voter pour quelqu’un : Waldeim, Bush, Berlusconi, Sarkozy, ...

                obtiennent toujours l’effet inverse à celui qui était visé.

                Autant pour des actions un peu lourdes comme celle de Moore que pour celles qui se veulent plus fines et drôles telles que celles des Yes Men.

                Ce monde déteste les pédagogues ... ils y sont perçus, souvente fois à juste titre, comme des démagogues.

                Un certain nombre de leaders politiques ont compris cela, qui favorisent plus ou moins ouvertement leurs caricaturistes (en image, en texte, en mixt (blog) )

                Luc Comeau-Montasse

                du fagot des Nombreux

                (il y aurait, au-delà de ce débat politique, un parallèle à faire entre la production et les intervention des Yes men et l’art moderne ... essentiellement « art plaisanterie » basé sur « la performance » qui donne un peu (si peu) de chair à une idée.


              • Dominique L (---.---.189.14) 20 avril 2006 19:01

                Le problème de Michael Moore est bien que ,comme vous le dites, il préfère « l’émotion à la réflexion ». En cela il fait du reportage télé « populaire » qui joue sur l’affectif au détriment de l’analyse. Dégoulinant de bonnes intentions, il donne dans le manichéisme ( comme Bush , sauf que pour lui l’Empire du Mal c’est l’Amérique) et n’hésite à utiliser les procédés les plus racoleurs pour rallier à sa vision des choses.

                C’est pour cela qu’il conforte l’anti-américanisme primaire , si prospère en France. En lui décernant la palme d’or à Cannes , on lui a donné une récompense politique pour son opposition à Bush et pas une récompense artistique car son documentaire n’a aucun rapport avec le Septième Art.


                • nacer (---.---.213.50) 20 avril 2006 21:21

                  pour ma part je vous invite à lire cet article ! « The Yes Men » : la guérilla altermondialiste armée de canulars LE MONDE | 29.03.05 | 17h05 • Mis à jour le 29.03.05 | 17h05

                  ocumentaire américain de Chris Smith, Dan Ollman et Sarah Price (1 h 23.)

                  C’est un réseau d’activistes altermondialistes bourrés d’humour et d’audace. Héritiers des situationnistes et de Fluxus, les Yes Men cultivent un art raffiné de l’imposture qui leur permet d’infiltrer les médias les plus puissants et d’y livrer une guérilla musclée. Vingt ans après la catastrophe écologique du Bhopal qui fit 20 000 morts en Inde, l’un d’eux s’est par exemple fait passer auprès de la BBC pour le porte-parole de Dow Chemical, le groupe propriétaire de l’usine dont s’est échappé le gaz mortel, et a annoncé à l’antenne que son employeur reconnaissait sa responsabilité et offrait 12 milliards de dollars de compensation à la région et à ses victimes. Dow Chemical n’a eu d’autre choix que d’annoncer publiquement que la société ne ferait rien de tout cela.

                  Avec un arsenal qui allie le virtuel et le réel, la performance physique et la médiatisation, les Yes Men distordent la rhétorique capitaliste en remplaçant le théorique et le politiquement correct par des chiffres et des faits qui illustrent les effets concrets du capitalisme mondialisé.

                  Le documentaire de Chris Smith, Dan Ollman et Sarah Price porte sur une série d’actions menées contre l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Une bonne partie du film tourne autour de la fabrication d’une combinaison dorée dont s’échappe, quand on l’en libère, un pénis géant en érection. Le vêtement était l’ancrage d’une performance en Finlande, lors d’une conférence où Andy Bichlbaum et Mike Bobanno, fondateurs des Yes Men, se faisaient passer pour deux cadres de l’OMC. Après une introduction dans laquelle ils démontrent, chiffres à l’appui, la supériorité en termes de rentabilité de la délocalisation de la main-d’oeuvre dans le tiers-monde sur l’esclavage, Mike arrache le costume de son collègue et découvre le phallus géant. Doté d’une caméra en son extrémité, il permet aux chefs d’entreprise, pendant leurs loisirs, de surveiller en permanence le travail dans leurs usines aux quatre coins du monde.

                  Hilarante, cette intervention accomplie avec le plus grand sérieux n’en est pas moins inquiétante par l’absence de réaction qu’elle suscite dans le public d’élites politiques et économiques qui y assiste, manifestement anesthésié par le label OMC sous lequel se sont présentés les deux hurluberlus.

                  UN VRAI SPECTACLE

                  Selon une forme simple et honnête, Yes Men suit ainsi, sans commentaire, plusieurs de leurs interventions sur une période de quelques mois, depuis la préparation jusqu’à la représentation finale. Un véritable spectacle, dans lequel on se déguise, on joue le rôle d’un autre, devant un public...

                  Ce film qui étudie une forme d’action politique est par bien des aspects un documentaire sur le travail d’acteur et invite à réfléchir sur les fins, les moyens et l’efficacité de l’action politique dans une société hyper-médiatisée. Obligés, pour continuer à duper le monde, de changer constamment d’identité, de réinventer de nouvelles formes d’interventions, les Yes Men posent des questions passionnantes, notamment sur l’opportunité ou non d’utiliser les armes de l’ennemi.

                  Isabelle Regnier Article paru dans l’édition du 30.03.05


                  • Eric (---.---.51.114) 24 avril 2006 00:28

                    Aujourd’hui, les patrons ont besoin de Yes men, des gens qui disent oui à tout. Pas comme les Yes men...

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