28 avril 2007, le Conseil constitutionnel annule le premier tour des présidentielles
A*F*P 28/04/07, 11h 27. La décision vient de tomber. Réunis en conseil extraordinaire, les neufs sages ont annulé le premier tour des élections présidentielles. En conséquence, les électeurs devront se représenter aux urnes à une date qui devrait être prochainement fixé par François Baroin, ministre de l’Intérieur.
Rappelons les faits. Au soir du 22 avril, alors qu’il est 18 heures 30, les instituts de sondages donnent pratiquement tous François Bayrou et Ségolène Royal à égalité, Nicolas Sarkozy étant qualifié, fort des ses quatre points d’avance sur les deux suivants, écart suffisamment fiable pour que le résultat soit acquis, tout comme celui de Jean-Marie Le Pen accusant cinq points de retard sur les seconds. Dès 18 heures 40, les estimations commencent à circuler sur le Net, de forum en forum, de blog en blog. Des centaines de sites commentent la nouvelle. Et l’on voit même jaillir quelques consignes enjoignant les abstentionnistes à se précipiter dans les urnes. Cela concerne évidemment Paris et les grandes villes. La règle du scrutin permet en effet à ces électeurs cette facilité, contrairement aux citoyens des zones rurales dont les bureaux ferment à 18 heures, ce qui permet d’ailleurs aux instituts d’avoir accès aux premiers résultats qui, sitôt sortis des urnes, sont insérés dans les machines statistiques pour une extrapolation au niveau national.
Les assesseurs peuvent en témoigner, entre 19 et 20 heures, les bureaux de désemplissent pas. Bien évidemment, les chaînes publiques de télévision restent muettes, obéissant à la loi, attendant le compte à rebours de 20 heures pétantes respecté à la seconde près, malgré le désir pour chaque rédaction de griller cinq secondes et se délecter d’avoir « scoopé » la concurrence. Les estimations annoncées dans les journaux télévisés ne démentent pas les extrapolations précédentes ayant circulé sur le Net. Il y a bien deux candidats à stricte égalité. Le suspense durera toute la soirée. Ce n’est que vers deux heures du matin qu’une très légère tendance s’affirme pour Madame Royal mais aucune chaîne s’ose s’avancer. Il faudra attendre le lendemain et le communiqué de François Baroin pour connaître le résultat définitif. Madame Royal est qualifiée avec 23,422 % des voix, derrière Monsieur Sarkozy qui recueille 26,888 % mais devant Monsieur Bayrou qui lui, est crédité de 23,417 % de suffrages. La différence tient à peu de choses. 12 542 suffrages.
Compte-tenu de cet écart, Bayrou, après avoir réfléchi une journée, annonce le lundi, au JT de France 2, face à Pujadas, qu’il confirme son intention de saisir le Conseil constitutionnel pour une requête en annulation au motif que la diffusion des estimations issues des instituts de sondages et élaborées à partir de résultats réels ont pu influencer les électeurs de dernières minutes, rendus en nombre dans les urnes, le privant d’une possible seconde place. Rappelons que la loi interdit la diffusion des résultats sortis des urnes tant que le dernier bureau de vote n’a pas fermé.
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Ce scénario de politique-fiction peut très bien se produire en 2007. Ceux qui ont suivi le référendum de 2005 sur la Toile savent très bien de quoi il est question. Tous les internautes ayant leurs bonnes adresses du Web savaient dès 19 heures le résultat alors que l’on votait encore. Le phénomène de l’arrivée en masse des électeurs dans les bureaux parisiens a été avéré, mais ces gestes étaient vains car on ne rattrape pas comme cela dix points d’écart. Par contre, on peut très bien imaginer qu’une situation de même nature puisse influer sur le résultat des présidentielles en cas d’écart très serré. Mon exemple a été créé pour la démonstration. Il va de soi qu’avec deux points d’écart (plus ou moins 600 000 électeurs), aucune contestation n’aurait été possible.
Je ne sais pas si les services du ministère de l’Intérieur ont réfléchi à ce problème, tout récent puisqu’il date de l’ère du Net et des téléphones mobiles, mais ils feraient bien d’étudier la question pour parer à cette éventualité. Deux possibilités sont offertes. Ou bien fixer une date unique pour la fermeture des bureaux de vote, ou bien interdire l’accès des premiers dépouillement aux instituts de sondages qui pourront alors se contenter d’estimations basée sur des enquêtes à la sortie des urnes, chiffres qui ont le sait, son nettement moins fiables. Il va de soi que la première solution s’avère la plus sûre.
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