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Ce que les sondages politiques nous disent (ou pas)

Le sondages d'opinion n'ont certes aucune intention manipulatoire. Mais leur méthode est peut-être contestable. Point de vue et arguments.

Les campagnes électorales multiplient les sondages. La France prise cette compétition du miroir des opinions.

Depuis quelques mois, il ne se passe pas une semaine sans connaître la croyance de l'opinion sur les candidats à la présidentielle de 2012 et sur les fameuses "intentions de vote" des électeurs français.

Il y a deux grandes sources de sondages politiques : les médias et les candidats eux-mêmes.

Les sondages les plus répandus sont achetés par les médias. De manière générale, la presse, la radio, la télévision, et les sites internet associés, posent des questions plutôt simples, dont la liste est limitée pour ne pas gonfler la facture.

Une question sur un panel de mille personnes est vendue, en moyenne, entre 1.000 et 3.000 euros, selon la période et l'institut de sondage. Un sondage qui tente d'analyser la structure d'un vote de façon fiable peut donc atteindre plusieurs dizaines de milliers d'euros.

Les médias répètent les mêmes types de sondages d'opinion afin de produire des analyses durant toute la campagne. Cette répétition permet la crédibilité - ou son illusion. Que se passerait-il, en effet, si les sondages variaient trop souvent ou devenaient trop complexes dans leur champ de question ? Les résultats n'auraient plus de sens pour les commentateurs au long cours... Ce serait risquer de noyer le poisson plutôt que de le ferrer.

Certes, il y a bien de temps en temps un piment dans la sauce. Comme ce sondage iconoclaste, "révélé", en décembre 2011, par le Journal du Dimanche, qui mettait en scène un candidat méconnu.

Il arrive que les candidats eux-mêmes transmettent (gracieusement) leur sondage à la presse. Quand cela peut servir leur stratégie de campagne. Forcément. Mais, la plupart du temps, les partis et les directions de campagne électorale préfèrent garder le secret de leurs propres commandes car leurs questions orientent précisément leur stratégie de communication et les thèmes de leur campagne.

Dans une catégorie (médias) comme dans l'autre (candidats), les limites des réponses sont donc assez convenues. Et dans tous les cas, le sondage n'est qu'un léger reflet instantané de ce que veulent bien lâcher les volontaires.

En effet, aucune étude d'opinion n'affiche le nombre des personnes ayant refusé de répondre aux questions, ni la quantité de sondés ayant jeté l'éponge avant le terme des questions. En politique-fiction, les exclus ne comptent pas.

Si vous ajoutez le nombre de personnes qui répondent n'importe quoi (j'ai testé avec joie), les indécis et les "sans opinion", cela fait du monde dans la marge d'erreur !

Mais, alors, comment se fait-il que les sondages s'approchent parfois de la vérité ? Poser cette question pourrait faire un sondage amusant.


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15 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 16 février 2012 08:33

    En commençant par « Le sondages d’opinion n’ont certes aucune intention manipulatoire... » vous démarrez plutôt mal votre texte du jour.
    En effet, en dehors de permettre aux politiques de « prendre le pouls » de l’opinion, les sondages sont totalement manipulatoires vis à vis de nos concitoyens en utilisant les conclusions de l’expérience de Solomon Asch sur le désir de conformisme de nombre d’entre nous.
    C’est d’ailleurs leur but principal, inciter les plus influençables -et ils sont nombreux- à suivre le troupeau.


    • Fergus Fergus 16 février 2012 09:46

      Bonjour, Alpo.

      Le désir de conformisme auquel vous faites allusion joue évidemment un rôle, mais sans doute pas déterminant au point de changer radicalement les données d’un scrutin. Et ce constat n’induit pas forcément la volonté de manipuler, même s’il pointe le doigt sur le risque de comportement moutonnier.

      Globalement, comme l’auteur, je ne crois pas à la manipulation par les Instituts. Cela relève très largement du fantasme sur les enquêtes d’intentions de vote à un scrutin. Je n’en dirais pas autant des sondages qualitatifs qui, selon la forme de la question posée, peuvent donner des résultats très différents, voire contradictoires, et par conséquent de nature à servir la communication des partis concernés (cela vaut également pour les entreprises).

      Pour ce qui est des intentions de vote, pas de trucage dans les questions significatives qui se résument généralement à deux :
      1° Si le vote avait lieu dimanche, pour quel candidat voteriez-vous ?
      2° A ce jour, votre choix est-il définitif ?

      Tous les grands instituts fonctionnent ainsi, qu’il s’agisse de l’Ifop, la Sofrès, BVA ou CSA. Et tous montrent grosso modo les mêmes résultats dans la campagne en cours ou soulignent les mêmes tendances, quels que soient les médias commanditaires, y compris lorsque ces sondages sont réalisés à l’initiative du Figaro !

      On peut toujours ergoter sur le traitement des données brutes et les correctifs qui leurs sont apportées, d’aucuns y voyant là aussi une manipulation. En fait, il n’y a pas de manipulation, ces données brutes faisant l’objet d’un traitement par des algoritmes complexes qui prennent en compte, et c’est bien normal pour éviter les pics d’erreur, les résultats des scrutins antérieurs (selon leur nature) et les distorsions constatées alors entre les intentions exprimées lors des dernières enquêtes et les résultats sortis des urnes (cas du FN notamment).

      J’ajoute un constat : j’ai toujours entendu critiquer les sondages par ceux qui sont donnés battus ou qui voient piétiner leur campagne, jamais par les autres. Et cela vaut pour tous les camps.

      Une évidence pour finir : seul compte le vote final, et même dans les derniers jours d’une campagne, celui-ci peut évoluer de manière significative. Cela ne veut pas dire pour autant que les « photographies » antérieures étaient fausses.


    • Alpo47 Alpo47 16 février 2012 13:02

      Bonjour Fergus,

      Mais il ne s’agit pas de faire « basculer » ou d’influencer tout le monde.
      Sondeurs, communicants et politiques, savent très bien qu’il y a une majorité de gens dont l’opinion est déjà faite et qui n’en démordront pas. C’est une petite minorité qu’il faut faire basculer et qui provoquera victoire ou défaite.

      On voit par exemple actuellement encore 25% de nos concitoyens,irréductibles, qui continuent de « soutenir » N.Sarkozy, alors qu’il leur prend leurs économies, les paupérise, retarde leur retraite ...etc.. Idem à gauche. Et,ceux là ne changeront que très peu de vote. Moi, par exemple, je cherche toujours le meilleur candidat (vraiment) à gauche (et j’ai du mal) et ce n’est pas demain la veille que je voterais à droite.

      Par contre, entre droite et gauche, ou « ailleurs », il y a environ 10% d’indécis qui basculent d’un coté ou de l’autre, au gré du vent, des promesses, des dents blanches de Mitterrand ou des promesses de Chirac et Sarkozy... et, pour eux, les sondages sont incitatifs. On dit que ces personnes sont « référence externe ». Elle tiennent énormément compte de l’opinion des autres, de ce qu’elles lisent, entendent ...

      On un exemple de manipulation de l’opinion, avec DSK porté aux nues, le « sauveur » de la France, que dis je du monde, qui atteignait les sommets parce que le système voulait l’installer au pouvoir... d’abord parce que les sondages en faisaient un homme providentiel et que nombreux étaient ceux qui adhéraient à cette idée.

      On l’avait également vu avec S.Royal en 2007, que les magazines et instituts présentaient comme la seule à pouvoir battre Sarkozy, histoire de « faire monter la sauce », alors que lorsqu’elle a été intronisé, les mêmes se sont mis à lui taper dessus et relever ses légèretés. Et cette manipulation concerne tout autant les sondages « trafiqués » que les articles et reportages « bienveillants » ou « malveillants ».

      Juste une manipulation de l’opinion afin que Sarkozy ait face à lui le candidat de gauche à priori le plus facile à battre.
      Ainsi fut fait.

      Je continue donc de croire que la manipulation de l’opinion inclue les sondages qui tentent de nous montrer ce que pensent les autres ... donc ce que nous devons penser


    • Fergus Fergus 16 février 2012 16:16

      @ Alpo47.

      Il n’y a pas eu besoin, pour les instituts, de manipuler l’opinion pour porter Strauss-Kahn au pinacle : cela s’est fait tout naturellement par rejet massif de Sarkozy. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Hollande a immédiatement pris le relais lorsque DSK est tombé.

      Et pas d’accord du tout pour ce qui concerne Royal : voir à cet égard mon commentaire ci-dessous : elle était de loin la préférée des militants socialistes et le public a suivi sans qu’il y ait besoin de manipuler quoi que ce soit.

      Quant au noyau dur des électeurs de Sarkozy, outre les classes aisées qui ont intérêt à voter pour lui, il ne faut pas le chercher uniquement chez les naïfs des classes populaires, mais aussi chez les catholiques intégristes, chez les commerçants, chez les paysans de tradition réactionnaire ou productiviste (la majorité), ainsi que chez les personnes âgées craintives qui voient en lui, en dépit de ses résultats médiocres, le champion de la lutte contre la délinquance. Ajoutés les uns aux autres, cela finit par faire son socle électoral.

      Cordialement.


    • Croa Croa 16 février 2012 19:05

      Si, Alpo47 a raison ! Cependant les sondages ne sont là que pour conforter la propagande avec laquelle ils doivent coller. Pour le candidat ils prouvent l’efficacité de celle-ci mais ils aident aussi le public à se conformer à l’ambiance idéologique suggérée.


    • adeline 16 février 2012 09:49

      Bonjour, si les sondages approchent de la vérité c’est qu’ils la forment souvent.
      Le gros problème des sondages c’est que l’on ne connait jamais la question posée, ni les corrections apportées. Allez voire celui de la radio du pouvoir europe1 vous allez être étonné


      • Fergus Fergus 16 février 2012 10:18

        Bonjour, Adeline.

        Ils peuvent contribuer à la former, certes, mais les exemples pullulent qui montrent que les favoris d’un moment, pourtant mesurés comme tels par les sondages, ont été battus, et parfois très nettement au final. Pour ceux-là, les sondages n’ont manifestement pas été porteurs.

        Le cas Royal est à cet égard intéressant car les gens de droite accusaient à l’automne 2006 les instituts de faire son jeu, et pour parler comme vous, de « porter sa candidature ». En février, après le croisements des courbes de janvier, ce sont les gens de gauche qui ont vilipendés les sondeurs à la solde de Sarkozy !

        Autre chose concernant Royal : on a dit et écrit qu’elle avait été un produit des sondages. C’est faux : dès 2003, après la défaite de Jospin, elle était la favorite des militants du PS, et son succès de 2006 lors de la primaire était une conséquence logique dette réalité, et non d’une fabrication artificielle.

        Encore une fois : attention au fantasme !


      • REGCHA REGCHA 16 février 2012 09:56

        « Mais, alors, comment se fait-il que les sondages s’approchent parfois de la vérité ? »

        Cela s’appelle une prophétie autoréalisatrice. Il faut lire toute la littérature sur le sujet (La fabrique du consentement, Propaganda, etc.)


        • gogoRat gogoRat 16 février 2012 13:04

          Enfin un débat susceptible de faire évoluer la politique !

           La remise en cause des techniques assurant la démocratie est de plus en plus d’actualité ( Pour s’en convaincre, il suffit de constater la demande de « démocratie participative » ... le mouvement international des Indignés ... en passant par le succès des blogs référant à E. Chouard ou aux candidats promettant une 6e République, des Référendums, une dose de proportionnelle, etc ... )

          Ce que les sondages ne disent pas ?

           Partons de cette argumentation de « Fergus (xxx.xxx.xxx.26) 16 février 09:46 » :
            « ... Pour ce qui est des intentions de vote, pas de trucage dans les questions significatives ... »

          - C’est à travers une omission, certainement involontaire, mais paradoxalement évidente, que l’on peut toucher du doigt un des leurres fondamentaux du système actuel de consultation des Français.
            Même si l’on acceptait l’opinion de cette absence de " trucage dans les questions significatives", il reste un biais, voire une astuce ou un piège commun aux techniques du scrutin et du sondage ; à savoir : la consultation est synchronisée, c’est à dire que les réponses sont demandées à un instant précis !
           Dans le cas du sondage, qui plus est, c’est le sondeur qui choisit l’instant du sondage. Or l’actualité, et son traitement par les média (entre autres) ne pas être sans incidence sur la « photographie » que prétend être le sondage !

           Concernant le scrutin, les instants de syncronistion de la mesure des choix de la population, bien qu’ils soient prédéterminés (selon une légitimité « procédurière » ... ), sont aussi une bonne aubaine pour permettre de concentrer dans le temps les méthodes spécialisées, maintenant classiques, de propagande, de publicité ou de « préparation des masses ». ( Que les acteurs de ces effets de propagande soient plus ou moins conscients de cette ruse ne change rien à ce biais structurel inhérent aux techniques de consultations synchronisées ! )....



          • Pelletier Jean Pelletier Jean 16 février 2012 17:07

            C’est une sacrée « ancienne » que de remettre en cause les sondages à chaque élection ; et on voit bien comment chaque camp exploite ceux-ci à son avantage.

            Il faut prendre un peu plus de hauteur à leur sujet. Ils ne sont pas la « boule de cristal » qui permet de dire l’avenir.

            Je rappelle qu’ils ne sont que l’instantané d’intentions de vote à un moment T. les intentions de vote fluctuent et c’est l’étude leur fluctuation qui est intéressant à étudier.

            Et puis il faut être attentif à la petite note technique qui rappelle la méthode  de sondage et l’organisation de l’échantillon observé.

            Pour l’heure, il faut observer les courbes de plusieurs Instituts pour se forger une opinion.

            Depuis quatre mois, François Hollande est en tête au premier tour entre 28 et 32 % des voix, il a plutôt tendance à gagner des points ; tout comme Nicolas Sarkozy ( 23à 25 %)qui gagne quelques points et creuse l’écart avec Marine Le Pen en troisième position.

            François Bayrou après avoir monté suite à sa déclaration de candidature plafonne et perd quelques points.

            JL Mélenchon n’arrive pas à décoller au-delà des 8à 9 %.

            Les petits candidats restent tout petit….

            On verra au soir du 1er tour ce qu’il en sera. D’ici là d’autres sondages peuvent indiquer des évolutions encore possible de ces tendances. Le débat démocratique est là pour cela.


            • gogoRat gogoRat 16 février 2012 19:08

              Croyez-vous vraiment que l’on puisse parler de débat démocratique" ?
              ... lorsque même ce « débat » concernant les sondage continue jusqu’ici d’ignorer cet autre non-dit (que les sondages ne disent pas ! ) :
               - De même que les campagnes de vote (dont ces « présidentielles ») se refusent à mesurer ce que voudraient pouvoir exprimer une écrasante majorité absolue des Français ( même en limitant leur effectif au nombre d’inscrits sur les listes électorales)
              ... de même, les sondages ignorent les Français qui se refusent à leurs stratagèmes, qui en jouent par dérision, ou encore qui les boycottent ! ...

               L’antienne qui prétend assimiler tous les abstentionistes à des fainéants ou des irresponsables est-elle plus respectable que ces sondages qui donnent corps à un premier acte de guerre civile en s’évertuant à évaluer le pourcentage de faux-frères complices d’une promesse de travail forcé ?


            • Croa Croa 16 février 2012 19:15

              « Les petits candidats restent tout petit…. »

              Evidemment
              , on sape le potentiel qu’ils pourraient avoir avant même qu’ils se présentent. En conséquence de quoi le public juge inutile de les considérer mêmes si certaines de leurs propositions sont excellentes smiley



              • takakroar 16 février 2012 18:45

                Il y a de cela une trentaine d’année, j’avais eu l’occasion de discuter avec la directrice d’un institut de sondage qui était occasionnellement sollicité par l’Administration dans laquelle je travaillais. Nous nous étions rencontrés plusieurs fois dans des groupes de travail et, entre nous, nous parlions librement. Elle m’avait dit que, tout en faisant sérieusement le travail, il était parfois nécessaire de le corriger car, si les résultats étaient trop différents de ce qu’attendaient ceux qui l’avaient commandé, ils avaient tendance à considèrer que c’était le sondage qui n’était pas bon et à solliciter, la prochaine fois un autre institut. Sur le coup cela m’avait choqué, mais finalement cela est tellement humain... Alors je pense que les instituts de sondage qui font bien leur boulot, peuvent avoir un pronostic juste, mais celui qui est publié ne doit surtout pas fâcher le client. Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est le meilleur candidat...


                • gogoRat gogoRat 16 février 2012 19:26

                   Les sondages, autant que les divinations, ne risquent-ils pas de leurrer par cet effet d’illusion maintes fois dénoncé par les pourfendeurs de charlatanisme, à savoir :
                   - en multipliant les prévisions plausibles, on a statistiquement toutes les chances d’en formuler une qui correspondra à la réalité.

                   Quelqu’un saurait-il établir une évaluation rigoureuse de la fiabilité systématique des instituts de sondages ?
                   Lorsque les prévisions se sont vérifiées, cette réussite a-t-elle été constante pour un même Institut de sondage et dans les mêmes conditions, aux mêmes stades du déroulement de la campagne de vote , etc ... ?

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