Chômage, l’interminable défaite des politiques…
C’est sans aucune surprise qu’ont été publiés les derniers chiffres du chômage en France : ils sont mauvais, très mauvais. Et désormais, notre gouvernement après une année d’existence se doit d’en endosser la responsabilité, même si la droite a pendant dix années durant déjà largement creusé le fossé. Le record absolu est battu, avec 3 224 600 demandeurs d’emploi au compteur la France n’affiche pas le pire résultat européen, n’empêche, le fléau est là, toujours bien là. Il enfle emportant femmes, hommes et enfants vers l’insécurité pour certains et la misère pour d’autres.
Mais quelle est donc cette impuissance qui frappe aussi bien la France que nombre d’autres pays européens ? Les Libéraux ont leurs explications vantant pour les uns le cruel modèle allemand où le SMIC n’existe pas, ou pour les autres, celui des anglais où précarité rime avec travail.
À les lire, on se dit qu’il ne reste que le choix du chômage à la française ou celui de la misère sociale au travail à l’allemande… C’est bien ce que j’appelle l’impuissance à endiguer le fléau. Car outre les dégâts qu’il cause dans les familles françaises, il en cause bien d’autres dans la tête de nombre d’élite française, y compris à gauche.
Déjà l’UMP, qui au pouvoir, n’avait pas osé la mettre en œuvre : la fin des 35 heures, c’est fait désormais et inscrit dans son programme politique, ainsi que la fin des CDI… Oui pour vaincre le chômage il faut mettre fin aux droits sociaux des travailleurs. Les patrons doivent pouvoir payer le moins cher possible leurs salariés et surtout les jeter sans aucune contrainte administrative et financière.
Ces idées sont un poison qui s’infiltre dans la société française. On a vu au journal télévisé la reprise de la longue cohorte des présidents français qui, depuis Giscard en 1974, disait droit dans les yeux aux Français, que tout serait fait pour les protéger du chômage : Mitterrand avec ses accents de sociale sincérité, Chirac avec son ton « on ne me le fera pas à moi » ni à vous, Sarkozy avec son bagou de bonimenteur …
Mais le précédent record de la Vème république, celui de janvier 1997 vient d’être battu. On se souvient de ce qu’il en coutât alors au gouvernement Juppé de l’époque. Le tsunami du chômage monte sans pause depuis vingt-trois mois consécutifs. Pour donner un ordre de grandeur ce ne sont pas moins mille chômeurs de plus, qui chaque jour, s’inscrivent à pôle Emploi, l’équivalent d’une ville moyenne se voit rayer de la carte du monde du travail mois après mois.
L’actualité nous fait la part belle des plans de licenciements qui s’abattent ici ou là et de la fermeture de grandes entreprises, mais elle passe sous silence le principal des troupes, celles des milliers d’anonymes qui quittent leur emploi, sans trop d’espoir de retour.
L’Europe toute entière est submergées, 26 millions d‘Européens sont sans emploi avec une moyenne de 11 % de la population active, l’Espagne et la Grèce sont aux points extrêmes avec un taux de 27 % et l’Allemagne, on y revient toujours à 5,4%, mais à quel prix !
François Hollande, pour sans doute, ne pas détonner, a repris l’ancienne des Présidents de la Vème République, il a répété depuis Pékin, c’est-à-dire des territoires qui nous menacent directement, que la lutte contre le chômage est « la seule cause nationale qui vaille ». Les Français apprécieront, eux qui viennent justement de revisionner aux journaux télévisés de 20 heures la même parole transmise depuis 1974 par tous ses prédécesseurs.
Le casse-tête, sans être chinois ( !), est pourtant absolu, toutes les formules d’emplois aidés ont été essayées, ils semblent désormais vains face à l’ampleur de la crise. Jospin, premier ministre, avait réussi à inverser la vague, mais était-ce lui ou la reprise économique mondiale qui avait alors dopé l’économie et les entreprises françaises.
François Hollande ne dispose pas de ce joker extérieur, pire le bouleversement des économies mondiales n’est pas prêt à fournir cet appoint à l’économie française. Les Américains jouent leur jeu et se détournent de l’Europe. Le départ des derniers contingents de soldats américains d’Allemagne sonne à la fois un anniversaire et un avertissement.
Les États-Unis ont compris que leur intérêt les sommait de se recentrer sur l’espace asiatique, là où la Chine puissance montante, comme on ne l’a jamais vu dans l’histoire des économies mondiales, l’interpelle. À cette interpellation s’ajoute celle de l’Inde, dont on parle peu, et dont l’économie se déploie à une vitesse foudroyante, mais il y a aussi La Corée du Sud et l’Indonésie, et les beaux restes de l’Empire du Japon.
La France a-t-elle seule les capacités de s’en sortir ? Non, il faudra encore du temps pour que la société française admette qu’elle a cessé d’être une grande puissance. Qu’elle ait encore des atouts, oui, mais leur mise en avant est un écran de fumée qui nous cache la vérité. Seule l’Europe peut nous permettre de sortir de cette crise qui gangrène l’ensemble des sociétés européennes. Mais qu’est-ce qui a pu nous faire perdre la foi et l’énergie des années 60 et 70, et où elle avançait à grands pas en compagnie d’hommes de valeurs et de foi, tels que Jean Monnet, Robert Schuman ?
L’Europe représente le plus grand marché économique au monde, il suffirait de lui donner un commandement économique et politique pour qu’une véritable relance industrielle et économique y voie le jour. Pour cela, il faudrait mettre fin à un certain nombre d’égoïsmes nationaux. À vingt-sept, cela semble hors de portée, mais en réunissant les pays les plus motivés et les plus européens cela semble possible.
François Hollande est à la recherche d’un rebond, il est tout trouvé, qu’il endosse l’habit de Jean Monnet et qu’il prenne le bâton de pèlerin de Robert Schuman, lui qui se dit l’héritier naturel de Jacques Delors, ne devrait pas fournir un si grand effort que cela.
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