De l’abjection gauchiste à l’idée d’une coalition républicaine
Le gauchisme a tout cautionné. Directement, il a cautionné l’irrépressible montée de la délinquance de masse et des communautarismes les plus violents, taxant de conservatisme, d’intolérance ou même de fascisme les quelques républicains qui, en France ou ailleurs, réclamaient un peu moins de désordre, un peu plus de sérénité. Indirectement, et sans craindre l’absurdité, il a cautionné le libéralisme économique le plus décomplexé, la haine de la vraie classe ouvrière et le démantèlement organisé des services publics : ennemi de tout esprit d’ordre et de toute répression, le gauchisme, d’essence libertaire, a naturellement laissé les coudées franches aux capitalistes-voyous. Le gauchisme, avec ses positions caricaturales, parfois loufoques et trop souvent abjectes, nous a laissé un monde aussi antisocial qu’anti-républicain, une société d’inversion des valeurs où un égalitarisme vicieux tend à placer le juste, le sage, l’innocent, le travailleur bien en dessous du salaud, de l’imbécile, du criminel, du branleur arrogant... Par ailleurs, le gauchisme ne correspond pas à un parti politique, il est en quelque sorte la perversion toujours possible des partis de gauche, et il tend même à infiltrer la droite, lorsque celle-ci reprend subrepticement le vocabulaire et la démagogie gauchistes, créant une sorte de bobocratie gaucho-libérale, particulièrement toxique. Le républicanisme se définit alors comme le seul rempart crédible contre le gauchisme et ses conséquences : un républicanisme authentique, très ferme sur les prix, tant sur la politique sociale que sur le problème de l’insécurité, un républicanisme social, doté d’un État fort, qui ne serait pas sans rappeler le gaullo-communisme des années 1944-46.

Nous avons besoin d’une nouvelle configuration politique, où les gauchistes ne seront plus jamais les camarades des républicains de gauche, ni même leurs nouveaux adversaires, mais carrément leurs ennemis. Entre républicains de gauche et gauchistes, la guerre est aujourd’hui déclarée. Il nous faut, en France comme ailleurs, une coalition républicaine, capable de faire taire, à sa droite, le cynisme néolibéral, et, à sa gauche, l’abjection gauchiste, et cette coalition pourrait même se fonder sur une alliance entre républicains de gauche, républicains centristes et républicains de droite. Nulle concession aux gauchistes, nulle concession aux libéraux : voilà l’avenir.
Vers une explosion des partis de gauche
Le gauchisme est, non pas un parti, mais une tendance politique, idéologique et sociétale. Le gauchisme s’est infiltré dans toutes les formations de gauche ; il y a des tendances gauchistes aujourd’hui au sein du PS, des Verts, du PC, du Parti de Gauche, peut-être même aussi au MRC de Chevènement. Parfois, le même homme est à la fois gauchiste et républicain, en fonction de ses humeurs... Jean-Luc Mélenchon, du reste, donne cette impression le cas échéant : républicain lorsqu’il s’exclame « Pas de religion en politique ! » mais gauchiste lorsqu’il hésite et atermoie sur l’interdiction de la burka. La sémillante Clémentine Autain, elle aussi, se veut républicaine lorsqu’elle appelle à une restauration des services publics et à une sauvegarde du système des retraites, mais elle sombre aussi souvent dans le gauchisme lorsque, par exemple, à la fin des émeutes de 2005, elle signe un billet qui présente des loubards armés, faisant régner la terreur la plus ignoble, comme les victimes innocentes d’un monde injuste, criant leur souffrance et leur désespoir.
Il y a un moment, cependant, où il faut savoir choisir son camp. Par exemple, les hommes et femmes politiques de tendance gauchiste ne peuvent pas à la fois déplorer le démantèlement des services publics et oublier, comme il le font souvent dans leurs interventions, que même les administrations répressives de l’État sont démantelées par la politique libérale de Sarkozy, les suppressions massives de postes frappant autant la justice ou la police que l’éducation nationale ou les hospitaliers (et je laisse de côté le problème de savoir s’il y a des juges ou des policiers qui commettent des exactions ; ce problème peut être douloureux, mais il est clair que ce n’est pas en supprimant des postes qu’on va le résoudre : au contraire, on va le noyer dans le foutoir ambiant). Bref : il y a un moment où le républicain de gauche doit rompre avec le discours libertaire « cucul » et bien-pensant, qui consiste à dire qu’il y a trop de prisons et pas assez d’écoles, alors qu’en définitive notre pays manque autant d’instruction publique que de places et de personnels dans l’univers carcéral !
Il nous faut donc une rupture politique, et même sociétale. Les gauchistes, et leurs alliés-ennemis libéraux-gauchistes (tels que le dodu Cohn-Bendit) n’ont qu’à continuer à moisir en pantouflant au sein de ce qui restera du PS, des Verts, du PC, ou encore rallier le NPA ou LO si cela leur chante. Les vrais républicains doivent mettre les bouts en vitesse s’ils veulent sauver la République ; il ne s’agit même pas de créer un parti unique, mais en tout cas une sorte de large coalition républicaine, unissant les minorités républicaines du PS, du PC, des Verts, du Modem éventuellement, avec – osons une sorte de grand écart pas si large que cela – une agrégation vers le Parti de Gauche de Mélenchon et Debout la République de Nicolas Dupont-Aignan. Le point focal serait le suivant : une immense fermeté sur le social, une sorte de restauration républicaine et sociale du programme du CNR, et aussi une immense fermeté sur le sécuritaire, sans aucune concession aux communautarismes violents, à la voyoucratie ambiante et au fanatisme religieux. Du reste, cet anti-gauchisme est toujours en même temps un anti-libéralisme puisque cette immense fermeté passe par un État fort, c’est-à-dire une fonction publique puissante, et puissamment dotée, pourvue d’un nombre de postes suffisants.
Cela pose bien entendu la question du financement ; il faudra bien un jour avoir le courage de refaire payer les riches et de réduire les écarts de richesses au niveau plus raisonnable que nous connaissions dans les années 45-75. Cela pose aussi la question de l’intransigeance : il faut limiter la voyoucratie sous toutes ses formes, non seulement le dérive racaillocrate d’une certaine jeunesse, et même des moins jeunes, mais aussi tout ce qui concerne les patrons-voyous, les banquiers-voyous, les financiers ou actionnaires-voyous. Cela pose enfin, et fondamentalement, la question des services publics : davantage de juge et de policiers, oui ; mais aussi, davantage d’enseignants, d’infirmières, davantage... d’inspecteurs du travail (on ne pense jamais aux inspecteurs du travail !), davantage etc..., et pardon aux catégories que j’oublie. Et il ne s’agit pas en cela d’oublier les salariés du secteur privé, bien au contraire : une restauration républicaine et sociale, c’est aussi le renouveau d’une politique industrielle... et agricole, mais sans un État fort, l’industrie continuera les délocalisations et l’agriculture poursuivra sa concentration ultracapitaliste et antiécologique autour des très grosses exploitations.
Bref : républicains, quittez ces partis qui vous ont trahis, et qui ont trahi la République, ou alors restez-y, mais présentez des listes dissidentes républicaines, y compris d’alliance entre républicains de gauche et républicains de droite, à toutes les élections, y compris présidentielles !... Si les partis n’explosent pas, ce qui n’est pas dérangeant en soi, il faut au moins que les listes éclatent, que les personnalités divergent de manière plus que radicale au sein des partis ; il faut en clair que le divorce entre gauchistes et républicains soit consommé. Sans cela, c’est le triomphe assuré du libéralisme, on devrait dire de l’ultralibéralisme ; le gauchisme, n’en doutons pas, c’est la machine à perdre de la gauche, mais pire encore qu’une simple machine à perdre interne, c’est le pire péril que la République ait eu à connaître. Même l’idéologie et la pratique néolibérales, pour totalitaires qu’elles soient, et pour puissants que soient leurs moyens d’implantation et d’influence, n’ont pas la même capacité de nuisance que le gauchisme pseudo-révolutionnaire d’aujourd’hui. En effet, le libéralisme n’est qu’un cynisme mondialisé et généralisé, qui se nourrit de la servilité de masse et de la complaisance des politiques ; il n’est que la marque de notre servitude volontaire ; le discours néolibéral, la pratique néolibérale ne tiendraient pas deux secondes en face d’un nation peuplée de républicains convaincus. Savez-vous pourquoi les républicains ont – provisoirement – perdu la partie ? Parce qu’ils sont trop peu nombreux aujourd’hui. Et pourquoi sont-ils si minoritaires ? Pour s’être trop souvent compromis avec le gauchisme. Ce n’est qu’en tordant le coup au gauchisme qu’on enraye le rouleau compresseur libéral.
Vers un marxo-keynésianisme antigauchiste
S’il est un point, peut-être le seul, qu’on peut reprocher aux républicains de droite (allié naturels, si ce sont de vrais républicains de droite) des républicains de gauche, c’est une certaine confusion dans l’emploi des concepts. Moi qui suit régulièrement les vidéos de Madame Christine Tasin, j’avoue que l’amalgame entre « marxistes » (expression parfois employée ou du moins suggérée pour désigner les syndicats pédagos de l’éducation nationale) et « gauchistes » me choque un peu, même si le terme « marxiste » est souvent remplacé par un faux équivalent : le terme « stalinien ».
Il y a là beaucoup de vocables qu’il nous faut éclaircir pour, précisément, ne pas tomber dans la syndicalophobie ou l’anti-marxisme négligent des gens qui n’ont jamais lu Marx (parmi lesquels beaucoup de libéraux... et de gauchistes) ; et je gage, à cet égard, que les vrais gaullistes comme Madame Tasin comprendront l’intérêt de ne pas risquer l’amalgame, ce serait contraire à toute rigueur philosophique.
Par définition, est marxiste toute personne qui se soucie des intérêts moraux et matériels de ceux qui travaillent (ouvriers, mais aussi « œuvriers », plus largement, y compris les travailleurs intellectuels) ; Marx a été l’économiste analysant de manière indépassable les mécanismes d’exploitation du capitalisme et notamment ceux de l’extorsion de la plus-value (comment faire produire de plus en plus de richesses à ceux qui travaillent, en leur reversant, sur ces richesses, de moins en moins de salaire). De ce point de vue, tout syndicat sincèrement attaché à ses mandats est « marxiste » ; même le SNALC, syndicat de centre-droit qui a souvent des positions identiques au mien (FO) en matière de sécurité des personnels de l’éducation nationale, est, de ce point de vue, « marxiste » ; même Madame Tasin est, de ce point de vue toujours, « marxiste », et, du reste, elle se refuse souvent à considérer que son parti Debout la République soit un parti de droite. Et j’irai même jusqu’à dire que le vrai marxisme est totalement insoluble dans le pédagogisme effervescent de la CFDT et des Meirieu et consorts (qui sont en réalité, comme le dodu Cohn-Bendit, des libéraux-gauchistes), puisque le pédagogisme, l’Histoire l’a amplement démontré, ne mène qu’à bafouer cruellement les professeurs (on notera d’ailleurs qu’aujourd’hui, la CFDT et l’UNSA, autre syndicat pédagogiste, sont les seuls à ne pas protester contre l’actuelle réforme des lycée qui ne vise – ni plus ni moins – qu’à réduire le professeur à un animateur inepte et désarmé, chargé d’inventer des contenus improbables, dits « d’exploration », au détriment de la transmission des connaissances, et tout ce beau foutoir pour permettre, bien entendu, les suppressions massives de postes). La réforme des lycées n’est qu’un « machin » d’inspiration gauchiste décrété par des libéraux ; elle tout ce qu’on voudra, SAUF marxiste.
Bref : être marxiste, c’est avoir le respect du travail, et de ce point de vue, ni les patrons-truands, ni les libéraux cyniques, ni les loubards, ni la gauche bobo, ni les gauchistes cautionnant les loubards, ne sont marxistes. Je suis marxiste comme délégué syndical républicain, à la limite un républicain de droite peut se révéler marxiste sans le savoir, un camarade du SNALC peut faire du marxisme comme Monsieur Jourdain, un gaullo-communiste ou un gaulliste de gauche peut être plus authentiquement marxiste que les marxistes bobos officiels en pantoufles qui ne sont jamais marxistes au vrai sens du terme, bref : les marxistes ne sont jamais là où on croit les trouver. Ensuite, bien entendu, forts de cette inspiration marxiste, il nous faut trouver des moyens d’installer une politique sociale, d’où l’idée keynésienne d’une certaine redistribution des richesses. Cela, les gauchistes en parlent beaucoup, mais ils n’en font jamais rien. Trop occupé à draguer l’électorat de type « zone sensible », ils se foutent éperdument des gens qui travaillent, et se mettent à cautionner l’intolérable : le communautarisme poussé jusqu’à la terreur, le fanatisme, la voyoucratie, le foutoir à l’école et ailleurs, etc.
Il n’est qu’à lire les interventions des gauchistes ou des libéraux-gauchistes d’AgoraVox pour s’en rendre compte. AgoraVox, à l’image de la société, possède des intervenants des trois horizons : des libéraux, des républicains de plus en plus nombreux (et je m’en réjouis), et des gauchistes. Lisez par exemple, ces interventions hallucinantes de Morice et de John Lloyds qui font d’un jeune loubard ayant agressé une enseignante à Largentière un parangon de résistance à l’agression médiatique et à la propagande américaine ; on aurait envie d’en rire s’il ne fallait pas en pleurer. Et je ne parle même pas du lynchage médiatico-gauchiste du pauvre Zemmour ; que Zemmour dise des conneries de temps en temps, soit ! mais, à mon avis, il eût fallu l’attaquer sur autre chose que sur des propos qui se bornaient à des constats (voir l’intervention du magistrat Philippe Bilger à ce sujet).
Debout les républicains !
Bref, pour reprendre la devise des républicains de droite (mais, moi, républicain de gauche, je la trouve pas mal) : Debout la république ! Foutons tous ces gauchistes aux poubelles de l’Histoire, qu’ils croupissent en tapissant les listes gauchistes des partis classiques, ou bien qu’ils créent des partis indépendants si cela leur chante, de toute manière on s’en fout ! C’est aux républicains d’inventer une coalition républicaine sérieuse. A gauche, Mélenchon avait lancé l’idée avec le Front de Gauche, même au prix de quelque ambiguïtés, de quelques acoquinements avec le gauchisme. Il faut encore aujourd’hui creuser et perfectionner cette idée.
Tiens ! Encore une chose : les gauchistes vont me reprocher de ne pas avoir évoqué l’extrême-droite dans mon article : je réponds à cela que l’extrême-droite, dont le programme économique est totalement syndicalophobe, et donc, in fine, ultralibéral, n’aurait plus grand chose à dire face à un véritable front républicain et social.
Et puis, un dernier truc, cette fois-ci pour mes camarades gaullistes ; je me permets de citer un propos du Général rapporté par Malraux dans Les chênes qu’on abat..., à méditer :
« Mais j’ai voulu ressusciter la France et, dans une certaine mesure, je l’ai fait. Quant aux détails, Dieu reconnaîtra les siens. Il expliquera, le pauvre, pourquoi les gauchistes s’appellent gauchistes afin de se distinguer des communistes, et ne s’appellent ainsi que depuis que la gauche n’existe plus. » (André Malraux, Les chênes qu’on abat..., nrf Gallimard, dépôt légal : 1er trimestre 1971, page 175). Prémonitoire, le Général !
Alors rêvons un peu...
Une 6° République parlementaire..., avec un hémicycle très largement occupé par une forte coalition républicaine, flanquée, à sa gauche, d’une opposition gauchiste grotesque et dérisoire, et, à sa droite, d’une opposition libérale inepte et ridicule ; cela nous sortirait du marasme politique actuel. Pour une fois, il y aurait un minimum de vertu en politique, et peut-être aussi un grand éclat de rire collectif, capable d’apporter un peu d’aération aux vieilles idéologies renfermées et fétides.
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