De la Manif-pour-Tous aux « Indignés Spirituels » internationaux ? La déchristianisation interrompue
Qu’on le veuille ou non, le fait le plus marquant pour le pays durant ces derniers mois pourrait être venu d’ou l’on s’y attendait le moins, dans un étonnant retournement ou pied de nez de l’Histoire, au sens le plus essentiel. Un « remariage » de la France avec sa « famille » initiale, dans ses valeurs originelles ?
Depuis longtemps « Catho » semblait recouvrir la critique la plus acerbe frappant d’anachronisme quiconque la subissait. La nouvelle religion laïque masquant souvent la promotion de l’athéisme redoublait d’arrogance dans sa suprématie, seulement apparente. Le « retour Chrétien » n’aurait donc pas été sans surprendre par sa vigueur et son ampleur.
Des centaines et des centaines de citoyens assumaient enfin publiquement leur croyance, dans le respect de toutes les autres. Le principal « coming out » ne vint donc pas du rivage attendu à l’occasion du mariage homosexuel, il fut d’abord celui des Catholiques. Le concert de la Bastille fêtant cette supposée conquête législative « de civilisation » avancée par les promoteurs du mariage homosexuel ne rameuta pas les foules, seulement quelques centaines de personnes. Le concert « pour tous » ne le resta qu’en théorie. Certains tableraient aujourd’hui sur de prochains mariages de vedettes homosexuelles pour que la loi « historique » le reste. Mais le cœur n’y est plus, l’attention des français non plus. Chacun se souvient par contre que le 26 Mai l’esplanade des Invalides exigeant au minimum 300000 personnes pour être comble s’afficha en effet pleinement remplie d’opposants jusque dans tous les boulevards annexes, à flux tendu. Du passé ?
Plein d’avenir. Vers des « Indignés Spirituels » ?
Le champ d’action deviendrait international.
Comme le disait Robespierre en personne quelques mois après la Révolution de 1789 pour avoir pensé qu’elle échoua « n’oubliez pas que le peuple est vertueux » au-delà même des lois votées, chose qui ne dispense pas de les respecter, chacune peut être réécrite ou contredite un jour. Il brûlait alors en place publique une statue de l’athéisme, reconnaissant ainsi la nécessité du Spirituel ou du Sacré dans une société. Il le formulait autour de la notion de « l’être Suprême ». Plutôt que d’officialiser prématurément l’étrange « théorie » du Gender dans les manuels scolaires, théorie tendant à affirmer que le bas ventre de chacun ne serait qu’une vue de l’esprit « culturelle », chacun gagnerait plutôt à y rétablir ces faits Historiques. Révolution ? Tout indique que la « Manif pour tous » fera date en préambule de bien des changements futurs, qu’il s’agisse de Démocratie ou d’engagement citoyen revivifié, voire même, de la « mission » retrouvée de la France.
La société prétendue démocratique fonctionnant beaucoup autour d’un rapport de force, combien de « bataillons » Catholiques à l’heure actuelle ?
Au regard des enquêtes d’opinion, la déchristianisation progresserait en France ? Dans une note récente d'analyse l’institut CSA semble en faire sa certitude conclusive. En 1986, plus de 81 % des Français se disaient Catholiques, passant à 69 % en 2002, et 56 % en 2012. D’autres études avancent le chiffre de 52 % de français se disant encore plus ou moins Catholiques. La proportion de Français s’affirmant d'une autre religion que le Catholicisme progresse à contrario, évoluant de 3,5 % en 1986 à 9% en 2002, et jusque 11 % en 2012. Par ailleurs, pas plus de 6 % des adultes se revendiquent de l'Islam, 1 % du Protestantisme et 1 % du Judaïsme, toujours d'après cette enquête réalisée au premier semestre 2012. Que la Manif pour Tous ait pu faire évoluer ces données objectives ? Probablement, les « Cathos » ne baissent plus la tête. La France n’a jamais manquée de Spiritualité.
Même si l'institut CSA prétend que cette tendance à la déchristianisation pourrait se confirmer et que les « sans religion » constituent « d'ici 20 ou 30 ans » le principal groupe au sein de la population française, il n’est plus exclu que ce récent soulèvement du peuple réveille ou traduise un élan contraire à ces prédictions. Le visage d’une France majoritairement athée dépendrait surtout de la « chirurgie » ou manipulation mentales de certains faux docteurs ou prophètes de « com » spécialisés en modelage des pensées ?
Qui aurait pu imaginer il y a seulement un an qu’un million de français, plus ou moins, pourrait descendre dans la rue suivant une chef de file si originale et qui ne cessa d’affirmer sa Foi dans des livres, articles ou émissions récents ? La valeur « famille », la dimension sacrée de l’Enfant, le respect du Vivant sous toutes ses formes face à la « culture « de mort qui se répand toujours plus (facilitation ou promotion de l’euthanasie, « prostitution » de ventres féminins avec la GPA, bidouillage permissif en laboratoire avec la PMA, salle de Shoot, etc), bien sûr que tout ceci repose à l’origine sur le socle du Christianisme, à moins qu’il ne s’agisse de la véritable « civilisation ».
La religion Catholique reste donc à ce jour majoritaire en France. Après cette grande manifestation décomplexée à visage découvert, elle pourrait bien croître en puissance. La « fille aînée de l’Eglise » en a vu d’autres. Outre les imperfections ou travers de l’institution qui la représente, elle demeure. Elle reste un marqueur identitaire pour beaucoup de Français face à la marchandisation de tout et de tous, face à la sécularisation parfois contrainte, ou l’émergence d'autres religions disposant souvent d’un soutien médiatique supérieur. Elle coule dans les veines de la Mémoire française profonde, et nombre de jours fériés renvoient à des fêtes Catholiques. Aucun prosélytisme ici, ce ne sont que des faits. Croyants ou pas, la réalité du pays est là. Le Catholicisme est écrit dans l'environnement quotidien au travers d’hagiotoponinymes, d’édifices religieux, de croix et calvaires au carrefour, de l’Histoire.
Et si le « calvaire » des vilains « Cathos » résistant à la déchristianisation venait de se transformer en résurrection au cœur du peuple de France ? Le pays marque par un État Laic depuis la Loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat datant du 9 Décembre 1905. Cette séparation longtemps assimilée à la disparition souhaitée de l’une au profit du second pourrait donc s’être récemment mieux équilibrée. Un Arbre n’échappe jamais à ses racines. La fraternité retournerait-elle à la source initiale ? Ce que le regard sur la surface des choses peut offrir ne serait pas toujours fidèle à la réalité plus profonde.
Il est à noter que cette France des valeurs Chrétiennes ne saurait se réduire à la conception ou aux apriorismes en vigueur en région parisienne. L’ignorance qui caractérise parfois le regard de celle-ci sur le reste du pays explique en partie la « surprise » ressentie à la Capitale face à l’ampleur de la Manif pour Tous. Selon la même enquête de CSA il ressort que la répartition territoriale des Catholiques en France s’avère très hétérogène.
Si le Catholicisme marque par un affaiblissement dans son rayonnement en île-de-France, ou sept des huit départements sont parmi les 10 départements où la proportion de citoyens se disant de religion Catholique est la plus faible, il n’en est pas de même sur tout le territoire. En région parisienne la disparité est aussi observable outre la décroissance Catholique nationale supposée. Elle atteint ainsi 38% en Seine-Saint-Denis, 42% à Paris et 47% dans les Hauts-de-Seine, au niveau des croyants revendiqués. A contrario, les Yvelines demeurent le département francilien le plus Catholique avec 52%, légèrement en dessous de la moyenne nationale de 56% de français. Ailleurs, un niveau plus élevé encore est observé, notamment dans le Calvados (58%), dans la Loire-Atlantique (63%) et en Vendée (67%). A l’Est, la Meurthe-et-Moselle et la Moselle marquent aussi par des scores élevés, respectivement 69% et 74% de citoyens s’y affirment toujours, Catholiques. Les départements situés au Sud du Massif Central recouvrent eux aussi dés niveaux très élevés, environ 70% de Catholiques assumés au sein de la population adulte.
Déchristianisation Française ? Le regard erroné de la petite micro société parisienne vivant en Rive Gauche sous l’ornière de ses derniers fantasmes soixante-huitards, recouvrirait bien des vues de l’esprit, et pas toujours le plus lumineux. A trop croire en des théories funestes (comme celle du Gender) l’aveuglement ne peut que croître.
Comme ce réveil d’une certaine France (56 % des citoyens, selon des chiffres officiels…) le laisse à penser, la perte d’audience de l’Eglise Catholique ne rime pas automatiquement avec une perte d’influence. La persistance d’un clivage religieux demeure sur certains sujets de société, autant que la puissance et l’efficacité des réseaux catholiques à même de fortement mobiliser. Le bon maillage dont disposent les hautes autorités Catholiques sur tout le territoire permet de compenser la baisse du nombre de vocations et de pratiquants réguliers. Il n’est pas anodin non plus de constater la prise en compte croissante de la presse Chrétienne, ses éditorialistes accédant enfin plus volontiers aux débats politiques ou sociétaux dans les médias. Dire que l’ostracisme longtemps en vigueur aurait disparu serait faire preuve d’un optimisme bien exagéré. Mais quelque chose de plus important semble avoir été inauguré durant le soulèvement récent du peuple Chrétien de France. Parler d’un grand ressourcement de l’engagement citoyen ? Ce ne serait pas excessif.
Certaines réponses policières perçues par les opposants au mariage homosexuel comme des pratiques dignes d’états de l’ex URSS ne pouvaient réellement surprendre. La puissance de la Manif pour Tous a fait voler en éclat bien des certitudes, jusque dans les techniques de gestion des conflits en place publique. Au sein même des forces de l’ordre des serviteurs de l’état (quelques photos dans les journaux en attestent) n’auront pas été non plus sans marquer en privé leur désapprobation et souffrance éprouvée de part l’obéissance hiérarchique à des exigences d’autorité pour le moins, inappropriées. Les médias étrangers s’en font encore actuellement l’écho (cf la Télé Russe). Peut-on réprimander une « bande » de veilleurs pacifiques de la même façon que des footeux ivres ? Il semble bien que ce fut le cas. Le débat sur l’objection de conscience ne ferait que commencer. Gardons plutôt en mémoire toute la nouveauté des pratiques « militantes » apparues à l’occasion de la Manif pour Tous. Une manifestation totalement pacifique, outre quelques individus nullement concernés par le mariage homosexuel, gagne toujours à être saluée. Mieux vaut tard que jamais. Notons que les masses de manifestants restent totalement pacifiques et respectueux depuis le vote « assez » accéléré de la loi concernée.
La première nouveauté de ce mouvement populaire est visible, extérieure, concrète. Loin de se limiter à l’appel à manifester au travers de défilés, l’audace de certaines initiatives plus cellulaires ou modestes dans le nombre, n’aura pas été sans surprendre et innover. L’humilité peut avoir une force immense. Les petits groupes de veilleurs, les marches de mères au nom de l’Enfant (« Les Merveilleuses »), certains slogans entonnés directement issus de Gandhi dans l’affirmation de « non violence » et de « puissance » dans la paix, autant de choses jamais observées préalablement durant les manifestations syndicales plus conformistes, ou dépassées ? Le conservatisme n’est vraiment plus ou on le pense naturellement.
A plusieurs reprises plus ou moins d’un million de citoyens auront donc défilés pour les valeurs les plus essentielles, sans véritablement demander quoi que ce soit pour eux même, hormis le retrait ou la réécriture d’une Loi. La novation du « pour tous » n’a pas finie de rassembler, au-delà des frontières françaises, tel est son sens même.
Il ne s’agissait pas de fonctionnaires s’élevant contre les privilèges supposés accordés au camp privé d’en face, aucune exigence salariale ou statutaire, les arguments n’étaient que de conscience, de Foi. La réponse qui y aura été apportée fut occasionnellement tellement décalée ou choquante que le mouvement de masse ne peut qu’être en sourdine. Jusque la rentrée ? Elle pourrait être brûlante dans la convergence des millions d’humiliés au seuil de pauvreté et des plus « riches » Spirituellement.
Plus de la moitié des français auront été meurtris. Les plus hautes autorités ne se seront pas même adressées directement à cette masse pacifique de citoyens, rien, seulement une guerre des chiffres traduisant une mauvaise « foi » outrancière, et l’adoption en totalité d’une Loi sans aucune concession aux opposants. Qu’il soit possible et durablement recevable sur un tel sujet de société de répondre « circulez il n’y a rien à dire » ? Avec un peu de recul tout cela apparaît plus inquiétant encore. Les quelques petites centaines de parisiens qui fêtèrent le fameux mariage « bis » illustrèrent surtout la dimension d’un lobby. La Démocratie aurait été mise en minorité.
Pour tout ce que ce soulèvement de masse aura représenté de la France dans ses valeurs les plus ancestrales, pour toute la fraîcheur pacifique ou novation démocratique révélées à cette occasion, pour le retour du peuple avec moins de débordement que lors de la remise récente d’un prix au PSG, pour l’affirmation nouvelle dans la forme et publique dans le fond d’un engagement de conscience, il serait assurément insensé de penser que ce grand mouvement en reste là. A l’international, la Manif pour Tous pourrait bien trouver un second souffle lui permettant de revenir en France plus forte encore..
Face au Nouvel Ordre Mondial, que le peuple de France soit à l’initiative d’un Nouvel Ordre « Moral » ? Certes, le mot est galvaudé, la liberté serait sans limite ? Aux « Indignés » plus idéologiques pourraient bien succéder ou se joindre des « Indignés Spirituels » ? En Conscience.
Alors que la marchandisation accrue ou totale du libéralisme capitalistique entend réduire les êtres à la « hauteur » de son système de consommation, voir la conscience des peuples se soulever laisse en effet espérer un avenir meilleur, encore possible. Le combat ne sera plus seulement économique et social, mais aussi Spirituel. Toute Religion est digne de respect, chaque croyant ou personne athée pareillement. Le respect premier de l’Humain ? Comment ne pas s’étonner que cela puisse être une nouveauté. L’objection de conscience trouvera t’elle partout un avenir nouveau, législatif, général ? La Démocratie ne saurait permettre durablement la « dictature » idéologique d’une minorité, quelle qu’elle soit. L’intérêt général, dont tout président est logiquement le garant, ne saurait se soumettre à un lobby, qu’importe lequel. Alors ?
Le Pape François tomberait-il à point nommé pour incarner à l’international le retour du Spirituel ou de la « morale » (le vilain mot !) tout en restant dans la proximité ? Le champ du Politique ne pourra s’en soustraire. La « laïcité » se verrait partout « invitée » à retrouver sa mission première de veiller à la liberté Spirituelle, de tous.
La Doctrine sociale de l’Eglise fut le creuset de bon nombre de progrès sociaux. La « philosophie » la plus éclairée qui soit, constitutive du Christianisme (sans réduire celui-ci à une philosophie) pourrait grandement contribuer au rempart attendu contre une société de consommation sans foi ni loi véritables, afin que l’être humain ne soit jamais à vendre ou bradé, pas plus les enfants que les vieillards, les plus fragiles ou pauvres, dénués de toute « performance » ou rentabilité sonnante et, trébuchante. Le Christianisme pour éviter la chute ? Bien des athées ont aussi une foi dans l’Homme, tout cela peut se réunir.
Les « Indignés Spirituels » viendront-ils opportunément resituer l’Homme au cœur de la Cité ? Le cas échéant, en s’y « manifestant » de façon visible, et invisible, comme l’est la Conscience.
Guillaume Boucard
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