Elections législatives : bientôt la 6ème république ?
Dans quelques jours, les Français vont de nouveau voter, cette fois-ci sans grande passion, pour élire les futurs députés à l’Assemblée Nationale. Dans de nombreux pays, cette élection est la plus importante de toutes mais pas en France depuis la naissance de la 5ème République (1958) et le référendum instaurant l’élection du Président au suffrage universel (1962).
La logique de nos institutions si particulières fait du Président de la République le principal détenteur de la légitimité populaire mais toutefois, il ne dispose pas du pouvoir principal qui est celui de légiférer, pouvoir réservé comme dans toute démocratie au Parlement.
La victoire de François Hollande il y a moins d’un mois devrait logiquement se conclure par une majorité de gauche à l’Assemblée Nationale qui lui permettra de gouverner. Normal ? Telle n’est pas l’avis des nouveaux responsables de la droite, qui parient sur une future cohabitation. Et ils n’ont pas forcément tort d’y croire. Sauf que cette fois, les conditions de la nouvelle cohabitation conduiraient inéluctablement à une crise de régime qui remettrait en cause les fondements même de nos institutions.
D’abord, cela donnerait tort à tout ceux qui ont voulu raccourcir le mandat du Président de la République pour le caler sur celui des députés afin d’éviter une nouvelle cohabitation. Parmi les sceptiques de la méthode, il y avait Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.
De plus, on se souvient que les deux premières cohabitations se situaient en fin de septennat et n’ont duré que 2 ans, simples préludes à l’élection présidentielle qui allait leur succéder. La troisième cohabitation fut le résultat de la calamiteuse dissolution de 1997 qui mit la droite à genoux et il lui fallu attendre les 5 années de la législature pour réussir à reprendre la main. Mais cette fois, la légitimité toute récente du président élu s’opposerait directement à la légitimité toute aussi récente du nouveau Parlement. Et compte tenu de la personnalité combative de François Hollande, que ses ennemis (tout comme ses amis) politiques ont constamment sous-estimée, et de celle tout aussi pugnace de Jean-François Copé, chef actuel de l’UMP (malgré les dénégations de ses rivaux), on ne peut s’attendre à autre chose qu’une cohabitation brutale et sans concessions qui affaiblirait la France.
Le Président de la République, qui dispose de ce pouvoir, dissoudrait certainement l’Assemblée Nationale au bout de 6 mois pour appeler les Français à lui donner une nouvelle majorité stable. Dans le meilleur des cas, nous aurions alors perdu 6 mois, ce qui est un luxe que la France peut difficilement se permettre par les temps qui courent. Mais si ces nouvelles élections confirmaient le résultat précédent, nous serions alors engagés dans la plus grave crise institutionnelle depuis 50 ans.
Pour en sortir, le Président de la République utiliserait alors la seule arme qui lui resterait : le référendum. Il proposerait une nouvelle constitution qui mettrait fin au rôle si particulier dévolu au Président pour s’aligner sur les institutions de nos principaux partenaires européens ou le rôle principal est attribué au Premier Ministre issu des élections législatives, ce qui finalement donnerait raison à ceux qui prétendait que la constitution de la 5ème République était taillée sur mesure pour le général De Gaulle, et non pour ses successeurs ! Un certain François Mitterrand, par exemple…
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