Julien Dray et la FIDL : Un mouvement lycéen « téléguidé » ?
Perquisitions, abus de confiance ... Des scènes qu’on voit bien souvent en France. Julien Dray, la FIDL, et SOS Racisme sont mis en cause, on parle de mouvements de fonds. Ancien secrétaire national de l’UNL (Union Nationale des Lycéens) durant le mouvement contre le CPE je ne suis pas surpris d’entendre aujourd’hui cela.
Les deux syndicats lycéens, un peu de gauche, ont toujours eu l’un envers l’autre une mésentente assez forte. Je me souviens de ces responsables de fédérations de la FIDL qui arrivaient à l’UNL dégouttés de ce qu’ils avaient pu voir à Paris dans leur ancien syndicat.
En fait ce qui était plutôt fascinant, c’était de voir tant de gens au courant d’opérations financière un peu sombre à la FIDL. Ils utilisaient à l’époque la technique un peu douteuse d’association écran. Assez simple à mettre en place, il s’agit de déposer un grand nombre d’association de loi 1901 afin de multiplier les sources de financements possibles.
Difficile de tracer ensuite l’argent, mais là n’est pas le principal problème. Si les doutes étaient connus depuis longtemps, pourquoi être passé à l’action maintenant ? Le liens avec les manifestations lycéennes est trop facile, voir même un peu gros, mais pourtant depuis quelques jours maintenant on peut lire et entendre dans la presse : les lycéens sont "téléguidés" par la gauche.
Alors qu’en était-il à l’époque, durant le mouvement contre le CPE, ou j’étais secrétaire national de l’UNL ? Je n’ai jamais vu un coup de fil direct du parti socialiste nous demandant de faire ceci ou cela, je n’ai même jamais vu de membre du parti socialiste à vrai dire. Nous étions tous lycéens, nous passions de longues heures à tenir des réunions de bureau national, à s’envoyer des mails, à discuter ... Pourtant ce n’était pas un monde idéal, fait de transparence et d’indépendance ! L’UNL se baladait parfois dans les milieux de la nouvelle gauche de l’époque (Benoît Hamon), et bien sur la FIDL n’était pas si loin des milieux de Julien Dray... Mais vouloir dire que ces gens là nous manipulaient c’est simplifier à l’extrême des relations entre milieux militants. Nous avions besoin, et nous avons toujours besoin, de partager nos analyses, de parler de nos luttes, et de montrer nos propositions. Nous trouvons un echo avec ceux qui ne sont pas si éloignés de nos idées.
Les organisations lycéennes ne sont pas des machines à renverser un ministre comme certains voudraient bien le faire croire. Il s’agit plus d’un carrosse un peu cabossé, ou des jeunes essayent tant bien que mal d’organiser quelque chose. Mais le mouvement lycéen est particulièrement désorganisé, et difficilement contrôlable. Les organisations lycéennes courent derrière la mobilisation en essayant de suivre le mouvement.
Alors ne croyons pas à une théorie du complot avec une grande salle du conseil rue de solférino qui contrôlerait tous le mouvement militant des jeunes lycéens ... Le lycée est un moment où l’on se forme politiquement, c’est durant ces trois années que je me suis forgé une réflexion politique et militante, et j’ai vu pendant trois ans seulement des jeunes bien difficile à cerner, car chaque jours nous découvrions d’autres analyses, d’autres idées. Mais nous étions tous animés par l’idée que les choses n’allaient pas dans le bon sens. Faîtes donc confiance à ces jeunes pour nous montrer une voie intéressante, plutôt que de penser naïvement qu’ils ne sont que des marionnettes.
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