La justice est-elle une valeur de gauche ?
La justice n’est pas une valeur de gauche qui lui préfère l’égalité. Ce n’est pas non plus un concept de droite qui lui préfère l’efficacité.
La confusion règne, à gauche comme à droite...
Depuis des décennies c’est au nom de la protection des intérêts du plus faible que syndicats, politiques, économistes et intellectuels de gauche combattent la violence du libéralisme économique qui exploite l’inégalité des forces en en tirant un profit jugé excessif voire condamné dans son principe même.
L’amour de la justice et de l’équité a conduit la France à poser il y a plus de deux siècles, le principe premier de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen selon lequel tous les hommes naissent libres et égaux en droits et en dignité.
Ainsi la justice commencerait par l’égalité des droits. C’est le principe.
Ce principe souffre pourtant des exceptions, fondées sur la recherche de la protection du plus faible, qui l’emporte alors sur l’égalité.
Ainsi personne ne s’étonne que la pédophilie soit un acte condamnable : le droit d’avoir des relations sexuelles avec une personne consentante est valable lorsque le partenaire est un adulte, pas lorsque c’est un enfant. On estime alors, à juste titre, que la maturité incomplète de l’enfant fausse son consentement, et justifie une protection accrue de ses droits et une limitation des droits de l’adulte.
Personne non plus ne trouve scandaleux que l'adoption d’un enfant ne puisse être demandée par une personne de moins de vingt-huit ans. Là encore la protection du plus faible, amène le législateur à considérer que, bien que majeur, un citoyen trentenaire n’a pas les mêmes droits vis-à-vis d’un enfant à adopter, qu’un citoyen à peine majeur.
Personne ne trouve anormal non plus que l’on interdise à une personne souffrant d’un handicap de malvoyance, de prendre le volant. En effet la protection du plus faible (ici la personne handicapée) et de la société, exige que l’on restreigne les droits de celui qui pourrait blesser lui et les autres, par son inaptitude ou son imprudence.
On n’est pas choqué enfin lorsqu’aux Jeux Olympiques les hommes, les femmes ou les athlètes handicapés, ne concourent pas dans la même catégorie. Le but est justement de protéger les secondes et les troisièmes contre une injustice, celle de concourir dans des conditions inégales.
Dans chacun de ces cas, et dans des centaines d’autres encore, le droit français constate une inégalité de fait entre les citoyens et en fait découler une inégalité de droits.
Ces exceptions au principe d’égalité se font sans qu’aucun citoyen n’ait commis de délit ni même de simple infraction, mais au simple motif de la protection des intérêts du plus faible.
A l’analyse, on comprend donc qu’en réalité le plus grand des principes du droit français n’est pas celui de l’égalité, mais celui de la Justice.
Et la justice ne veut l’égalité des droits que sous réserve de la protection des intérêts du plus faible.
C’est bien pour cela que la gauche lutte contre les excès du libéralisme : l’égalité des droits économiques doit être limitée par la protection des intérêts du plus faible, sous peine de vivre sous la tyrannie des forts qui caractérise toutes les sociétés esclavagistes.
Alors on peut s’interroger sur le projet de loi de « Mariage pour tous » qui est présenté comme un projet de gauche.
C’est au nom de l’égalité des droits entre « homos » et « hétéros » que le projet est conçu. Mais le mariage homo inclut la relation à l’enfant, il faut donc aussi l’inclure dans la comparaison des droits. Dès lors que l’enfant né ou à naître est une des parties concernées par le projet de loi, on n’est donc plus dans le principe d’égalité, mais sous le coup de l’exception de la protection de l’intérêt du plus faible.
Il est donc étonnant que la protection des intérêts du plus faible n’ait plus la place dans la conception sociétale de la même gauche qui la défend en matière économique.
C’est en réalité le fruit d’une grave confusion que nous vivons :
La justice n’est pas le combat contre l’inégalité, qui est inhérente à l’humain par essence, et omniprésente ici-bas. La justice est plutôt le combat contre les conséquences de cette inégalité lorsqu’elles sont néfastes. Comme les profits scandaleux faits par les plus forts sur le dos des plus faibles. Ou comme les prétentions d’une minorité LGBT à un droit à l’enfant, au détriment hélas des droits à la protection de cet enfant.
On le voit, la justice n’est hélas plus un concept de gauche qui lui préfère l’égalité. Ce n’est pas non plus un concept de droite qui lui préfère l’efficacité.
La confusion règne, à gauche comme à droite.
C’est la justice qui y perd son âme et avec elle notre humanité qui s'en va...
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