Le localisme n’est (surtout) pas du protectionnisme
Le localisme est une doctrine qui repose sur le principe de proximité en vue de limiter l’empreinte écologique des activités humaines tout en sécurisant les structures environnantes du citoyen : économie, emploi, système social, patrimoine culturel, etc... La doctrine localiste pourrait donc passer pour une forme extrême de protectionnisme dans le sens où la priorité est donnée à l’offre la plus proche possible de la demande.
Sauf qu’il existe deux différences capitales entre le localisme et le protectionnisme : la notion de frontières et la notion de compétition.
Le principe de proximité n’a en effet aucune frontière administrative car la proximité ne s’arrête pas à une commune, un département, une région, une nation ou un continent. Mieux encore : en dépassant les frontières pour trouver un bien le plus proche, le localisme efface totalement les barrières virtuelles entre les peuples et consolide ainsi les relations fraternelles, sans compromettre aucunement les identités particulières et les cultures communautaires qu’il faut cependant détacher impérativement des rapports économiques, ainsi une nation ou un groupement de nations ne peut plus désigner d’ennemi économique dès lors que tous les peuples - pour partie de leurs besoins - sont connectés d’un bout à l’autre de la planète. Finalement ce bénéfice est le même qu’avec la globalisation actuelle, sans la gabegie écologique, la dilution identitaire et autres déstructurations sociales qu’engendre la folle tempête mondialiste.
Par ailleurs le protectionnisme relève d’une logique de compétition entre les peuples, tandis que le localisme favorise au contraire le co-développement dans le sens la concurrence lointaine n’est plus une menace pour l’offre locale. Dans un modèle localiste, exploiter son savoir-faire à partir de quelques implantations ultra-productivistes et réserver ce savoir-faire aux consommateurs les plus offrants du marché global, autrement dit rester dans un schéma stratégique classique, diminue les espoirs de profits puisque les opportunités commerciales disparaissent à mesure qu’une offre concurrente se trouve plus locale. L’intérêt mercantile réside du coup dans le partage du savoir-faire par une offre démultipliée et adaptée à la demande locale, sans craindre la dévaluation canibalistique de ses propres produits sur d’autres marchés ni concurrence de produits contrefaits. En matière de santé, par exemple, l’Afrique pourrait enfin bénéficier de traitements au coût accessible sans que le laboratoire propriétaire d’un brevet entre dans une spirale ruineuse à l’échelle globale. Quelque part cette nouvelle donne économique mondiale est une nouvelle forme de globalisation mais reposant cette fois sur les flux dématérialisés de la propriété intellectuelle, pour une offre garantissant toujours du profit mais enfin accessible à tous.
En résumé le protectionnisme consiste à protéger un pré-carré contre l’extérieur, d’où l’aspect évident de "repli sur soi" d’un tel mécanisme, tandis que le localisme consiste à favoriser l’offre la plus proche de la demande au-delà des frontières et sans stratégie d’affrontement. En s’inscrivant d’ailleurs dans une démarche de répartition globale à la fois optimale, équilibrée et durable de l’offre, le localisme est moins protectionniste encore que la globalisation économique actuelle qui n’est finalement rien d’autre qu’un protectionnisme individuel contre le monde entier.
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