Les vertus de la démocratie à l’épreuve
Avec l’adoption par le parlement français du Mariage pour Tous, la France devient le 9e pays européen, à légaliser le mariage homosexuel. On peut seulement regretter que la France, pays des droits de l’homme, ne l’ait pas fait plus tôt. La démocratie a ainsi fait la preuve qu’elle reste le système politique le plus juste et le plus efficace.
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C’est en 2001 que les Pays-Bas deviennent le 1er pays européen à franchir le pas, suivi par la Belgique en 2003. La très catholique Espagne leur emboite le pas dès 2005, puis la Norvège en 2008 et la Suède en 2009, de même, autre pays marqué par le catholicisme, le Portugal l’adopte en 2010. Puis très récemment, c’est le Danemark qui se met en 2012 au même diapason que les autres pays scandinaves.
Notons que dix autres pays autorisent de leur côté une forme d’union civile pour les couples homosexuels, alors que seulement onze ne leur reconnaissent aucun droit : l’Italie, la Grèce, Chypre, Malte, la Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie, la Roumanie, la Bulgarie, et la Pologne. Voilà de quel groupe de pays, progressistes… dont la France est enfin sortie.
Bien que cette proposition ait clairement, fait partie des engagements du candidat Hollande, que le programme du parti socialiste l’ait tout aussi clairement repris à son compte, aux législative de juin 2012, ses deux onctions du suffrage universel n’ont pas suffi à faire passer facilement le texte, dans une opinion publique dont toutes les enquêtes d’opinion donnaient une majorité pour le Mariage pour Tous.
Le débat autour du texte a donc bien eu lieu, quoiqu’en disent les détracteurs du texte. L’Église catholique a donné plus que sa caution aux opposants du texte, elle leur a donné sa logistique. De même, l’UMP s’est engagée, élus et militants, dans toutes les manifestations, bien qu’une toute petite minorité se soit prononcée en faveur du texte.
Le texte a été adopté hier par le Parlement. C’est un parcours sans faute auquel s’est livrée la démocratie française : double débat électoral avec les présidentielles et les législatives, débat parlementaire où l’opposition eu largement la possibilité de faire valoir ses arguments, même l’outrance a eu droit de cité.
N’a-t-on pas entendu un parlementaire UMP accuser le gouvernement de vouloir assassiner des enfants avec ce projet de loi ! N’a-t-on pas vu dans les bancs du public des « excités » troubler les débats parlementaires par des cris et la tentative d’ériger une banderole ! N’a-t-on pas assisté au dérapage d’une ancienne ministre, Christine Boutin, appelant à la guerre civile et la prétendue égérie du mouvement des anti, Frigide Barjot, à celui du sang !
Dans la rue, à l’Église catholique et à la droite parlementaire s’est ajouté celui de l’extrême droite le FN, et les groupuscules extrêmes qui depuis quelques semaines occupent avec violence la rue , agressant physiquement les porte-parole du texte : ministres et journalistes.
Les menaces de mort envers les parlementaires et certains journalistes se sont multipliées. La démocratie, une fois de plus, connaît des difficultés, ses ennemis aux nombreux visages, ressortent à l’occasion. La démocratie lorsqu’elle débat, parce que sa force première est celle du débat, toutes les opinions sont réputées loyales, elle s’expose et le débat donne aux ennemis de la liberté la possibilité de s’immiscer et de tenter d’abattre la république, la « gueuse » comme ils l’ont longtemps surnommée.
L’Église catholique et la droite parlementaire ne se sont pas honorées de ces sinistres compagnonnages. On aurait aimé les entendre condamner ces excès et ces atteintes au débat public, avec plus de fermeté et de vigueur. Cette mollesse ils devront, un jour au l’autre, en rendre compte.
Le texte adopté, le recours devant le Conseil constitutionnel passé, et les décrets d’applications signés, il faudra bien que le pays s’apaise. Ceux qui dépasseront la ligne jaune, en troublant les premières cérémonies en mairie feront ainsi acte d’allégeance aux forces obscures qui de tout temps rôdent autour des piliers de la république pour tenter d’en abattre les soubassements.
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