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Accueil du site > Actualités > Politique > Mandela, combien de divisions ?

Mandela, combien de divisions ?

       

        Toute mort reste une tragédie. Cependant, celle d’un homme de l’envergure de Mandela transcende le simple deuil car elle concentre toutes les attentions du monde sur l’œuvre du disparu plus que sur sa funèbre et banale dépouille. Quelle fut donc l’œuvre de Nelson Mandela ? Fut-elle l’éradication de l’apartheid ? Fut-elle une victoire contre le racisme ? Je crois plutôt que l’essentiel de son action et de son message tient en peu de mots : 

                 RIEN NE PEUT S’OPPOSER A LA NON-VIOLENCE. 

         Mandela a prolongé la voie ouverte par Gandhi, Rosa Parks, Lech Walesa, Luther King et mille autres héros de l’humanité. « Mandela et les autres, combien de divisions ? » 

 Certains vont peut-être tenter de banaliser ou de diminuer Mandela. Ainsi, les uns mentionneront à l’envi des dissensions au sein de sa famille alors que d’autres rappelleront sans cesse son passé de terroriste. Les premiers devraient se souvenir de l’aphorisme de Saint François de Sales « Là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie » ; quant aux seconds, sans vouloir justifier le terrorisme, on pourra leur rappeler que les victimes de l’apartheid furent infiniment plus nombreuses que celles de l’ANC ( Attentat de Church Street ; massacre suite aux émeutes de Soweto, le 16 juin 1976 …).

 Et surtout, par son attitude non-violente, Mandela a jugulé le dénouement sanglant de l’abcès de l’apartheid qui aurait fait, à n’en pas douter, des dizaines de milliers de victimes. A ce sujet, je me souviens que ma secrétaire sud -africaine (j’ai moi-même vécu en Afrique du Sud dans les années 70) me parlait fièrement de son arsenal personnel au cas où les nègres … Hannah Arendt, observant cette élégante et gentille jeune fille, eût pu y déceler le plus facilement du monde une illustration de la banalité du mal.

 Pour terminer ce court hommage, je voudrais citer René Girard * : « Seul le renoncement inconditionnel et, s’il le faut, unilatéral, à la violence, peut mettre fin au rapport des doubles ». Puissent les hommes politiques, repoussant orgueil et vanités, ne jamais l’oublier.

 

* Des choses cachées depuis la fondation du monde


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19 réactions à cet article    


  • matador matador 7 décembre 2013 19:12

    Cette conformité intellectuelle à la non-violence..est d’une profonde stupidité....la violence est inscrite partout dans la nature, er l’homme est partie intégrante de la nature. (malgré ce qu il pense)

    La réponse à la violence est MALHEUREUSEMENT SOUVENT la violence.

    j’ habite sur les plages du débarquement en Normandie...si les alliés avaient débarqués avec des bouquets de fleurs , vous ne seriez pas là à écrire des balivernes

     

    le seul moyen d"éviter au maximum la violence (et il est juste de le faire) c’est l’EDUCATION pour établir une compréhension globale des autres et une forme de tolérance maximale.


    • NAMASTE 7 décembre 2013 23:27

      Merci beaucoup pour « stupidité » et « balivernes » !


    • amipb amipb 9 décembre 2013 04:31

      @Matador : je vous conseille fortement le « Plaidoyer pour l’altruisme » de Matthieu Ricard pour mettre fin à vos préjugés : coopération très fortement inscrite dans la nature, et même maintes fois décrite par Darwin, altruisme inné des enfants, j’en passe et des meilleures.

      Les études scientifiques d’aujourd’hui démontent un grand pan de notre conception de la « nature » en démontrant que si violence il y a, ce n’est certainement pas l’unique facteur.


    • César Castique César Castique 7 décembre 2013 20:13

      Si les pouvoirs forts de la finance n’avaient pas décidé qu’il était temps d’en finir avec le pouvoir blanc d’Afrique du Sud, qu’est-ce que Mandela aurait pu obtenir par sa non-violence ?


      «   Et surtout, par son attitude non-violente, Mandela a jugulé le dénouement sanglant de l’abcès de l’apartheid qui aurait fait, à n’en pas douter, des dizaines de milliers de victimes. »

      Personnellement, plus que « jugulé », je dirais « différé », et si j’étais afrikaner, il y a longtemps que je me serais tiré et encore plus longtemps, si j’avais été chargé de famille.

      • NAMASTE 7 décembre 2013 23:54

        L’apartheid n’était tout simplement pas viable. 

        J’ai connu des Afrikaners qui en avaient honte et se demandaient bien comment leur pays allait se sortir du pétrin.
        Mandela a obtenu sans violence ce que Luther King, Gandhi et Walesa ont aussi obtenu : la justice !

      • claude-michel claude-michel 8 décembre 2013 09:28

        Par NAMASTE ....Depuis la venue de Mandela il n’y a jamais eu autant de misère dans ce pays... !

        Mais lui sa famille et son clan sont riches à milliards... ?
        Bizarre...non.. ?

      • César Castique César Castique 8 décembre 2013 13:00
        « L’apartheid n’était tout simplement pas viable. »

        Bien sûr que non, pas plus que l’Algérie française. Ou pas plus que la nation arc-en-ciel, ne vous faites pas d’illusions.

        « J’ai connu des Afrikaners qui en avaient honte et se demandaient bien comment leur pays allait se sortir du pétrin. »

        Suivant les réalités que l’on considère (criminalité, croissance économique, indice de développement humain du PNUD*), on peut aussi dire qu’il s’y est davantage enfoncé, dans le pétrin et que le pire est encore à venir d’un fait d’un ultérieur exode massif des Blancs, les plus aptes à réussir en Australie, en Nouvelle-Zélande ou ailleurs.

        * Quatre-vingt-neuvième en 1991, l’Afrique du Sud est maintenant 121e sur 187 pays classés, entre les Kiribati et le Vanuatu.


      • NAMASTE 8 décembre 2013 13:28

        Vous confirmez : 

        Partout où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie

      • César Castique César Castique 8 décembre 2013 18:39

        Considérant qu’« hommerie » est péjoratif, je préfère parler de « nature humaine », une dimension de l’homme face à laquelle je m’efforce d’être compréhensif sans sombrer dans la poisseuse tolérance.


        Et je pense que nier cette nature humaine, comme fait Sartre entre autres, procède de ce travers que dénonçait déjà Bossuet : « Le plus grand dérèglement de l’esprit, c’est de croire les choses parce qu’on veut qu’elles soient, et non parce qu’on a vu qu’elles sont en effet. »

      • NAMASTE 8 décembre 2013 23:06

        Bonsoir Cesar Castique


        en fait, mon message de 13.28 (hommerie) était destiné à Claude-michel (je ne parviens pas à placer mes réponses au bon endroit ... ).
        « Hommerie » ne me semble nullement péjoratif. C’est sans doute du vieux Français signifiant spécifique à l’homme, ce qui n’a rien de déshonorant.
        Je répondrai à vos autres messages asap.

      • NAMASTE 8 décembre 2013 23:11

        Je vois que, comme Léon Daudet, vous méprisez la tolérance.

        Quant à Bossuet, vous me prenez par mon point faible ...

      • NAMASTE 9 décembre 2013 23:23

        On peut comparer la réorganisation de l’Afrique du Sud après l’apartheid à celles de la Russie et de l’Allemagne de l’Est, par exemple, suite au démantèlement de l’URSS. Bien entendu, la situation de l’Afrique du Sud reste plus délicate voire explosive pour des raisons évidentes. Il est certain que des extrémistes restent aux aguets ( A n’en pas douter, il doit bien exister des émules de Robert Mugabe … ).

        Depuis toujours, les lois de l’apartheid ont eu l’effet de pousser les non-Blancs les plus qualifiés à tenter d’aller exercer en toute liberté leurs talents ailleurs. Beaucoup de Blancs ont quitté le pays avant et après le début des années 90, souvent par peur. Tout cela affaiblit le pays économiquement. La disparition de Mandela ne va sans doute pas arranger les choses dans ce domaine.

        Il est difficile de quantifier des qualités. Quoi qu’il en soit, les indices du Programme des Nations Unies pour le Développement pour l’Afrique du Sud sont moins bons en 2012 qu’ils ne l’étaient il y a 20 ans. Il faut espérer que l’acquisition de nouvelles libertés – mal prises en compte par l’ IDH – compense la baisse des indices.


      • nopi78 7 décembre 2013 23:04

        Article ahurissant d’ignorance !

        Mandela non violent ! Et puis quoi encore ? C’est trahir son action que de le faire passer pour un non-violent militant.

        Face à la brutalité de l’apartheid, il a fondé la branche armée de l’ANC, et soutenu la lutte armée.

        Au bout de dix années, on lui a offert d’être libéré s’il désavouait les actes de résistance de l’ANC. Il a fait 27 ans en prison parce qu’il a catégoriquement refusé.

        Une fois libéré, les négociateurs blancs voulaient comme préalable le renoncement à la violence de l’ANC. Ce fut de la part de Mandela un refus catégorique, relisez ses discours de l’époque.

        « On n’arrête pas une bête fauve à main nue » N. Mandela

        Il a répété aussi que l’apartheid ne laissait pas d’autre choix pour le combattre que les armes.

        Pour cela, il était désigné comme terroriste par les USA, le Royaume-Uni et l’ANC était considéré comme une organisation terroriste.

        L’apartheid a été vaincu par une lutte farouche du peuple sud-africain, une lutte qui fit énormément de victime. Présenter Mandela comme un Ghandi noir, c’est insulter son action et la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie pour vaincre la ségrégation.


        • NAMASTE 7 décembre 2013 23:42

          Vous êtes de ceux qui rappellent à l’envi le passé terroriste de Mandela (mon article le prévoyait).

          Je maintiens que le terroriste/communiste Mandela a pensé, après 27 ans de prison, que la solution ne résidait plus dans la violence.
          Bien entendu, vous pourrez me rappeler ses relations avec Castro, Kadhafi etc ... Il a tout simplement remercié ceux qui ont soutenu son combat.

        • nopi78 8 décembre 2013 09:09

          Mandela n’a jamais été un terroriste à mes yeux, mais un résistant.

          Le présenter comme un non-violent, c’est trahir son histoire. C’est aussi rentrer dans le jeu d’une propagande médiatique qui ferait de tous combattants armés un criminel. C’est ainsi que les malheureux palestiniens, qui vivent eux encore sous apartheid, sont présentés.

          Mandela a utilisé la violence pour se défendre face à une violence insoutenable. Il a toujours encouragé la lutte contre les oppresseurs, violente si nécessaire. Il n’a rien d’un Ghandi.

          C’est pour moi un compliment.

          Et au moment où il a eu le pouvoir, il n’a pas profité de ce pouvoir pour se venger.


        • NAMASTE 8 décembre 2013 13:30

          La petite fille de Gandhi l’a rencontré avant sa libération


        • nopi78 8 décembre 2013 09:14

          Relisez ses discours à sa sortie de prison. Le combat armé est une option toujours présente et il refuse catégoriquement d’y renoncer tant que les afrikaners n’auront pas démantelé l’apartheid.

          C’est consultable partout, rien ne permet de justifier votre opinion. Il n’a jamais pensé que la solution ne résidait plus dans la violence. Il explique au contraire que c’est cette violence qui lui a permis d’être enfin libéré et qui va mettre l’apartheid à bas.

          Il explique aussi qu’il souhaite pouvoir vite entrer dans un processus où celle-ci ne sera plus de mise.

          Mais rien de plus faux que d’en faire un non-violent ; il n’avait pas ce genre de naïveté.


          • NAMASTE 8 décembre 2013 13:20

            Je cite Robert Badinter :


            « Gandhi était le théoricien de la non violence. Mandela s’est d’ailleurs rallié à cette perception. Mais il est allé bien au-delà. Il est passé de la non violence à la non vengeance »

          • fida_defor fida_defor 8 décembre 2013 18:24

            Merci nopi78 smiley pour votre compréhension et défense des choix qu’à assumé NM.

            A tous ceux qui perchés sur le joug de leur liberté, devraient d’abord se dire que toute privation de liberté et toutes formes d’oppression sont des crimes innomables sans communes mesures, et toutes ces facettes doivent être anéanties.

            Quel que soit le choix opté pour se libérer/s’affranchir celui-ci ne peut être soumis à l’exégète des pensées, cela semble autoritaire ! mais plus loin dans le temps le problème fut aussi soulevé concernant la seconde guerre mondiale à propos de la collaboration des Administrations. Dominés, privés de ses droits les plus élémentaires, être relégués à l’état de paria dans son propre pays, par une minorité allochtone !!! Et nous discourons sur était-il non-violent ou fut-il terroriste (les états spécialistes de marqueurs terroristes sont ces mêmes pays générant la violence comme pas possible aux noms des USA et la GB), il a été de ces hommes ayant l’étincelle, la fibre du Timonier qui se devait de sortir son peuple de cette tourmente et cela par TOUS LES MOYENS.

            Pour ceux qui parle de la Finance comme catalyseur possible (USA, GB) de cette libération pour diminuer la portée de l’acte de Madiba il devraient juste avoir à l’esprit que : un peuple tout entier déterminé à se libérer ne peut être vaincu ou ne saurait être vaincu.

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