Qu’est-ce qu’être de gauche en 2010 ?
Etre de gauche veut bien dire quelque chose en 2010, notamment face à la situation sociale, économique et environnementale actuelle. Le Parti socialiste, Europe Ecologie, le Front de gauche ou encore le Nouveau parti anticapitaliste ne pourront s’imposer en 2012 qu’avec un véritable programme de gauche et non dans la confusion des genres à laquelle nous avons droit actuellement, en particulier au PS ou à EE, des formations qui ne proposent que d’accompagner le capitalisme et non d’y mettre fin : dans le fond, soyons un brin provocateur et demandons nous si ces partis sont toujours de gauche ?
« La Gauche naît de la lutte contre l’absolutisme, l’injustice sociale, les privilèges… »
L’origine historique de ce clivage vient de la révolution française et du débat sur la place du monarque dans les décisions politiques du pays. Les députés défendant un pouvoir royal fort, l’aristocratie et le clergé se sont placés à droite au sein de l’assemblée alors que les députés privilégiant un pouvoir royal amoindri, principalement le tiers-état, ont rejoint la gauche. Ainsi la Gauche naît de la lutte contre l’absolutisme, l’injustice sociale, les privilèges… Elle est donc le prolongement du combat des lumières pour une organisation sociale plus juste.
Parmi ces combats, celui de l’émancipation de l’Etat vis-à-vis de la religion. Un homme de gauche est un défenseur intransigeant de la laïcité, de la liberté de conscience, de l’égalité des statuts spirituels et de l’universalité de la puissance publique. Il s’applique à ce qu’aucun groupe ne fasse prévaloir sa loi particulière sur la loi générale. Car être de gauche, c’est énoncer ce qui est bon pour tous et non, seulement ce qui est bon pour soi. C’est avoir l’esprit collectif et ne pas vanter cet individualisme qui aujourd’hui ronge les liens sociaux dans notre pays. Comme le dit Jacques Généreux, « il faut favoriser les liens plutôt que les biens » si l’on veut mettre en place l’entente civique (la concorde) : il y a concorde lorsque dans une communauté politique, les citoyens ont la même conception de leur intérêt commun, prennent des décisions et les exécutent et non lorsque une minorité de privilégiés impose sa vision de l’Homme et du monde à une majorité divisée.
« Entre le faible et le fort, c’est la liberté qui opprime et la loi qui libère »
Ainsi le combat de Gauche en 2010 s’attaque évidement au système capitaliste et au dogme libéral : pourquoi soutenir un système qui, certes enrichit le pays, mais ne profite qu’à une poignée de privilégiés ? La redistribution des richesses est le point faible du libéralisme, or elle est primordiale si l’on veut soutenir une dynamique d’union entre les esprits et les cœurs. Un système dont le principe de base est que l’enrichissement enrichit les plus riches au détriment des plus pauvres est à combattre farouchement. L’idéologie néolibérale est la porte ouverte à la loi du plus fort, Rousseau l’avait pressenti il y a plus 200 ans : » Entre le faible et le fort, c’est la liberté qui opprime et la loi qui libère« . L’homme de Gauche préfère donner que prendre, il est un défenseur du service public et non des privatisations qui ne répondent qu’à la loi inique du marché et du seul profit. Il soutient la planification écologique qui ne met pas de coté les populations les plus démunies et non le capitalisme vert, car c’est bien l’homme qui doit être au centre de toutes questions. Etre de gauche c’est aussi parfois désobéir, comme le montre le combat des anti-OGM ou encore celui des individus cachant des sans-papiers. La désobéissance civile est l’héritage des combats des révolutionnaires français, de Gandhi ou encore de M. Luther-King. Elle doit être, comme l’affirme José Bové, personnelle, transparente et responsable dans l’optique d’un projet collectif, désintéressée et non violente. C’est un acte ultime lorsque plus aucun autre moyen de lutter n’est envisageable. La déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1793 déclare à ce sujet : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs« .
« Etre de gauche c’est cultiver la fraternité, ici et ailleurs »
Etre de gauche, c’est être internationaliste : c’est cultiver la fraternité, ici et ailleurs, c’est être solidaire des plus démunis et défendre l’intérêt commun de l’humanité. En d’autres termes, c’est être citoyen du monde. Comme l’a dit Lamartine : « Je suis de la couleur de ceux que l’on persécute« . On devient meilleur lorsque l’on lutte pour les autres mais moins bon lorsqu’on ne lutte que pour soi. Lutter contre toutes formes de discriminations (raciales, sociales…), favoriser l’émancipation de tous les individus (des jeunes, des femmes…) et de tous les peuples voilà ce qui rythme le combat d’un être solidaire et humaniste.
Si une grande partie de la droite pense que l’individu est seul responsable de sa situation, pour tout Homme de gauche c’est l’environnement (social, familial..) qui est déterminant. Ce sont deux visions de l’Homme qui s’opposent. Prenons l’exemple de l’échec scolaire : la pensée de droite fait le constat que l’individu est le seul artisan de son échec comme de sa réussite, elle juge l’individu sans tenir compte de son histoire ni de sa situation. Robert Owen (socialiste anglais du début XIX) a répondu à cela que » pour changer l’homme, il faut changer son environnement », car pour la gauche, l’individu n’est pas un tout que l’on peut ôter du reste, il est en partie conditionné par son éducation, sa culture, par le contexte social dans lequel il vit. Prôner l’unique responsabilité de l’individu face à la société, c’est accepter le darwinisme social (Théorisé par Spencer au XIX), l’exaltation de la compétition entre les individus et donc la survie des plus aptes dans la société.
Aujourd’hui, la gauche se délite au point que certains en viennent même à douter de son existence. Des personnes comme D. Strauss-Kahn ou encore B. Kouchner qui affirment être de gauche tout en appliquant des politiques diamétralement opposées sont des entraves au combat de l’ensemble de la Gauche et participent à son effritement. Etre de gauche au pouvoir, c’est apporter l’espérance comme le fit le Front populaire en 36 avec la hausse des salaires, la semaine de 40 heures sans diminution de salaire (travailler moins pour gagner autant), la nationalisation de la SNCF ou encore l’allongement de la scolarité obligatoire (car il y a moins de liberté dans l’ignorance que dans la connaissance).
Comme l’affirme Jacques Généreux dans la Grande régression « tandis qu’une minorité semble profiter outrageusement d’une dynamique destructrice pour la vie du plus grand nombre » c’est le rôle de la gauche d’imposer une autre voie. Pour l’emporter en 2012, il faudra une gauche par l’exemple, une gauche qui propose et pas seulement qui s’oppose, une gauche qui lutte contre le mensonge, une gauche qui fait renaitre en chacun l’espoir d’un monde meilleur pour aujourd’hui, comme pour demain.
« Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux » La Boétie
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