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Relance de la consommation des particuliers par l’endettement ?

53 % d’électeurs ont voté pour N. Sarkozy. Il est un des présidents les mieux élus de la Ve République. Sa légitimité est incontestable. Faut-il considérer que sa politique est désirée et comprise par tous ceux qui ont voté pour lui ? On peut en douter, en particulier lorsque la réalité des mesures pointe son nez derrière l’artifice des discours.

Dans l’idéologie néolibérale, la croissance ne repose pas fondamentalement sur l’investissement de l’Etat, mais sur la consommation des particuliers boostée par l’endettement. Pour N. Sarkozy et les libéraux français, les citoyens ne sont pas assez endettés : en vivant en crédit, à l’instar des consommateurs américains, le citoyen français peut consommer davantage et créer - à son détriment le plus souvent- de la croissance. C’est, selon nous, la raison principale de la volonté de permettre la déductibilité des intérêts d’emprunts immobiliers (couplée avec un crédit d’impôt pour ceux qui ne paient pas d’impôt ou pas "assez"). A première vue, cette mesure peut apparaitre comme bénéfique, en donnant plus de pouvoir d’achat aux ménages. La régle vise cependant en premier à soutenir le marché immobilier, dont on sait qu’il constitue un moteur essentiel de la croissance, l’exemple espagnol, reposant sur un mécanisme similaire, en constituant une parfaite illustration. Si la mesure connait le succès qu’on lui prête, elle aura pour effet de maintenir voire de relancer la "bulle immobilière" en voie d’essouflement et donc de participer au renchérissement des prix de l’immobilier. La conséquence paraît inévitable : le gain fiscal sera pour les plus modestes entièrement (ou presque) absorbé par l’augmentation des prix générée par cette seule mesure. La réforme sera en fait essentiellement profitable aux opérateurs du marché immobilier ainsi qu’à ceux dont le patrimoine immobilier est déjà constitué : les principales victimes seront sans doute les primo-accédants, ceux dont le besoin d’aide est le plus criant.. Il faut en effet s’arrêter un instant sur l’endettement : toute l’économie libérale est au fond une économie de la dette : cependant l’endettement n’a pas le même impact selon la situation sociale de l’emprunteur. Lorsque l’emprunt sert à financer des besoins essentiels, non fructifères, l’endettement constitue essentiellement une charge pour celui qui le supporte. L’emprunt peut en revanche constituer un facteur d’enrichissement du patrimoine pour celui qui l’utilise comme un levier financier. Exemple simple je dispose de 400 000 € et souhaite acquérir un immeuble de rapport de 400 000 € avec espérance de revenus fonciers de 15 000 €. Plutôt que d’acquérir le bien avec mes économies, je peux avoir intérêt à acheter le bien avec un prêt (in fine ou amortissable) calculé de façon à ce que les mensualités d’emprunt et l’assurance décès absorbent le montant des revenus fonciers (voire davantage si je veux créer du déficit foncier imputable sur mes autres revenus fonciers) et placer les 400 000 € sur un support placé en adossement du prêt. Support qui génère des revenus supérieurs au revenus fonciers et moins taxés. Lorsqu’une personne a la liberté et la capacité de choisir l’emprunt comme mode d’arbitrage entre les classes d’actifs du patrimoine, il devient un vecteur d’enrichissement et non une charge : or, le projet de l’UMP est de conduire à une société de propriétaires, sans tenir compte de l’intérêt économique qu’il peut y avoir pour les plus modestes à ne pas être propriétaires. Dans la logique profonde du programme et non dans l’affichage qui en est donné, le développement économique repose sur l’incitation à la constitution et à la valorisation du patrimoine et non sur l’accroissement des revenus directs et indirects. Cette idéologie transparaît de façon nette dans la volonté de diminuer les droits de succession et d’augmenter l’efficacité du bouclier fiscal. Contrairement au discours officiel, la première mesure n’a pas pour objet de protéger le fruit du labeur de toute une vie des griffes prédatrices du fisc. En effet, cette approche est doublement inexacte : 1) elle ne tient pas compte de l’état actuel de la législation - qui est déjà assez favorable ; 2) Elle ignore le mode de constitution des patrimoines et le niveau moyen de ceux-ci. Aujourd’hui, dans l’hypothèse d’une succession non préparée, existent plusieurs mesures limitant l’imposition. Il existe des abattements en fonction de l’identité de l’héritier (conjoint, enfants, frères ou soeurs, pacsés etc.). S’applique ensuite un abattement global de 50 000 €. Sachant que le patrimoine moyen du foyer français est de 172 000 € (source INSEE), on mesure à quel point l’essentiel des patrimoines ne sont pas taxés lors des successions. Prenons l’exemple d’un veuf dont le patrimoine net est de 250 000 € et qui laisse à sa succession deux enfants. Chacun des enfants à vocation à recevoir 125 000 €. En ligne descendante, s’applique un abattement de 50 000 €. L’assiette taxable n’est donc plus que de 75 000 €. S’applique ensuite l’abattement global de 50 000 € ventilé au prorata des droits, soit 25 000 € par enfant. L’assiette taxable n’est plus que de 50 000 €. La taxation est progressive (5, 10, 15 .%,) et conduit à une imposition autour de 2000 € (avec encore des déductions possibles et une paiement fractionné ou échelonné). Soit une pression fiscale de 2% pour une succession entièrement non préparée. Sachant qu’il est aujourd’hui très simple de préparer la succession pour en diminuer voire en supprimer les droits (par une donation par exemple en franchise de droits tous les six ans de 50 000 € aux enfants) dans une succession de moyenne importance, il apparaît évident que la mesure proposée par Sarkozy est essentiellement profitable aux riches. Elle s’inscrit dans une vision d’une société inégalitaire (puisque ces mesures ont pour effet d’accentuer les inégalités de conditions d’origine), car - et c’est la seconde inexactitude du fondement justifiant cette mesure - les patrimoines ne se constituent pas en priorité par l’accumulation des fruits du travail, mais essentiellement par la force reproductive du capital. Comment parler alors de société du mérite ? Il n’y a aucun mérite à faire fructifier son patrimoine lorsque celui-ci travaille pour vous... En limitant la taxation sur les successions, le nouveau gouvernement ne favorise pas le travail comme il le prétend, bien au contraire : puisque la mesure conduit à limiter l’impôt donc le mécanisme de redistribution essentiel de l’Etat qui seul permet de rehausser la valeur travail en augmentant par exemple son montant minimal (le Smic) ou les retraites (dont la surchage en terme de coût pour l’entreprise peut être compensée par quelques exonérations). Quant au bouclier fiscal enfin, qui organise un droit à restitution l’année postérieure au paiement de l’ISF lorsque la somme des impôts payés (IR, ISF, taxes liées à l’habitation principale) excède 60 % (bientôt 50 %), il n’a d’intérêt que pour les patrimoines de très grande importance ; compte tenu des régles déterminant son taux et son assiette.. Par exemple, un patrimoine éligible à l’ISF de 1 200 000 € (ce qui suppose un patrimoine d’une valeur supérieure, ne serait-ce par exemple qu’en raison de l’abattement de 20 % sur la résidence principale), l’impôt dû est de 2420 € (sans tenir compte des déductions et de la prise en compte des charges et en particulier des impôits...). On comprend fort bien que le retraité de l’île de Ré ne peut pas être le cœur de cible de la mesure..

Etrange société que celle qui met en avant l’idée de mérite, mais qui dans les faits légitime les inégalités de situation et de patrimoine. Le principe de liberté de choix des établissements scolaires, le principe de l’autonomie des universités (qui, en germe, conduit à une augmentation considérable des droits d’inscription pour les universités les plus prestigieuses) constituent également deux mesures allant exactement dans le même sens


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27 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 15 mai 2007 11:27

    Si la nouvelle politique de SARKOZY peut me permettre de devenir propriétaire ,je deviendrais propriétaire.

    Après tout,ce qui fonctionne en Espagne doit fonctionner en France.

    C’est quand même une avancée par rapport au NEANT (vide) que pouvait proposer SEGOLENE ROYAL.

    Attendons de lire les textes qui sortiront avant de juger


    • tolosa 15 mai 2007 12:05

      Devenir propriétaire n’est pas une finalité en soi. Ce n’est pas toujours un bon calcul économique d’acquérir sa résidence, en particulier lorsque le prêt souscrit est à taux variable et sur du long terme


    • hurlevent 15 mai 2007 12:12

      Heu ben justement, c’est à long terme que l’acquisition de sa résidence est plus intéressante. C’est sur, on peut louer toute sa vie. Mais il est plus intéressant financièrement d’acheter, même en prenant un prêt à long terme. Même sur un prêt à 30 ans, la fraction correspondant aux intérêt des premiers remboursements est inférieure au prix de la location du même bien.

      Le seul réel avantage de la location c’est la mobilité.


    • tolosa 15 mai 2007 12:17

      Ce n’est pas évident, il faut penser le différentiel entre le loyer et l’emprunt (et les impôts fonciers) en terme de placement sur et rémunéré


    • hurlevent 15 mai 2007 12:32

      Plus je relis l’article, plus je trouve d’erreurs ou d’approximations. L’auteur a raison de souligner que l’exonération d’impot des intérêts d’emprunts va provoquer une hausse des prix de l’immobilier, mais a tort quand il dit que cela sera au détriment des plus modestes.

      Premièrement, c’est justement chez les plus modestes que la part des intérêts est la plus élevée dans le remboursement des emprunts immobiliers.

      Deuxièmement, les intérêts étaient également déductibles des impôts dans les années 90. Or, cette déductibilité était plafonnée. Si la future loi reprend cette idée, ce plafonnement va profiter aux plus modestes.

      Troisièmement, l’augmentation des prix de l’immobilier ne peut pas être supérieure à l’augmentation de la capacité d’emprunt des acheteurs. Dans le pire des cas, elle ne se fera pas au détriment des ménages, elle sera neutre. La somme perdue, soit les intérêts avant la loi, sera la même après la loi (intérêts plus grand - déductibilité des impots).

      « les patrimoines ne se constituent pas en priorité par l’accumulation des fruits du travail, mais essentiellement par la force reproductive du capital. »

      Là, c’est clairement faux. L’auteur ignore comment des dizaine de millions de ménages sont devenus propriétaires. C’est clairement grace à l’emprunt financé par le salaire.

      « puisque la mesure conduit à limiter l’impôt donc le mécanisme de redistribution essentiel de l’Etat qui seul permet de rehausser la valeur travail en augmentant par exemple son montant minimal (le Smic) »

      Hein ? En quoi l’impot augmente-t-il le Smic ? Le Smic est financé uniquement par les entreprises, l’impot n’a rien à voir là dedans.


    • tolosa 15 mai 2007 12:41

      Il est absolument évident que les patrimoines ne constituent essentiellement par la force reproductive du capital. C’est elle qui constitue l’effet de levier. Si vous recevez par succession 500 000 € placé à 4 % sur un contrat d’assurance au bout de 10 ans, votre patrimoine s’élèvera au bout de 10 ans par capitalisation autour de 870 000 €. Votre patrimoine d’origine vous crée dès la première année 20 00 € de patrimoine en plus Le capital possède un effet de levier incomparable. C’est la raison pour laquelle l’exonération des droits de succession est une mesure fondamentalement inégalitaire


    • tolosa 15 mai 2007 13:48

      nouvelle réponse à hurlevent « Premièrement, c’est justement chez les plus modestes que la part des intérêts est la plus élevée dans le remboursement des emprunts immobiliers. » Cela est vrai pour les prêts amortissables

      « Deuxièmement, les intérêts étaient également déductibles des impôts dans les années 90. Or, cette déductibilité était plafonnée. Si la future loi reprend cette idée, ce plafonnement va profiter aux plus modestes. »

      Dans une première vue, oui, attention aux réflexions simplistes : exemple je peux déduire 50 % de mes intérêts d’emprunt. J’emprunte 190 000 € pour acquérir le logement que je joue actuellement 750 € par mois. Charge de l’emprunt 1177 €, intérêt 10500 € par an impôt foncier 700 €. j’envisage cet effort car le gain fiscal est de 5250 € dès la première année. Cependant, la différence entre le coût de l’achat et la location est de 5824 € par an, soit supérieure à la valeur de la moitié. Et encore cette somme n’est pas capitalisée, si elle l’était (hors frais d’entrée,) elle serait augmentée d’une centaine d’euro..

      « Troisièmement, l’augmentation des prix de l’immobilier ne peut pas être supérieure à l’augmentation de la capacité d’emprunt des acheteurs. Dans le pire des cas, elle ne se fera pas au détriment des ménages, elle sera neutre. La somme perdue, soit les intérêts avant la loi, sera la même après la loi (intérêts plus grand - déductibilité des impots). »

      Alors là je ne comprends pas. La capacité d’emprunt est déterminée par les ressources des emprunteurs. Pourqoui tant de gens ont acheté moins grand et plus loin qu’il ne le voulait et bien parce que leur capacité d’acheter un bien déterminé à fortement chuté en 10 ans...

      «  »les patrimoines ne se constituent pas en priorité par l’accumulation des fruits du travail, mais essentiellement par la force reproductive du capital." Là, c’est clairement faux. L’auteur ignore comment des dizaine de millions de ménages sont devenus propriétaires. C’est clairement grace à l’emprunt financé par le salaire."

      L’auteur n’ignore rien de cette évidence. Il dit simplement que la constitution de patrimoine d’une certain importance (patrimoine net ) est plus que facilité par le caractère fructifère des biens possédés....


    • hurlevent 15 mai 2007 14:26

      « Il est absolument évident que les patrimoines ne constituent essentiellement par la force reproductive du capital. »

      C’est une exagération grossière. Les patrimoines peuvent aussi se constituer par épargne salariale. Et l’accession à la propriété en est un exemple. Des millions de personnes sont dans ce cas.

      « Si vous recevez par succession 500 000 € placé à 4 % sur un contrat d’assurance au bout de 10 ans, votre patrimoine s’élèvera au bout de 10 ans par capitalisation autour de 870 000 €. »

      Il y a plusieurs inexactitudes qui tempèrent votre conclusion. Tout d’abord, sur une telle succession, des frais de successions s’appliquent. Si ces frais sont bas en dessous de 100 000 E, en cas de succession directe, ils augmentent rapidement ensuite. Ensuite, 500 000 E placés à 4% net d’impot donnent 740 000 E au bout de 10 ans, pas 870 000 E.

      Lorsque l’on compare revenus du travail et revenus du capital, il faut prendre en compte tous les paramètres.

      Tout d’abord, le capital ... s’use. En effet, dus à l’inflation, 500 000 E aujourd’hui n’ont pas la même valeur que dans 10 ans. Avec une inflation à 2%, il faut 609 000 E dans 10 ans pour conserver le capital. Le gain réel est donc approximativement de 131 000 Euros, ou 13 100 Euros par an.

      Deuxièmement, le capital investit dans des entreprises est bénéfique pour les salariés en général. En effet, ce sont les entreprises qui créent la richesse et les emplois. Donc du capital investi dans les entreprises induit plus d’emplois, donc plus de revenus du travail.


    • tolosa 15 mai 2007 16:43

      Réponse à hurlevent Je ne dis pas que les patrimoines ne se constituent que par les placements... je crois que vous faites exprès de ne pas comprendre. Plus vous possédez de capital plus votre capacité de valorisation patrimoniale s’accroît. Par conséquent, plus vous favorisez la transmission du capital, plus vous favorisez les inégalités patrimoniales. Quant à l’exemple donné, je prenais évidemment 500 000 € après paiements des droits.... Sur le calcul je reconnais volontiers mon erreur votre chiffre est le bon. Quant à votre prise en compte de l’inflation, bien sur, mais au moins la valorisation du capital progresse plus vite que l’inflation.... Quant à votre dernière phrase sur le capital investi dans les entreprises. Les encours actuels dans les contrats d’assurance vie sont de 1000 milliards d’€. en progression chaque année de 15 %. Avez vous vu le moindre impact sur la santé financière des entreprises, surtout le PME, qui constituent le réel vivier d’emploi ?


    • ARMINIUS ARMINIUS 15 mai 2007 17:26

      Lerma : Arrêtez de dire n’importe quoi, votre haine de S.Royal vous aveugle , vous n’avez manifestement pas lu son programme dont l’un des piliers était justement l’accession à la propriété pour les salariés les plus modestes ! Avec rappel aux maires de jouer de leur droits de préemption pour libérer des terrains à prix abordables , accès à la propriété sur 20 ans avec encadrement et garantie en cas de pépin financier, encouragement à l’équipement en source d’énergie renouvelable, Bref tout était « bordé », il n’y avait plus qu’à appliquer...espérons que Sarkozy piquera au moins partiellement quelques une de ces bonnes idées ( puisque ça a l’air d’être maintenant sa façon de fonctionner) ça pourrait permettre à nombre de français de devenir propriétaires en toute sécurité et de jouir ainsi, le moment venu, d’une retraite décente.


    • ARMINIUS ARMINIUS 15 mai 2007 17:37

      Hurlevent : je me demande comment un commentaire comme le votre dont le bien fondé et l’évidence sont manifestes peut être noté négativement. A moins qu’il n’y ait sur ce site que des propriétaires en manque de locataires, ce dont je doute, je ne vois vraiment pas l’intérêt...


    • renardoux 17 mai 2007 23:34

      Ce n’est pas toujours un bon calcul, surtout quand le marché est presque bloqué : http://www.dailymotion.com/jmpoure/video/x1ztj5_carpentras-part-3-baisse-dactivite


    • hurlevent 15 mai 2007 12:06

      « Dans l’idéologie néo libérale, la croissance ne repose pas fondamentalement sur l’investissement de l’état, mais sur la consommation des particuliers boostée par l’endettement »

      Heu, j’ai l’impression que l’auteur a fait une grosse boulette. Dans l’idéologie libérale, la croissance repose sur une politique de l’offre (on favorise l’entreprise pour qu’elle crée plus de richesses). L’idéologie qui repose sur une politique de la demande (on favorise la consommation), c’est plutot une politique de gauche. Me trompe-je ?


      • tolosa 15 mai 2007 12:15

        Il ya longtemps que les politiques ne sont plus simplement de l’offre ou de la demande, même d’un point de vue idéologique. Il me semble qu’il y a aujourd’hui une ligne de démarcation simple entre ceux qui considèrent que la relance passe par une augmentation de la consommation créée par un accroissement de l’endettement personnel (d’où sans doute la tentation du prêt hypothécaire par exemple) des consommateurs et ceux qui souhaitent un accroissement de la consommation par une augmentation des ressources directs et indirects. mais je ne suis pas économiste..


      • Mondran 15 mai 2007 13:11

        Sans vouloir faire l’exegèse de Tolosa, il me semble que les points soulevés par Hurlevent sont formellement justes mais ne traduisent le fond de l’article. Concernant l’exonération d’impôts sur les intérêts d’emprunts, il est effectivement évident que cela va maintenir des prix elevés dans l’immobilier qui pèsent sans commune mesure sur l’economie des ménages acheteurs à faible revenu, par rapport aux gains marginaux espérés sur la feuille d’impôts. L’augmentation forte de la part des emprunts à long terme sur le total des emprunts traduit la prépondérante de plus en plus forte dans certains budgets modestes des achats primaires (nourritures, logements etc.) Ceci est plutôt une involution qu’une évolution.

        Sur la création du capital, vous avez tous les deux raisons. Il est évident que beaucoup de français se sont constitués un capital par l’épargne salariale. Il est également évidement que les régimes fiscaux pesant sur les salaires d’une part et sur le capital de l’autre font qu’un l’accroissement du capital constitué est d’autant plus rapide que le capital est important. Enfin, sur la question de l’impôt et de la redistribution, il est certain que l’impôt ne paie pas le SMIC. Celui-ci est payé par tous les employeurs (y compris l’état) et est revalorisé, sur la base de l’inflation et d’un coup de pouce décidé par le gouvernement. L’impôt finance toutefois des mesures de redistributions (comme les minimas sociaux par exemple).


      • Mondran 15 mai 2007 12:20

        Cet article, très intéressant, permet de mettre en évidence l’ambiguïté des messages de la nouvelle majorité. Axé sur l’effort et le mérite, le programme contient en même temps des projets fondamentalement inéquitables. S’il peut paraître à première vue légitime de transmettre à ses enfants le fruit de son travail, est-il pour l’héritier méritant d’hériter ? Une économie de rentier n’est pas une économie libérale, elle sclérose la circulation des capitaux et empêche le renouvellement de la richesse. Nous savons depuis Rawls qu’elle est également profondément injuste, au sens où les inégalités engendrées par cette mesure ne profitent pas à l’ensemble de la société. Ces projets sont à rapprocher des efforts incessants pour alléger les prélèvements obligatoires et dans le même temps créer des emplois de service à la personne. Une économie de très riches se dessine donc sous nos yeux, avec une redistribution marginale. L’acceptation de cette économie inégale repose sur une idée néoclassique simple, selon laquelle un consommateur accepterait toute mesure visant à accroître même marginalement son gain réel, indépendamment de l’accroissement des ressources des autres acteurs. Cette idée est heureusement contredite par des expériences sociologiques sur le sentiment de justice. Le gain marginal ne suffit pas à faire accepter les mesures, il faut aussi qu’il soit équitable. L’espoir des conservateurs français - faire accepter un partage très inégal des revenus économiques - par un gain marginal positif pourrait donc se révéler infondé.

        La question fondamentale finalement soulevée en filigrane par cet article est celle de la nature de la politique. La société doit-être être seulement un vecteur d’ajustement du marché, où existe-t-il une politique plus citoyenne, qui permette de résoudre les deux principaux problèmes de notre temps : le défi écologique et le vivre ensemble ? Les notions de justice, d’équité et de gain social sont donc vraiment au cœur de l’action. Elles seront certainement au cœur des évolutions politiques des années prochaines.


        • tolosa 15 mai 2007 12:31

          merci pour cette réponse très interessante sur le fond.


        • LE CHAT LE CHAT 15 mai 2007 13:38

          Cette vision des choses vise avant tout à alièner les individus au profit des banques . Ne pas oublier qu’un banquier est quelqu’un qui prête un parapluie les jours de beau temps et l’enlève dès qu’il pleut !

          vu la spéculation effrénée de ces dernières années , posséder son logement est devenu un luxe et simplement le prix d’une location est devenu immoral ( souvent plus de 40% des revenus )


          • Tzecoatl Tzecoatl 15 mai 2007 16:23

            Et oui, dans notre monnaie-crédit tel l’euro, s’il n’y avait pas d’emprunts, nous n’aurions pas d’argent entre les mains.

            Et même pire, on se rendrait compte que nos dettes ne sont pas remboursables, et que nous devrions céder nos patrimoines privées et publics aux banques (masse monétaire inférieure aux crédits en cours) Sympa, non ?


          • ZEN zen 15 mai 2007 13:47

            @L’auteur

            Bon article, mais à l’avenir, aérez votre texte pour une meilleure lisibilité

            Mondran a dit l’essentiel. Une économie de rentier est stétilisante pour l’investissement, donc pour la croissance à venir. De plus, la dépendance banquaire(comme on le voit en UK) crée une situation où chacun a tendance à vivre dans la hantise du futur immédiat et à perdre le recul critique nécessaire à tout citoyen digne de ce nom...


            • llecuyer llecuyer 15 mai 2007 17:00

              Dommage que l’article ne soit pas aéré en paragraphes avec des titres internes, et les phrases plus courtes : le fond est intéressant, mais la forme rend certains passages difficilement compréhensibles.


            • christophe.l.reims 15 mai 2007 19:56

              Bravo pour cet article (avec un bémol pour la mise en page un peu lourde)...

              je pense que j’aurais intitulé cet article : Sarkozy où comment faire prendre des vessies pour des lanternes.......

              Une démonstration bien argumentée du mode opératoire politique de NS, comme pour toute sa campagne il a réussi à nous vendre moult mesures en les faisant passer pour équitables et sociales..... le grand malheur c’est que nombreux sont ceux qui n’ont pas su lire entre les lignes et se sont laissés berner....


              • fifilafiloche fifilafiloche 15 mai 2007 20:10

                Même remarque sur l aeration du texte sur la forme.

                Sur le fond, je pense comprendre que l objectif de N.Sarkozy n est pas la répartition égalitaire d un stock de richesse mais l incitation à produire plus de richesse pour la bonne santé de l économie nationale et des finances de l Etat, par effet de volume.

                L impot progressif, la confiscation du capital sont démotivants , car le fruit des efforts à la marge ne profite pas à l individu et à sa zone d interraction affective.

                Les logiques égalitaristes ont été testées depuis 30 ans et ont conduit la France en queue de peloton des économies de la zone Euro. Essayons les recette inegalitaires en apparence mais plus profitable pour tous dans les faits qui ont fait leurs preuves chez nos voisins. L envie du capital des autres se transformera t il peut etre alors en envie de se construire un capital...


                • Mondran 16 mai 2007 13:07

                  Je réagis au commentaire posté par fifilafiloche. Vous avez globalement raison sur votre synthèse. L’objectif affiché est macroéconomique, reste à déterminer si les mesures discutées dans l’article conduiront à un accroissement de la valeur globale. J’en suis beaucoup moins certain pour la détaxation des transmissions de patrimoine. Mais ce n’est pas sur cela que je réagis. Il est assez faux de dire que la France a pratiqué une politique égalitariste depuis 30 ans. Je pense qu’il y a confusion entre égalitarisme et équité et entre équité et justice. Aucune société, encore moins la Française n’est égalitariste, ce que propose la taxation progressive et ses très nombreuses déductions possibles, s’apparente plutôt à l’équité telle que définie par Rawls, c’est-à dire des inégalités régulées, acceptées collectivement, car elles profitent à tous. Le risque pointé ici, est le développement d’injustices qui ne profiteront qu’à un ensemble extrêmement réduit de gens, dont l’accroissement de richesse ne percolera que très faiblement vers la base. Donc, oui, l’égalitarisme n’est pas souhaitable, mais l’équité sociale l’est car elle constitue le fondement d’une société organisée.


                • Gilles Gilles 17 mai 2007 09:35

                  Outre la réponse de Mondran à ce commentaire, voici la mienne. Vous dîtes :

                  « L impot progressif, la confiscation du capital sont démotivants , car le fruit des efforts à la marge ne profite pas à l individu et à sa zone d interraction affective. »

                  Je vois que le bourrage de crâne par la méthode coué a de beaux jour devant lui ! C’est le commentaire cliché habituel des néolibéraux qui s’époumonent contre l’Etat qui spolie ou confisque tous ceux qui font des efforts pour produire des richesses. En regardant les taux de taxation, désolé, mais aprés l’impôt il reste encore pas mal d’argent dans la poche de ceux qui monopolisent déjà la majeur partie des richesses du pays.

                  Les 10 % les plus fortunés disposent de 46 % de l’ensemble de la fortune nationale, et ce taux augmente. Les 50 % les plus riches en possédent 91%. Apparemment ils ne souffrent pas tant que cela de l’impôt ! Surtout, ils profitent plsu que les autres des ressources que met le pays à leur disposition pour gagner encore plus d’argent. Normal de contribuer à hauteur, non ?

                  http://www.inegalites.fr/spip.php?article38&var_recherche=patrimoine&id_mot=30


                • Luigi Chiavarini Luigi Chiavarini 17 mai 2007 10:04

                  Très bonne analyse , pourquoi n’aviez vous pas donner ces arguments à Md Royale ? Cela aurais palier à sa méconnaissance de l’économie quoiqu’il en soit il ressort de votre analyse que l’endettement est nécessaire dès lors que celui ci permet l’acquisition de la propriété du capital (dans le sens moyen de production) qu’il soit immobilier , industriel ou intellectuel . Par contre l’endettement à des fin de consomation primaire ( vacance, nouriture , habillement, électronique ) est lui a proscrire car bien plus coûteux et sans espoir de rendement.


                  • tolosa 17 mai 2007 10:06

                    merci, voyez vous c’est en écoutant Ségolène Royal lors du débat que l’idéed de la rédaction de ce billet m’est venue tant j’enrageais de son incapacité à placer le débat sur le fond

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