Socialisme et désordre
Depuis la défaite lors de la présidentielle, où en est le PS ? Qui entend les voix des ténors du parti contredire la politique mise en place par Nicolas Sarkozy ? Personne ! Est-ce parce que leurs propos ne sont pas dignes d’intérêt et que les médias par conséquent les boudent ? Est-ce parce que leurs attaques vont d’abord à l’encontre des autres membres du parti et qu’à s’égosiller les uns contre les autres on en oublie l’essentiel ? Et l’essentiel, c’est le métier d’opposant ! Car le PS veut rénover et cesser de s’enterrer dans des querelles intestines, le clanisme, les luttes fratricides ! Mais que fait-il depuis l’élection présidentielle ? Entre une ex-candidate à la présidence qui explique sa défaite par la lutte qu’elle a dû mener à l’intérieur de son propre parti - un peu simpliste comme explication -, un ancien Premier Ministre qui fusille le président de la République, qui fusille le secrétaire général du parti et la candidate désignée par les militants, et qui finalement répond tendrement à l’appel du ministre de l’Education nationale qui a su flatter son ego, entre ces jeunes lions qui refusent les ententes tacites mais qui s’entendent tacitement pour faire la chasse aux derniers éléphants, en quoi le PS se rénove-t-il ? Il ne fait que reproduire les schémas qui l’enfoncent dans la défaite depuis la fin de l’hégémonie mitterrandienne.
Mais alors, qui monte au front pour assurer une opposition nécessaire à la politique du gouvernement Fillon ? Il y a bien François Hollande qui tente de critiquer "l’omniprésidence" de Nicolas Sarkozy. Mais cela concerne la forme, plutôt que le fond ! Non, ce sont les Français eux-mêmes, par le biais d’Internet par exemple. Morceaux choisis :
A propos de l’utilisation massive des médias : Algy sur Agoravox exprime son indignation :
« Pour le Sarko candidat, comme pour le Sarko président, occuper le terrain médiatique par une omniprésence calculée, voilà le secret d’une communication réussie ! Quitte à jouer parfois le comédien, l’hyperprésident se plaît à orchestrer le Sarkoshow où s’entremêlent habilement politique et people (ici et là). »
Et à propos des bourrelets retouchés de Nicolas Sarkozy, Stéphane du site Débattons s’offusque :
« Moi j’en ai surtout après cette presse qui s’autocensure, qui a peur de tout. »
Concernant les propos de Nicolas Sarkozy sur les Bretons dont apparemment il se moque éperdument, Algy toujours s’étonne :
« Je soulignerai davantage l’apparente contradiction entre cette déclaration et la compassion affichée du président lors des obsèques du patron pêcheur de Plouescat. »
Et enfin, à propos du manque de respect que porte Nicolas Sarkozy à la représentation nationale dans la participation de sa femme à la libération des infirmières bulgares, la Taverne des poètes sur Agoravox argumente :
« Laurent Wauquiez, porte-parole du gouvernement, a employé vendredi 24 août l’expression "la présidente". C’était le premier conseil des ministres de la rentrée. On peut dire que le ton est donné ! Ainsi, nous dirons désormais "le président et la présidente", comme on dit en monarchie "le roi et la reine".
Prié de s’expliquer devant la démocratie, c’est-à-dire devant une commission parlementaire, le monarque Sarkozy a décidé de dispenser "la présidente" de cette fâcherie. Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, a été autorisé à répondre devant la future commission parlementaire, mais la première dame en serait dispensée, en tant que "représentante personnelle" du chef de l’Etat. "Cela relève d’une rhétorique jésuitique sans précédent et sans fondement juridique. Et encore, je ne suis pas gentil avec les jésuites", s’exclame le professeur de droit constitutionnel Olivier Duhamel. »
Des critiques sévères mais souvent justifiées.
En ce qui concerne les réformes envisagées par le gouvernement, ce sont les syndicats seuls qui doivent s’insurger. Ainsi, le syndicat de la magistrature critique des prises de position prises sous le coup de l’émotion et la non application des lois déjà en vigueur. Les syndicats enseignants tirent la sirène d’alarme face aux réductions massives des effectifs de la fonction publique. Même la SPA a émis des critiques sur la réponse hâtive donnée à la mort d’une fillette de 18 mois mordue par un chien.
Le PS applique donc les méthodes qui ont provoqué sa défaite : une volonté électoraliste, des ambitions personnelles qui plombent le travail de concertation, un désintérêt à défendre les intérêts des travailleurs. Honnêtement, je ne vois pas comment le Parti socialiste pourrait s’en sortir sans une dissolution. Comment continuer à faire vivre sous le même toit Ségolène Royal, qui veut se rapprocher du centre, et Jean-Luc Mélenchon qui se fait volontiers inviter à des réunions du PCF ? L’avenir de la gauche passe-t-il par une redistribution des cartes avec un parti de centre gauche et un autre qui s’allierait avec les partis à sa gauche (PCF, Verts...) ? Peut-être le faudra-t-il pour sortir de l’impasse ?
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