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Accueil du site > Actualités > Politique > Socialistes réveillez-vous : la social-démocratie est morte (...)

Socialistes réveillez-vous : la social-démocratie est morte !

Au soir du 06 mai, quelques minutes seulement après l’annonce de la défaite de Ségolène Royal à l’élection présidentielle, les principaux dirigeants socialistes ont appelé à la « rénovation sociale-démocrate » du PS qui serait, disent-ils, la condition sine qua non pour espérer un retour au pouvoir de la gauche dans cinq ans. Comme l’avait dit Michel Rocard en 1974.

Mais il y a un fait que beaucoup semblent occulter : entre 1974 et 2007, la social-démocratie est morte.

Pour le comprendre il faut déjà rappeler ce qu’est la social-démocratie : la stratégie sociale-démocrate a été définie en 1945 et mise en oeuvre depuis cette date avec, jusqu’à sa mort inévitable, un certain succès. Cette stratégie peut se résumer en une seule phrase : la volonté d’exercer un compromis entre le capital et le travail (grâce par exemple à l’intervention de l’Etat).

Deux phénomènes ont entraîné la mort de cette social-démocratie.
Le premier est la mutation du capitalisme : celui-ci est devenu transnational grâce à l’ouverture des frontières et la suppression des droits de douane. Le capital n’a donc plus aucune raison de chercher un compromis avec le travail puisqu’il peut délocaliser si ses souhaits ne sont pas respectés.
Mais dans un premier temps la confrontation avec l’Est soviétique a permis à la stratégie sociale-démocrate de subsister : pour contenir et prévenir l’expansion du communisme en Europe le capital a été contraint à de nombreux compromis, de peur que le communisme s’installe dans de nouveaux pays où les inégalités seraient devenues trop importantes.

C’est donc un deuxième phénomène qui va définitivement tuer la social-démocratie : la chute du Mur de Berlin en 1989. Avec la disparition du communisme, le capitalisme n’a plus d’alternative et s’impose comme l’unique système partout dans le monde. Le capital n’a alors plus aucune raison de consentir à un quelconque compromis : c’est la fin de la social-démocratie.

Mais alors pourquoi, me direz-vous, des gens aussi brillants que les dirigeants socialistes appellent à une rénovation sociale-démocrate du parti si celle-ci est morte ? Pour ne pas avouer clairement qu’ils ont déjà franchi une étape supplémentaire : ils sont devenus démocrates, à l’américaine (dans le cadre idéologique défini par Bill Clinton), comme Tony Blair en Angleterre, Gerhard Schröder en Allemagne et tous les autres apôtres de « la troisième voie ». Qu’est-ce qu’un démocrate à l’américaine ? Quelqu’un qui est en accord avec 90% des propositions de la droite républicaine, comme c’est le cas aux Etats-Unis.

Que l’on soit bien clair je ne condamne pas les démocrates, chacun est libre de choisir son orientation politique. Mais pour moi ce n’est pas ma vision de la gauche : je ne me suis pas engagé à gauche pour faire passer un CPE bis comme l’ont fait les pseudo-sociaux-démocrates en Allemagne, pour réduire de 80% en 25 ans le nombre de lits d’hôpitaux comme ils l’ont fait en Suède, provoquant des délais d’attente vertigineux, ou encore pour faire passer la retraite à 67 ans.

Le Parti socialiste a donc un vrai choix à faire, mais pas entre une orientation résolument à gauche ou une orientation sociale-démocrate modérée comme on veut nous le faire croire : c’est entre une vraie politique de gauche et une orientation démocrate résolument centriste incarnée par Hollande, Royal et encore bien d’autres que l’on va devoir choisir.


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30 réactions à cet article    


  • Voltaire Voltaire 6 novembre 2007 10:32

    Vous faites, me semble t-il, quelques sérieuses erreurs d’analyse.

    La première est de penser que les socialistes français sont devenus démocrates, au sens Clintonien. Si c’était le cas, Bayrou n’aurait pas le succès qu’on lui connait, et DSK aurait pris le PS. La tragédie du PS en France est justement de ne pas avoir fait, dans sa majorité, ce pas. S’il l’avait fait, il lutterait à armes égales avec l’UMP pour accéder au pouvoir, reléguerait sur sa gauche un petit courant anti-libéral d’une douzaine de pourcents, et pourrait trouver sur sa droite un petit parti centriste de 5-7% pour former une coalition de gouvernement.

    La seconde est de penser que seules deux alternatives, gauche ou démocrate, s’offrent au PS. Le PS actuel est tiraillé entre trois courants antinomiques : un courant « démocrate » ou « social-démocrate », minoritaire, représenté par les Gracques, Moscovici etc... ; un courant antilibéral, très minoritaire, représenté par Emmanuelli par exemple, et un courant étatiste, majoritaire, qui repose sur son électorat traditionnel de fonctionnaires, incarné par Lionnel Jospin puis François Hollande.

    Cette division est tellement fondamentale que la situation apparaît sans solution. Si le PS persiste à conserver son positionnement actuel, flou, il rejettera toujours sur sa droite et sa gauche environ 40% de son électorat qui ira vers Bayrou ou Besancenot. Et tout basculement vers l’une de ses extrémités provoquera une scission. La chance du PS pourrait être un affaiblissement de son électorat traditionnel de fonctionnaires par la politique de Nicolas Sarkozy, qui permettrait un recentrage vers les classes moyennes, mais cela ne peut se faire à court terme. En l’état actuel, le PS a donc deux solutions radicales, abandonner son aile gauche pour tenter de reconquérir l’électorat Bayrouiste, ce qui lui donnerait une chance en 2012, ou abandonner son aile droite à Bayrou pour s’installer dans une opposition dure jusqu’en 2017, en espérant que Sarkozy remporte face à Bayrou l’élection de 2012. La troisième solution, celle du consensus mou actuellement implémentée par François Hollande, ne pourrait fonctionner qu’en la présence d’un leader charismatique, qui tirerait le PS par sa personnalité plutôt que par son idéologie. Hélas pour le PS, ce leader n’existe pas actuellement. Faute de leader, le consensus mou voue le PS à un nouvel échec en 2012.


    • Mathieu P. Mathieu White 6 novembre 2007 11:26

      Justement je pense que c’est vous qui faites une grave erreur. François Hollande est le précurseur de cette ligne démocrate au PS, même si il a pris une distance avec elle lorsqu’il est devenu premier secrétaire.

      Je vous renvois à un manifeste qu’il a écrit en 1984, lorsqu’il fait parti des transcourants, dont le nom est sans équivoque : « Pour être modernes, soyons démocrates », puis un second « Tourner la page » co-signé par Mignard, Le Drian et Jouyet. Ces textes développent tout ce que l’on retrouve dans les documents qui traitent de la « troisième voie »...avec quelques années d’avance !


    • Mathieu P. Mathieu White 6 novembre 2007 11:29

      « La première est de penser que les socialistes français sont devenus démocrates, au sens Clintonien. »

      Je pense que vous m’avez mal lu j’ai dit que c’est justement parce que les socialistes français ne sont pas devenus démocrates, et ne sont, selon moi, pas près à le devenir, que les têtes pensantes du PS ne s’affichent pas clairement en tant que démocrates comme cela se fait ailleurs.


    • Dolores 10 novembre 2007 20:09

      Le PS devrait changer de dénomination : il n’est ni socialiste, ni démocrate.

      Depuis sa première prise de pouvoir en 1981,ses dirigents ont« viré » à droite !Tout simplement pour essayer de conserver se pouvoir. Jusqu’à cette date, il y avait une véritable opposition ; aujourd’hui ils sont d’accord avec tout ce que fait la droite. Ils disent d’ailleurs qu’ils feraient la même chose, mais qu’ils s’y prendraient autrement. La seule distinction est entre « l’art et la manière » ! La preuve éclatante : tous ces transfuges au gouvernement Sarkozy. L’absence d’idéologie est flagrante. La seule chose qui importe, c’est le POUVOIR.

      Ne parlons pas non plus de démocratie, non seulement le PS n’est pas capable d’opposition, mais il enterre joyeusement la démocratie en appelant la « populace » à voter pour le mini-traité de Sarkozy alors qu’elle avait voté « non » (déjà contre l’avis du PS) en 2005 à 55%.La voix des urnes, le PS n’en a rien à faire, surtout pas la respecter.

      Marx, Lénine, Strosky sont morts nous le savons tous, et nous vivons une autre époque, mais le PS représentait un humanisme qu’il a remplacé par l’ECONOMIE. La misère gagne du terrain, il n’y a plus personne pour s’en émouvoir. La moindre trace d’idéologie disparait au profit de basses considérations. Les 7 millions de pauvres (avoués) n’ ont pas la considération du PS.

      Le peuple n’obtient que du mépris de la part des dirigeants : la belle déculottée de 2002 ne serait du qu’à la stupidité du peuple qui « n’a pas compris tout le bon travail qu’avait fait Jospin » Le « non » au referendum de 2005 ne leur a pas fait d’avantage comprendre qu’il se trompaient de voie. Cette année, l’excuse est la campagne pas assez préparée. Je suis de gauche et je suis une femme mais jamais je n’aurai pu voter pour Royal sous ce prétexte. Elle n’est simplement pas une femme de gauche.

      Ce qui est désastreux, c’est de constater que,l’Homme qui devrait être au centre de la politique, disparait. Comme disparaît l’UTOPIE, qui pourtant à permis tant de progrès. C’est devenu un mot grossier, parce qu’il est interdit de rêver, de désirer une vie meilleure et de faire des projets d’avenir. Les rares rêveurs du PS sont minoritaires et vilipendés, alors qu’ils sont peut-être les seuls porteurs d’espoir en réalité.

      Le PS est MORT, il faut en créer un autre !


    • jojoduchato jojoduchato 29 juin 2013 00:09

      Analyse qui semble fine et profonde , fouillée même ! mais pas de chance c’est perdu !  ! Hollande est arrivé !!!

      Non ! disons que c’était mal parti dés le départ Car l’article part sur une donnée fausse . La social démocratie est beaucoup plus ancienne . « Du coup » les sociaux démocrates en ont eu du temps pour faire des saloperies !ET ça va continuer encore un peu !


    • Fred 6 novembre 2007 10:58

      « Mais pour moi ce n’est pas ma vision de la gauche : je ne me suis pas engagé à gauche pour faire passer un Cpe-bis comme l’ont fait les pseudos sociaux-démocrates en Allemagne, pour réduire de 80% en 25 ans le nombre de lits d’hôpitaux comme ils l’ont fait en Suède, provoquant des délais d’attente vertigineux, ou encore pour faire passer la retraite à 67 ans. »

      C’est quoi votre vision de la gauche ?


      • Mathieu P. Mathieu White 6 novembre 2007 11:47

        Pour faire une politique de gauche ?


      • Mathieu P. Mathieu White 6 novembre 2007 11:47

        « A vous entendre, il faudrait craindre que le PS fasse exactement la même chose que la droite... »

        C’est justement ce que je dénonce.


      • Mathieu P. Mathieu White 6 novembre 2007 14:27

        « La droite pense au contraire que c’est l’offre qui fait défaut »

        La gauche aussi le pense aujourd’hui, lisez notamment le livre 365 jours de Dominique Strauss-Kahn il est très clair sur ce point.


      • Mathieu P. Mathieu White 6 novembre 2007 14:38

        Je précise que quand je dis la gauche, c’est une partie de la gauche, celle que j’ai qualifié dans l’article de démocrate.


      • jzk 6 novembre 2007 13:55

        Ce n’est pas une question de positionnement, c’est une question d’homme, de personnalité. Au PS ils sont nuls, c’est dommage pour vous mais c’est comme ça. Ceci dit ils sont très bons pour s’autodétruire, se décrédibiliser et lancer des attaques mesquines.

        Seulement ce que veulent les français, c’est un HOMME (ou un FEMME BURNEE) qui résolve tous leurs problèmes. Hollande et ses copains sont mignons mais ils n’ont pas la carrure, soyons sérieux.


        • tvargentine.com lerma 6 novembre 2007 14:05

          Soyons réaliste,le PS ne correspond plus à rien depuis la fin de la 1ere guerre du Golfe. (la période 97-2002 à vécu sur la croissance économique reposant principalement par les investissements obligatoire sur l’an 2000 et l’euro)

          L’idéologie n’existe plus,les idées non plus,seul compte la guerre de clans et d’américanisation de la politique.

          Qui peut souscrire à cette stratégie suicidaire ?

          Le résultat des présidentielles est là pour le démontrer.

          Les « socialistes » n’ont plus de crédibiliter et c’est un parti mort au même titre que ces alliés qui ont été laminé.

          A vouloir des causes inacceptables (les délinquants,les squatteurs,l’insécurité sociale,la spéculation immobiliere,les salaires bloqués avec les 35h.......... ;) soyons sur qu’ils ne sont pas pret de revenir au pouvoir avant longtemps


          • bulu 6 novembre 2007 14:23

            l’analyse de l’auteur est très pertinente.

            D’ailleurs sur tout ce qui concerne la mise a sac des libertés publiques (patriot act I et II), les démocrates américains soutiennent les républicains.

            En France, a t’on vu le PS monter au créneau pour tout ce qui concerne fichage, adn, privatisation du vivant. NON, il soutient cette politique neo-servatrice également. Ce parti pue l’arnaque. Le PS, plus fidèle allié des neo-conservateurs ?


            • Mathieu P. Mathieu White 6 novembre 2007 14:36

              Attention tout de même à ne pas mettre tout les membres du PS dans le même sac.


            • Le péripate Le péripate 6 novembre 2007 16:06

              La social-démocratie définie comme un compromis entre le capital et le travail. Vous ne la trouvez pas un peu courte cette définition ? A ce compte là tous les regimes sont socio-démocrates ! Socio-démocrates les chinois, socio-démocrates Bush, etc...

              A définir aussi vaguement son objet d’étude, on prends le risque de dire à peu près n’importe quoi.

              Essayons d’aider un peu notre auteur. La social-démocratie, ce n’est pas le travaillisme, ni le socialisme, ni le communisme, ni le gaullisme, ni...ni.

              Posons la question a E. Tood. La social-démocratie est un socialisme des pays du nord de l’Europe, Allemagne, Suède.

              Y a t-il jamais eu des socio-démocrates en France ? DSK s’en est réclamé. Bon, mais ça fait il de lui un social-démocrate ?

              L’histoire du PS est toute differente. Il y a eu d’abord le socialisme. Puis il y a eu la deuxième gauche, avec Rocard. Le PS est aujourd’hui presque tout entier gagné par cette deuxième gauche, sans Rocard, certes.

              Qu’est ce que cette deuxième gauche. Un social-libéralisme. Ce qui empêche de bien comprendre, c’est que tout le monde fait semblant de croire que le PS est encore socialiste. Modernisez le PS disent les commentateurs ! Comme si ce PS n’avait pas été plus efficace que la droite pour financiariser notre économie, faire reculer le travail et promouvoir le capital ! Ce que la droite n’a pu faire, ce PS l’a fait !

              Ce à quoi on assiste aujourd’hui, c’est à la parfaite compatibilité entre la gauche caviar et la droite bling-bling.

              Alors, je dirais « Socialistes, reveillez vous, vous êtes UMP ! »

              Maintenant, sur la suite du texte. Il y a une chose très importante à ne pas oublier. C’est que le rôle de l’Etat a été, est très important dans la restauration revancharde du capital. C’est de la volonté politique qu’est né la possibilité du triomphe du capital financier. Car ne l’oublions pas, il n’y a pas un capitalisme, pas plus qu’il n’y a un socialisme. Il y a eu d’autres capitalismes, certains plus efficaces pour l’investissement, la production que celui ci, le financier, lui qui est surtout efficace pour enrichir les riches.

              Maintenant, je suis assez d’accord avec certaines remarques, comme l’impact de la chute du mur de Berlin, et d’autres.

              Mais pour en revenir à l’essentiel, il y a toujours, potentiellement, au PS,et peut être à la gauche du PS, la possibilité d’un socialisme non autoritaire, un socialisme démocratique. Un socialisme ? C’est à dire une doctrine qui sait que tout n’est pas marché, que le marché n’est pas l’horizon indepassable du fait social. Un socialisme anarchiste, si vous voulez, en ce sens qu’il se méfie de la main droite de l’Etat.


              • Mathieu P. Mathieu White 6 novembre 2007 16:29

                Mais justement c’est exactement dans le sens où va mon argumentation : un social-libéral est un démocrate.

                Je cite : « Le terme social-libéral est désormais employé en sciences-politiques et par les journalistes pour caractériser une orientation politique à part entière. Cette sorte de reconnaissance est notamment passée par le manifeste de la troisième voie/du nouveau centre, rédigé et signé par Tony Blair et Gerhard Schröder dans une perspective de rénovation de la gauche européenne et dans la volonté d’ériger de nouvelles synthèses politiques. La plupart des partis sociaux-démocrates européens a ainsi été largement influencé par cette envie de renouvellement doctrinal. Ainsi, les gouvernements sociaux-libéraux de Massimo D’Alema en Italie, et de Tony Blair en Grande-Bretagne, de Gerhard Schröder en Allemagne ont clairement mené une politique au centre. »

                Et quand je parlais de définition de la social-démocratie, c’est celle des pays du nord définie, comme je l’ai dit, en 1945, pas celle par exemple des social-démocraties d’Amérique du Sud. Après biensûr il y a une vision plus globale de la société, qui peut être reprise d’ailleurs sur certains points par les démocrates, mais tout ce modèle de société est basé sur ce principe unique et je le maintiens : compromis capital/travail. Sans ce compromis le modèle s’écroule et n’est plus viable. Et ce compromis n’existe plus.


              • Mathieu P. Mathieu White 6 novembre 2007 16:39

                Je viens de vous relire et si, comme vous l’avez indiqué, vous considérez la politique de Bush ou toute autre politique démocrate ou républicaine comme une recherche de compromis entre travail et capital via l’Etat-providence (précisé entre parenthèse dans mon article) comme c’est le cas dans la définition originelle de la social-démocratie, vous vous trompez largement ! Ce n’est absolument pas le cas dans la politique de Bush et d’ailleurs d’aucune politique menée par les soit-disant sociaux-démocrates puisque cela est obsolète dans le cadre du capitalisme transnational.


              • Le péripate Le péripate 6 novembre 2007 16:47

                Bien sur que je ne voulais pas dire que Bush était un socialiste ! Je critiquais par ce paradoxe une définition beaucoup trop lâche. Car il y a du travail et du capital dans toutes les sociétés connues ...


              • Mathieu P. Mathieu White 6 novembre 2007 16:58

                « Je critiquais par ce paradoxe une définition beaucoup trop lâche. Car il y a du travail et du capital dans toutes les sociétés connues ... »

                Biensûr qu’il y a du travail et du capital dans toutes les sociétés mais là n’est pas le sujet ! Le sujet c’est ce que l’on fait avec ce capital et ce travail : et la vision social-démocrate était d’exercer un compromis entre les deux via l’Etat-providence, ce qui, j’essaye de la démontrer dans l’article, est maintenant obsolète car impossible dans l’Europe actuelle où le capitalisme transnational n’a plus ou presque plus de barrières, entrainant ainsi la mort de la bonne vieille sociale démocratie des pays du nord où les sociaux-démocrates sont maintenant démocrates à part entière, ce qui est d’ailleurs peut-être un premier élément d’explication sur le fait qu’ils viennent de perdre leurs élections en Suède, pays dont on nous fait constamment l’éloge.


              • Le péripate Le péripate 6 novembre 2007 17:08

                Ces affaires de définition sont proprement déroutantes, car il s’agit bien de mots valises. Surtout si on importe sans précaution ces mots d’autres pays, avec des histoires politiques differentes. C’est pourquoi, pour ma part, je m’en tiens, s’agissant du socialisme français, aux trois aspects historiquement avérés, à savoir : la première gauche,c.a.d un socialisme égalitaire et libéral, la deuxième gauche,c.a.d un socialisme inégalitaire et autoritaire, et le communisme, c.a.d un socialisme égalitaire et autoritaire. L’histoire du socialisme français est, à mon avis, tout entier compris entre ces pôles de tension.

                De son coté, la droite connait également les mêmes pôles de tensions structurants.


              • Mathieu P. Mathieu White 6 novembre 2007 17:10

                Et bien pour ma part ca me parait être une définition bien caricaturale smiley


              • Le péripate Le péripate 6 novembre 2007 17:15

                Mais laissons là cette vaine querelle... Les mots servent autant à comprendre qu’à égarer. Ce qui est important ( pour moi en tout cas, et probablement pour vous, si j’ai bien compris), c’est de reprendre le PS, pour qu’il soit vraiment un parti socialiste.


              • Le péripate Le péripate 6 novembre 2007 17:16

                La science est réductionniste. Ce qui n’est pas de la caricature.


              • Mathieu P. Mathieu White 6 novembre 2007 17:18

                Exactement smiley Ne nous laissons pas berner par des pseudos sociaux-démocrates qui ont ou sont en train de ruiner les modèles sociaux des autres pays en Europe.


              • Tzecoatl Tzecoatl 7 novembre 2007 07:48

                Votre analyse est intéressante.

                Cependant, avec la chute du communisme et la perte de repères de la gauche modéré après 1989, on a vu fleurir l’extrême de la droite, ce que j’appelle la dictature libérale, notamment avec Bush, la Chine, Dubaï, Poutine, (et Sarkozy à certains égards passés ?) etc. Le rejet des dérives de la victoire libéral-démocrate transmué en libéral-nationalisme autoritaire n’a pas tardé peu après 2001 avec l’invasion de l’Irak. Et on assiste à un certain reflux (Etats-Unis notamment).

                L’équilibre est subtil entre social et libéral.

                Bref, votre article s’arrête trop tôt dans l’histoire et ne va pas jusqu’à aujourd’hui.

                Et pour conclure, vous enterrez la social-démocratie trop vite, même si vous avez raison de souligner que la réthorique réformatrice dont ses représentants abusent prête allègremment à sourire smiley Cela démontre bien qu’ils n’ont pas réfléchi suffisamment sur leur discours depuis au moins 30 ans.


                • Jacques 7 novembre 2007 09:04

                  Vous écrivez : ‘Le capital n’a alors plus aucune raison de consentir à un quelconque compromis : c’est la fin de la social-démocratie.’ Ceci m’a semblé être le point d’orgue de votre article, une espèce de constat d’impuissance. Jusque la je vous suis bien.

                  En revanche je ne vous suis plus pour le reste. Lorsque vous souhaitez une vrai politique de gauche, vous devenez un peu flou : l’objectif de plus de lits d’hôpitaux et d’abaisser l’âge de la retraite est certes louable mais un peu passe-partout. Comment définissez de façon plus générale ‘une vraie politique de gauche’ ?

                  De plus, si on reprend votre point d’orgue ‘la social démocratie n’a plus de prise sur le capital’, quelle prise aurait un socialisme avec ‘une vraie politique de gauche’ ? Et je ne crois pas, que la grève des cheminots soit un contre-exemple : les cheminots se trouvant par statut totalement isolés et protégés de toute influence du marché. Dans le même ordre d’idée : le capital a-t-il besoin de la démocratie ?

                  En somme : n’est ce pas foutu de toute façon ? Ce n’est pas le ps qui a perdu, c’est le socialisme tout court.


                  • Mathieu P. Mathieu White 7 novembre 2007 12:54

                    L’article n’était pas fait pour essayer de décrire la politique de gauche que je voudrais, c’était avant tout pour dénoncer qu’une partie des têtes-pensantes du PS sont aujourd’hui démocrates à part entière et non pas sociaux-démocrates ; et pour ceux qui ne voyaient pas bien ce que cela signifiait j’ai donné quelques exemples de leurs actions récentes dans l’UE (lits d’hopitaux, retraite, CPE..etc).

                    Votre question malgré tout est très pertinente : peut-on encore mener une politique de gauche ? De nombreux politiques pensent que oui, et je le pense aussi. Mais pour que cela soir efficace il faudra modifier un peu les règles comme par exemple rajouter du protectionisme autour de l’Europe. Ce n’est qu’une piste, il en existe beaucoup d’autres, mais en tout cas le combat, s’il sera difficile, n’est pas impossible.


                  • Fred 8 novembre 2007 18:52

                    Vous pensez sérieusement que la France peut maintenir une cotisation de 37.5 ans par exemple ? Quand la retraite a été créée les gens vivaient 12 ans à la retraite, maintenant c’est 20 et l’espérance de vie augmente de 1 ans tous les 4 ans. Il y avait aussi 5 cotisants par retraité et nous en sommes à 1.7. On ne peut pas mathématiquement travailler 37.5 ans et vivre 25-30 ans avec la cotisation actuelle qui représente déjà 25% (10 salarial et 15 patronal).


                  • Mathieu P. Mathieu White 8 novembre 2007 19:42

                    Quel est le rapport avec l’article ?


                  • Karneade 12 novembre 2007 15:53

                    Ce mort vivant appelé “Socialisme”

                    Le « Socialisme » est mort. Rien à dire à ce sujet. Le « Socialisme » est vivant. Rien à dire aussi à ce sujet. Les raisons pour lesquelles le socialisme est mort se réduisent à une seule évidence : aucun parmi ses fins originaux a été atteint. Ces fins - abolition de la propriété privée des moyens de production, progressive extinction de l’État, instauration de la société sans classes - étaient essentiellement les mêmes poursuit par le Communisme. La seule différence était que pendant que le Communisme se proposait de les atteindre par un seul coup (la révolution prolétaire), le Socialisme, qui à cause de cette idée fut renommé « Social-démocratie », pensait de les pouvoir atteindre graduellement par un long processus de reformes. Les raisons pour lesquelles le socialisme, tout en étant mort, est toujours vivant, elles aussi, se réduisent à une seule évidence. C’est-à-dire à cette grande loi historique qui veut que tous les plus importants mirages de l’humanité survivent à leur faillite en trouvant continuellement de se nourrir, de se relancer et de se perpétuer par leurs ruines où par leurs cadavres. Le socialisme aussi, comme toutes les plus importantes utopies sociales et religieuses, est né du refus de ce monde et de la foi dans un nouveau monde. Mais pour prêcher ce refus et cette foi il a du s’organiser dans ce monde et cela l’a obligé à s’adapter graduellement exactement au monde qu’il voulait subvertir. C’est à partir de tout cela qui démarre l’ininterrompue création d’organisations, de structures et d’appareils conçus en tant que moyens pour poursuivre les fins originaux du mouvement entier mais dont sa préservation et son expansion s’est subitement transformée en tant que son seul, unique et vrai but. Cela ne veut pas dire que le socialisme n’ait plus rien à faire ni rien à dire. Tout laisse par contre prévoir que lui reste encore à faire et à dire beaucoup de choses. Aucune créature humaine est en effet plus active et loquace de celles auxquelles, étant mortes et vivantes au même moment, reviennent par droit le nom de morts vivants. Il semblerait par contre que la condition de mort vivant est extrêmement propice à la production incessante de mots et de faits mémorables. Voir l’imagination déchaînée de l’homme, peut-être le plus illustre mort-vivant du socialisme européen, qui voudrait refonder le socialisme en affirmant que « le réformisme socialiste ne doit pas être la droite de la gauche ».

                    Karneade

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