Socialistes réveillez-vous : la social-démocratie est morte !
Au soir du 06 mai, quelques minutes seulement après l’annonce de la défaite de Ségolène Royal à l’élection présidentielle, les principaux dirigeants socialistes ont appelé à la « rénovation sociale-démocrate » du PS qui serait, disent-ils, la condition sine qua non pour espérer un retour au pouvoir de la gauche dans cinq ans. Comme l’avait dit Michel Rocard en 1974.
Mais il y a un fait que beaucoup semblent occulter : entre 1974 et 2007, la social-démocratie est morte.
Pour le comprendre il faut déjà rappeler ce qu’est la social-démocratie : la stratégie sociale-démocrate a été définie en 1945 et mise en oeuvre depuis cette date avec, jusqu’à sa mort inévitable, un certain succès. Cette stratégie peut se résumer en une seule phrase : la volonté d’exercer un compromis entre le capital et le travail (grâce par exemple à l’intervention de l’Etat).
Deux phénomènes ont entraîné la mort de cette social-démocratie.
Le premier est la mutation du capitalisme : celui-ci est
devenu transnational grâce à l’ouverture des frontières et la suppression des
droits de douane. Le capital n’a donc plus aucune raison de chercher un
compromis avec le travail puisqu’il peut délocaliser si ses souhaits ne sont
pas respectés.
Mais dans un premier temps la confrontation avec l’Est
soviétique a permis à la stratégie sociale-démocrate de subsister : pour
contenir et prévenir l’expansion du communisme en Europe le capital a été
contraint à de nombreux compromis, de peur que le communisme s’installe dans de
nouveaux pays où les inégalités seraient devenues trop importantes.
C’est donc un deuxième phénomène qui va définitivement tuer la social-démocratie : la chute du Mur de Berlin en 1989. Avec la disparition du communisme, le capitalisme n’a plus d’alternative et s’impose comme l’unique système partout dans le monde. Le capital n’a alors plus aucune raison de consentir à un quelconque compromis : c’est la fin de la social-démocratie.
Mais alors pourquoi, me direz-vous, des gens aussi brillants que les dirigeants socialistes appellent à une rénovation sociale-démocrate du parti si celle-ci est morte ? Pour ne pas avouer clairement qu’ils ont déjà franchi une étape supplémentaire : ils sont devenus démocrates, à l’américaine (dans le cadre idéologique défini par Bill Clinton), comme Tony Blair en Angleterre, Gerhard Schröder en Allemagne et tous les autres apôtres de « la troisième voie ». Qu’est-ce qu’un démocrate à l’américaine ? Quelqu’un qui est en accord avec 90% des propositions de la droite républicaine, comme c’est le cas aux Etats-Unis.
Que l’on soit bien clair je ne condamne pas les démocrates, chacun est libre de choisir son orientation politique. Mais pour moi ce n’est pas ma vision de la gauche : je ne me suis pas engagé à gauche pour faire passer un CPE bis comme l’ont fait les pseudo-sociaux-démocrates en Allemagne, pour réduire de 80% en 25 ans le nombre de lits d’hôpitaux comme ils l’ont fait en Suède, provoquant des délais d’attente vertigineux, ou encore pour faire passer la retraite à 67 ans.
Le Parti socialiste a donc un vrai choix à faire, mais pas entre une orientation résolument à gauche ou une orientation sociale-démocrate modérée comme on veut nous le faire croire : c’est entre une vraie politique de gauche et une orientation démocrate résolument centriste incarnée par Hollande, Royal et encore bien d’autres que l’on va devoir choisir.
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