Tête de Turc
Loi sur les génocides : après la raison d'État, la vérité d'État !
L'assemblée nationale a voté ce jeudi 22 décembre, à une large majorité, une loi sur la négation des génocides.
Tous les génocides ? Non, les génocides reconnus par la loi française, c'est à dire la shoah et le génocide arménien. La contestation de la shoah tombant déjà sous le coup de la loi Gayssot, on peut donc dire, même si Valérie Boyer, la députée UMP à l'origine de la loi, s'en défend, que c'est une loi tricotée sur mesure pour le génocide arménien. Alain juppé, notre ministre des Affaires étrangères, a par ailleurs déclaré ce texte "Inutile et contre-productif", la veille, ses propos étaient un peu plus crus, selon le Canard Enchaîné, il aurait déclaré à ses collaborateurs : "Cette proposition est intellectuellement, économiquement et diplomatiquement une connerie sans nom".
Économiquement et diplomatiquement, ça ne fait aucun doute, la Turquie, finalement seule visée par cette loi, est furieuse, les conséquences de ce texte pouvant dépasser les bonnes intentions qui l'ont motivé, dédommagement financier de la Turquie envers les arméniens voire restitution de territoires, toute chose qui ne sera jamais acceptée par Ankara. Ankara qui est, et qui doit rester, un partenaire économique important pour la France.
Une crise diplomatique ? :
Balayer devant notre porte
La France, toujours prompte à faire la leçon à tout le monde, devrait peut-être regarder son histoire de plus prés. C'était le sens d'un papier d'Yvan Rioufol, du Figaro, daté du 21 décembre, soit la veille du vote de celle loi.
De quoi parle-t-on ? De la révolution française, dont on chante les louanges dans tous nos manuels d'histoire, à l'école, mais dont on nie une des réalités : celle du génocide vendéen. Pourquoi parler de génocide pour désigner ce qu'on appelle La guerre de Vendée ? L'historien Reynald Secher a établi qu'il y avait bien eu une "extermination partielle ou totale d'un groupe humain de type ethnique, ou racial, ou politique, ou religieux", pour reprendre la définition du génocide. La Révolution avait tout simplement décidé, après la guerre civile de mars à août 1793, de supprimer la Vendée et ses plus de 800.000 habitants. Et comme les nazis le firent ensuite avec les juifs, le massacre fut organisé et planifié, n'épargnant personne, ni les femmes ni les enfants. A Nantes, par exemple, les victimes liées entre elles étaient noyées dans la Loire, et non seulement la République n'a jamais reconnu ces crimes, mais elle a réussi à faire passer les victimes pour des coupables, les vendéens, les ventres à choux étant en version officielle des salauds anti-révolutionnaires.
L'historien Reynald Secher :
On attend maintenant avec impatience l'opinion de l'Assemblée Naqtionale. Saura-t-elle reconnaître l'horreur de ce crime avec le même zèle, ensuite, cet épisode tragique de notre histoire sera-t-il enseigné à l'Ecole de la République ?
La loi Gayssot, certainement animée des meilleurs intentions, avait déjà induit l'idée qu'il y a une vérité d'État comme il y a une raison d'État. Avec cette nouvelle loi qui montre un pays du doigt, en l'occurrence la Turquie, alors que nous-mêmes ne sommes pas capables de regarder l'histoire de notre pays en face, c'est une certitude, il y a une vérité d'État, décrétée pour des motifs que nous ne connaissons pas.
Source : France TV 2012, Le Figaro
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