UMP, Modem, PS... de courts acronymes qui en disent long !
Quittons momentanément les (en)jeux de personnes pour nous intéresser aux mots et, une fois n’est pas coutume, aux acronymes des partis politiques.
Pour les passionnés de la chose publique, ces acronymes renvoient à un foisonnement d’idées, de gens, d’images, d’émotions, d’expériences, etc., mais de fait, très peu à leur déroulé... Pourtant, celui-ci est bien plus signifiant qu’il ne peut paraître au premier abord, notamment au vu de la dernière élection présidentielle.
Prenons « UMP » par exemple : Union pour un mouvement populaire. Force est de constater que Sarkozy a remarquablement tenu la promesse de ce déroulé : « Union » de l’ensemble des droites (extrême droite, droite extrême, gaullistes, libéraux, centre droit), « mouvement » (quasiment la marque de fabrique du bonhomme...) et « populaire » (Sarkozy a dominé dans les classes populaires, hormis les jeunes des « quartiers »). Notons également que, contrairement au « Parti socialiste » et au « Mouvement démocrate », l’intitulé de l’UMP ne renvoie à aucune idéologie particulière et met l’accent sur la conquête du pouvoir : bref, il est bien en phase avec le pragmatisme affiché par Sarkozy et son ambition présidentielle.
Avec « Modem », Mouvement démocrate, le parallèle avec la campagne est aussi frappant : cet intitulé fait bien écho à la rapidité (typique du web) avec laquelle Bayrou s’est « connecté » avec son nouvel électorat (il est passé de 6 % à 20 % en quelques mois), avec des idées phares auréolées de modernité (rassembler les meilleurs de gauche et de droite, la social-économie, etc.), se voulant en rupture avec les pratiques des trente dernières années. Parfaite illustration du côté positif et valorisant des nouvelles technologies : rapidité, mouvement, innovation, modernité. Mais Bayrou a aussi expérimenté leur côté obscur, lors des législatives : obsolescence rapide, culture du zapping, déconnexion brutale, etc. (même si le mode de scrutin favorisant fortement le bipartisme l’a incontestablement pénalisé).
« PS », enfin. Parti socialiste. Force est de constater qu’aujourd’hui, le mot « Parti » est connoté négativement et renvoie dans l’imaginaire collectif à de l’idéologie, de la propagande voire du sectarisme..., bref rien de bien enthousiasmant ! Remarquons d’ailleurs que les seules organisations politiques (un tant soit peu significatives) employant le mot « parti » dans leur intitulé sont à gauche : PS, PRG, PCF. Aucun parti de droite ou du centre n’y a recours (FN, UMP, MPF, NC)...
Le terme « socialiste » lui aussi n’est pas très attractif. Au mieux, il paraît abstrait (au fait, c’est quoi exactement le socialisme ?). Au pire, il sonne désuet et décalé par rapport au monde moderne, charriant à son corps défendant, les souvenirs de l’époque peu glorieuse du « socialisme réel », de l’économie administrée, etc. Le fait qu’un sondage récent (Le Parisien du 7 juin dernier) montre que pour 55 % des Français, le PS « n’est pas adapté aux évolutions du monde » n’est-il que pure coïncidence ?
Au Parti Socialiste, tout le monde se pique de vouloir rénover ou refonder. En pratique, il ne se passe pourtant rien ou pas grand-chose : les mêmes restent où ils étaient, les querelles de personnes et de courants sont plus que jamais exacerbées et les questions de fond remises à après les municipales (même s’il s’agit d’élections locales, quel projet le PS va-t-il donc présenter aux municipales : encore de la bouillie ?)
Manuel Valls, l’un des rares cadres du PS à essayer de réellement secouer le cocotier, invite ses camarades à tout remettre à plat, sans tabous, y compris le nom du parti (l’essentiel n’étant évidemment pas là). Au vu de ce qui précède et sachant que la rénovation a forcément besoin de symboles forts, on peut se dire qu’il n’a pas forcément tort...
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