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Accueil du site > Actualités > Politique > Une dose de proportionnelle ?

Une dose de proportionnelle ?

Le mode de scrutin des législatives est régulièrement critiqué par les politiques. Pour schématiser, il y a ceux qui souhaitent revenir un mode de scrutin à la proportionnelle et ceux qui souhaitent conserver le mode de scrutin majoritaire. Le choix du mode est un exercice délicat qui doit prendre en considération les exigences démocratiques (chaque formation politique obtient une représentation parlementaire correspondant à la part de suffrages qu’elle a recueillis) et la recherche de l’efficacité (pour permettre l’exercice du gouvernement).

Le Parlement tel qu’il est défini dans la Constitution de 1958 (Article 24) indique qu’il doit être composé de l’Assemblée nationale et du Sénat. Les députés de l’Assemblée nationale sont élus au suffrage direct et les sénateurs du Sénat sont élus au suffrage indirect. On remarquera donc que le bicaméralisme est maintenu, comme dans la majorité des démocraties occidentales d’ailleurs. Dans cette Cinquième République, ce bicaméralisme demeure relativement inégal car l’Assemblée nationale possède des pouvoirs plus importants que le Sénat. Par exemple, les députés ont toujours le dernier mot dans la procédure du vote de la loi (il existe néanmoins des exceptions).

L’élection des députés s’effectue par suffrage direct. Ce mode opératoire est directement inscrit dans la Constitution (Article 24). En revanche, le nombre de parlementaires ainsi que le mode de scrutin n’est pas précisé. M. François Mitterrand a porté le nombre de députés à 577 (555 élus par les métropolitains et 22 élus par les électeurs des départements et territoires d’outre-mer). Chaque député est élu au scrutin majoritaire uninominal à deux tours. En fait, il serait plus juste de dire qu’un député est élu au scrutin majoritaire binominal à deux tours car chaque candidat fait équipe avec un suppléant qui pourrait selon certains événements (un décès par exemple) occuper son siège.

Pour l’élection présidentielle, les deux candidats arrivés en tête au premier tour étaient qualifiés pour le second. Pour l’élection législative, chaque candidat qui réunira au moins 12,5% des suffrages des électeurs du premier tour, aura accès à la suite du scrutin. Cette règle particulière permet alors les triangulaires et plus rarement les quadrangulaires.

Le mode de scrutin des législatives est régulièrement critiqué par les politiques. Pour schématiser, il y a ceux qui souhaitent revenir un mode de scrutin à la proportionnelle et ceux qui souhaitent conserver le mode de scrutin majoritaire. Le choix du mode est un exercice délicat qui doit prendre en considération les exigences démocratiques (chaque formation politique obtient une représentation parlementaire correspondant à la part de suffrages qu’elle a recueillis) et la recherche de l’efficacité (pour permettre l’exercice du gouvernement). Remarquons que la proportionnelle est la règle pour les élections régionales et européennes. En fait, ni la proportionnelle ni le système majoritaire ne permettent de trouver une équilibre sérieux entre l’ambition démocratique et l’exigence d’efficacité.

Voyons un peu le mécanisme de la proportionnelle.

En théorie, ce mode de scrutin est le plus juste et le plus démocratique. Toutes les formations politiques qui présentent une liste recueillent un nombre de sièges qui correspond au pourcentage de suffrages obtenu dans les urnes. Les minorités politiques peuvent donc être présentes et empêchent potentiellement les majorités de gouvernement. Un exemple très intéressant de ce mode de scrutin est l’assemblée israélienne. Depuis sa création, l’état d’Israël a adopté la proportionnelle intégrale. Si un parti obtient 0,5% des suffrages, il pourra envoyer un député à la Knesset (l’assemblée législative). L’apparition des minorités (partis religieux par exemple) contribue à empêcher la formation de majorités viables. Une des difficultés d’Israël est ce système électoral, qui en apparence est juste, mais qui, faute de majorité, interdit que le pays soit durablement gouverné. En effet, le scrutin proportionnel permet rarement de dégager des majorités de gouvernement, car il laisse une place considérable aux minorités qui jouent les groupes charnières.

En France, actuellement de nombreux partis réclament le retour à la proportionnelle. C’est le cas des partis des extrêmes et d’une manière générale de ceux qui ne peuvent prétendre s’élever au dessus du PS et de l’UMP. Ainsi, il parait logique que l’UDF ait préconisé un retour à la proportionnelle afin d’avoir un poids dans la vie politique. De même, il est cohérent que le PS ait également réclamé cela puisque la toute-puissance UMP les défavorise.

Voyons maintenant le mécanisme du scrutin majoritaire.

Ce mode de scrutin est nettement moins démocratique. Je n’adhère pas aux idées lepénistes, mais remarquons quand même cela. En 2002, près d’une personne sur cinq a soutenu le Front national. Cette proportion était inexistante au Parlement. Comment, démocratiquement parlant, peut-on accepter que 1/5 de la population ne soit pas représenté en conséquence à l’Assemblée nationale ? Ce mode de scrutin fait la part belle au parti politique dominant, affaiblit l’opposition et surtout tue les partis minoritaires.

Précédemment je disais qu’il était logique que l’UDF et le PS (sans compter l’ensemble des petits partis) préconisent un retour à la proportionnelle. Au passage, en 1986, quand Mitterrand a réinstauré la proportionnelle (juste départementale et juste pour cette fois-là) pour les législatives de 86, c’était bien pour ne pas se faire détruire par la toute puissance du RPR-UDF de l’époque et donc garder des sièges. Le scrutin majoritaire avait permis à la gauche d’obtenir une majorité confortable en 1981 et le court passage à la proportionnelle a probablement sauvé le parti d’une déroute qui aurait anéanti les chances de Mitterrand pour un second mandat. Ce que je souhaite souligner ici, c’est la manipulation politique possible qui se cache derrière le choix du mode de scrutin.

Dans le cas UDF-PS, la volonté de revenir à un mode de scrutin à la proportionnelle semble plus humaniste. En fait, ils plaident pour un système majoritaire tempéré par une dose de proportionnelle qui permettrait à toutes les sensibilités d’être représentées au Parlement sans fragiliser le besoin d’efficacité gouvernementale. Le débat d’un système mixte devient de plus en plus important. Pour être totalement objectif, c’est ce système mixte qui a été préconisé par l’UDF et le PS. Cela combine les avantages des deux modes de scrutins. Pour ma part, je rejoins sur ce point M. Bayrou qui proposait une dose de proportionnelle à 50%. Le système allemand fonctionne d’ailleurs sur ce mode mixte. Cela semble être juste et efficace. On comprend facilement pourquoi l’UMP est contre cette mixité. Le nouveau président de la République avait annoncé à demi-mot (les mauvaises langues diront que c’est pour noyer le poisson) qu’il n’était pas forcément contre une dose de proportionnelle aux élections législatives. Mais bon, il étudiera la question quand cela l’arrangera.

En théorie, l’exécutif, le législatif et le judiciaire forment trois sphères indépendantes. Personne ne doit empiéter les uns sur les autres. Ce grand principe nous vient de Montesquieu. Celui-ci imagine un système dans lequel aucun des trois grands pouvoirs ne peut s’imposer et mener à une forme de dictature. Par extension, le législatif devrait même faire office de contre pouvoir sur l’exécutif. Ceci me conforte dans l’idée qu’il n’est pas normal que l’UMP soit aux commandes de tous les pouvoirs sans aucune exception. Je considère que c’est une faille sérieuse de notre système. En plus de ces trois pouvoirs, nous pouvons ajouter le pouvoir médiatique et éventuellement le pouvoir « internet ». La dose de proportionnelle aurait probablement limité les pleins pouvoirs, de même qu’une séparation plus ouverte et juste des médias vis-à-vis de l’Etat était à mon sens une idée incontournable.

Je termine en prenant soin de préciser que ces quelques lignes n’ont pas pour but de critiquer négativement la montée et le succès de l’UMP. J’aurais eu le même avis si le PS ou l’UDF avait été au pouvoir. Je respecte le choix des Français. Le problème que je tente de soulever n’est pas un problème de partis politiques, mais de fonctionnement de cette Cinquième République.

Je pense que la dose de proportionnelle est désormais incontournable (prenons l’exemple allemand comme support de comparaison). Je pense que la séparation des pouvoirs doit être remise en cause. Et finalement, mais c’est totalement personnel, je pense que la politique bipolaire atteint ses limites et qu’il serait démocratiquement intéressant et judicieux de ne pas tuer dans l’œuf le Mouvement démocrate de M. Bayrou. Qu’on adhère ou non à ses idées, ça serait un beau gâchis démocratique que d’exterminer aux législatives cet élan politique.


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13 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 16 mai 2007 10:26

    « LA PROPORTIONELLE TRAHIT LA DEMOCRATIE » est une article parue voici quelsques années et instructive sur les avantages et les inconvenients.

    A lire de toute urgence

    http://www.radicalparty.org/party/popper_fra.htm


    • LE CHAT LE CHAT 16 mai 2007 10:29

      au contraire , la proportionelle nourrit la démocratie et permet que l’ensemble des citoyens se sentent représentés . Quand 40% sont exclus , ça engendre trop de rancoeur .


    • non666 non666 16 mai 2007 10:47

      « Fausse est la conviction selon laquelle un Parlement choisi à la proportionnelle est le meilleur reflet du peuple et de ses désirs. Un tel parlement ne représente ni le peuple, ni ses opinions mais seulement l’influence et la propagande que les partis ont réussi à exercer sur la population le jour des élections. »

      Ben tiens. Et un systeme avec bipartisme, il represente quoi sinon la propagande et le controle de l’information le plus abouti ?

      Les collabos du bipartisme, les defenseurs d’un systeme de concurrence entre deux partis uniques auto-proclamés indispensables oublient souvent que ce qu’ils defendent sont des systemes qui poussent au contraire a la demagogie, a la trahison des promesses, au meutre des doctrines et ideologies au profit des stratégies de coms.

      Ce sont les chantres des partis mercenaires a ideologie variables, les pousse au crime des opportunistes.

      La dernière campagne a d’ailleurs été leur victoirel :

      Des socialistes autrefois internationnalistes qui chantent la marseillaise pour etre « In »

      Des liberaux qui se camouflent entre un compliment intéréssé aux gaullistes, un clin d’oeil aux lepenistes, des citations de Jaures et de Blum...

      L’arbitrage doctrinal et de solutions est fait directement par le seducteur et pas par les electeurs...

      Or c’est normallement le rapport de force qui devrait determiner si une politique de droite doit etre « liberale », « nationale » ou « sociale et humaniste ». En France aujourd’hui ce devrait etre les rapports de force entre UMP, FN/Villieristes/gaullistes, et UDF.

      Or en detruisant l’instrument de mesure qu’est l’election d’une REPRESENTATION nationale, on delegue au chef du parti majoritaire le droit de l’arbitrage.

      C’est ainsi qu’on obtient des liberaux ultra minoritaires en France qui grace aux soutiens de l’appareil prive de propagande de leurs amis prennent le controle d’un parti majoritaire et sont hegemoniques a l’assemblée.

      Mais bon, soyons patient, Sarkozy etait la dernière chance du parti des copains pour garder le pouvoir. Ses petites truanderies electorales vont lui donner la majorité mais dans un an, il y a les municipales.

      D’ici la, la rupture sarkosienne aura fait plouf ou la trahison sera eclantante.


    • bernard29 candidat 007 16 mai 2007 10:51

      les principaux inconvénients de la proportionnelle sont

      1) la possible difficulté d’établir une majorité stable durant la législature (risque d’un « régime de partis »)

      2) l’élection de membres de partis sans liens réels avec le pays. Le choix des députés se faisant dans les partis pour l’élaboration des listes.(il vaut mieux être bien placés dans le parti, apparatichiks, qu’actif dans la société. Une place trop importante est faite aux partis.

      Mais l’avantage est la représentation des diverses sensibilités politiques au prorata de leur importance dans le pays.

      Donc, oui à une représentation mixte assurant une certaine stabilité et également une certaine représentation de la diversité politique.

      Bayrou proposait 50% des députés à la proportionnelle, sans plus d’explications, qu’il savait impossible à mettre en place. D’ailleurs il n’en parle plus du tout au moment où il lance le Mouvement DEMOCRATIQUE.

      Le PS annonçait une dose de proportionnelle sans indiquer l’importance, ni les modalités. le rapport donné à Royal par le sénateur Bel pour la présidentielle était aussi flou.

      voici ma proposition détaillée ( 1/3 des députés à la proportionnelle) voir : « http://changerlarepublique.over-blog.com/article-6128711.html »


      • LE CHAT LE CHAT 16 mai 2007 13:49

        @candidat james bond smiley

        le système en place pour les municipales est pas mal . La moitié des sièges au gagnant d’un scrutin à 1 tour et le reste à la prortionnelle intégrale .

        L’idéal serait d’avoir la france entière comme circonscrition , au pire la france coupée en 5 mégarégions car il y a franchement trop de différences de population dans les régions actuelles


      • non666 non666 16 mai 2007 16:04

        Le chat !

        Je vais te demander des copyright !

        Non mais !


      • non666 non666 16 mai 2007 16:09

        007 : « 1) la possible difficulté d’établir une majorité stable durant la législature (risque d’un »régime de partis « ) »

        La « POSSIBLE » difficulté existe deja dès qu’il existe plus de deux partis et que le gagnant n’a pas a lui seul la majorité a l’assemblée. Cela s’est suffisament produit dans la Veme république pour que la preuve soit faite que cela n’est pas lié au mode de scrutin. Tant que l’UDF-UMP etait du style bonnet bleu et bleu bonnet, il n’y avait pas trop de dommage. ce ne sera evidemment plus trop le cas a l’avenir.

        Idem pour les diverses gauches « plurielles »

        « 2) l’élection de membres de partis sans liens réels avec le pays. Le choix des députés se faisant dans les partis pour l’élaboration des listes.(il vaut mieux être bien placés dans le parti, apparatichiks, qu’actif dans la société. Une place trop importante est faite aux partis. »

        Les « parachutés » existent deja, meme en regime majoritaire. Demandez a klarsfeld et a toute la clique qui tourne dans l’entourage de Sarkozy... Il est ou le lien du quidam avec l’arrondissement ou il veut concourir ?

        Bref les deux argument sont irrecevable dans la mesure ou les inconvenients SUPPOSES de la proportionnelle que vous invoquez existent DEJA avec le scrutin majoritaire.


      • LE CHAT LE CHAT 16 mai 2007 16:27

        @non666

        je crois que les anarchoecolos et les derniers gaullistes authentiques se rejoignent sur certains sujets smiley l’election de pipole 1er aura au moins le mérite de faire bouger les murs et que le vent va souffler en tempête dans certains partis oldfashioned après les législatives smiley

        bien à toi


      • finael finael 16 mai 2007 12:45

        Quelques voies de réflexion :

        Nous voulons un pouvoir respecté et en phase avec les désirs des citoyens qu’il doit bien représenter. De plus, nous voulons qu’il soit rapide, efficace, honnête et suffisamment fort et stable pour pouvoir s’imposer aux lobbies puissants et riches que ces décisions vont mettre en fureur.

        Méfions nous : l’argent joue un rôle de plus en plus essentiel dans le processus électoral et gouvernemental. Bien des affaires récentes nous l’ont montré. Nous nous acheminons lentement de la démocratie à la ploutocratie, du gouvernement par le peuple au gouvernement par l’argent. C’est à ce stade que sont parvenus les USA, qui n’ont plus de démocratie que le nom.

        Nous n’en sommes pas encore là, mais tout le monde se plaint de l’inefficacité de l’Assemblée Nationale, du délai qui court entre une proposition de loi et sa parution au journal officiel, de l’éternité qui sépare la parution de la loi et celle des décrets d’application correspondants, si tant est qu’ils paraissent, etc. Quant à l’absentéisme, c’est grotesque : des sujets importants sont débattus devant un amphithéâtre où les députés se comptent sur les doigts des deux mains !

        Il y a trois raisons à ce scandaleux absentéisme.

        - Les députés passent plus de temps avec les électeurs de leur circonscription qu’a débattre des affaires de l’Etat, ce pourquoi ils ont pourtant été élus... théoriquement. Ils font campagne en permanence. Nous y reviendrons.

        - En plus des Commissions inscrites dans la constitution, ils doivent participer à un nombre croissant exponentiellement de groupes de travail, de mission ceci et de mission cela qui ne leur laisse plus beaucoup de temps pour faire autre chose. Le gouvernement est ravi de cet état des choses et a fait sienne la doctrine de Clémenceau : ”je veux que quelque chose aboutisse, je nomme un responsable. Je veux l’enterrer : je crée une commission.”

        - Et s’ils sont membres d’un Parti, il leur faut en plus lui consacrer beaucoup de temps s’ils veulent rester “persona grata” en vue de leur candidature aux prochaines élections. Les suites du référendum sur l’Europe montrent jusqu’à quelles extrémités peuvent pousser l’ambition et le manque de scrupules des politiciens de métier dont l’essentiel de l’activité est la confection de peaux de bananes pour les collègues !

        Il faudrait donc imposer de nouvelles règles :

        Les mandats électifs ne peuvent en aucun cas être cumulables.

        Les arguments contre cette affirmation sont malhonnêtes, ou, au moins, de mauvaise foi. Car le “métier” de maire, conseiller général ou régional, député, est un métier à temps plein, qu’il faudrait d’ailleurs rémunérer à sa juste valeur, si on veut être honnête et éviter les tentations. La galopade permanente des élus de la Mairie au Conseil Général ou à l’Assemblée ( quand ils ont le temps !) est l’illustration du vieux proverbe : “bon à tout = bon à rien”.

        De plus les députés, par exemple, ne sont pas les porte-parole de telle ou telle circonscription, mais de tous les citoyens, comme le Président de la République celui de tous les français. Ils ont tendance à l’oublier.

        Mais le vrai problème de ces élus, c’est la hantise de leur réélection. D’où les aller et retours continuels vers leur permanence, dans leur circonscription, leurs électeurs dont il faut satisfaire les moindre désirs pour ne pas perdre leurs voix, même si ces désirs vont à l’encontre des besoins ou des désirs de la majorité des citoyens. C’est ce qui explique la multiplicité des “cadeaux” faits à certaines catégories de la population avant les élections. Cadeaux aux bistros, aux restaus, ... qu’on est bien incapable de garantir, d’ailleurs. Mais aux chercheurs, niet. “chercheurs ? combien de divisions (électorales) ?” aurait dit Hitler.

        Conclusion :

        1) On portera à 6 ans tous les mandats, ce qui laisse assez de temps pour réaliser la plupart des projets.

        2) Les mandats électifs ne seront ni cumulables, ni renouvelables. - Un député, par exemple, est élu, a reçu un mandat d’un certain nombre de citoyens, pour défendre les idées qu’il a exposées devant eux, mais ceci au niveau national, et non en fonction de tels ou tels desiderata locaux. Ceux ci, au contraire sont l’affaire des élus locaux, chacun à son niveau : région, département, commune. Dans ces conditions, le député, par exemple, n’a plus à rechercher en permanence la satisfaction de ses électeurs puisqu’il ne les aura plus à la fin de son mandat. Pendant celui ci, il sera un petit bout de la France toute entière, et c’est à l’écoute de la France toute entière qu’il doit être.

        - La brièveté de cette action peut décourager un certain nombre de candidats potentiels, et c’est tant mieux. La foule des grenouilleurs qui voient dans la “politique” une source d’influence, de pouvoir, voire de richesse, laissera la place à des gens peut être moins médiatiques mais plus dévoués à leur cause, donc plus efficaces. Quant à la nécessité d’avoir “de l’expérience” pour “faire de la politique”, c’est prendre les électeurs pour des imbéciles. Que le candidat à l’élection ait montré dans sa vie “civile” des qualités de meneur de jeu, d’organisateur, un courage solide, une honnêteté sans faille , l’amour de son prochain et de l’intérêt collectif, que lui demander de plus ?

        - Il n’a pas besoin de s’entourer de “réseaux”, de connaître les subtilités du “jeu” politique, d’appartenir à une camarilla, un clan, une famille : tout cela disparaît avec le départ des politiciens de profession que les nouvelles règles éliminent.

        Bien entendu un ministre ne peut avoir aucun mandat électif et le système des “suppléants” disparaîtra. Mais, comme aujourd’hui, il n’y a pas besoin d’être élu pour devenir ministre,

        Six ans de mandat, cela peut paraître trop long, mais tous les grands projets sont longs et une durée trop courte permettrait de laisser trop souvent le bébé au successeur.

        Modes Elections

        Ce n’est pas tout que d’avoir distribué les rôles. Comment désigner les acteurs ?

        Les discussions sur la manière de représenter au mieux le corps électoral sont aussi anciennes que la démocratie.

        Ce qui semble impératif, c’est la comptabilisation du vote blanc comme suffrage exprimé. Car c’en est un, même s’il est négatif. Il exprime un rejet des candidats en lice, au point que si le vote blanc est majoritaire dans un scrutin, il faudra refaire des élections avec d’autres candidats.

        Le mode de scrutin a une importance vitale sur la vie politique. Les citoyens doivent se sentir représentés et bien représentés pour avoir confiance dans leur Parlement et dans la politique en général.

        D’abord, et avant tout, il faut éliminer “la proportionnelle” généralisée.

        Elle permet bien sûr à toutes les nuances des opinions de se voir représentées au Parlement. Et c’est là qu’est son défaut rédhibitoire : une multitude de groupes, dont certains sont des filiales cachées de groupes plus puissants (imaginez les magouilles !) se retrouvent au Parlement où il n’y a plus de majorité stable, mais surtout où certains petits groupes peuvent faire et défaire les majorités. Ce fut le cas de la défunte quatrième République (pas longtemps) puis de la cinquième (pas longtemps non plus). C’est ce qu’on voit en Israël et dans bien d’autres républiques.

        On en arrive à cette ânerie : ce sont les minorités qui dictent la loi !

        Il faut aussi tordre le cou au scrutin dit “de liste”. Comme ce n’est pas l’électeur qui fait les listes, mais les “apparatchiks” des différents partis, les “éléphants” sont toujours élus, même s’ils ont perdu toute crédibilité, même si leur liste perd les trois quarts de ses voix, puisqu’ils sont “tête de liste”. Cela s’est déjà vu. Et si, ayant déjà été élus, ils ne pouvaient se représenter, soyons sûrs que leur liste sera celle de leurs fidèles lieutenants, les voix de leur maître.

        Vient ensuite le scrutin uninominal à deux tours. Dans ce cas, un candidat peut, mais c’est rare, être rejeté par les citoyens, même si c’est un “éléphant”. Mais, entre les deux tours, toutes les magouilles sont possibles, que ce soit dans la circonscription même ou entre circonscriptions, si les appareils partisans s’en mêlent : “passe moi la casse, et je te refilerai le séné !”. C’est le scrutin utilisé en France en 2002.

        Mais la taille des circonscriptions est très inégale : dans la seule France métropolitaine et en excluant les DOM-TOM, la plus petite circonscription est celle de Mende, en Lozère, avec 31127 inscrits, la plus grande est celle du Beausset-Brignoles avec 138800 inscrits, plus de 4 fois plus ! Il en résulte, toutes magouilles faites, que s’il fallait 22800 voix en moyenne pour élire un député UMP, il en fallait 44100 pour élire un député socialiste et 58000 pour un député communiste.

        Reste le scrutin uninominal à un tour, à l’anglaise . Le pays est divisé en circonscriptions dont on essaye qu’elles aient toutes des populations voisines. Chacune de ces circonscriptions élit un député avec un seul tour de scrutin. Nos cousins britanniques se contentent de ce mode de scrutin depuis quelques siècles, mais la classe politique en France a une attaque rien que d’y penser.

        Il est vrai que, plus que dans tout autre mode de scrutin, le découpage des circonscriptions doit être parfaitement honnête et il est arrivé qu’un parti ait le pouvoir à la chambre des Communes sans avoir eu la majorité des voix. Ce type de scrutin comporte deux gros avantages : on n’a pas besoin de dépenser une fortune dans une campagne électorale où on est connu et la chambre est d’une grande stabilité.

        D’où le choix suivant :

        - Sur les 600 députés d’une chambre, 450 seront élus au scrutin uninominal à un seul tour.

        - Pour occuper les 150 sièges restants, on prendra les 150 candidats ayant obtenu le plus de voix.

        L’intérèt de cette solution est multiple :

        - Scrutin uninominal, les circonscriptions représentent bien les différentes régions du pays ;

        - Scrutin à un seul tour, si marchandages il peut y avoir, c’est avant le scrutin et l’électeur a plus de chance de les connaître et d’en tenir compte sans avoir à s’abstenir.

        - Pour les 150 députés recalés au premier tour, ils sont élus à la proportionnelle pure ! Le mot “pur” est ici plus que justifié : comment les appareils partisans pourraient ils deviner le choix des électeurs pour les “seconds” ?

        Ce système a un intérêt indirect. Même en faisant de grands efforts d’honnêteté, il y aura de grosses circonscription et des petites. Mais comme l’élection des 150 derniers députés se fait au plus fort reste, il y a statistiquement les plus grandes chances pour que les grosses circonscriptions aient deux députés alors que les petites n’en auront qu’un.

        A la limite, on pourrait, tout en maintenant le scrutin uninominal, déclarer élus les 600 candidats ayant recueilli le plus grand nombre de voix ! mais certaines circonscriptions risqueraient de ne jamais être représentées au Parlement.

        Pour ce qui est de la séparation/indépendance des pouvoirs, élaborée dès l’antiquité et reprise sous d’autres formes par John Locke, Montesquieu, Tocqueville, il me faudrait un long développement que je réserve pour une prochaine fois. Je dirais simplement ici qu’à mon avis à tout pouvoir doit correspondre un contre-pouvoir.


        • L'enfoiré L’enfoiré 16 mai 2007 16:48

          @L’auteur,

          Tu parles d’Israël. Ok. Mais il faudrait un peu lever la tête : nous, Belges, nous sommes des partisans de la proportionnelle. J’en ai déjà parlé dans des autres forums : Cela marche très bien en Belgique avec la proportionnelle. Cela fait des années que nous sommes avec des gouvernements de coalition élu à la proportionnelle.

          Nous sommes devenus les champions du compromis. Nous avons des gouvernements « violet », « arc en ciel ». Cela va peut-être moins vite, mais cela assure les résultats, au mieux. Même alors, on rate son coup et ses espérances. Le monde parfait n’existe pas.

          Avec les prochaines élections, pour être modernes, va-t-on passer au fluo ? Suite au prochain numéro.

          Le problème avec le parti unique, c’est le contre pouvoir qui n’est pas assez efficace. Consultatif, c’est bien. Effectif, c’est mieux.

          Avis d’un type, enfoiré, de ce petit pays, tout de suite en haut de chez vous. smiley


          • franc3704 16 mai 2007 20:06

            Je ne comprends pas que dans la plupart des partis politiques, on reste attaché à « instiller une dose de proportionnelle dans les élections législatives ».

            Cette proposition de compromis est le plus mauvais choix qu’il soit possible de faire en matière de réforme électorale :
            - Pour les électeurs cela fait « bricolage et magouillage » et ne contribue pas à la réhabilitation du politique, comme si les politiques étaient incapables de faire de vrais choix compréhensibles par tous ;
            - Cela ne résout pas le problème d’une absence de réelle représentation des forces politiques du pays.

            Je propose depuis longtemps une amélioration de la représentation politique du pays sur 2 axes : * Ne pas changer le mode d’élection à l’Assemblée Nationale ; il a l’avantage d’être clair et de permettre à des candidats d’être élus s’ils ont un bon parcours local, éventuellement, hors du soutien d’un appareil politique ; * Elire les sénateurs à la proportionnelle intégrale à un tour , dans des circonscriptions régionales, avec une limite, par exemple de 5% des suffrages exprimés ; * Procéder au renouvellement des 2 chambres en même temps. Cela aurait l’avantage,
            - d’avoir 2 chambres élues sur des modes de représentation complémentaires et clairs,
            - d’assurer, enfin, une représentation exacte, tous les 5 ans, de la géographie politique du pays,
            - de supprimer un mode d’élection issu directement de l’ancien régime, inique, et instance de blocage systématique à une politique de réforme de la société ; le régime électoral du Sénat se fait déjà, pour partie, à la proportionnelle, dans les départements les plus importants.

            Proposition complémentaire : pour redonner leur place aux assemblées, élire le Président de la République systématiquement dans les semaines qui suivent le renouvellement de l’Assemblée Nationale et du sénat et pas avant.


            • alex.nd 17 mai 2007 00:07

              Hum...point de vue interessant. Mais dans ce cas, avec votre proposition, il faudrait changer toute la constitution (pourquoi pas d’ailleurs !!).

              Pour ma part, si les règles sont clairs, je ne pense pas que l’electeur puisse avoir une impression de magouilles & co en cas de dose de proportionnelle (en tout cas pas forcément plus qu’avec le système actuel).


            • Benoit Adam adam0509 16 mai 2007 22:16

              De toute façon y’a que le centrisme de viable dans cette démocratie, et puis bon ça tombe bien y’a un nouveau parti centriste avec des gens a peu prés honnête qui est en train de se former...

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