La question est en effet fondamentale car une grande majorité de croyants dans les pays occidentaux demande à ce que la Bible et le Coran ne soient plus lus « à la lettre ». Ils estiment que ces livres doivent être considérés comme des exhortations à l’amour entre les hommes et non comme des appels à la haine et aux massacres. Ont-ils raison ?
La Bible et le Coran sont le fondement de la croyance en Dieu et guident, directement ou indirectement, la vie de milliards d’êtres humains. Ce ne sont donc pas des livres comme les autres et ils méritent sans aucun doute une attention particulière. C’est en lisant ces textes que l’on est censé comprendre qui est Dieu d’autant plus qu’ils sont considérés comme la parole de Dieu. Les religions chrétienne, musulmane et juive l’expriment très clairement et sans ambiguïtés. A titre d’exemple, on peut lire dans le catéchisme de l’Eglise catholique (81) :
« La Sainte Ecriture est la parole de Dieu, en tant que sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit. » Et dans son abrégé : « Les chrétiens vénèrent l’Ancien testament comme vrai parole de Dieu. »
Les croyants écoutent ce que dit Dieu et sont censés appliquer ses commandements au risque de ne pas pouvoir bénéficier d’une « vie » heureuse après leur mort terrestre. Dans toutes les églises, les temples, les synagogues, les mosquées, on entend en permanence : « Dieu a dit... ». Il est donc important de distinguer dans la Bible et le Coran, les passages où sont reproduites explicitement les paroles de Dieu.
Dans mon précédent article, un lecteur avait reproduit un extrait de mon livre « Dieu et les religions à l’épreuve des faits », téléchargeable gratuitement sur le site inexistencededieu.com. Il y était question d’un passage de la Bible (Exode 12, 12-14) où Dieu lui-même parlait à Moïse :
« Cette nuit-là je parcourrai l’Egypte et je frapperai tous les premiers-nés dans le pays d’Egypte, je ferai justice, moi Yahvé. Le sang sera pour vous un signe sur les maisons où vous vous tenez. En voyant ce signe, je passerai outre et vous échapperez au fléau destructeur lorsque je frapperai le pays d’Egypte. Ce jour-là, vous en ferez mémoire et vous le fêterez comme une fête pour Yahvé, dans vos générations vous la fêterez, c’est un décret perpétuel. »
Or, la lecture du début du texte de l’Exode (dont je reproduis intégralement les 16 premières pages dans mon livre) permet de constater, sans aucune ambiguïté, que Dieu a massacré des centaines de milliers d’enfants dans le seul but de montrer son pouvoir sur les hommes.
De la même manière, il est clairement indiqué que c’est Dieu qui a empêché Pharaon de libérer les Israélites.
Cet article a été diversement commenté. Le commentaire de Ddacoudre a particulièrement retenu mon attention car il considérait que ma lecture de la Bible était erronée. J’espère qu’il m’excusera d’avoir coupé certains passages qui ne concernent pas ce sujet :
« C’est ainsi qu’il faut s’affranchir de la lettre pour y retrouver l’esprit. Dans l’exemple que tu développes, il est une erreur fondamentale de retenir du massacre des enfants par dieu, qu’il est un dieu atroce. Nous sommes là dans la lecture "intégriste". Alors que si l’on veut, l’on peut y comprendre que les hommes, qui ont rapporté cela, comprenaient la cruauté du monde dans lequel ils vivaient. Quand l’on remplace dieu par "la nature" ou "la vie" nous entrons dans un autre paradigme. »
De nombreuses personnes, sur le site, ont également estimé, comme Ddacoudre, que j’avais une lecture intégriste et erronée de la Bible en considérant que Dieu était atroce. Que veut dire une lecture intégriste si ce n’est comprendre simplement les mots qui sont écrits sans les déformer ?
J’avoue avoir du mal à comprendre comment un fait clair et précis, à savoir un massacre volontaire d’innocents, peut ne pas faire de son auteur un être atroce. Il est effectif que malgré ce fait et des dizaines d’autres présentés dans la Bible, Dieu est considéré par les croyants comme le symbole absolu de l’Amour avec un grand A.
Faut-il avoir la foi pour considérer les millions d’hommes tués par Dieu dans la Bible, comme des quantités négligeables ?
Peut-on constater également que ce sont toujours des crimes sur des non-croyants ou des infidèles dont il est question ?
Ces crimes seraient-ils pleinement justifiés par l’inconscience des victimes à ne pas accepter les commandements de Dieu ?
Ddacoudre propose de remplacer Dieu par « la nature » ou « la vie ». Si l’on tentait cette expérience dans tous les textes que je présente dans mon livre, on changerait effectivement de paradigme mais surtout, ces textes seraient totalement incompréhensibles. La conséquence serait aussi que Dieu n’existerait plus, Dieu n’aurait plus rien dit, ni rien fait, pas de miracles ni de démonstration de sa « réalité ». Il ne resterait que Jésus... Mais comment alors expliquer que Jésus, le fils de Dieu pour les seuls chrétiens, a validé l’ensemble de ce qui est écrit dans l’Ancien Testament. Se serait-il trompé ?
Il est toujours difficile de vouloir tout et son contraire. Le résultat est aussi une incompréhension totale entre chrétiens eux-mêmes et avec ceux qui ne le sont pas.
Doit-on accepter qu’une histoire censée relater des faits soit modifiée ?
Car le problème est bien celui là. D’une histoire atroce, on veut en faire une histoire d’amour en prétextant qu’elle ne serait pas à prendre à la lettre. Elle serait aussi à remettre dans le contexte de l’époque. Combien de massacres, cette histoire d’amour a-t-elle provoqué pendant des siècles ? N’était-ce que des erreurs d’interprétation ? Malheureusement, elles ont été très nombreuses et ont duré près de 2000 ans. Il faut aussi prévenir tous les croyants que Saint Augustin, Saint Thomas d’Aquin et de nombreux autres, ne sont plus de « grands » théologiens et qu’au contraire, ils n’ont rien compris du message de la Bible.
J’entends souvent dire que Dieu donne aux hommes un message d’amour. Voici ce que Dieu dit dans le Lévitique (26,14-40), en s’adressant aux israélites(26,14), le peuple qu’il a choisi et qu’il aidera pour l’éternité :
« Mais si vous ne m’écoutez pas et ne mettez pas en pratique tous mes commandements, si vous rejetez mes lois, prenez mes coutumes en dégoût et rompez mon alliance en ne mettant pas en pratique tous mes commandements, j’agirai de même, moi aussi envers vous. Je vous assujettirai au tremblement, ainsi qu’à la consomption et à la fièvre qui usent les yeux et épuisent le souffle. Vous ferez de vaines semailles dont se nourriront vos ennemis. Je me tournerai contre vous et vous serez battus par vos ennemis. Vos adversaires domineront sur vous et vous fuirez alors même que personne ne vous poursuivra.
Et si malgré cela vous ne m’écoutez point, je continuerai à vous châtier au septuple de vos péchés. Je briserai votre orgueilleuse puissance, je vous ferai un ciel de fer et une terre d’airain ; votre force se consumera vainement, votre terre ne donnera plus ses produits et l’arbre de la campagne ne donnera plus ses fruits.
Si vous vous opposez à moi et ne consentez pas à m’écouter, j’accumulerai sur vous ces plaies au septuple pour vos péchés. Je lâcherai contre vous les bêtes sauvages qui vous raviront vos enfants, anéantiront votre bétail et vous décimeront au point que vos chemins deviendront déserts.
Et si cela ne vous corrige point, et si vous vous opposez toujours à moi, je m’opposerai moi aussi, à vous, et de plus je vous frapperai, moi au septuple pour vos péchés. Je ferai venir contre vous l’épée qui vengera l’Alliance. Vous vous grouperez alors dans vos villes, mais j’enverrai la peste au milieu de vous et vous serez livrés au pouvoir de l’ennemi. Quand je vous priverai de pain, dix femmes pourront vous cuire ce pain dans un seul four, et c’est à poids compté qu’elles vous rapporteront ce pain, et vous mangerez sans vous rassasier.
Et si malgré cela vous ne m’écoutez point et que vous vous opposiez à moi, je m’opposerai à vous avec fureur, je vous châtierai, moi, au septuple pour vos péchés. Vous mangerez la chair de vos fils et vous mangerez la chair de vos filles. Je détruirai vos hauts lieux, j’anéantirai vos autels à l’encens, j’entasserai vos cadavres sur les cadavres de vos idoles et je vous rejetterai. Je ferai de vos villes une ruine, je dévasterai vos sanctuaires et ne respirerai plus vos parfums d’apaisement. C’est moi qui dévasterai le pays et ils en seront stupéfaits, vos ennemis venus l’habiter ! Vous, je vous disperserai parmi les nations. Je dégainerai contre vous l’épée pour faire de votre pays un désert et de vos villes une ruine. C’est alors que le pays acquittera ses sabbats, pendant tous ces jours de désolation, alors que vous serez dans le pays de vos ennemis. C’est alors que le pays chômera et pourra acquitter ses sabbats. Il chômera durant tous les jours de la désolation, ce qu’il n’avait pas fait à vos jours de sabbat quand vous y habitiez. Chez ceux d’entre vous qui survivront, je ferai venir la peur dans leur coeur ; quand ils se trouveront dans le pays de leurs ennemis, poursuivis par le bruit d’une feuille morte, ils fuiront comme on fuit devant l’épée et ils tomberont alors que nul ne les poursuivait. Ils trébucheront l’un sur l’autre comme devant une épée, et nul ne les poursuit ! Vous ne pourrez tenir devant vos ennemis, vous périrez devant les nations et le pays de vos ennemis vous dévorera.
Ceux qui parmi vous survivront dépériront dans les pays de leurs ennemis à cause de leur faute ; c’est aussi à cause des fautes de leurs pères, jointes aux leurs, qu’ils dépériront. Ils confesseront alors leurs fautes et celles de leurs pères, fautes commises par infidélité envers moi, mieux, par opposition contre moi… »
Voilà donc ce que proposait Dieu à tous ceux qui oseraient s’opposer à lui. C’est bien Dieu qui parle dans des termes atroces et horribles. J’aimerais comprendre comment il est possible d’interpréter ces mots comme des mots d’amour ? A moins de considérer comme normal que ceux qui ne se soumettent pas à Dieu soient punis des pires maux. Pourquoi Dieu n’aurait-il pas dit ces mots ? Parce qu’ils ne seraient pas convenables alors que d’autres le seraient ?
Il est aussi expliqué aujourd’hui que si les croisades, l’esclavage, l’inquisition ont eu lieu, c’est parce que la Bible n’a pas été lue et interprétée correctement. Il faudrait prendre en compte les nombreuses erreurs commises par ceux qui l’ont écrite et s’il reste quelques horreurs, elles ne seraient le fait que du contexte affreux de cette époque.
J’aimerais expliquer par deux exemples, pourquoi il me semble très dangereux d’accepter que l’on puisse déformer les textes jusqu’à leur en faire perdre leur sens original : Hitler et l’esclavage.
1) Les faits montrent qu’Hitler a été aimé et respecté par des dizaines de millions de femmes et d’hommes. Ils étaient en très grande majorité croyants et voyaient en Hitler un homme qui voulait aider et défendre son peuple contre des envahisseurs. Or Hitler a écrit un livre « Mein Kampf », publié en 1925, soit 8 ans avant qu’il soit élu au pouvoir en Allemagne. A cette époque, fallait-il ou non le lire « à la lettre » ? Et aujourd’hui, faut-il le remettre dans le contexte de l’époque ?
Le lire « à la lettre », c’est le considérer comme un appel à l’horreur car il y est décrit tout ce que va entreprendre Hitler. Par contre, si on le lit comme certains demandent qu’on lise la Bible, il peut être considéré comme une histoire d’amour entre un dirigeant et son peuple puisqu’il n’a pour seul objectif, que le bonheur et le salut de son peuple. Les atrocités, il ne les réserve qu’à ceux qu’il estime être ses ennemis.
Si l’on ajoute la nécessité de se mettre dans le contexte de l’époque, à savoir qu’il existait un profond antisémitisme et racisme et que des guerres très meurtrières étaient courantes, doit-on en conclure, comme on le fait pour la Bible, que les horreurs contenues dans « Mein Kampf » n’ont pas d’importance et que c’est l’histoire d’amour avec son peuple qu’il faut retenir ? Avec cette méthode, dans quelques siècles, on pourra très bien réhabiliter Hitler et le considérer comme un grand leader, comme l’était par exemple Napoléon. On pourra dire qu’il n’était pas pire que les autres et que tout est question d’interprétation et de contexte.
Comment ne pas constater que « Mein Kampf » n’a pas été lu « à la lettre » par les responsables politiques et religieux des pays occidentaux de son époque. A partir de 1933, ces responsables ont plus cherché à trouver des accords avec Hitler qu’à le combattre pour l’empêcher de nuire. Ils ont permis à Hitler d’accéder au pouvoir et d’être le responsable de 50 millions de morts comprenant le génocide de 6 millions de juifs. Ces mêmes dirigeants avaient pourtant lu ceci :
« Celui qui se tient sur le plan raciste a le devoir sacré, quelle que soit sa propre confession, de veiller à ce qu’on ne parle pas sans cesse à la légère de la volonté divine, mais qu’on agisse conformément à cette volonté et qu’on ne laisse pas souiller l’oeuvre de Dieu. Car c’est la volonté de Dieu qui a jadis donné aux hommes leur forme, leur nature et leurs facultés. Détruire son oeuvre, c’est déclarer la guerre à la création du Seigneur, à la volonté divine. »
« Ce qui est l’objet de notre lutte, c’est d’assurer l’existence et le développement de notre race et de notre peuple, c’est de nourrir ses enfants et de conserver la pureté du sang, la liberté et l’indépendance de la patrie, afin que notre peuple puisse mûrir pour l’accomplissement de la mission qui lui est destinée par le Créateur de l’univers. »
« Si le juif, à l’aide de sa profession de foi marxiste, remporte la victoire sur les peuples de ce monde, son diadème sera la couronne mortuaire de l’humanité. Alors notre planète recommencera à parcourir l’éther comme elle l’a fait il y a des millions d’années : il n’y aura plus d’hommes à sa surface. La nature éternelle se venge impitoyablement quand on transgresse ses commandements. C’est pourquoi je crois agir selon l’esprit du Tout-Puissant, notre créateur, car : En me défendant contre le juif, je combats pour défendre l’oeuvre du Seigneur. »
Faut-il dans ce dernier extrait de « Mein Kampf » remplacer par exemple, le mot « juif » par « infidèle » pour en comprendre le véritable sens ?
Paradoxalement, le texte reste tout à fait sensé. En remplaçant des mots par d’autres mots, on peut en arriver à cautionner les pires horreurs et ne pas se rendre compte de leurs conséquences.
Quelle différence y a-t-il entre les deux passages suivants :
« Le pays où vous entrez pour en prendre possession est un pays souillé par la souillure des peuples des pays, par les abominations dont ils l’ont infesté d’un bout à l’autre avec leurs impuretés. Eh bien ! ne donnez pas vos filles à leurs fils et ne prenez pas leurs filles pour vos fils ; ne vous souciez jamais de leur paix ni de leur bonheur, afin que vous deveniez forts... »
« Non, l’homme n’a qu’un droit sacré et ce droit est en même temps le plus saint des devoirs, c’est de veiller à ce que son sang reste pur, pour que la conservation de ce qu’il y a de meilleur dans l’humanité rende possible un développement plus parfait de ces êtres privilégiés. »
L’un se trouve dans l’Ancien testament, Livre d’Edras (9,11-15), présenté comme une prescription de Dieu, et l’autre se trouve dans « Mein Kampf ».
Les deux ne doivent-ils pas être dénoncés avec la même force ? Alors pourquoi garder la Bible comme fondement de la croyance en Dieu ?
Peut-on prétendre qu’il ne fallait pas lire le livre d’Hitler à la lettre, il y a près de 90 ans ? Doit-on, aujourd’hui, en ne le lisant pas à la lettre, le considérer comme un livre d’amour pour son peuple.
Il est aussi de bon ton, de présenter Hitler comme athée, alors que son livre prouve nettement le contraire. Il y indique avoir une mission divine et ses références à Dieu sont permanentes. Quand on ne trouve pas scandaleux de très nombreux textes de la Bible, peut-on s’étonner que peu de personnes aient trouvé scandaleux « Mein kampf » à partir de 1925 ?
L’Eglise catholique a eu jusqu’en 1966, un Index des livres interdits que les catholiques avaient l’interdiction de lire car ils étaient jugés immoraux et contraires à la foi. On y trouve des auteurs tels que Simone de Beauvoir, Anatole France, Emile Zola, Victor Hugo, mais Hitler, non. Son livre « Mein Kamf » était donc jugé moral et conforme à la foi par les responsables de l’Eglise catholique, il y a à peine 60 ans.
Quelles sont les valeurs chrétiennes qui émergent de 2000 ans d’histoire ?
2) L’histoire de l’esclavage.
Pour les chrétiens, l’humanisme absolu et l’amour des hommes sont symbolisés par Jésus. Il est celui qui aurait dit que les hommes devaient s’aimer les uns les autres. Le Nouveau Testament qui reproduit les discours de Jésus et de ses apôtres est considéré comme un merveilleux message d’amour pour les hommes. La réalité n’est malheureusement pas aussi merveilleuse.
L’esclavage est-il compatible avec un tel message d’amour ?
Si la réponse est non, on devrait donc trouver dans le Nouveau Testament, une condamnation sans équivoque de l’esclavage. On devrait aussi trouver dans l’histoire de la chrétienté, un combat permanent des responsables chrétiens contre sa pratique. J’aurais aimé pouvoir lire dans les Evangiles que Jésus dénonçait avec force cette négation de l’être humain. Il n’en est rien, pas un mot de Jésus s’opposant à l’esclavage.
Doit-on alors dire qu’il faut se mettre dans le contexte de l’époque comme je l’entends très souvent ?
Il est exact que l’esclavage était la norme à cette époque. Cela justifie-t-il que Jésus, fils de Dieu, censé prôner l’amour entre les hommes, ne demande pas la fin de l’esclavage ? Au contraire, c’est parce que l’esclavage existait que l’on devrait pouvoir lire dans les Evangiles que Jésus s’y était opposé. Quelque soit l’époque, l’esclavage est incompatible avec un discours de liberté et d’égalité des hommes.
Or que peut-on lire dans le Nouveau testament ? Voilà ce qu’à écrit Paul, qui selon la Bible de Jérusalem, a vu Jésus ressusciter, qu’il a reçu de lui la vérité de la foi chrétienne et qu’il a été choisi par jésus pour prêcher l’Evangile :
« Esclaves, obéissez à vos maîtres d’ici-bas avec crainte et tremblement, en simplicité de coeur, comme au Christ ; non d’une obéissance toute extérieure qui cherche à plaire aux hommes, mais comme des esclaves du Christ, qui font avec leur âme la volonté de Dieu. Que votre service empressé s’adresse au Seigneur et non aux hommes, dans l’assurance que chacun sera payé par le Seigneur selon ce qu’il aura fait de bien, qu’il soit esclave ou qu’il soit libre. Et vous, maîtres, agissez de même à leur égard ; laissez de côté les menaces, et dites-vous bien, que pour eux comme pour vous, le Maître est dans les cieux, et qu’il ne fait point acception des personnes. » (Epître auxEphésiens 6,5-6)
Peut-on trouver une meilleure justification de l’esclavage ? Les esclaves des hommes deviennent les esclaves du Christ et à ce titre doivent obéir avec « crainte et tremblement » à leurs maîtres. Mais personne ne doit menacer personne. On pourrait presque ajouter que c’est un bonheur d’être esclave.
« Tous ceux qui sont sous le joug de l’esclavage doivent considérer leurs maîtres comme dignes d’un entier respect, afin que le nom de Dieu et la doctrine ne soient pas blasphémés. Quant à ceux qui ont pour maîtres des croyants, qu’ils n’aillent pas les mépriser sous prétexte que ce sont des frères ; qu’au contraire, ils les servent d’autant mieux que ce sont des croyants et des amis de Dieu qui bénéficient de leurs services. » (Première Epître à Timothée 6,1-2)
Contester sa situation d’esclave revient à blasphémer Dieu, ce qui, faut-il le rappeler, est puni de la peine de mort par ce même Dieu. Etre esclave d’un croyant devient même un privilège qui doit pousser à être encore plus attentif à son maître.
« Que les esclaves soient soumis en tout à leurs maîtres, cherchant à leur donner satisfaction, évitant de les contredire, ne commettant aucune indélicatesse, se montrant au contraire d’une parfaite fidélité : ainsi feront-ils honneur en tout à la doctrine de Dieu notre Sauveur. »
(Epître à Tite 2,9-10)
Pour ceux qui connaissent mal Paul, voilà ce qu’en a dit le pape Benoît XVI le 30 juin 2009 :
« Paul n’est pas pour nous qu’une figure du passé, que nous rappelons avec vénération. Il est aussi pour nous un maître, apôtre et annonciateur de Jésus-Christ...Paul était libre comme homme aimé par Dieu (...). Cet amour fut alors la loi et la liberté de sa vie ...Paul parle et agit motivé par la responsabilité de l’amour. Liberté et responsabilité sont ici inséparablement unies... Celui qui aime le Christ comme l’a aimé Paul, peut vraiment faire ce qu’il veut, parce que son amour est uni à la volonté du Christ et donc à la volonté de Dieu, parce que sa volonté est ancrée à la vérité et parce que sa volonté n’est plus simplement sa volonté..., mais est intégrée à la liberté de Dieu et qu’il reçoit d’elle la route à parcourir ».
Paul n’est pas le seul à s’être exprimé sur l’esclavage dans le Nouveau testament. On peut aussi y lire ce qu’à écrit Saint-Pierre, apôtre de Jésus et chef de son Eglise :
« Vous les domestiques, soyez soumis à vos maîtres, avec une profonde crainte, non seulement aux bons et aux bienveillants, mais aussi aux difficiles. Car c’est une grâce que de supporter, par égard pour Dieu, des peines que l’on souffre injustement. Quelle gloire, en effet, à supporter les coups si vous avez commis une faute ? Mais si, faisant le bien, vous supportez la souffrance, c’est une grâce auprès de Dieu. Or, c’est à cela que vous avez été appelés, car le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle pour que vous suiviez ses traces, lui qui n’a pas commis de faute - et il ne s’est pas trouvé de fourberie dans sa bouche ; lui qui insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec justice ; lui qui, sur le bois, a porté lui-même nos fautes dans son corps, afin que, morts, à nos fautes, nous vivions pour la justice ; lui dont la meurtrissure vous a guéris. Car vous étiez égarés comme des brebis, mais à présent vous êtes retournés vers le pasteur et le gardien de vos âmes. » (Première Epître de Saint Pierre 2,18-25)
Je profite de cet exemple pour préciser qu’affirmer que tous les hommes sont égaux devant Dieu n’est pas affirmer que les hommes sont égaux entre eux. Aucun texte du Nouveau Testament n’indique que tous les hommes sont égaux entre eux et au contraire il y est indiqué que les faibles doivent se soumettre aux forts. Prétendre le contraire, c’est abuser du manque d’informations des croyants.
S’il faut s’affranchir de la lettre de ces textes pour y retrouver l’esprit, quel est l’esprit de ces textes du Nouveau Testament ? Personnellement, j’y vois la pire des horreurs et je ne vois pas comment on peut y trouver un message d’amour. Non seulement on demande à des hommes d’être totalement soumis à leur maître mais on leur demande de considérer leur souffrance comme un don de Dieu de manière à être encore plus soumis. Le pire est de demander à ces esclaves de se comporter comme a été présenté Jésus.
Ces textes et de nombreux autres ont justifié l’esclavage des noirs jusqu’au 18 ème siècle avec l’accord et la participation permanente de l’Eglise Chrétienne. Ce sont des faits que j’analyse de manière détaillée dans mon livre. Prétendre le contraire comme le font aujourd’hui certains historiens est une falsification de l’histoire du même ordre que la négation des chambres à gaz. Une grande majorité de chrétiens pensent en toute bonne foi que des Papes se sont opposés à l’esclavage des noirs. Ils ont lu des livres d’historiens l’ayant confirmé avec la mention de nombreux extraits de bulles papales et autres textes. Toutes ces bulles et textes ne condamnaient en réalité que l’esclavage des indiens et ils ont été modifiés pour faire croire qu’il s’agissait de tous les esclaves.
Je ne peux que constater que le fait de continuellement déformer un texte en s’affranchissant de sa lettre, provoque l’envie de trouver une histoire conforme à ses interprétations. Il en est ainsi de l’histoire de la chrétienté qui est actuellement allègrement falsifiée. Cela concerne l’esclavage, l’Inquisition, les droits de l’homme, le racisme et la condamnation du nazisme.
Dans mon livre, j’analyse dans le détail des livres qui ont été de véritables best-sellers ces dernières années, tels que « Le triomphe de la raison- Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme » de Rodney Stark, « La vérité sur l’affaire Galilée » et « Saint Robert Bellarmin, le défenseur de la foi, 1542-1621 » d’Aimé Richardt, ainsi que le livre « Historiquement correct » de Jean Sévillia. Ils sont censés rétablir la vérité sur l’histoire de la chrétienté qui aurait été honteusement déformée auparavant par des historiens peu scrupuleux. En réalité, ils se livrent à une véritable falsification de cette histoire.
Il est tout à fait possible d’interpréter des faits mais on doit les présenter au préalable tels qu’ils sont et non pas tels que l’on a envie qu’ils soient. Une religion d’amour ne peut pas avoir provoqué des horreurs et des massacres, il suffit pour cela soit de les nier, soit de les modifier.
Or c’est la tendance actuelle de nombreux croyants et d’historiens croyants. On constate exactement ce que l’on a connu avec la falsification de l’histoire du communisme. Le résultat en est un manque total d’informations exactes pour la plupart des croyants qui n’ont aucune raison de ne pas douter de ce qu’il leur est raconté.
Lire la Bible simplement tel qu’elle est écrite permet de comprendre 2000 ans d’histoire de la religion chrétienne. La lire tel que le suggère Ddacoudre et la grande majorité des chrétiens actuellement, rend cette histoire incompréhensible et a pour conséquence une indécente et grave falsification de son histoire.
Ceux qui lisent la Bible comme une histoire d’amour devraient aussi lire le Coran comme une histoire d’amour. Le Coran, comme la Bible promet le bonheur absolu à ceux qui suivent Dieu et les pires sévices aux infidèles. Par contre, les premiers concernés, à savoir les musulmans, ne déforment pas le texte du Coran et cherche à l’appliquer à la lettre. Ont-ils tort ?
Le Coran, quoi qu’en pense beaucoup, n’est pas plus violent que l’Ancien Testament mais il est beaucoup plus clair en ce qui concerne les bienfaits pour ceux qui le suivent et les sanctions pour ceux qui ne suivent pas Dieu :
« Louange à Dieu, qui a envoyé à son serviteur le Livre, où il n’a point mis de tortuosités. Un livre droit destiné à menacer les hommes d’un châtiment terrible de la part de Dieu, et à annoncer aux croyants qui font le bien une belle récompense dont ils jouiront éternellement. » Sourate (18,1-2)
« Vous êtes le peuple le plus excellent qui soit jamais surgi parmi les hommes. » Sourate (3,106)
En lisant ces passages comme tant d’autres, un musulman pourra dire que le Coran est un livre d’amour puisqu’il lui annonce de « belles récompenses pour l’éternité ». Sa vie sur terre n’est qu’un court passage qui conditionne sa vie éternelle. S’il applique le Coran, cette « vie » future sera merveilleuse, mais dans le cas contraire, elle sera atroce. Que les infidèles soient menacés des pires supplices est normal puisqu’ils ne suivent pas Dieu. Beaucoup de chrétiens et juifs pensent également qu’une personne qui ne suit pas Dieu mérite d’être punie sévèrement.
On ne peut pas comprendre un musulman si l’on n’accepte pas qu’il craigne Dieu en permanence :
« Le plus digne devant Dieu est celui qui le craint le plus. » Sourate (49-13)
Ce type de message est pratiquement répété à toutes les pages quand ce n’est pas plusieurs fois. Je ne peux que conseiller de lire le Coran, et même plusieurs fois, si l’on veut comprendre comment doit se comporter une musulmane et un musulman. A-t-il le choix quand toute sa vie, depuis sa plus tendre enfance, il passe quotidiennement des heures à apprendre et réciter le Coran ? Dans les pays musulmans, le moindre mot pouvant être interpréter comme une négation de l’existence de Dieu ou de la vérité absolue du Coran, est interdite et envoie son auteur en prison.
Les musulmans n’ont aucune raison de douter et de ne pas appliquer à la lettre ce qui est écrit dans le Coran sachant que c’est Dieu lui-même qui l’a dicté.
Qui leur dit que Dieu n’existe pas ? Personne, d’autant plus que ceux que certains considèrent comme leurs pires ennemis, à savoir les américains et les juifs, confirment l’existence de Dieu.
Qui leur dit que Dieu n’a pas dicté le Coran ? Personne non plus.
Comme Dieu existe, ce que dit le Coran ne peut être que la vérité. Et il n’y a aucune raison qu’ils évoluent dans leur croyance à partir du moment où l’essentiel de ce qu’ils connaissent de l’occident ne contredit pas l’existence de Dieu mais au contraire la valide. Quand ils sont face aux américains, ils ne sont pas face à un peuple qui leur dit que Dieu n’existe pas mais qu’au contraire Dieu est partout. Quand ils sont face aux israélites, il en est de même. Existe-t-il un dirigeant européen qui conteste l’existence de Dieu et la validité du Coran ? Existe-t-il des médias européens importants qui contestent l’existence de Dieu ? Le Coran ne peut être que validé à leurs yeux.
Les chrétiens affirment que Jésus est le fils de Dieu et a été ressuscité, les juifs affirment qu’ils sont le peuple élu de Dieu, que Dieu a sauvé leurs ancêtres. En quoi ces affirmations seraient-elles plus crédibles que d’affirmer que le Coran a été dicté par Dieu.
Dieu ayant dicté le Coran, les musulmans ont-ils tort d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ? Saint Pierre n’a-t-il pas dit : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » Actes des Apôtres (5,29).
Les juifs estiment que le texte de l’Ancien Testament est réellement l’histoire de leurs ancêtres. Moïse a bien existé et rencontré Dieu. Sachant de plus que le Coran confirme tout cela, le Coran valide la croyance juive. Mais un problème important existe entre les chrétiens et les musulmans. En effet, Dieu a dit dans le Coran :
« Un livre destiné à avertir ceux qui disent : Dieu a un fils. Ils n’en ont aucune connaissance, pas plus que leurs pères. C’est une parole coupable qui sort de leurs bouches. C’est un mensonge. » Sourate (18,1-2-3-4)
« Dieu n’a point de fils, et il n’y a point d’autre Dieu à côté de lui. » Sourate (23,92)
« Infidèle est celui qui dit : Dieu, c’est le Messie, fils de Marie…Infidèle est celui qui dit : Dieu est un troisième de la Trinité. » Sourate (5,76-77)
Qui a raison ? Les chrétiens ou les musulmans ? Dieu ou Jésus qui s’est présenté comme son fils ? Les juifs sont également en phase avec les musulmans, Jésus n’est pas le fils de Dieu. Les chrétiens sont aussi persuadés de la filiation de Jésus avec Dieu que les musulmans de la dictée du Coran par Dieu. Je ne vois pas pourquoi les chrétiens auraient raison et les musulmans, tort.
Il est courant d’indiquer que le Coran est violent. C’est exact. L’impie, l’infidèle n’a que la mort comme avenir.
« S’ils retournaient dans l’infidélité, saisissez-les et mettez-les à mort partout où vous les trouverez. » Sourate (4,91)
Ces ordres sont directs et sans ambigüités. Mais on oublie un peu trop que beaucoup de passages de l’Ancien Testament sont aussi cruels :
« Qui blasphème le nom de Yahvé devra mourir, toute la communauté le lapidera. Qu’il soit étranger ou citoyen, il mourra s’il blasphème le
Nom. » (Lévitique 20,16)
Les derniers mots de Jésus ont été aussi :
« Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas,
sera condamné... » Evangile selon Saint Marc (16,16)
Or ces ordres, qui ont été appliqués pendant 17 siècles par les chrétiens, ne sont plus respectés. La très grande majorité des chrétiens et les juifs estiment qu’ils peuvent passer outre ces commandements et que cela ne les empêchera pas d’aller au paradis. Les musulmans sont persuadés du contraire car il est écrit dans le Coran :
« Faites la guerre à ceux qui ne croient pas en Dieu ni au jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son apôtre ont défendu, et à ceux d’entre les hommes des Ecritures qui ne professent pas la vraie religion. Faites-leur la guerre jusqu’à ce qu’ils payent ltribu de leurs propres mains et qu’ils soient soumis. » Sourate (4,29)
« Ceux qui traitent mes signes de mensonges, ceux qui les dédaignent, seront livrés au feu et y demeureront éternellement. Qui est plus impie que celui qui forge des mensonges sur le compte de Dieu ou qui traite ses enseignements d’imposture ? » Sourate (6,34-35)
Comment ne pas lire à la lettre de telles phrases quand on est persuadé que Dieu existe et qu’il a dicté le Coran. Un musulman apprend dès son enfance que sa vie sur terre est peu de choses par rapport à sa « vie » après la mort. S’il ne respecte pas à la lettre le Coran, il est certain que ce sera l’enfer qui l’attend. Par contre, s’il le respecte, ce sera le bonheur éternel et il n’attend que cela. Qui peut lui garantir qu’il ne prendrait pas un risque énorme à s’éloigner même légèrement du Coran ? Tant que Dieu existe, le doute n’est pas permis.
De plus, il est clairement indiqué dans le Coran que celui qui combat pour Dieu aura une vie absolument idyllique au ciel. C’est pour toutes ces raisons que les musulmans considèrent le Coran comme un message d’amour de Dieu. Dieu ne veut-il pas le bonheur de ceux qui lui obéissent ?
J’aimerais ajouter que ne pas lire à la lettre le Coran rend incompréhensible les réactions de l’immense majorité des musulmans ainsi que de leurs dirigeants. C’est aussi attendre d’eux des actes qu’ils ne feront jamais parce que ce serait trahir le Coran donc trahir Dieu. C’est leur vie éternelle personnelle qui est en jeu.
Chercher à comprendre ne veut pas dire accepter. Chaque homme vit et pense compte tenu des informations qu’il a accumulées tout au long de sa vie. C’est quand ces informations ne correspondent à aucune réalité quelle qu’en soit la provenance, qu’un homme est capable des pires actes.
Tant que la Bible et le Coran resteront les fondements des religions chrétienne, musulmane et juive, il semble difficile, pour ne pas dire impossible, d’imaginer que les hommes ne s’entretueront plus à cause de leur croyance en Dieu. Quelle que soit la manière dont on les lit, ils sont totalement contraire à l’idée de liberté, d’égalité et de paix.
« La puissance de l’idéologie trouve son terreau dans l’incuriosité humaine pour les faits. » (Jean-François REVEL)