Par définition, les croyants des religions monothéistes croient en un Dieu unique. A de rares exceptions près, la croyance en ce Dieu est transmise dès le plus jeune âge par les parents et les responsables religieux qui s’appliquent à montrer d’une manière convaincante la réalité de Dieu dans la vie quotidienne.
Ainsi les enfants apprennent que Dieu est dans le ciel, qu’il nous surveille, nous écoute mais aussi qu’il nous aide et nous guide. Un enfant nait, c’est grâce à lui. Une personne décède, c’est sa décision et il la fait monter au ciel auprès de lui, mais à la condition que sa vie ait été conforme à ce qu’il demande aux hommes.
La vie sera éternelle pour ceux qui auront su remercier Dieu de ses bienfaits. Pour les autres, ceux qui l’auront rejeté, ce sera l’enfer et des souffrances atroces. Il faut être cohérent, celui qui rejetterait Dieu ne pourrait quand même pas bénéficier de la vie éternelle, ce ne serait pas juste. Il n’aurait que ce qu’il mérite.
La foi n’est pas le résultat d’une contrainte mais d’une répétition pendant toute son existence, qui se transforme très rapidement en conviction personnelle. Néanmoins, il serait faux de penser que des milliards d’hommes et de femmes puissent croire en Dieu sans raisons. Pour conserver sa foi toute sa vie, le croyant a besoin de preuves.
La plus importante est l’écrit : c’est écrit donc c’est vrai !
Dire que Dieu existe ne suffit pas. Si la parole permet de convaincre, l’écrit en donne un caractère de vérité comme l’explique Jaroslav Pelikan, historien, professeur émérite à l’université de Yale :
« Le verbe, à l’écrit, perd inévitablement de cette vivacité que seule l’oralité peut véhiculer et, par là même cette richesse de sens que confère uniquement l’incarnation. Mais le discours y gagne indiscutablement en exactitude, en ordre et en permanence. La méditation et l’étude auxquelles invitent ce que l’on nomme avec justesse « les écritures » réclament le passage au Livre, sans lequel l’appropriation de la parole biblique serait impossible. »
Les textes sacrés confirment l’existence d’un Dieu unique, créateur de l’univers et de l’homme. On doute souvent de ce que l’on entend mais beaucoup moins de ce qui est écrit comme le confirme Kant dans son livre « La religion dans les limites de la simple raison » :
« Un livre saint s’acquiert même chez ceux (et chez ceux-ci surtout) qui ne le lisent pas ou qui du moins n’en peuvent tirer un concept religieux bien lié, la plus grande considération et tous les raisonnements sont vains devant cet arrêt souverain qui fait tomber toutes les objections : « C’est écrit. » »
On en doute d’autant moins que l’authenticité historique de ces textes sacrés est attestée par des centaines de livres publiés tous les ans. Ils sont écrits par des responsables religieux respectés mais aussi par des intellectuels renommés. Ce qu’ils écrivent ne peut être que vrai et toute contestation n’est que falsification.
Malgré cela, les religions ont pris conscience que la lecture personnelle des Livres Sacrés par les croyants, présente un risque : celui de constater des contradictions entre ce qu’ils lisent et ce qui leur est raconté par ailleurs. On ne doit donc pas s‘étonner de voir apparaître des conseils d’aide à leur lecture.
Ainsi, Jean Michel Di Falco, évêque français, fait la recommandation suivante dans le livre qu’il a coécrit avec le romancier Frédéric Beigbeder, « Je crois, moi non plus » :
« Le lecteur qui s’apprête à lire la Bible sans en avoir les clés sera soumis à rude épreuve. Pour pénétrer dans les arcanes de compréhension du plus fabuleux livre de l’histoire des hommes, il est souhaitable d’être accompagné d’une personne plus compétente que celle qui découvre les Ecritures pour la première fois. »
Un musulman trouvera ce type de conseil directement dans le Coran :
« Si tu es dans le doute sur ce qui t’a été envoyé d’en haut, interroge ceux qui lisent les écritures envoyées avant toi. » Sourate (10,94)
Elie Wiesel, écrivain et prix Nobel de la Paix, insiste sur la nécessité, pour les juifs, de ne pas penser tout seul :
« Si le rabbin a de l’importance, c’est donc parce qu’il sait. Il ne se prononcera toutefois jamais en disant « moi, je pense comme cela », mais il dira plutôt « si je pense comme cela, c’est parce que tel ou tel maître s’est prononcé ainsi sur ce sujet ». Il est le récipiendaire de la tradition. »
Le résultat est que de nombreux croyants ne s’estiment pas compétents pour comprendre les Livres Sacrés. Ils sont pourtant écrits dans un langage simple et compréhensible par tous.
Ceci n’empêche pas certains croyants de chercher à justifier leur foi. Ainsi, Guy Baret, journaliste et chroniqueur au Figaro, auteur d’un livre au titre explicite, « Jésus reviens ! Pourquoi je suis chrétien et pas fâché de l’être. », tente de démontrer la réalité de Jésus-Christ :
« Si deux mille ans plus tard, des hommes et des femmes, pas plus bêtes que les autres, continuent à professer la réalité de la résurrection du Christ, ce n’est pas à cause de l’insondable crédulité des croyants, mais parce que les explications alternatives n’ont jamais réussi à rendre compte de l’ensemble des récits évangéliques… »
Autrement dit, les chrétiens ont une raison objective de croire que le Christ est ressuscité puisqu’il n’a pas été possible d’expliquer les Evangiles autrement.
Cela suppose évidemment de prouver qu’ils relatent une réalité historique. Guy Baret estime en avoir la preuve :
« La Bible a été livrée aux études exégétiques et historiques les plus rigoureuses auxquelles elle a résisté…
A quatre-vingts ans, au terme d’une vie passée en Palestine, après cinquante ans d’études, le père Lagrange, dominicain, fondateur de l’école biblique de Jérusalem, savant respecté, dont l’intégrité est universellement reconnue par les scientifiques, même incroyants, concluait : « Le bilan de mon travail, c’est qu’il n’existe pas d’objections « techniques » s’opposant à la véracité des Evangiles. Tout ce qu’ils rapportent, jusqu’aux moindres détails, peut être précisément et scientifiquement vérifié. » »
A cette lecture, comment douter du contenu de la Bible ? N’est-il pas « le plus fabuleux livre de l’histoire des hommes » comme l’affirmait Jean Michel Di Falco ?
La foi n’est pas seulement confortée mais elle est légitimée scientifiquement par un expert incontesté. Si malgré tout, il existait un doute sur les compétences du Père Lagrange, une visite sur le site internet mavocation.org du diocèse de Paris confirmerait que « son œuvre est immense et remplit d’admiration celui qui la parcourt ».
La réalité de Dieu serait donc écrite et confirmée scientifiquement.
La grande majorité des croyants estiment avoir une foi justifiée par des preuves. Même s’il leur arrive de critiquer ou de s’opposer à certaines facettes de leur religion, ils pensent avoir une foi ancrée dans la rationalité.
Ainsi, Joseph Ratzinger, futur Pape Benoît XVI, n’hésitait pas à dire :
« Dans le christianisme, la rationalité est devenue religion. »
Irène Fernandez, agrégée de philosophie et docteur ès lettres, dans son livre « Dieu avec esprit » est encore plus précise :
« Le christianisme n’est pas rationaliste par raccroc, il l’est constitutionnellement, si on peut dire. C’est sans doute la seule religion où Dieu, le Logos qui était « au commencement », soit la Raison en personne. »
Ainsi avec des Livres Sacrés qui rapporteraient des faits et une rationalité déclarée permanente, on peut affirmer que Dieu est bien réel et qu’il existe.
La question est alors de savoir ce qui le caractérise.
Dieu se présente lui-même dans les premières pages de la Bible (Exode 3,14) :
« Je suis celui qui est. »
Cette présentation est pour le moins sommaire. Par contre, une étude approfondie des Livres Sacrés permet de donner une définition de Dieu, confirmée par la grande majorité des croyants et par les responsables religieux. N’affirment-ils pas qu’il est amour, qu’il aide les faibles et les pauvres, qu’il libère les opprimés, qu’il donne la vie et décide de la mort, qu’il a créé l’univers et l’homme ?
Il agit donc pour le bien des hommes. Il est le maître du monde avec un pouvoir absolu de vie et de mort. L’ensemble de l’univers est son œuvre. Ainsi, le Dieu des chrétiens, des musulmans et des juifs ne fait pas que regarder l’évolution du monde. Non seulement il y participe mais il la dirige.
Or, si l’on se veut rationnel, pour affirmer qu’un être existe, on doit pouvoir prouver que ce qui le caractérise est une réalité.
Cela ne devrait pas être un problème car cette définition de Dieu n’est pas de nature métaphysique mais bien concrète. Elle s’applique au monde du réel et est accessible à la vérification. L’analyse de cette définition devrait logiquement permettre de savoir si Dieu existe ou non.
En effet, son existence serait incontestable si les caractéristiques qui le définissent étaient corroborées par les faits.
A l’inverse, si elles ne l’étaient pas, il faudrait admettre raisonnablement que Dieu, défini avec précision dans la Bible, n’existe pas.
Par contre, cela n’empêcherait pas de penser qu’un autre Dieu existe, différent de celui de la Bible, mais il devrait pouvoir être soumis à une vérification identique.
Il est exact de prétendre qu’il est impossible de démontrer que Dieu n’existe pas ou qu’il existe quand on le définit comme n’ayant eu ou n’ayant aucune action sur les hommes et l’univers. Une telle définition ne peut être soumise à vérification. Mais ce n’est pas le cas du Dieu présenté dans la Bible.
Il est tout à fait possible de démontrer que Dieu n’existe pas si l’on constate que ses prétendues actions n’ont jamais eu lieu. C’est de cette manière que l’on peut démontrer que le Père Noël n’existe pas, contrairement à ce qu’affirmait André Comte-Sponville dans son livre, « L’esprit de l’athéisme » en faisant le parallèle avec Dieu :
« Essayez, par exemple, de démontrer que le Père Noël n’existe pas...vous n’y parviendrez pas. »
Est-il raisonnable de considérer comme nulle la démonstration de l’inexistence du Père Noël par la simple constatation que ce qui le définit (donner des jouets à tous les enfants du monde) n’est pas une réalité ?
Dans ce cas, c’est aussi la grande majorité des démonstrations scientifiques que l’on doit considérer comme nulle. Doit-on en arriver à cette extrémité pour continuer à prétendre l’impossibilité de démontrer l’existence ou l’inexistence d’un Dieu agissant sur les hommes et l’univers ?
De la même manière, si l’on constate qu’aucun Dieu n’aide les faibles et les pauvres, qu’aucun Dieu ne libère les opprimés, qu’aucun Dieu ne donne la vie, qu’aucun Dieu ne décide de la mort, qu’aucun Dieu n’a crée l’univers, qu’aucun Dieu n’a créé l’homme, il me semble difficile de ne pas en conclure que l’on a démontré qu’un Dieu à qui l’on prête toutes ces actions, n’existe pas. Le doute ne devrait même pas exister. Ce n’est que du bon sens.
Si l’on tient malgré tout à affirmer que Dieu existe, il faut le définir autrement comme le faisait Einstein quand il précisait :
« Définissez moi d’abord ce que vous entendez par Dieu, et je vous dirais si j’y crois. »
Mais aussi :
« Je crois au Dieu de Spinoza, qui se révèle dans l’ordre harmonieux de ce qui existe, et non en un Dieu qui se préoccupe du sort et des actions des être humains. »
Einstein ne croyait donc pas au Dieu défini dans la Bible. Par contre, il justifiait sa croyance au Dieu de Spinoza, différent de celui de la Bible, par l’existence d’un ordre harmonieux dans l’univers.
Or, il est prouvé, aujourd’hui, qu’il n’existe pas d’ordre harmonieux dans l’univers, bien au contraire. Il est fort probable qu’Einstein ne croirait plus au Dieu de Spinoza puisque la justification de sa croyance s’est révélée fausse. Mais il est également fort probable qu’il lui trouverait une nouvelle définition compatible avec ses connaissances.
Compte tenu de tous ces éléments, il semble intéressant de se livrer à quelques constatations et analyses sur la définition du Dieu des monothéistes. Je les proposerai dans des articles prochainement.