Identité et diversité dans les communautés polythéistes et plus largement païennes, mais aussi dans le monde occidental
Dans cet article, nous traiterons de choses démentielles, en ce sens qu'elles dépassent de beaucoup le quotidien, et qu'il faut peut-être en prendre la mesure, si possible, pour apprécier sa teneur. « Tout » part d'un constat au sein de la, ou plutôt des, communautés polythéistes, plus largement païennes, qui s'expriment online, mais qui existent aussi IRL (in real life, dans la vie réelle) – les unes recoupant parfois les autres, sans nécessité, et réciproquement. Ce constat, c'est l'observation des valeurs à l'oeuvre, prises dans une dialectique de l'identité et de la diversité.
Mais d'emblée, on sait bien que cette dialectique ne concerne pas que les communautés évoquées : les communautés évoquées en sont, en quelque sorte, un genre de baromètre. En effet, ces communautés, en tant qu'elles se placent doublement « à faux » par rapport à l'héritage monothéiste et par rapport au devenir-laïc de cet héritage, présentent l'avantage d'en être des réceptacles originaux.
Ainsi, tout comme en médecine les phénomènes originaux permettent de comprendre rétroactivement les phénomènes normaux, ces communautés permettent de comprendre rétroactivement la société normale – si seulement elle existe.
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Identité, identitaire, identique
Il y a des mots comme ça, parfois, qui, à peine évoqués, suscitent des ires démentielles. A peine les a-t-on lâchés, que d'aucuns « savent » déjà ce qu'il y a à en penser, dire et acter. Le simple fait de relativiser ce préjugé – car un tel « savoir » rentre précisément dans la catégorie des préjugés – tombe aussi sous le coup du préjugé et, ce qui est pire : oser seulement qualifier cela de préjugé, tombe sous le coup du préjugé... Autant vous dire que ça commence mal.
Dans la deuxième moitié du vingtième siècle, en France au moins, et à cause du lyssenkisme idéologique qui régnait (le lyssenkisme, c'est la mentalité complotiste de gauche ; à droite, on dit juste complotisme – mais les deux désignent une tendance à biaiser sévère, les connaissances)... à cause du lyssenkisme, disais-je, il suffisait de dire capital pour donner envie à toute une frange de la population, de lutter contre. A la fin des années 1990/début 2000, je me souviens que le seul fait d'analyser le capital avec finesse – même en invoquant Karl Marx – pouvait en mettre mal à l'aise certains. Autres temps, autres moeurs... Mais, si ce temps avait d'autres moeurs, nous pouvons dire que l'esprit du temps/le noyau socioculturel/l'identité spatio-temporelle n'était pas la même qu'aujourd'hui. Ce qui a le mérite de nous ramener à nos montons.
Cette identité, comme son nom l'indique, signale des pensées, des paroles et des actes identiques, chez un certain nombre de personnes suffisamment grand, pour que le groupe qu'elles forment puisse être dit identitaire. Il n'y a pas de revendication spéciale de leur part : ces personnes, en tant que groupe, sont tout simplement ce qu'elles sont. Et, entre autres choses, ce qu'elles sont, c'est un anticapitalisme spontané. L'anticapitalisme spontané est un de leur trait identitaire, par lesquelles on peut les dire identiques, et cela fait leur identité, c'est-à-dire que cela constitue leur groupe. Ces personnes ont ça en commun, elles forment une communauté, c'est communautaire. Exactement comme d'autres, se sentent – au hasard – de la religion musulmane.
Est-ce mal ? Bien sûr que non. D'ailleurs, on voit bien que toutes ces personnes, ne sauraient se résumer à un seul trait identitaire. Et même plus : plutôt qu'identiques, elles sont similaires. C'est-à-dire que, à ce niveau, il n'y a pas de différence entre les notions de similarité et d'identité. Les similarités trament l'identité, par quoi de l'extérieur on les trouve identiques, bien qu'en s'approchant, on aperçoive les détails qui diversifient ces personnes similaires/de même identité. Qu'il s'agisse d'une lutte politique, d'une religion ou tout ce que vous voulez – un corps de métier, une ethnie, une armée, un club de sport, une culture, etc. – nous voyons qu'il y a de l'identité, que l'identitaire transcende les personnes, qu'elles peuvent être dites identiques à leur manière. Et il n'y a aucun mal à cela.
Diversité, diversifié, divers
Naturellement, si tout d'un coup vous rentrez dans lesdits groupes – si seulement leurs groupes acceptent votre présence interne – vous diversifierez votre regard. Sachant que, de base, la pluralité des groupes était déjà une diversité. C'est-à-dire qu'on observe indéniablement divers groupes tout autour de la Terre, même si certains se ressemblent plus que d'autres. Et d'ailleurs, ce n'est pas parce qu'ils se ressemblent, qu'ils s'assemblent exactement : en France, l'anti-américanisme ou la germanophobie, ne sont pas des songes... et pourtant, stigmatisant deux peuples, si l'on veut être exigeant, il faut dire que l'anti-américanisme et la germanophobie sont des formes de racismes. Le Yankee et le Schleu...
Reconnaissons alors qu'une culture, pour s'épanouir, a besoin d'un espace commun, communautaire, de vie en communauté. Mais, si les communautés sont diverses en général, si chacun se diversifie au sein d'une communauté, si les membres communautaires sont divers en eux-mêmes... on observe que les communautés peuvent se disperser.
Emblématiquement, la première communauté à se disperser, est la communauté hébraïque. Selon son ouvrage princeps, la Bible (version hébraïque), cela s'appelle la Diaspora et les Hébreux – aujourd'hui dits Juifs grand J, au plan ethnoreligieux – ont eu la chance de traverser les siècles ainsi (bien qu'il s'agisse mythiquement d'une punition divine) sur la base de cette référence ethnoreligieuse à la Bible. Mais toutes les communautés n'ont pas cette chance, tout simplement parce qu'elles ne sont pas fondées sur un ouvrage princeps : disons-le tout de suite, cette identité (biblique) est tout à fait singulière, et c'est bien pour cela que les Juifs se singularisent entre les peuples, quoi qu'ils s'y soient dispersés, acculturés, voire fondus dans la masse (et, ce, depuis l'Antiquité).
Disons-le franchement : tous les peuples n'ont pas eu cette chance identitaire, d'avoir un ouvrage princeps, une identité ethnoreligieuse écrite noire sur blanc. En effet, depuis la Nuit des Temps, les peuples dispersés finissent par s'éteindre, et les peuples conquis voire colonisés, finissent par adopter la culture dominante – encore qu'ils l'influencent : prenez la Bretagne ! D'ailleurs, répétons que les Juifs eux-mêmes, dispersés, se sont diversifiés en fonction des peuples, quoi que singularisés par la Bible. En tout cas, l'identité est une composante importante de la diversité : pas de diversité externe sans plusieurs identités, et inversement pas d'identité sans diversité interne/diversification intra-identitaire.
Là où notre époque est étonnante, c'est dans « sa pratique » de la dispersion, voire de la dissémination. Si bien entendu, de grands ensembles identitaires existent (« l'Occident », « la Chine », etc.) avec des diversifications au sein de chaque ensemble (l'Europe, est-ce l'Occident ? la France, est-ce l'Europe ?) il existe aussi des flux migratoires intensifiés par le monde industriel et post-colonial. Toute une partie de la population, est heureuse ainsi de pouvoir parler de créolisation, mot à la mode pour hybridation, acculturation, mondialisation... il n'en reste pas moins que l'intensité avec laquelle ça a lieu est moderne.
Quand nous nous retournons vers le passé, nous observons de vastes évolutions identitaires sous le coup d'influences diverses, c'est évident, mais non pas avec l'intensité moderne : les deux dernières évolutions « rapides » à l'échelle historique, sont celles de l'indo-européanisation de la péninsule asiatique occidentale (c'est-à-dire de l'Europe qui est, à ce titre, une Inde horizontale) puis de la monothéisation chrétienne de cette même péninsule. Le premier moment s'est fait sur fond de pratiques polythéistes stable, le second moment s'est fait sur fond de peuplements stable, de telle sorte qu'à chaque fois des continuités étaient présentes – continuités dans la diversification et affrontements divers. Nous parlons de près de six mille ans, là.
Ecologie culturelle
L'humanité sapiente a peut-être cent, voire deux cents mille ans, sur toute la planète, et ce depuis l'Afrique du Nord (les ossements les plus anciens actuellement découverts, sont marocains : avec l'homo antecessor vieux de huit cents mille ans retrouvé en Espagne, cela fait réfléchir sur la « traçabilité » de notre espèce... passons).
Sur tant de milliers d'années archaïques, même en se concentrant sur l'humanité sapiente, il est permis de supposer une immense diversité culturelle, disposant de stabilités relatives à travers les millénaires. Tout ceci, c'est de l'écologie humaine. Or, comme la nature de l'animal humain est de développer et transmettre sa culture (c'est déjà le cas des plusieurs autres grandes espèces animales) il faut parler d'écologie culturelle.
De même qu'il y a la biodiversité, il y a l'anthropodiversité : la diversité humaine, qui fait partie de la biodiversité. Comme tout ce qui est écologique (c'est-à-dire : le monde, le cosmos, l'univers entiers) cela exige le respect de ses rythmes écosystémiques, pour avoir sa chance et ne pas disparaître abusivement... bref : le respect des identités.
Mais comment ne pas tomber dans la caricature ?... Voilà la seule question qui vaille la peine d'être posée dans tout ce chantier, dépassant largement le seul individu, mais qui n'existerait pas sans démarches individuelles à finalités groupales : l'individu pour le groupe. Le respect de chacun, où chacun respecte le tout et tous.
Sinon, qu'est-ce que cela donne ? Cela donne, d'une part, le fascisme : une dérive née de certaines idéologies européennes, ces deux derniers siècles. Mais, d'autre part, et inversement, cela donne l'insécurité, la précarité culturelles : des minorités migrantes voire déportées, qui ne peuvent pas se reconnaître ni bien être reconnues (en dehors des moments d'accueils, de partages interculturels ou de festivités) sur le territoire où elles s'installent, du fait de la rapidité des changements en une seule génération à peine.
Comme par renvoi de balle, émergent des frustrations majoritaires, qui n'ont rien de fascistes, mais ces insécurité/précarité culturelles gagnent du terrain. Ceux qui ne les vivent pas au quotidien, ne veulent pas y croire : ils crient au fascisme, et qualifient au moins cela de populisme, avec dédain. Mais là, le repli identitaire, à tous les niveaux, est un frisson spontané : dans le dédain élitaire, la radicalisation des uns ou l'entêtement des autres, peu importe. D'ailleurs, cela court jusqu'à la sur-identification sensuelle, au plan intime revendiqué.
Mama Africa, rastafari, djellaba, Daesh, Latinos, WASP, Indiens physiciens, Chinois studieux, Blanchité, féminitude, gay, etc. sont devenus autant de décors en carton-pâte, caricatures d'eux-mêmes, auxquels on (s')identifie (autrui). L'écologie culturelle est devenue de l'horticulture intensive sous serre, où chaque pseudo-culture ou néo-culture, dans la soupe de la world-culture, doit s'épanouir dans son pot, avec les gouttes d'engrais qu'on lui injecte médiatiquement et dans ses diverses revendications incarnées.
Le mimétisme identitaire, communautaire, nécessaire afin de produire des formes identiques, des reconnaissances, des connaissances culturelles... démarche plus ou moins instinctive, plus ou moins réfléchie, de l'individu pour le groupe... suscitant une diversité de groupes identifiables, dans l'humanité diverse... ce mimétisme est mis en danger, et devient une stupide revendication d'identification.
Quid des communautés polythéistes, et plus largement païennes ?
Nous distinguons les communautés polythéistes et païennes, en ce sens que les communautés polythéistes peuvent certes être jugées païennes par les monothéistes ou les laïcs (qui reprennent ce vocable de païen hérité) que ces communautés polythéistes gardent un caractère plus traditionnel que les communautés païennes au sens large. Communautés païennes qui dérivent souvent vers des formes de New Age et autres fallaces voire politicardises – même quand elles contiennent, facultativement, du polythéisme.
Mais enfin ces communautés, quelles qu'elles soient, permettent de quintessencier la dialectique de l'identité et de la diversité, car elles sont traversées par ces problématiques. C'est que, par définition, elles se revendiquent d'une identité spirituelle territorialisée. Et aussi que, par disposition, ces identités spirituelles sont diversifiées, rien qu'en Europe : entre les adeptes hellénisants, romanisants, ibérisants, celtisants, germanisants et slavisants – sans compter certains amalgames plus ou moins heureux – il y a une diversité.
Toutefois, on peut invoquer une certaine « indo-européanité » commune autant qu'on veut, il n'en reste pas moins que, sur six mille ans, il n'y a pas eu que des échanges intergénérationnels « purs » : il y a eu des échanges interculturels extra-indo-européens. Certes, il n'y a pas non plus d'échanges interculturels extra-indo-européens « purs ». Le purisme des uns ou des autres, est dérisoire. Néanmoins, il est manifeste que l'ethnocentrisme travaille l'ensemble – de même que d'autres ethnocentrismes, aujourd'hui, cultivent l'idée d'une Mama Africa originaire par suprémacisme noir, ou d'islam conquérant par suprémacisme religieux, etc.
Voyez ce militant suprémaciste noir, qui littéralement noircit l'Egypte et Sumer sur de faux prétextes (des paréidolies, des ressemblances éventuelles, des matériaux sombres) : il le fait, parce qu'en vérité il a honte des Noirs Africains. Il le fait, par vanité devant le restant de l'humanité, réduite à son taux de mélanine naturel. Il le fait, par arrogance et rapine, car il veut pouvoir dire avoir produit de grandes civilisations – alors qu'il devrait nous enrichir, en partageant des connaissances autour des empires koush, malien, ghanéen, zimbabwéen, d'Aksum, du Songhaï, d'Oyo... ayant traversé des millénaires.
Inversement, voyez ce militant transfrontiériste/universaliste. Allez savoir pourquoi, le plus souvent, il est héréditaire d'Occident (en fait, si, il est facile de savoir pourquoi : l'Occident est la seule civilisation, à revendiquer une méta-identité de « citoyenne du monde », sur une base post-coloniale)... eh bien, ce militant veut s'oublier et se fondre dans la masse planétaire. Masse planétaire qu'il nomme, quand il est païen, Terre-Mère. C'est probablement un écologiste, mais son écologie refuse de tenir compte de l'écologie culturelle : seules les cultures minoritaires valent pour lui d'être défendue, et c'est sans sentiment de contradiction qu'il accepte l'isolationnisme des dernières tribus amazoniennes ou polynésiennes, tout en vouant aux gémonies le souverainisme d'Etats européens modernes.
C'est que, explique-t-on, le contexte géohistorique est différent. Oui, dans ces cas-là, le dédain élitaire est une carte à jouer.
La narquoiserie devant les identités et les diversités réelles
D'identité, en dehors d'individuelle, il n'en faudrait point. De diversité, en dehors de multiplicités individuelles amalgamées, il n'en faudrait point. Tout ceci provient de la narquoiserie. Cette narquoiserie, pourtant, est culturellement marquée, et marquée par le monothéisme.
C'est que, fondamentalement, l'hébraïsme devenu judaïsme, est une réaction narquoise devant l'univers. En effet, dans le mythe biblique, le Dieu exclusif est désastreux depuis la Genèse : rien ne fonctionne jusqu'à Israël, pour qu'il se sente reconnu et adoré – et encore, Israël mériterait sa Diaspora... Le Dieu en question, n'est pas un bon Dieu, et on a beau nous dire qu'il aurait créé l'humanité en sa ressemblance, qu'il faut croire qu'il ne s'aime pas beaucoup lui-même pour la traiter ainsi, entre malédictions et afflictions. Nous a-t-il fait « de l'humour juif » ?
Ce Dieu, de base, est intimement narquois, puisqu'il met lui-même en place les conditions de la tentation du fruit, sachant qu'il connaît l'avenir, et a tout créé – serpent compris. Il est piégeux. Voilà donc qu'il nargue, à mettre tout le monde à l'épreuve, mais c'est un très mauvais joueur : même quand il se focalise sur Israël, il ne peut pas s'empêcher de lui en vouloir. Et encore, dans le mythe islamique – qui ne passe pas par Israël mais par Ismaël – nous voyons que le Dieu nargue, puisqu'Ismaël, fils d'Abraham et de la jeune esclave Hagar, est écarté au profit d'Israël et de la vieille épouse Sarah. Fallait-il se réclamer d'un répudiateur, ô musulmans ?
Un peu plus haut, et l'on trouve le sacrifice d'Isaac remplacé par un bouc. En quoi est-il narquois ? Eh bien, en ces époques où des sacrifices humains pouvaient, en effet, avoir lieu çà et là (moins qu'on ne croie) un tel sacrifice est élevé – surtout si, comme là, il s'agit du premier-né. On ne peut qu'imaginer Abraham profondément pieux, concentré sur cette dignité sacramentale, d'avoir à sacrifier l'aîné de ses enfants. Où le remplacement par un bouc, devient une insulte, après tant de préparation sacrée, littéralement déshonorante. Pire encore : le fils est mis dans la balance avec le bouc ! C'est méchamment ridicule, même si on nous le présente pour une mise à l'épreuve, une indulgence, et une révision de jugement divins... Bref, c'est narquois.
A partir de là, il semble momentanément, que l'Amour christique vienne en compensation. On se dit là que, vraiment, les juifs ayant suivi Jésus ont inventé une autre religion. Et pourtant, la narquoiserie demeure, puisque les chrétiens ne firent rien d'autre que généraliser la narquoiserie judaïque contre toutes les autres religions et cultures. Idem, évidemment, des musulmans, quelques siècles après. C'est toujours la guerre contre Gog et Magog, depuis que Moïse aurait nargué le pharaon.
En tant que tel, le monothéisme a beau être un phénomène ayant suscité ses formes culturelles, il n'en reste pas moins qu'il l'a fait comme jamais cela ne fut fait autrement : en narguant toutes les religions du monde. Cette narquoiserie est une xénophobie profonde, tout comme le Dieu exclusif, de base, ne pouvait supporter que l'humanité post-édénique se détourne de lui. Le mimétisme dans l'attitude, logiquement, se retrouve chez les monothéistes... chez les monothéistes, et jusque dans leur devenir-laïc occidental.
Ainsi d'identité, en dehors d'individuelle, il n'en faudrait point ; de diversité, en dehors de multiplicités individuelles amalgamées, il n'en faudrait point... parce que, dans le monothéisme, seul compte le salut. Cette logique du salut (sotériologie) est à l'oeuvre en Occident, même dans les milieux polythéistes et plus largement païens. Normal, puisqu'on ne revient pas du monothéisme par simple apostasie : on en revient en s'en désaccoutumant !
Il ne faut pas vouloir « être sauvé »
La première conséquence de tout cela, c'est que le polythéisme n'est pas une religion du salut. On ne devient pas polythéiste parce qu'on veut « être sauvé ». De quoi le serait-on ? De la damnation, évidemment. Or, dans l'interprétation monothéiste, le polythéisme est une damnation. Donc, de deux choses l'une : ou vous pensez « choisir la voie des damnés » en devenant polythéiste (et, en somme, vous êtes toujours monothéiste, même dans votre vision sataniste, puisque cette « voie des damnés » ne peut être, par définition, que sataniste) ou vous oubliez tout cela (et vous cessez de vous définir par rapport à un effroi, effroi inoculé mimétiquement par des générations de narquoiserie monothéiste).
Oui parce que, là aussi, il faut être « sacrément » narquois, pour prétendre à l'universalité d'un Dieu exclusif, tout en excluant tout ce qui ne cadre pas avec lui, et encore ! en prétendant que nous serions libres de l'aimer ou de le renier, dans son interprétation, puisque cette liberté finit mal pour tous ceux qui le renient. Une telle pseudo-liberté n'est qu'une cage mentale, mise en exergue à l'intérieur des écrits coraniques : le reste du monde n'est que dénégation et égarement encourant la colère... Fallait-il être en manque d'affection à ce point, pour être ce Dieu ? Ce gros bébé – que les chrétiens ont logiquement baigné d'Amour, sans meilleur résultat puisque seule la narquoiserie l'anime – nous ronge de l'intérieur. Et pourtant, à sa manière, c'était bien le Dieu de la Vérité... mais sa charité reste une rapacité.
Il ne faut pas vouloir « être sauvé » donc, et par conséquent il n'y a ni à demander pardon, ni à être pardonné, ni à pardonner : on ne demande pardon, que si l'on a commis une faute, et l'on a le sentiment absurde d'avoir commis une faute, qu'à raison qu'on nous nargue rapacement, afin de nous conditionner à avoir besoin d'être pardonné, et à nous sentir justes de pardonner. C'est récursif. Sortez de là.
Aussi n'y a-t-il aucun péché d'être qui vous êtes, diversifiés entre les identiques, identifiable entre la diversité des identités... surtout devant ce Dieu qui, YHWH, prétend se nommer l'Être (je suis celui qui est) sur la base de l'antique polythéiste EL... dont l'une des épithètes était Yahvé (EL en tant qu'il est, voire qu'il engendre l'Être).
Une fois que vous comprenez jusqu'aux tripes, que ce n'est pas un péché, vous cessez de vous en vouloir amèrement, absurdement, en vous-mêmes et alentours. Tout ce qui compte alors, enfin, est de savoir comment vous voulez être. C'est-à-dire culturellement, dans vos moyens et dans vos fins... une chose qui, quand on y pense, est inévitable et a toujours-déjà été faite : il fallait la déculpabiliser. Il fallait même la défaire du besoin d'Amour et de pardon divins ! Ça vous narguait.
Car, comme disait Nietzsche : « les Grecs étaient superficiels... par profondeur ! »
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