Socrate, Jésus et Bouddha : proches de nous ?
Socrate, Jésus, Bouddha ne sont pas seulement les illustres gardiens de trois monuments imposants (Philosophie, Religion, Sagesse) qu’il faudrait éternellement revisiter ou restaurer ; ce sont des maîtres de vie, plus contemporains, plus proches de nous que jamais. Frédéric Lenoir, directeur du magazine Le Monde des Religions, sociologue et historien des religions (voir son site www.fredericlenoir.com), leur a récemment consacré un ouvrage qui se présente comme un exercice d’admiration, doublé d’un plaidoyer pour une approche humaniste et moderne de la spiritualité (Socrate, Jésus, Bouddha : trois maîtres de vie, Fayard, 2009).
Dans l’entretien qu’il a bien voulu donner à e-ostadelahi.fr, le spécialiste de l’histoire des religions repart de cette intuition fondatrice pour en développer quelques conséquences théoriques et pratiques. En premier lieu, il explique de quelle manière ce recentrage sur l’individu se conjugue avec une postulation forte, celle de l’universalisme. Dire que chacun est responsable du choix de sa vie, c’est poser l’égale dignité de tous les êtres humains, quelle que soit sa culture ou sa communauté d’appartenance. C’est le contraire du relativisme. Par ailleurs, la construction personnelle du rapport au spirituel passe par des « techniques concrètes » de travail sur soi. En s’appuyant sur des exemples personnels, Frédéric Lenoir explique l’importance que revêt pour lui la pratique de la méditation bouddhiste, la manière dont elle a contribué à une démarche de connaissance et de maîtrise de soi et de ses émotions qui consonne avec la formule socratique reprise à l’oracle de Delphes : « Connais-toi toi-même ». Dans une telle démarche, la prière, loin d’être une effusion vague, revêt une signification tout à fait concrète et opératoire : elle illustre le fait que le cheminement spirituel ne se limite pas à une réflexion rationnelle ou à une connaissance purement méditative de soi, qu’il laisse toute leur part aux « nourritures affectives » qui accompagnent la construction d’une relation personnelle à une figure aimante et inspiratrice. C’est ainsi qu’on peut être simultanément disciple de Socrate, héritier de Bouddha, ami de Jésus. L’idée d’une spiritualité au quotidien s’en trouve singulièrement rajeunie.
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